Abel Drumont
(1912-2000)
(1912-2000)
Abel Drumont fut un homme d’autorité qui invitait au respect de façon immédiate avant même qu’il eût prononcé le moindre mot. Il avait la présence des instituteurs d’autrefois avec suffisamment de fermeté et de bienveillance mêlées. Instituteur, il le fut. Secrétaire de mairie, il le fut aussi, comme il était souvent d’usage dans les petites localités rurales autrefois. Lors de l’Occupation, c’est un jeune homme d’une trentaine d’années au caractère déjà bien trempé qui s’est établi avec son épouse dans la jolie petite commune de Bréançon. nichée au pied des buttes de Rosne, Bréançon était resté un village paisible dominé par son église Saint-Crépin-Saint-Crépinien. Les cloches de ce bel édifice ponctuaient la vie des habitants de ce petit coin du Vexin. Marines n’est pas loin et Paris n’est qu’à 45 kilomètres de là. Mais à cette époque, la capitale semble bien plus loin et la guerre aussi. Enfin, c’est ce que beaucoup des cent-soixante-dix Briançonnais auraient aimé croire. Le destin en décida autrement. Le destin et la proximité de l’aérodrome de Cormeilles-en-Vexin-Génicourt… L’existence d’Abel Drumont s’en trouva bouleversée. En effet, durant l’Occupation, l’armée allemande avait investi les lieux, et deux pistes en béton ainsi que diverses installations avaient été mises en place. Cette plate-forme aurait présenté l’avantage d’être souvent couverte de brume en début de journée, permettant ainsi de couvrir le décollage des avions bombardant le Royaume-Uni. Bréançon n’est qu’à 4 kilomètres. A la recherche de locaux assez confortables pour accueillir le séjour de leurs officiers, le bourg de Bréançon retient l’attention de l’occupant, notamment le manoir qui fait face à l’église. De sa mairie-école, Abel Drumont observe d’un œil agacé l’installation de l’ennemi. L’histoire semble se répéter car déjà lors de la guerre de 14-18, Bréançon avait été investi par les forces adverses. Les « Boches », comme on disait alors, étaient revenus et se considéraient comme chez eux. Abel Drumont ne peut le supporter et ronge son frein. Sous-officier en 1940, il avait échappé à l’ennemi en réussissant à ne pas se faire prendre. Le souvenir de la défaite et de la déroute de juin 1940 l’avait traumatisé et dès qu’il le put, il prit la route et se rendit de Paris à Saint-Jean-Pied-de-Port, au pied des Pyrénées. Il aurait voulu passer en Espagne. Hélas, sa voiture lui fut volée à la frontière. Son projet à l’eau, Abel Drumont fut contraint de rester à Pau quinze jours avant de pouvoir rejoindre la région parisienne. Revenu chez lui, il a la très désagréable surprise de voir son domicile réquisitionné. A Bréançon, les Allemands sont nombreux et la mairie-école n’est pas épargnée tout comme les belles demeures des alentours : « Ils s’étaient installés au château... En fait, une belle maison de maître construite au XIXéme siècle que son propriétaire, M. Lallier, venait juste de rénover. Mais comme ça ne suffisait pas, ils s’étaient établis aussi dans les maisons alentours. C’est ainsi que j’en ai retrouvé chez moi à mon retour ! L’un d’eux occupait ma chambre au 1er étage de la mairie. Quand j’ai voulu la récupérer, il n’a voulu rien savoir en me disant que c’était comme ça, que c’étaient les lois de la guerre et que je n’avais qu’à dormir avec ma femme , ma mère et mes deux enfants par terre dans la cuisine ! Lui et ses acolytes avaient fouillé dans mes affaires et fait main basse sur mes serviettes et mes chemises. Il m’a fallu longtemps pour les récupérer une à une… » Abel Drumont ne décolère pas et il a bien l’intention de ne pas se laisser faire. Assez tôt donc, Abel regroupe autour de lui des personnes qui partagent sa colère. Faire quelque chose… Mais quoi ? En qualité de secrétaire de mairie, il pouvait agir et était bien décidé à ne pas s’en priver au grand dam du maire d’alors. Elu en 1937, le maire, Louis Richard, était un ancien poilu pour qui l’Allemand était resté le « boche ». Homme prudent, il n’avait pas été destitué par le gouvernement de Vichy et souhaitait