Michel Bringand

Franc Tireur Partisan du maquis d'Auvers-sur-Oise.



A Parmain, au lieu-dit Les Coutures, est érigée une stèle à l’endroit où, le 23 août 1944 à 16h30, Michel Bringand et son camarade Gilbert Drouet, tous les deux FFI, ont été fusillés par les Allemands.

Michel Bringand, né le 3 juin 1919 à Esteville (Seine-Inférieure, canton de Clères) était commis dans une boucherie chevaline qu’il se destinait à reprendre plus tard en gérance.

Le 15 octobre 1938, il s’engage dans l’armée pour une période de deux ans. Il est tout d’abord affecté au 1er RD (Régiment de Dragons Portés) puis au 407e régiment de RADCA (Régiment d’Artillerie et de Défense Contre les Aéronefs) en garnison aux forts de Châtillon et de Cormeilles-en-Parisis). Mais le 26 janvier 1940, il est déclaré « réformé temporaire pour suspicion de bacillose pulmonaire ».

Le 2 décembre 1939, il avait épousé Henriette Sassigneux. Après son retour à la vie civile il s’installe avec elle à Auvers-sur-Oise. Il n’est plus question de reprendre la boucherie. Michel devient donc ouvrier-champignonniste à Auvers. Bientôt naît une petite fille, Yvette.

Dès le 14 juin toute la région est occupée par les Allemands.

A partir de quel moment Michel décide-t-il d’entrer en opposition ? Officiellement il n’est entré en résistance que le 1er avril 1944, où il est reconnu officiellement comme FFI, mais son engagement est bien antérieur.

Il n’a jamais rien dit à son épouse de ses activités. Elle le voyait partir à bicyclette avec une sacoche, parfois pour deux jours ou plus sans qu’il lui dise quoi que ce soit. Toutefois elle l’a vu un jour déposer la sacoche dans un cabanon au fond du jardin. Il lui a donné alors comme consigne de ne jamais y mettre les pieds et de ne rien dire du tout (Que cachait-il ? Des tracts, des cisailles, des armes ?). Une voisine avait été témoin de la scène; aucune des deux femmes n’a parlé. Henriette ignorait que son époux appartenait au maquis de Seine-et-Oise ; d’abord dans le groupe de Champagne-sur-Oise, dont il fut le vaguemestre officiel à partir du 1er avril 1944. Son chef, Corentin Quideau, a attesté qu’il avait participé à des sabotages, des coups de main et attaques à main armée.

Il est ensuite passé au groupe d’Auvers-sur-Oise ; son second chef, le capitaine Dufil, a témoigné entre autres que

« Bringand Michel le 26 juin 1944 a accompli le cisaillage de 14 poteaux des fils du réseau sur la route entre Pontoise et Beauvais avec seize camarades ».

Au mois d’août, avec l’avancée des Américains et la multiplication des bombardements, les Allemands paniquent et cherchent à fuir la zone des combats par tous les moyens, se vengeant au passage en abattant des civils au bord de la route. Certains civils, apeurés, vont rejoindre dans une carrière de Butry le groupe de FFI du capitaine Dufil. Peut-être, ceux-ci, manquant de discrétion, parlent-ils de leurs actions, et en informent ainsi les civils, parmi lesquels une femme qu’on suspectera de les avoir dénoncés aux Allemands.

Le 23 août Michel Bringand et Gilbert Drouet sortent de leur repaire pour une mission, mais - avertis par la femme ? - les Allemands arrivent. Un vif combat s’engage au cours duquel Michel Bringand est blessé au bras. Tous les deux sont capturés par les Allemands qui les emmènent, les font monter brutalement dans un camion qui se dirige vers Parmain. A un moment le camion s’arrête, les deux hommes en profitent pour tenter de s’enfuir, mais rattrapés aussitôt, ils sont fusillés sur place.

Le capitaine Dufil témoignera encore à propos de Michel Bringand :

« Agent de liaison, revenant d’une mission, a été capturé par les Allemands le 23 août 1944 alors que la carrière était cernée par les Allemands et a été pris comme otage et exécuté le même jour. Le jour de ce combat mes hommes, tous très jeunes, un peu démoralisés m’ont laissé seul avec une mitraillette et un jeune armé d’un revolver ; pendant quatre heures nous sommes restés seuls à défendre l’entrée de la carrière et par quatre fois j’ai repoussé leur assaut, j’ai laissé au moins vingt hommes allemands sur le terrain; nous nous sommes retranchés dans la seconde carrière n’ayant plus de munitions, et j’ai retrouvé mes hommes qui me croyaient mort. Nous sommes restés trois jours enfermés ; là nous sommes partis chacun de notre côté. J’ai auparavant tué les cinq prisonniers que j’avais avec nous, nous nous sommes reformés et avons attaqué les Allemands qui partaient en fuite ». C’était donc le 26 août, jour de la libération d’Auvers et de son hameau Butry.

Les deux FFI ont été enterrées provisoirement au cimetière de Jouy-le-Comte. Dans son édition qui a suivi la Libération, le journal Le Régional du Nord de l’Ile de France (aujourd’hui l’Echo Régional) relate les événements et annonce :

« Les obsèques définitives de M. Michel Bringand auront lieu le samedi 9 septembre, à 16h30 au cimetière de Chambly. On se réunira Place de la Mairie à Chambly ».

Michel venait d’avoir 25 ans et attendait un second enfant. Née le 16 janvier 1945, la petite Michèle n’aura pas connu son père.

Michèle Bringand se souvient qu’en 1955, alors âgée de 10 ans, elle voit arriver une camionnette de la gendarmerie. Deux gendarmes entrent dans la maison, sa mère l’appelle. Un des gendarmes très ému, s’adresse à elle et lui dit : « Ma petiote, on apporte quelque chose, car ton papa était un héros. Ces médailles, il les a gagnées car il a donné sa vie pour la patrie ». Naturellement Michèle était très impressionnée, elle ne comprenait pas pourquoi son père était un héros. En effet sa mère était remariée, Michèle prenait son beau-père pour son père. On ne lui avait rien appris de son véritable père ; ce fut pour elle une véritable révélation.

Les témoignages de Corentin Quideau et du Capitaine Dufil et les divers recoupements ont permis d’établir l’authenticité de la qualité de Résistant de Michel Bringand.

Document établi grâce au témoignage de Mme Michelle Brigand recueilli par Mme Annie Delpech.