Elle s’appelle Frania Eisenbach. Elle est la seule survivante de sa famille à la Shoah. Elle témoigne de cette horreur partout où cela est possible, sans relâche, jusqu’à l’épuisement.« Vous êtes la jeunesse qu’on m’a volée, c’est pour cela que j’aime tant vous rencontrer ».Cette phrase marque sa tendresse et sa complicité avec les jeunes collégiens et lycéens qu’elle rencontre en Ile-de -France et ailleurs.Frania ne témoigne pas de la Shoah qu’auprès d’eux, mais ils ont sa préférence. Leurs questions sont souvent les mêmes, celles de personnes qui s’éveillent au monde et qui sont effrayées par ce qu’elles découvrent de la réalité crue de l’Histoire. Frania leur répond avec précision et le souci constant de les transformer en témoins par procuration. Elle souhaite en faire des « passeurs de mémoire ».Basculant près de quatre-vingt ans en arrière avec le témoignage de Frania, cette jeunesse prend alors conscience des dangers qui la guettent aujourd’hui. Une parole d’outre-temps éveille la conscience militante qui somnole en chacun d’eux. Elle les rend vigilants face à la montée de l’indifférence, des injustices, des amalgames et du racisme qui conduisent toujours au même résultat dramatique.Frania est une survivante de la Shoah. Cette catastrophe où l’homme nazi a été capable d’imaginer et de mettre en place la destruction automatique et industrielle de toute une partie de la population européenne en commençant par les Juifs.Famille Eisenbach, peu avant la guerre (collection Frania Eisenbach)Comme le rappelle Frania, la grande majorité des victimes sont juives, mais les autres devaient suivre.Frania est d’origine polonaise, elle est née à Tarnow dans la riche et belle région de « Petite Pologne », tout près de Cracovie. Frania est juive comme la moitié de la population de cette ville. La pratique de la religion est assez sommaire chez les Eisenbach et se résume au respect des grandes fêtes traditionnelles. D’ailleurs, pour ne pas être mal vus le jour de shabbat, on tire les rideaux afin de ne pas choquer ou afin d’éviter la critique de personnes plus pratiquantes.