La barlie de Robert ou orchis géant

Date de publication : Apr 23, 2020 2:3:57 PM

Nom scientifique : Himantoglossum robertianum (ex Barlia robertiana)

Famille : Orchidacées

Cette orchidée est strictement méditerranéenne à son origine. En effet, J. Landwehr dans son ouvrage en 2 tomes : "Les orchidées sauvages d'Europe et de Suisse" publié en 1983 (page 346 du volume 2) ne la situe que dans les départements du pourtour de la mer méditerranée. Mais ces données ne précisent pas en quelles années ces observations ont été faites. En 2010, l'ouvrage "L'Atlas des orchidées de France" paru aux éditions Biotope et qui fait la synthèse des données de terrain de près de 3000 personnes, révèle sa montée inexorable vers le nord. Au fil des décennies, la plante a investi les départements proches des précédents avec une extension en direction du sud-ouest et le long de l'axe rhodanien. Ainsi près de notre département de l'Ain, la barlie était présente en Isère, la Haute-Savoie et le Rhône donc aux limites du département. Elle a fini par franchir le Rhône, se cantonnant d'abord au sud-ouest en de rares stations. Puis il y a eu l'an dernier, un accroissement du nombre de stations dans le sud du département. En cette année 2020, la plante a franchi un nouveau palier. Ainsi elle progresse toujours plus vers le nord en gagnant plusieurs dizaines de kilomètres en s’installant dans plusieurs stations de la Dombes (non loin de Bourg en Bresse), dans le Revermont proche de cette ville. Elle a été trouvée aussi pays de Gex (nord-est du département). Par ailleurs, elle a été localisée dans d'autres départements français, différents de ceux cités.

La remontée rapide de cette orchidée dans notre département pose beaucoup de questions, pour beaucoup sans réponses. Cette "migration" semble corrélée avec le réchauffement climatique et l'installation d'hivers très doux. Mais comment les graines ont-elles été transportées ? Par quels moyens : animal, anthropique ?

Cette orchidée a la particularité de s'épanouir au cœur de l'hiver (janvier-février) dans son aire d'origine, en fin d'hiver (mars-avril) dans notre département à une époque de l'année où elle ne subit pas de concurrence d'autres plantes. De plus, poussant principalement sur les bords de route ou de talus (avec le confinement dû au coronavirus il a été difficile de faire des fouilles plus complètes des bords de champs ou de sentiers), elle va fleurir et fructifier avant que les services de l'Equipement ne tondent ces lieux. Contrairement à une autre orchidée méditerranéennes : la Limodore à feuilles avortées (Limodorum abortivum) dont la présence attestée dans le département est beaucoup plus ancienne (présence dans des herbiers anciens). Poussant dans les mêmes lieux que la barlie (mais aussi dans des forêts de feuillus claires), en général à la fin du mois d'avril ou au début du mois de mai (cette orchidée a besoin de chaleur) a tout à craindre des tondeuses. Certaines stations situées sur des talus ou aux bords de route ont ainsi disparu définitivement, détruites par le rabotage répété et destructeur des engins mécaniques.

Port

Dressé pour cette plante, nommée autrefois orchis géant, dont la taille va de 30 jusqu'à 80 cm de hauteur. Cette orchidée présente une tige épaisse souvent violacée à son extrémité sommitale. Elle présente une rosette de feuilles basales, les plus grandes. 5 à 10 feuilles larges et épaisses d'un vert brillant, étalées à dressées, composent cette rosette. Les feuilles caulinaires, de beaucoup plus petite taille sont engainantes. Les feuilles supérieures sont réduites à de simples bractées mais leur taille dépasse celle des fleurs les plus basses. L'inflorescence est un épi presque cylindrique s'étendant sur 10 à 20 cm de hauteur (jusqu'à 40 cm pour les spécimens les plus grands). On peut compter de 25 à 50 fleurs. Celles-ci sont de grande taille : 20 à 25 mm de longueur et dégagent une odeur d'iris. Leur couleur est soit assez claire pour les individus hypochromes mélangeant des tons de vert et de violet clair ou habituellement beaucoup plus sombre avec une tonalité de violet rougeâtre. Les pétales et sépales forment un casque lâche. On observe un sépale dorsal libre. Le labelle a la forme d'un bonhomme au bras arrondi et jambes écartées. Le centre est blanchâtre avec de nombreuses ponctuations rosées ou rougeâtres.

Pollinisation

Elle est faite par des bourdons ou des abeilles.

Origine du nom

Barlia vient du nom du botaniste français Barla (1817-1896). Robert, fait référence au botaniste français G. N. Robert. C'est Loiseleur qui en 1806 déposa ce nom en son hommage.

Floraison

Ain : de mars à avril (mai). Cette période sera à affiner dans les prochaines années pour plus de précision.

Lieux

Dans sa région méditerranéenne d'origine, la barlie est inféodée au cortège floral du chêne vert. Elle semble calciphile et plutôt thermophile fleurissant en pleine lumière mais aussi à l'ombre sur des garrigues, pelouses, en lisères de forêts, de la plaine jusqu'à 1700 mètres d'altitude.

Localisation

Historiquement, les premières stations ont été localisées dans le sud-ouest du département près de Meximieux (il y a environ 10 ans). Puis se sont étendues petit petit dans un périmètre peu éloigné. En 2020, de nouvelles stations ont été trouvées dans la Dombes, dans le Revermont et dans le pays de Gex. Ces localisations devront être confirmées les années prochaines pour étudier leur pérennité. Des études plus approfondies seront nécessaire également pour définir plus précisément son aire de répartition.