ardemment que Bréançon reste en dehors des querelles politiques et des actions violentes contre l’occupant. C’était sans compter sur le petit groupe qu’Abel Drumont sut réunir autour de lui. Devenu capitaine de réserve dans l’infanterie, Abel Drumont n’abandonnait pas la pratique du maniement des armes en accomplissant des « périodes » militaires qui le faisaient régulièrement fréquenter le quartier Bossut à Pontoise. Est-ce là qu’il eut ses premiers contacts avec la Résistance ? Rien ne l’atteste, mais l’on sait qu’il débuta en réalisant des faux papiers. Et comme il était secrétaire de mairie, c’était assez facile… Le maire n’approuvait pas mais dut se contraindre à le laisser faire. Novembre 1942. Abel Drumont continuait d’observer discrètement l’ennemi. Il établit des comptes-rendus sur ce que faisaient les occupants, réalisa des plans, des croquis pour relater des mouvements des troupes ennemies qu’il réussit ensuite à communiquer à des organisations de Résistance. Il était en effet entré en contact avec le maréchal des logis de gendarmerie Costes et son adjoint Bachelot en poste à Marines. Leur engagement dans la Résistance était profond. Ainsi se retrouvat-il intégré au réseau « Défense de la France » de Philippe Viannay (groupe « Pamphile »). Son pseudonyme est « Le Fil ».
Vraisemblablement en rapport avec Philippe Viannay, Abel Drumont se met à distribuer des tracts anti-allemands tout en réalisant de fausses cartes d’alimentation et cartes d’identité pour les personnes pourchassées qui se retrouvaient livrées à ellesmêmes dans la campagne vexinoise. Il faut discrètement les héberger, les nourrir et leur donner une nouvelle identité. Un site à l’écart du village est retenu pour cela… Mais un jour d’avril 1943, Abel Drumont et quelques autres décident de passer à la vitesse supérieure en dégradant les moyens de communication de l’occupant : « On a rabioté deux kilomètres de lignes téléphoniques. Les Allemands étaient furieux. Ils sont venus se plaindre à la mairie. Je leur ai répondu : il n’y a pas ici de communistes et les agriculteurs du coin vous nourrissent. Il est vrai que les occupants n’avaient pas le droit de se ravitailler directement chez les fermiers. Mais ces derniers ne se privaient de leur vendre des œufs, de la viande, des lapins. Les deux feldgendarmes ont finalement laissé tomber sans trop insister… » L’instauration du Service du Travail obligatoire amène beaucoup de jeunes gens à se dissimuler. Le village de Bréançon et ses alentours deviennent de plus en plus des lieux de cache et le secrétaire de mairie Abel Drumont use de ses fonctions pour aider ces réfractaires. Il leur fournit de fausses attestations et de fausses cartes d’alimentation. Avec certains d’entre eux, employés dans les fermes du secteur, dont de nombreux Parisiens (parmi eux, un souteneur !), Abel Drumont forme un groupe de F.F.I. de 17-18 personnes. Avec eux, il cherche à contribuer plus activement encore à la Résistance. : « Une nuit, en juin 1944, nous avons décidé de nous rendre au château. Et, sous le nez des Allemands qui l’occupaient, nous avons volé une voiture, une B2, qui avait été réquisitionnée. Sept ou huit gars ont réussi à la pousser dans le chemin. Et j’ai pu un peu plus loin la mettre en route. On n’a pas demandé notre reste et on a filé jusqu’à une ferme où nous étions attendus. Le fermier a ouvert la porte d’une de ses granges et la voiture a été aussitôt recouverte sous une montagne de paille. Elle y est restée jusqu’à la Libération... » Résister n’était pas forcément constitué d’actes aussi spectaculaires et risqués. Sachant que l’ennemi cherche à mettre la main sur les bicyclettes, Abel Drumont et son épouse dissimulèrent les leurs sous un tas de fumier. L’ennemi recherchait des métaux pour fabriquer des armes et en particulier des obus. Pour faire leurs douilles, les Allemands recherchaient du cuivre. Un jour, Abel Drumont vit arriver dans son bureau de secrétaire de mairie un agriculteur avec toutes ses casseroles en cuivre : « Je lui ai dit de les garder. On a décidé de creuser un