André Fournier
Heureux de faire enfin quelque chose en juillet-août 1942.
Heureux de faire enfin quelque chose en juillet-août 1942.
Introduction.
En 2013, danMaurice Toutant, inspecteur du gaz dans une société. Pouvant circuler facilement, celle-ci devient le responsable des terrains de parachutage en région parisienne, et il en dresse les plans.
Ainsi, au début de 1943, le mouvement est-il de plus en plus solide, structuré et prêt. Ceux qui accomplissent les missions dangereuses sont peu nombreux, jeunes comme anciens à égalité ! Reste à faire ses preuves ! Le père d’André veut le dissuader de tenter quelque un choisi choisi tant le métier du renseignement nécessite à ses yeux de l’expérience, et tant les risques encourus sont graves pour celui qui agit comme pour ses proches.
Jean-Moulin a obtenu en janvier 1943 la fusion des mouvements de Résistance de la zone sud et leurs groupes armés dans les Mouvements Unis de Résistance, M.U.R., et l’Armée Secrète, A.S.. Mais aucune liaison organique n’existe entre les mouvements de zone Nord, ni entre les mouvements et Londres.
Lors de la mission Arquebuse-Brumaire, organisée à Paris le 27 janvier 1943, le Colonel Passy (de son nom André Dewavrin) chef du Bureau Central de Renseignement et d’Action (B.C.R.A.) à Londres sous le pseudonyme d’Arquebuse ainsi que son adjoint Pierre Brossolette sous le nom de Brumaire, rencontrent entre autres Jacques Lecompte-Boinet, Pierre Arrighi, Louis Pascano, tandis qu’André est chargé de faire le guet dans les rues avoisinantes du lieu de réunion situé dans le 16° arrondissement de Paris.
Louis, don’t le rôle est modeste alors, retient de la réunion du 27 janvier, que le colonel Passy veut séparer les opérations d’Action de celles du Renseignement et souhaite planifier les opérations pour faire agir de concert le jour venu Action et Renseignement. Louis obéira aux ordres de l’état-major mais il considère qu’Action et Renseignement sont complémentaires et qu’il convient de les garder tous les deux dans son mouvement. En attendant l’évolution de l’Armée Secrète, le mouvement continue comme auparavant tout en restant en liaison avec le B.C.R.A. par Ceux de la Résistance.
Louis se réserve la direction du renseignement, Paul Guilhamon a l’action, André garde la direction des départements de l’Oise, Seine-et-Oise, Seine-et-Marne pour les effectifs, le recrutement, le renseignement. Les liaisons se font par le système des boîtes aux lettres où un agent dormant recevant un courrier le transmet à son tour à un autre agent dormant, sans connaître, bien entendu, l’organigramme du mouvement.
Reste à consolider le mouvement action, renseignement et évasion en plus des zones d’implantation de groupes d’action. André fait la connaissance d’un ancien mécanicien de Noailles dans l’Oise qui le renseigne sur les déplacements de troupes tout en amenant des volontaires. Pebeyre envoie des plans du mur de l’Atlantique à Londres. Louis fait la connaissance de Clément Prudhon, cheminot à Argenteuil (Seine-et-Oise) qui fils propre groupe d’action et qui les renseigne sur les mouvements de troupe et les petits sabotages opérés en attendant le grand jour.
De leur coté les Allemands remplacent la Relève par le S.T.O. en février 1943, et exigent que les classes 1920-1921-1922 partent pour l’Allemagne. André et ses amis ne partiront pas car ils fournissent de faux résultats d’analyses médicales lors de la visite médicale organisée avant le départ.
Les jeunes résistants ont envisagé un moment de rejoindre De Gaulle en passant par l’Espagne. Pour sa part André ne part pas pour trois raisons : la crainte de finir dans les geôles espagnoles, l’incertitude d’incorporer les troupes gaullistes, l’importance à ses yeux du travail qu’il accomplit au sein du mouvement action et renseignement.
I - 3 - Son engagement va croissant de la création de Libre Patrie par son ami Louis Pascano à son arrestation et son départ pour l’Allemagne, mai 1943 - janvier 1944.
Dès avril 1943, et suite à la réunion du 27 janvier, Jean Moulin a pris en mains l’organisation de la Résistance en France, et il délègue, pour diriger le « Comité de Coordination » de la Zone Nord, fils adjoint Pierre Kaan, connu de Louis et André sous le seul nom de Biran, qu’ils ont rencontré à plusieurs reprises. Ils apprennent qu’ils vont recevoir de l’armement, des instructeurs, des radios et de l’argent. Ils ont des caches et des refuges, les voici structurés en réseau. Louis veut être indépendant et préparer des opérations de sabotages lorsque le débarquement pour la Libération aura lieu. Mais il faut l’aval du B.C.R.A.C’est choisi acquise, et un réseau autonome est créé sous le nom de « Libre Patrie » (« L comme Louis, P comme Pascano » lui dit André amusé). Les renseignements sont acheminés à Londres par les opérations aériennes de la RAF. L’État-major demeure le même en ajoutant Clément Prudhon pour l’action et le renseignement « S.N.C.F. ». Guilhamon supervise les liaisons et de lui dépend la transmission des ordres depuis l’état-major de la Résistance. Le poste de commandement parisien est le domicile des copains de Louis et André, Alain et René Marguerite, prêts à tout pour la Résistance.
