Publié par jpd dans 1 Vie de l'association
Le discours de JF Couriol secrétaire général du cern95 est en :
http://www.rene-nodot.org/ceremonies-du-1-septembre-a-pontoise/
et des photographies sont en :
https://sites.google.com/site/paulthueuxresisantdeporte/une-emouvante-ceremonie
LE PARISIEN DU 31 AOUT 2013 (AVANT LA CÉRÉMONIE)
PONTOISE - SAINT-OUEN-L’AUMÔNE IL REÇOIT DEMAIN LA MÉDAILLE DES DEUX VILLES
L’ancien résistant retrouve son honneur 69 ans après la guerre
C’est une cérémonie que Paul Thueux attendait depuis des décennies qui va se dérouler demain à Pontoise. Accusé de trahison, l’ancien résistant obtient sa reconnaissance officielle.
Laurence Allezy | Publié le 31 août 2013, 07h00
Thueux, qui vit désormais dans le Sud de la France, a tenu à faire le voyage pour recevoir la médaille des villes de Pontoise et de Saint-Ouen-l’Aumône. (DR.)
C’est une cérémonie particulière qui célébrera demain le 69e anniversaire de la Libération de Pontoise. Au traditionnel dépôt de gerbes au Monuments aux morts suivra le dévoilement d’une plaque* rendant hommage « aux étudiants patriotes de Pontoise, fusillés, déportés, inquiétés dès le début de l’occupation nazie », sur les bords de l’Oise. Si aucun nom ne figure volontairement sur cette plaque, elle célèbre néanmoins la mémoire du groupe Chabanne (lire par ailleurs), un réseau de très jeunes résistants pontoisiens. Parmi eux, figurait Paul Thueux, 91 ans aujourd’hui, seul survivant du groupe. Ce vieil homme fatigué, domicilié dans le Sud de la France, a fait un très long voyage pour assister à cette cérémonie qu’il attend depuis des décennies. Il recevra la médaille des villes de Pontoise et de Saint-Ouen-l’Aumône. Cette reconnaissance locale de son passé de jeune résistant, il l’espère depuis 69 ans. Et si elle a tardé à venir c’est en raison de l’histoire si particulière qui le poursuit depuis la fin de la guerre.
En 1945, alors qu’il revient de déportation, Paul Thueux est confronté à la rumeur. Des voix s’élèvent dans Pontoise, elles l’accusent d’avoir vendu le reste de son groupe à la brigade antiterroriste de la police judiciaire. Des voix qui n’ont jamais cessé de s’élever.
Alors pourquoi une commémoration et pourquoi maintenant? Parce que la mairie de Pontoise a été saisie d’une demande par le centre de documentation René-Nodot pour la mémoire de la résistance et de la déportation du Val-d’Oise (Cern 95). Il mène depuis 12 ans des travaux dans le but d’obtenir « la reconnaissance officielle de Paul Thueux ».
Le Cern 95 veut aussi créer un lieu de mémoire dédié au souvenir de ces très jeunes résistants d’où l’idée de la plaque commémorative. À Pontoise, certains sont déjà reconnus : une rue de la ville porte leur nom ou encore un édifice. C’est le cas du collège Jean-Claude Chabanne, du nom du créateur du groupe. Sur la plaque, le Cern 95 voudrait voir le nom des 17 jeunes. « Nous n’étions pas historiens pour juger. Nous avons donc saisi le ministère des Anciens Combattants afin d’attester qu’ils ont été résistants. La réponse concernant Paul Thueux est venue très vite. Le ministère nous a affirmé qu’il était reconnu comme déporté résistant depuis 1952 et détenait la carte de combattant volontaire de la Résistance depuis 1953. Sa qualité de résistant n’est pas mise en doute », précise-t-on en mairie de Pontoise. Alors qu’une ombre plane au-dessus de la tête de cet homme depuis des décennies à Pontoise, il est le premier ainsi reconnu. « Sur les 17 noms, le Ministère a confirmé la qualité de résistants de dix hommes », poursuit-on en mairie. Face à ces réponses, Pontoise accepte le principe de poser la plaque mais refuse toute polémique et décide, en accord avec le Cern 95, de commémorer « tous les jeunes gens qui aux heures sombres de l’Occupation ont été les premiers à Pontoise à se lever contre la présence des nazis et leurs complices collaborateurs ». Aucun nom ne figure sur la plaque. « Pour le Cern, cette cérémonie est une victoire. Mais concernant la liste des noms, la rumeur a dépassé nos forces », estime Jean-Pierre Dubreuil du Cern 95.