trou dans un jardin pour les dissimuler ». La présence allemande dans le secteur était importante et se renforçait avec l’utilisation par l’ennemi de l’aéroport proche de Génicourt. Face à cette situation, les résistants du secteur, eux, n’avaient que très peu d’armes. Philippe Viannay, fondateur de « Défense de la France » envoya un de ses subordonnés, Bernard Morey, pour établir un état des lieux. Le 27 mai 1944, un avion tomba sur la ferme de La Laire. « C’était une super-forteresse américaine. J’ai vu un aviateur ouvrir son parachute. J’accourus et j’eus la chance d’arriver le premier. J’ai découvert l’Américain dans le bois voisin. Je l’ai aidé à se débarrasser de son parachute. Nous avons aussitôt caché son matériel sous des branchages avec son appareil-photo, son casque de radio et son pistolet. Je lui ai indiqué ensuite la direction pour fuir. » Revenant à Bréançon, Abel Drumont est interpellé sur la route menant à Beauvais par deux soldats allemands auprès desquels il doit s’expliquer : « Je suis resté face à eux pendant une heure et demie, leurs mitraillettes pointées dans ma direction. J’ai cherché à me justifier. Je leur ai dit que, en qualité de membre de la défense passive de la CroixRouge, il était normal que je me précipite vers le lieu d’un accident… J’avais gardé sur moi une trousse de secours de la Croix-Rouge que je plaçais bien en évidence. Finalement, ils m’ont présenté devant leur officier qui a pris la décision de me laisser partir… » Abel Drumont attendit deux semaines avant de retourner récupérer ce qui avait été enterré. « J’ai tout caché sous le plancher de la mairie. Et ce n’est qu’après la guerre que ma femme a tiré profit de la toile du parachute. Elle en a fait des mouchoirs et des chemises. J’ai conservé le gilet de sauvetage, un « Mae West », avec le numéro du pilote, les sangles du parachute ainsi que l’appareil-photo, un Kodak Retina, qui s’était cassé lors de la chute. J’aurais bien aimé revoir ce parachutiste… » affirmait Abel Drumont à « La Gazette du Val d’Oise ».
Après le 6 juin 1944, jour du débarquement en Normandie, tout se précipita et l’action de la Résistance dans la région de Bréançon s’intensifia. C’est par la radio et les journaux qu’Abel Drumont prit connaissance de l’événement. « Nous avions tellement de problèmes à régler et d’incidents avec les Allemands que ce 6 juin fut un jour banal. Néanmoins, nous étions très heureux et assurés désormais de la victoire finale. En attendant, je récupérais tout ce que je trouvais. C’est ainsi qu’un jour, j’ai découvert un parachute d’éclairage perdu sur une haie. La texture était singulière. C’était un tissu de verre. » En août 1944, la libération est proche et les Américains progressent. Mais au village, la tension est forte. Appréhension et euphorie se mêlent. « En-dessous de chez moi, deux Boches avaient pris position avec un bazooka. Ils surveillaient la route. J’ai pris mon fusil et me suis demandé si j’allais les abattre. Après avoir hésité, j’ai finalement renoncé. Bien m’en a pris. Quand les Américains sont arrivés, ils m’ont précisé où les Allemands s’étaient cachés, armés jusqu’aux dents. Si j’avais descendu les deux types au bazooka, les représailles à Bréançon auraient vraisemblablement été terribles. » Abel Drumont était malgré tout bien décidé à intervenir. Il décida de partir au-devant des premières troupes américaines qui cherchaient à prendre position sur la commune proche d’EpiaisRhus. « Avant Marines, je leur ai montré où était caché un groupe d’infirmiers allemands. Au moment où j’allais ouvrir la porte, un soldat américain m’a retenu. Il a ouvert d’un coup de pied. Il a tiré une rafale de mitraillette au jugé. Par un hasard incroyable, il n’a tué personne. On a vu sept Allemands sortir les bras en l’air. Pour des infirmiers, ils étaient fortement armés. J’ai été très heureux de leur retirer deux pistolets Luger que j’ai déposés à mes pieds. Le temps de me retourner, les pistolets avaient disparu, « piqués » par des Américains. J’étais très déçu et aussi en colère. Ces Américains étaient