Traversée aiguille de Bionassay - Aiguille du midi (2013)

C’est une histoire comme je les aime. Exceptionnellement dans cet été radieux la nuit avait été orageuse et le matin pluvieux. Comme d’habitude en pareil cas, nous sommes descendu avec Alain faire un tour dans la vallée du coté de Sallenches. Le circuit habituel. L’Inter Marché pour refaire le plein coté victuailles, Queue de chat et Le Vieux.

C’est alors que nous musardons au rayon librairie de ce dernier qu’une main se pose sur mon épaule. Surprise, c’est Michel et comme de bien entendu Lucette n’est pas bien loin. Ils nous apprennent qu’Helena et Sebastien sont également dans le coin. Rendez vous est pris pour l’apéro du soir. Lucette et Michel partent le lendemain même pour effectuer le tour du Beaufortin et Sebastien et Helena décident de nous rejoindre au camping des Bossons. Bien sûr nous lui proposons de partager une course.

Il n’hésite pas beaucoup et nous demande si nous referions la traversée de l’aiguille de Bionnassay (nous l’avions déjà effectué avec Alain il y a quelques années). Nous l’assurons que nous referons avec plaisir une aussi belle course. Et il ajoute mutin : ça serait sympa de poursuivre par les trois monts juqu’à l’aiguille du Midi. Un ange passe. Euh oui Sebastien mais la dernière benne est à quelle heure? Passage à l’OHM pour vérifier les conditions de course, réservation à Durier, les dés sont jetés!!!!

Sebastien ne voulant pas abandonner trop longtemps sa petite famille, nous décidons de monter directement à Durier. Au parking des gorges de la Gruvaz, le petit panneau qui indique presque 2300m de dénivelé met tout de suite dans l’ambiance. Jusqu’à Plan Glacier, la rando est assez bucolique. Ensuite ça se gâte: il faut remonter le glacier puis un éperon en rocher assez pourri, un peu genre de l’infâme aiguille du Gouter. Le seul avantage est qu’ici vous êtes à peu près seul ce qui fait que les pierrailles volent moins. Mais arrivé à la selle neigeuse où trône le refuge Durier, la vue sublime et le sourire de la jeune et jolie gardienne récompensent de l’effort.

D‘ailleurs chapeau bas à celle ci. Accueillir et nourrir (et en pus c’était bon!!!) les alpinistes dans des conditions aussi précaires (peu de place, presque pas d’eau...) relève de l’exploit. Le coucher de soleil est toujours aussi somptueux. Vous vous chauffez aux derniers rayons du soleil alors que les vallées sont déja dans l’ombre depuis bien longtemps.

Nuit à peu près paisible. Il est maintenant temps de s’extraire de notre petit cocon et d’aller affronter la nuit. Nous empruntons un cheminement sensiblement diffèrent de celui suivi il y a cinq ans. Au lieu de gravir un système de fissures/cheminée nous montons plus haut par la neige et rejoignons l’arête par un raide ressaut d'écailles décollées. Pas très dur mais impressionnant à la frontale. Puis c’est le sommet et la traversée, toujours aussi magique, de l’arête. Nous regagnons la voie normale du Mont Blanc et entamons la remontée vers Vallot. A hauteur de celui-ci, l’hélicoptère du PG - venu récupérés quelques alpinistes sans doute atteints de MAM - nous fait une brillante démonstration de «posé patin». Puis il faut gravir les deux bosses. Ça commence à tirer et le dernier ressaut nous fait carrément mal à Alain et moi (une fois redescendu au camping, nous en rigolerons avec Alain en se demandant comment une pente qui parait si douce vue de la vallée a pu nous faire aussi mal!!!) Ensuite ce n’est que du bonheur. Les conditions sont excellentes et les remontées aux épaules du Maudit et du Tacul se négocient en douceur. Voilà il est 16H nous sommes au pied de l’aiguille du Midi et la vie est vraiment belle.

Sentant l’écurie toute proche, Seb et Alain réenclenche le turbo. Heureusement pour moi, à l’endroit le plus pentu de l’arête une cordée bouchonne un peu!!!

Retour dans la vallée. Nous avons le temps d’aller boire une bière avant de sauter dans le petit train qui nous ramène au camping

Que c’est bon une bière lorsqu’on a des étoiles plein les yeux!!!