Jean Hulin : ………Mon entrée en Résistance
En 1940, j’étais mobilisé dans l’Armée de l’Air. Devant l’avance allemande, on a reculé progressivement de base aérienne en base aérienne. Je me suis retrouvé d’abord à Villacoublay, puis à Châteauroux, Brive et finalement, Tarbes.
On ne pouvait pas aller plus loin, c’était les Pyrénées. C’est quand j’étais à Tarbes que l’armistice a été signé par Pétain. Ensuite, je suis resté quelque temps dans la région parce qu’il était impossible de remonter sur Argenteuil, il n’y avait pas de moyen de transport, pas de train.
Je suis revenu seulement en 1941 à Argenteuil. A cette époque, en 1941, l’entreprise où je travaillais avant-guerre, était occupée par l’armée allemande. Cette entreprise, la SNECMA (Société 67
Nationale d’Etude de Construction de Moteurs d’Avions), actuellement Dassault, fabriquait des moteurs d’avion pour l’aviation allemande, la Luftwaffe.
Lors de la fabrication, des sabotages importants étaient commis par les Patriotes. Ces derniers avaient formé des embryons de noyaux de Résistance qui se chargeaient d’endommager le matériel destiné aux Allemands…………..
Jeannette Hulin
Je suis arrivée à Argenteuil à l’âge de cinq ans en 1925. Je suis allée à l’école Jules Ferry, et peu de temps après, j’ai eu beaucoup de contacts avec des anti-fascistes italiens qui avaient été exilés en Suisse avant la Première Guerre Mondiale. Là, ils avaient été amis avec Mussolini qui était socialiste. Mais après la fin de la guerre, en 1919, quand Mussolini est revenu en Italie (ainsi que nos amis), il a fait sa marche sur Rome, ce qui était tout à fait à l’opposé de ses idées premières. Mes amis l’ayant nourri lors de leur exil commun en Suisse, il leur a conseillé de quitter le pays, car sa milice allait les emprisonner et les envoyer au bagne de Pianoza (à côté de l’île d’Elbe). Je les ai donc connus quand ils sont arrivés en France. Ils parlaient du fascisme italien et commençaient à s’occuper d’Hitler.
Mon père s’était engagé dans la guerre de 14-18 et nous la racontait. Il avait été brancardier, et il m’a raconté que, quand il allait chercher les morts sur le terrain, ça bombardait, ça bombardait ! Un jour, il a sauté dans un cratère d’obus car il entendait crier : c’était tout mou, il avait sauté sur les tripes d’un copain…Quand vous avez cinq ans et que vous entendez ça… Moi, je me fichais sous la table tellement j’avais horreur de la guerre ! J’en avais une peur, une horreur, une haine, c’était devenu viscéral !
A l’école, j’étais au contact d’enfants d’immigrés, italiens et polonais, car, comme la France avait perdu beaucoup d’hommes pendant la guerre de 14, on avait fait venir beaucoup d’étrangers en France. A Argenteuil, il y avait donc de nombreux enfants d’immigrés, et le racisme existait, comme aujourd’hui: les Italiens étaient appelés les « macaronis » et les Polonais étaient appelés les « polaks ». Heureusement ça n’a jamais été plus loin.