C’est dans le contexte de l’arrestation de Rex le 21 juin 1943 qu’apparaît une certaine Charlotte - lieu de Gironde pour ses études - recommandée par Asselin (Pierre Arrighi) à Louis. Elle se rencontre à la disposition du groupe et, bien que Guilhamon, Louis et André sont hésitants, ils décident de la prendre dans le service de liaison. Louis lui communiqué alors l’adresse d’une boîte aux lettres parisiennes. Elle est avec Louis seule à la connaître. Au bout de quelque temps, Louis et André apprennent que Charlotte vit avec une certaine Fernande, et le train de vie des jeunes femmes leur fait soupçonner une collusion avec l’ennemi, ce qui les contrarie fort ; mais rien ne se passe au cours de l’été 1943.
Charlotte a-t-elle été manipulée par la Gestapo ou a-t-elle trahi (ainsi que Fernande) ? Toujours est-il, qu’ayant donné rendez-vous à Louis place de la Madeleine le 20 septembre pour lui transmettre un message important, celui-ci est arrêté. Un jeune garçon inconnu de tous, que Louis a emmené avec lui, prévient Madame Pascano, laquelle alerte à son tour André qui se précipite au bureau de Louis afin de faire disparaître les armes et les documents comeurs.
André passe alors chef de réseau avec Maurice Toutant. Bientôt il est inquiet d’apprendre que deux femmes (Charlotte et Fernande ?) sont allées à Méru dans l’Oise chez Camille Monel pour prendre les noms des candidats au maquis qui assistant aux faux papiers.
Une autre fois, André a des plans de fusées qu’il tient à transmettre à Biran : rendez-vous est pris pour le 14 octobre.
Mais c’est ce même 14 octobre 1943 qu’il est arrêté !
Que s’est-il passé ?
Robert Décamps a donné ordre à André de s’occuper d’un groupe d’aviateurs américains abattus à la fin de l’été au-dessus du Bourget. Des relais les transportent jusqu’à Méru dans l’Oise et en Seine-et-Marne, en attendant qu’ils puissent partir vers l’Espagne. Mais le 12 octobre, André apprenant que Camille Monel a été arrêté et torturé sous les yeux de sa femme, a l’impression que tout le réseau est surveillé.
En fait l’étau se resserre autour de lui à cause des faux-papiers à remettre aux réfractaires de l’Oise. André a donné rendez-vous à des jeunes qui doivent rallier un maquis de Corrèze. Aussi quand le concierge parisien lui annonce, ce 14 octobre, que deux personnes l’assistce Toutant, inspecteur du gaz dans une société. Pouvant circuler facilement, celle-ci devient le responsable des terrains de parachutage en région parisienne, et il en dresse les plans.
Ainsi, au début de 1943, le mouvement est-il de plus en plus solide, structuré et prêt. Ceux qui accomplissent les missions dangereuses sont peu nombreux, jeunes comme anciens à égalité ! Reste à faire ses preuves ! Le père d’André veut le dissuader de tenter quelque un choisi choisi tant le métier du renseignement nécessite à ses yeux de l’expérience, et tant les risques encourus sont graves pour celui qui agit comme pour ses proches.
Jean-Moulin a obtenu en janvier 1943 la fusion des mouvements de Résistance de la zone sud et leurs groupes armés dans les Mouvements Unis de Résistance, M.U.R., et l’Armée Secrète, A.S.. Mais aucune liaison organique n’existe entre les mouvements de zone Nord, ni entre les mouvements et Londres.
Lors de la mission Arquebuse-Brumaire, organisée à Paris le 27 janvier 1943, le Colonel Passy (de son nom André Dewavrin) chef du Bureau Central de Renseignement et d’Action (B.C.R.A.) à Londres sous le pseudonyme d’Arquebuse ainsi que son adjoint Pierre Brossolette sous le nom de Brumaire, rencontrent entre autres Jacques Lecompte-Boinet, Pierre Arrighi, Louis Pascano, tandis qu’André est chargé de faire le guet dans les rues avoisinantes du lieu de réunion situé dans le 16° arrondissement de Paris.
