Consommation des plantes et empoisonnement
Le retour au naturel et à la consommation des plantes n'est pas un phénomène récent. En témoigne une littérature spécialisée pléthorique qui s'enrichit chaque année de nouveaux titres. On peut se demander comment leurs auteurs arrivent à faire preuve d'originalité et à se renouveler tant le thème est rebattu. Et pourtant malgré cette littérature abondante qui occupe une place importante dans les rayons des librairies, on dénombre (presque) chaque année des morts accidentelles occasionnées par des erreurs dans la reconnaissance de plantes. A noter que les possesseurs de smartphones peuvent télécharger des applications gratuites de reconnaissance des plantes. C'est très pratique sur le terrain plus qu'un livre. Si ces outils peuvent s'avérer perfectibles pour la reconnaissance de plantes rares, en revanche le taux d'erreur est très réduit pour des plantes communes. On peut aussi s'assurer du bon diagnostic en vérifiant ensuite sur un moteur de recherche l'exactitude du résultat donné par l'application.
Si les intoxications alimentaires voire des décès dus à l'absorption de champignons toxiques sont bien connus du grand public, celles liées à une méconnaissance des plantes le sont moins. Elles existent pourtant. Récemment une intoxication mortelle à la colchique a fait la une des infos. L'erreur était due à la confusion entre la colchique et l'ail des ours.
Ail des ours
Colchique
Cette intoxication est presque un classique car elle se renouvèle quasi chaque année. Elle interroge aussi car ces deux plantes n'ont rien de commun : absence de fleur pour la colchique (la fleur apparait à l'automne), forme des feuilles différentes, odeur d'ail très prononcé pour l'ail des ours qui est caractéristique.
Il existe d'autres risques de confusion pouvant occasionner de graves intoxications. A cette époque fleurissent deux arbres (ou arbustes) l'acacia (robinier faux- acacia) et le cytise, si la consommation des fleurs du premier en beignet (sans trop d'excès néanmoins) est sans conséquence, celles du cytise pourra vous conduire à l'hôpital gravement intoxiqué.
Robinier faux-acacia
Cytise
La couleur des fleurs, la forme des feuilles est un peu différente ce qui les distingue. Mais il est vrai que ces deux plantes sont apparentées et font partie de la même famille botanique les Fabacées (ex Papilionacées). Elles ont de fait la même forme de fleurs, ce qui peut tromper l'observateur. Les deux espèces dégagent une odeur assez douce, un peu sucrée et entêtante pour le robinier.
Une autre confusion bien connue des randonneurs en montagne et qui fait partie des connaissances de base pour l'apprenti-botaniste pour les distinguer (au même titre que la distinction entre feuille de hêtre et de charme) est la discrimination entre le vérâtre et la grande gentiane dont l'usage des racines permet la fabrication d'un apéritif aux vertus digestives bien connues. Cette intoxication est assez rare car il faut déterrer la plante ce qui est moins commode qu'une simple cueillette. Néanmoins, l'utilisation de la racine du vérâtre à la place de la grande gentiane peut s'avérer mortelle. Ces deux plantes ont un aspect très différent et appartiennent à deux familles distinctes : Mélanthiacées pour le vérâtre et Gentianacées pour la grande gentiane. Leurs fleurs sont de forme et de couleur différentes : blanc verdâtre pour le vérâtre, jaune pour la grande gentiane. Le critère le plus aisé est la disposition des feuilles : opposée pour la grande gentiane, alternes pour le vérâtre. Leurs feuilles si on les observe de près diffèrent aussi. Les racines du vérâtre ont une couleur blanche, celles de la grande gentiane sont jaunes et dégagent une odeur caractéristique que l'on retrouve dans l'apéritif.