encore plus chapardeurs que les Allemands ! ». Abel Drumont ne leur gardait pas rancune et savait qu’il leur devait sans doute la vie : « Malgré toute la science militaire que j’avais apprise, je ne serais plus là si ce soldat américain ne m’avait pas signalé des principes de base que j’avais oubliés : tirer immédiatement en rafale après avoir enfoncé une porte à coups de pied dedans ! » Revenu à Bréançon, Abel Drumont ne manqua pas non plus de prévenir les Américains de la présence des Allemands au château. Interrogé en 1993 par Jean-François Dupaquier, pour la « Gazette du Val d’Oise », Abel Drumont évoquait la prise de ce bâtiment : « Les Américains m’ont fait monter à l’avant d’un tank. Quand on est arrivé à la grille d’entrée, j’ai cru naïvement qu’ils allaient ouvrir la grille. Mais ils se sont contentés de l’ouvrir avec le tank. Elle s’est effondrée. En nous voyant, les Allemands se sont enfuis dans la plaine. Ils ont été tués comme des lapins, à quatre-cents mètres de distance. Ils en avaient abattu quatre. On s’est approchés. Les cadavres avaient la tête explosée, les boyaux à l’air. Ça ne m’a rien fait. Mais le lendemain, en ratissant de nouveau le champ, on est tombé sur un officier allemand mort le dos à un arbre. Il avait été gravement blessé aux poumons. Il avait réussi à se traîner jusque-là, et s’était fait un tampon avec son mouchoir pour arrêter le sang. Il avait dû beaucoup souffrir avant de mourir. Si on l’avait trouvé la veille, on aurait pu le soigner. C’était un beau gars. Là, j’ai pleuré… »
L’heure de la libération ayant sonné, c’est aussi celle des règlements de compte et des petites vengeances. Abel Drumont reçoit la consigne d’arrêter les collaborateurs des environs. Parmi eux, une jeune femme de Santeuil. « J’étais chargé de la surveiller pendant qu’elle se préparait. Devant moi, elle s’est mise à poil ! Je lui ai dit : « Je ne mange pas de ce pain- là ! » Je l’ai remise entre les mains du maréchal des logis Costes qui était à la tête de la gendarmerie de Marines… ». A Epiais-Rhus, un collaborateur avait affirmé qu’il ne se laisserait pas prendre sans résistance. Aussi Abel Drumont et son groupe de résistants bien armés s’avancaient avec prudence. Mais après les sommations d’usage, personne ne répondit. L’assaut fut donné aux fusils de chasse. En cinq minutes, la maison n’avait plus de fenêtres. Personne… Lorsque le groupe repartit, il se retrouva nez à nez avec l’homme recherché qui n’avait dans les mains que sa boîte à lait. Abel Drumont a relaté cet épisode: « Dès la Libération venue, les missions que nous eûmes à effectuer concernaient l’arrestation des collaborateurs. On a pu laisser entendre que la Résistance aurait été alors plus dure avec eux qu’avec les Allemands. Pour ma part, je me souviens être intervenu auprès d’un des jeunes de mon groupe pour lui faire la morale. En effet, le 30 août, jour de la libération, nous avions arrêté un collaborateur. Celui-ci marchait devant nous les mains sur la tête. Il avait laissé entendre qu’il ferait payer cher le prix de sa liberté, ce qui avait eu pour conséquence d’énerver un peu plus ce jeune résistant. Je le voyais menacer de son fusil l’homme arrêté et je lui ai aussitôt interdit de l’abattre. Nous devions l’empêcher de fuir mais certainement pas l’exécuter sans autre forme de procès. Nous l’avons conduit jusqu’à la gendarmerie de Marines où nous l’avons confié à nos amis gendarmes. J’ignore ce qu’il est advenu de lui par la suite… C’est à ce groupe de gendarmes que, pendant l’Occupation, j’avais remis des plans de l’aérodrome de Cormeilles-en-Vexin. A la Libération, ils ont accompli leur devoir de façon parfaite. On se souvient notamment de leur intervention à cette époque pour identifier les corps des personnes exécutées sur le bord des routes et les champs par les Allemands. Dans notre secteur, c’est à la Libération que l’on a trouvé le corps d’un camarade dans le château de Marines… Il avait les yeux crevés, les ongles arrachés ! Ça, je l’ai vu et me suis demandé qui étaient les barbares qui avaient pu se