Queyras (2008)

Et une fois de plus, tout a commencé; par une petite bouffe. Après une journée de de grimpe à Clécy, Vanessa et Sébastien m'avait invité à partager leur barbecue. Exceptionnellement, entre la poire et le fromage, nous parlions montagne. La conversation roula sur le Queyras et son sommet phare : le Viso. Quel beau sommet dit l'un; j'aimerais bien le gravir dit l'autre. Et tu es en vacance quand? Fin juillet. Ah bon moi aussi!!! Les dés étaient jetés, le projet prenait vie. Lors du rassemblement multi-activités, Agnes, Serge et Alain se montrèrent fortement intéressés puis l'autre Alain, le Cherbourgeois, nous rejoignit. C'est ainsi, qu'autour d'une ossature flérienne, la Basse Normandie se trouvait rassemblée en cette fin juillet sur le bucolique terrain de camping de Ristolas ...


Acte 1 : la Taillante - 3185m – Danse avec les loups -

NB : Les ouvreurs baptisèrent ainsi leur voie après la rencontre d'un beau loup mâle lors de l'ouverture

On ne peut pas rater ce beau rasoir lorsque cheminant sur le GR 58, on débouche au col Vieux. Bien sur, à première vue le rocher ne paraît pas excellent. Mais une ligne existe et quelle ligne : de belles dalles sur lesquelles on se meut avec délicatesse en adhérence. Rien dans les mains, tout sur les pieds!!! Affûtez vos chaussons. La difficulté est modérée (4c/5a) mais il vaut mieux avoir un peu de marge car l'équipement présente quelques « trous » et les coinceurs ne vous seront d'aucun secours!!! Par contre n'ayez aucune crainte pour le petit surplomb de L5 (5c) qui n'est pas bien méchant et offre un spit tous les deux mètres. Cette sympathique grimpette se termine par une ludique traversée d'arête. Seule toute petite ombre au tableau la descente s'effectue par la très délitée face sud-ouest. Néanmoins le verdict est sans appel : à faire absolument!!!


Acte 2 : la Rocca Rossa – 3208m – Pepito -

Si le sommet de la Rocca Rossa ne paye pas de mine, coincé entre les faces raides et détritiques du Pain de Sucre et du pic d'Asti, il en va tout autrement de la voie « Pepito ». Parcourant un beau pilier de calschiste, adhérente à souhait,

cette voie faite de traversées ascendantes entrecoupées de raides petits murs est tout simplement superbe. Et si comme nous , vous vous trouvez soudainement enveloppé par la nebbia (la brume qui monte de la plaine du Pô), l'ambiance devient grandiose. Si vous réussissez les 4 ou 5 premiers pas, vous n'aurez pas de soucis pour le reste. Surtout que l'équipement est irréprochable. Mais ces premiers pas « à froid » peuvent surprendre!!! Et encore nous avions choisi l'option « facile » (5c+), une option plus dure (6a+) étant proposée. La descente s'effectue sans problèmes en traversant vers le Pain de Sucre et par la voie normale de celui ci. Le verdict est le même : à faire absolument!!!

A noter que la semaine suivante Marine, Vanessa et Sébastien effectueront l'arête est du pic d'Asti complétant ainsi la visite du secteur.



Acte 3 : l'arête est du Viso – 3841m -

Nous étions donc venu pour le gravir et c'est vrai que ce beau sommet si caractéristique des alpes Cottiennes a fière allure.

Pour cette ascension, il faut donc rejoindre le refuge Quintino Sella. Plusieurs solutions furent envisagées. Sébastien proposait de partir du parking de la roche écroulée et de gravir au passage la jolie Punta Roma. Mais avec cette options le retour dans la journée n'était guère envisageable et nous partîmes plus classiquement du petit village de Castello sur les pentes italiennes du Col Agnel. Arrivés en vue du refuge, qui est pourtant niché à son pied, nous ne voyons pas notre géant. La fameuse « nebbia » nous le dissimule. Puis brusquement le voile se déchire nous dévoilant l'immensité de la face et l'évidence de notre arête est . Nous effectuons une rapide reconnaissance de l'approche et rentrons déguster les fameuses « pastas ». Nuit calme car nous ne sommes pas très nombreux au refuge.

Départ à la frontale car si cette arête ne présente aucun problème technique, elle offre quand même 1200m de dénivelé!!!

La difficulté de ce genre de course que je qualifierai d'« à l'ancienne » est de savoir sans cesse s'adapter au terrain pour progresser en sécurité. Choisir le meilleur passage (car comme souvent l'arête est beaucoup mois marquée qu'elle n'y paraît), savoir exploiter au mieux le terrain pour s'assurer en progressant à corde tendu, donner de la corde pour assurer un passage plus ardu, en reprendre pour gravir encordé court un petit couloir pierreux, tenir l'horaire. Ce n'est pas si simple et réclame beaucoup d'attention et un peu de « métier ». Au 2/3 de la course, nous avons la surprise de nous voir doubler par un Italien, plus tout jeune et pas très affûté, en solo s'il vous plaît.

Manifestement il n'est pas « à vu » et pousse la gentillesse jusqu'à ne pas trop nous distancer pour nous guider dans les meilleurs passages pour traverser une zone assez délitée sous le sommet que nous atteignons sous un soleil radieux. Nous mettons encore notre Italien à contribution pour prendre la rituelle photo du groupe entourant la croix sommitale. Mais le plus dur reste à faire, je veux parler de la descente!!! 2400m de dégringolade dans des blocs de tailles variables, de pierriers et d'éboulis divers. On ne retrouve un chemin à peu près « roulant » que pour les derniers 500m. Et c'est un peu « cuit » que nous rejoignons le parking. Mais revenu à notre champêtre camp de base, après une douche réparatrice, autour d'un petit verre, la forme revient vite. Oubliées les fatigues et les bobos de la descente, ne reste plus que la joie d'avoir partagé ensemble une belle journée de montagne et réussi l'ascension d'un beau sommet. Et vite la question fuse, inévitable : on fait quoi l'année prochaine? Nous avons déjà quelques idées, nous vous en reparlerons... l'année prochaine!!!