Si les pièges des professionnels de la police allemande ne l’avaient pas surpris, il aurait pu avoir un beau destin dans la guerre et sa figure aurait pu rayonner bien au-delà de sa ville natale. Mais son très jeune âge, ses élans maladroits, son innocence en somme, l’ont perdu, car il croyait pouvoir faire confiance à des Français parce qu’ils étaient français alors qu’ils ne l’étaient plus, eux qui avaient déjà basculé dans la soumission ou dans la collaboration active. Quand la police française l’interroge, il se pose en chef et en responsable, et lorsqu’il cite ou qu’il confirme bien imprudemment les noms de ses fidèles – à supposer bien sûr que le compte-rendu d’interrogatoire ne soit pas une pure fabrication policière – il pense asseoir sa défense sur le fait établi que le groupe est constitué de jeunes français aimant leur patrie. Soit candeur, soit habileté, il utilisera la même stratégie devant le tribunal de guerre allemand.