La plaque sera installée sous un arbre imposant le long de l’Oise, face à Saint-Ouen-l’Aumône, la ville natale de Paul Thueux. « Le Cern souhaitait un lieu de passage, un endroit vivant », précise-t-on au cabinet du maire. Les professeurs d’histoire de la ville ont d’ailleurs été informés de cette cérémonie.
À la veille de cette commémoration, Paul Thueux se dit « survolté ». Si la reconnaissance de son passé par Pontoise le réjouit, il attend surtout celle de Saint-Ouen-l’Aumône qui, au regard du travail mené par Pontoise, s’associera demain à cette reconnaissance. Désormais, Paul Thueux ne caresse plus qu’un rêve, celui de voir une rue porter son nom, une rue de… Saint-Ouen-l’Aumône.
en dessous de l'article :
Le Parisien après la cérémonie :
PONTOISE - SAINT-OUEN-L’AUMÔNE ACCUSÉ DE TRAHISON, L’ANCIEN RÉSISTANT VIENT D’ÊTRE RÉHABILITÉ
A 91 ans, Paul Thueux est enfin un héros
A.B. | Publié le 2 sept. 2013, 07h00 Pontoise, hier.
.......................Paul Thueux s’est vu décerner les médailles de Pontoise et Saint-Ouen-l’Aumône. (LP/A.B.)
«Deux villes réunies pour me rendre mon honneur. La charge qui pesait sur mes épaules s’est estompée. » Les yeux embués, Paul Thueux ne peut cacher son émotion. Soixante-neuf ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’ancien résistant déporté a vécu hier comme une seconde libération la reconnaissance officielle des villes de Pontoise et de Saint-Ouen-l’Aumône, sa ville natale. Sept décennies d’un combat pour en finir avec « les mensonges, les contre-vérités et les calomnies », a lancé Jean-François Couriol, secrétaire général du centre d’études René-Nodot pour la mémoire de la résistance et de la déportation du Val-d’Oise (Cern 95).
Ce sont les douze années de recherche de ce centre qui ont notamment permis la réhabilitation de Paul Thueux, reconnu résistant par l’Etat en août 2012. A son retour en 1945, la rumeur l’avait en effet accusé à tort d’avoir trahi, après son arrestation en décembre 1941, les membres du groupe Chabanne auquel il appartenait. Condamné à douze ans de travaux forcés, incarcéré dans dix prisons et deux camps nazis, il fut le seul survivant de ce petit réseau de résistants composé de dix-huit étudiants de Pontoise.
Devant une cinquantaine de personnes, cette cérémonie a d’abord vu le dévoilement d’une plaque commémorative, place de la Piscine. Cette plaque, où aucun nom ne figure volontairement, rend hommage « aux jeunes qui, aux heures sombres de l’Occupation, ont été les premiers à Pontoise à se lever contre la présence des nazis et de leurs complices collaborateurs ». « C’est bien, c’est beau », glisse le vieil homme aujourd’hui âgé de 91 ans.
Retiré près de Cavaillon (Vaucluse) il s’est ensuite vu décerner la médaille des deux villes. « C’est la médaille de la réparation! Ça me touche », a-t-il lancé à Philippe Houillon, député-maire UMP de Pontoise, et à Alain Richard, sénateur-maire PS de Saint-Ouen-l’Aumône. Avant d’avoir une pensée pour Eric de Martimprey, Pierre Scheringa, Lucien Francia, Jean-Paul Soutumier, ses anciens camarades, morts en déportation. « J’ai des souvenirs de mes amis avec qui j’ai fait les 400 coups. Même dans les camps! Jean-Paul, Lucien et moi, nous formions un trio que nous pensions inébranlable. Leur absence aujourd’hui m’est encore plus pénible que les autres jours. »
Article de La Gazette du Val d'Oise avant la cérémonie.
Pontoise - Résistance : Paul Thueux réhabilité 70 ans après
...................recevra la médaille de la ville lors de la commémoration du 69e anniversaire
de la Libération de Pontoise.
Paul Thueux, il y a trois ans.
Comme un symbole. Paul Thueux sera présent lors de la commémoration du 69e anniversaire de la Libération de Pontoise, dimanche 1er septembre. Sans compter l’inauguration officielle de la plaque commémorative et de la remise à l’ancien Pontoisien de la médaille de la ville de Pontoise et de Saint-Ouen-l’Aumône. De plus, François Couriol, secrétaire général du Centre d’études René-Nodot (Cern 95), fera un discours lors de l’inauguration officielle de la plaque. Les 18 noms reconnus par le Cern 95, comme membres du groupe des pionniers de la Résistance à Pontoise, seront ainsi communiqués.