livrer à de pareils actes.» Abel Drumont, homme droit, a détesté les excès de l’épuration. En qualité de lieutenant F.F.I. il s’y est fermement opposé. Ainsi, selon lui, il n’y a pas eu dans son secteur d’exécutions sommaires, de femmes dénudées et tondues publiquement pour avoir « couché » avec l’ennemi. … « Je me suis opposé clairement aux règlements de compte de la Libération. Je me souviens de cette femme qui s’était laissé abuser par les Allemands. Non seulement, elle n’eut pas la tête rasée, mais elle put avoir un avocat qui réussit à la faire libérer. C’était finalement une bonne chrétienne, généreuse, qui avait eu la faiblesse d’être séduite par l’esprit allemand… » Peu avare en anecdotes, Abel Drumont affirmait cependant qu’avant leur départ, les Allemands avaient laissé derrière eux de nombreuses dettes en raison de l’importance des réquisitions effectuées dans les fermes avoisinantes : « L’économe allemand m’avait dit avant de partir qu’il déposerait 40 000 francs quelque part en France dans une perception. Je n’y crus pas du tout. Et pourtant, un jour l’argent arriva en mairie de Bréançon ! Il avait pris le temps de s’arrêter en pleine débâcle allemande pour s’acquitter de ses dettes. J’ai ainsi pu distribuer l’argent aux agriculteurs…» Bien longtemps après ces faits, à l’occasion de travaux dans la mairie de Bréançon, les ouvriers mirent au jour trois fusils cachés lors de la guerre et plus de quatre cents cartouches. Des reliques oubliées d’une époque troublée dans une campagne d’ordinaire bien paisible. Abel Drumont termina sa guerre en septembre 1944. Il fut missionné par la gendarmerie pour arrêter les Allemands en fuite et surtout les collaborateurs ayant été menaçants. A Bréançon, on souvient encore d’Abel Drumont, accompagné de quelques FFI, brassard au bras, patrouillant à pied dans le village et les alentours pendant les derniers mois de la guerre… Acteur et témoin de l’Histoire qui s’écrivait sous ses yeux, Abel Drumont prit plusieurs clichés alors. Certains sont heureusement parvenus jusqu’à nous.
M. Drumont est resté toute sa vie fidèle à la mémoire de la Résistance et à ses valeurs. Enseignant dans le secondaire les mathématiques et le dessin, puis directeur d’établissements scolaires, il ne disait mot à ses élèves de son passé de F.F.I. et il avait la réputation fondée de les faire travailler dur. Devenu retraité, il prit une part active à l’organisation de nombreuses actions mémorielles et présida longtemps le jury du Concours de la Résistance et de la Déportation dans le Val d’Oise. Cet homme d’autorité fut en définitive un initiateur et un organisateur. C’est lui qui, par exemple, fit fonctionner dans les années d’après-guerre la cinémathèque dont les documentaires pédagogiques en 16 mm allaient d’école en école. Une cinémathèque qui, à une époque où la télévision en était à ses débuts, sut séduire des générations d’élèves. Pour les enfants, il s’occupa aussi de sport, et fut, entre autres, un des grands maîtres des « Mouvements d’ensemble » d’après-guerre. Abel Drumont fut sans conteste un ardent patriote, un homme courageux et de caractère qui a su porter avec brio longtemps le Concours National de la Résistance et de la Déportation et lui donner toute son importance dans le Val d’Oise. Ne serait-ce qu’à ce seul titre, il mérite toute notre reconnaissance.
Responsable du texte : Jean-François Couriol
Nous remercions très sincèrement de leurs informations, documents et conseils : M. Claude Legout, vice-président de la Société historique de Pontoise ; M. Lionel Godet ; M. Armand Dedieu, maire de Bréançon et le personnel de la mairie ; la Gazette du Val d’Oise ; Mme Sabine Drumont, Mme Véronique Lefèvre de l’ONAC 95 et le personnel des archives du Val d’Oise…
Sources :
Entretien réalisé au collège Sainte-Apolline de Courdimanche en 1995. Article du 9 juin 1994, L’Echo-le Régional (p. 10 et 11). Extrait du n°69 des Cahiers de la Société Historique et Géographique du Bassin de l'Epte, « Visiteurs du Vexin ». 2013. « La Résistance dans le Val d’Oise », de Martial Larocque