Barre des écrins (2009)

Cela doit faire maintenant un peu plus de vingt ans que j’ai timidement chaussé mes premiers campons. J’ai toujours eu une tendresse particulière pour l’Oisans mais je n’avais encore jamais gravi son sommet phare. Deux fois, je l’avais tenté mais la météo m’avait repoussée. En cet fin juillet le grand beau était installé et il était temps de remédier à cette erreur.

Au refuge, nous allons consulter le gardien pour connaître les conditions de la course. Sa première question nous déroute un peu : «vous êtes équipés pêche-promenade ou alpinisme?» Nous le rassurons, nous avons toute la panoplie du parfait alpiniste; crampons, broches à glace et même piolet traction. Alors pas de problèmes nous répond il. A noter que cette année il y avait un nouveau gardien aux Ecrins et qu’il fût particulièrement sympa bien que nous soyons en hors sac. C’est à souligner.

Que dire de cette course sinon que cette traversée d’arête est du bonheur à l’état pur. L’apparition du soleil qui embrase les glaciers est vraiment un moment magique. Et cerise sur le gâteau, nous étions seuls, ne rencontrant les cordées montantes qu’au rappel de la brèche Lorry. Une journées lumineuse.

Le lendemain pour amortir notre montée en refuge, suivant une technique chère à Alain, nous allons escaladé «super Michèle» à la pointe Louise. Nous retournons consulter notre truculent gardien pour connaitre l’heure du lever. «vous êtes une cordée rapide, vous pouvez faire grasse mat» nous répond il. Nous éclatons de rire et lui confions que son collègue des Bans doit avoir un avis sensiblement différent.

Après avoir laissé le matériel lourd à la rimaye nous nous élevons, principalement sur de belles dalles, le long de cette jolie pointe. Mais la dernière longueur est cotée 6c/A0 et c’est à mon tour de partir en tête. Alain, toujours prévoyant, me confie même un vieux mousqueton à vis au cas où une réchappe serait nécessaire. Je m’élance donc prêt a me battre et à tout donner...et ça passe sans l’ombre d’un problème. Non je ne pense pas que mon niveau se soit subitement élevé si haut. Il doit y avoir une coquille dans le topo. C’était juste un honnête 5c un peu physique mais fort bien équipé.