Un combat de 60 ans
«Pendant 60 ans, j’ai cherché les preuves de ma bonne foi. Maintenant, j’ai rassemblé ce qu’il faut pour attester de ma parfaite honnêteté», écrit Paul Thueux dans son livre paru l’an dernier. Pour la première fois depuis 1945, cet ancien membre du groupe de résistants organisé autour de Jean-Claude Chabanne, arrêté par la brigade spéciale criminelle de la police judiciaire parisienne, condamné aux travaux forcés, interné dans dix prisons et deux camps nazis, livre sa vérité.
Grâce au soutien du Centre d’études René-Nodot, mémoire, déportation et résistance en Val-d’Oise (Cern 95), le nonagénaire vient de publier “Mensonges, rumeurs et silences”. Histoire de tordre le cou à cette rumeur qui le poursuit depuis près de sept décennies. Celle qui sous-entend qu’il aurait trahi ses jeunes amis… Qu’il serait responsable de leur arrestation. Une rumeur qui a “fait son œuvre” dans l’inconscient collectif.
«On a même nié jusqu’à mon appartenance au groupe Chabanne.» Pour Annie Delpech, auteure de “Il ne faut pas laisser Paul Thueux dans l’ombre”, paru l’an dernier, «son seul malheur aura été d’être arrêté deux jours avant ses camarades et être le seul survivant du groupe Chabanne». Outre les livres, le travail du Cern 95 pour réhabiliter le Valdoisien a apporté un nouvel élément au dossier.
«Acharnement»
Le 23 août 2012, le ministère des anciens combattants confirmait catégoriquement la reconnaissance de la qualité de résistant de Paul Thueux. «La municipalité pontoisienne a donc décidé qu’une plaque serait posée près des bords de l’Oise. Là, dans la mémoire de tous, Paul Thueux rejoindra définitivement ses camarades», indique Jean-François Couriol, secrétaire général du Cern 95. Et Jean-Pierre Dubreuil, responsable du Cern 95 de conclure : «Nous sommes très satisfaits que le maire de Pontoise ait accédé à notre demande.»
Le livre édité par le Cern 95 (15 euros) est disponible aux librairies Lettre et merveilles, et Graphe au texte, par correspondance cern95@gmail.com
Article de la Gazette du Val d'Oise après la cérémonie
sera amélioré dès que possible
sur le site de la Gazette :
Pontoise
Paul Thueux (à gauche), en compagnie de Jean-Pierre Dubreuil et Philippe Houillon, lors de la remise de la médaille de la ville de Pontoise.Émouvante, mais aussi pleine de retenue. Comme le message de la plaque commémorative découverte place de la Piscine, sur les bords de l’Oise : «À tous les jeunes gens qui, aux heures sombres de l’Occupation, ont été les premiers à Pontoise à se lever contre la présence des nazis et de leurs complices collaborateurs.»
Dimanche 1er septembre fera date dans l’histoire locale de Pontoise. En effet, parmi ces fameux jeunes, on compte aujourd’hui Paul Thueux, interné dans dix prisons et deux camps nazis, officiellement reconnu résistant par l’État en août 2012.Lui qui, près de sept décennies durant, aura mené un combat, le combat de sa vie. Celui qui l’amena à lutter contre une rumeur persistante, l’accusant d’avoir trahi ses compagnons de route, rassemblés autour de Jean-Claude Chabanne, arrêtés en décembre 1941, pour certains fusillés.
Ainsi, Paul Thueux, aujourd’hui installé du côté de Cavaillon, a reçu les médailles de la ville de la part de Pontoise et Saint-Ouen-l’Aumône. «Un soulagement et enfin une reconnaissance», souligne Jean-Pierre Dubreuil, membre du Centre d’études René-Nodot 95, qui au fil de ses recherches avoue être passé «d’historien qui cherche et doute à ami de Paul Thueux».
Comme un symbole le sénateur-maire Ps de Saint-Ouen-l’Aumône, et ancien ministre de la Défense, était présent. «Je partage le regret que cette réunion soit si tardive.» Sentiment partagé par le député-maire Ump Philippe Houillon qui a tenu à mettre à l’honneur «ces jeunes plein d’audace, qui ont pris des risques insensés pour préserver les valeurs de la République. Il ne faut pas non plus oublier le soulèvement des civils. Monsieur Thueux, votre histoire force le respect». Première réaction de Paul Thueux : «Ça se bouscule un peu dans ma tête aujourd’hui. Ça réveille plein de souvenirs, certains douloureux. Mais cette médaille, c’est celle de la réparation. C’est un soulagement après toutes ces années durant lesquelles j’ai porté un poids énorme sur les épaules.» Enfin apaisé, Paul Thueux, Saint-Ouennais de naissance a même prolongé son séjour pontoisien de quelques jours le week-end dernier. Un signe.
Julien Ducouret