Louis, don’t le rôle est modeste alors, retient de la réunion du 27 janvier, que le colonel Passy veut séparer les opérations d’Action de celles du Renseignement et souhaite planifier les opérations pour faire agir de concert le jour venu Action et Renseignement. Louis obéira aux ordres de l’état-major mais il considère qu’Action et Renseignement sont complémentaires et qu’il convient de les garder tous les deux dans son mouvement. En attendant l’évolution de l’Armée Secrète, le mouvement continue comme auparavant tout en restant en liaison avec le B.C.R.A. par Ceux de la Résistance.
Louis se réserve la direction du renseignement, Paul Guilhamon a l’action, André garde la direction des départements de l’Oise, Seine-et-Oise, Seine-et-Marne pour les effectifs, le recrutement, le renseignement. Les liaisons se font par le système des boîtes aux lettres où un agent dormant recevant un courrier le transmet à son tour à un autre agent dormant, sans connaître, bien entendu, l’organigramme du mouvement.
Reste à consolider le mouvement action, renseignement et évasion en plus des zones d’implantation de groupes d’action. André fait la connaissance d’un ancien mécanicien de Noailles dans l’Oise qui le renseigne sur les déplacements de troupes tout en amenant des volontaires. Pebeyre envoie des plans du mur de l’Atlantique à Londres. Louis fait la connaissance de Clément Prudhon, cheminot à Argenteuil (Seine-et-Oise) qui filss le cadre de la préparation du Concours National de la Résistance et de la Déportation, j’ai fait la connaissance de Monsieur André Fournier lors d’une rencontre avec les élèves du collège Sainte-Apolline de Courdimanche en Val d’Oise. Dialogue de fils avec les collégiens, puis la conférence de son livre
« HOMMES 40, CHEVAUX 8 ; La guerre sans uniforme » publié en 2007 m’ont permis de découvrir la personnalité attachante du docteur Fournier qui dans les Années Noires de la Seconde Guerre Mondiale s’engage dans un réseau de résistance avant d’être déporté dans trois camps de concentration, où jeune étudiant en médecine il tentait de comprendre comment sur peut devenir un bourreau, fils disciple, ou, fils opposition ; tout en soignant les autres internés et en essayant de survivre soi-même.
Suivons donc ce jeune étudiant en médecine qui subit l’invasion de la France puis s’engage dans la Résistance « pour faire enfin quelque chose choisit choisi choisi choisi » de juin 1940 à janvier 1944 avant que de vivre l’horreur des camps de Buchenwald, Struthof-Natzweiler et enfin Dachau de janvier 1944 à mai 1945.
I - A Paris, André Fournier, jeune étudiant en médecine subit l’invasion de la France puis s’engage dans la Résistance, juin 1940 - janvier 1944 :
Le mouvement s’agrandit avec Maurice Toutant, inspecteur du gaz dans une société. Pouvant circuler facilement, celle-ci devient le responsable des terrains de parachutage en région parisienne, et il en dresse les plans.
Ainsi, au début de 1943, le mouvement est-il de plus en plus solide, structuré et prêt. Ceux qui accomplissent les missions dangereuses sont peu nombreux, jeunes comme anciens à égalité ! Reste à faire ses preuves ! Le père d’André veut le dissuader de tenter quelque un choisi choisi tant le métier du renseignement nécessite à ses yeux de l’expérience, et tant les risques encourus sont graves pour celui qui agit comme pour ses proches.
Jean-Moulin a obtenu en janvier 1943 la fusion des mouvements de Résistance de la zone sud et leurs groupes armés dans les Mouvements Unis de Résistance, M.U.R., et l’Armée Secrète, A.S.. Mais aucune liaison organique n’existe entre les mouvements de zone Nord, ni entre les mouvements et Londres.
Lors de la mission Arquebuse-Brumaire, organisée à Paris le 27 janvier 1943, le Colonel Passy (de son nom André Dewavrin) chef du Bureau Central de Renseignement et d’Action (B.C.R.A.) à Londres sous le pseudonyme d’Arquebuse ainsi que son adjoint Pierre Brossolette sous le nom de Brumaire, rencontrent entre autres Jacques Lecompte-Boinet, Pierre Arrighi, Louis Pascano, tandis qu’André est chargé de faire le guet dans les rues avoisinantes du lieu de réunion situé dans le 16° arrondissement de Paris.
Louis, don’t le rôle est modeste alors, retient de la réunion du 27 janvier, que le colonel Passy veut séparer les opérations d’Action de celles du Renseignement et souhaite planifier les opérations pour faire agir de concert le jour venu Action et Renseignement. Louis obéira aux ordres de l’état-major mais il considère qu’Action et Renseignement sont complémentaires et qu’il convient de les garder tous les deux dans son mouvement. En attendant l’évolution de l’Armée Secrète, le mouvement continue comme auparavant tout en restant en liaison avec le B.C.R.A. par Ceux de la Résistance.
Louis se réserve la direction du renseignement, Paul Guilhamon a l’action, André garde la direction des départements de l’Oise, Seine-et-Oise, Seine-et-Marne pour les effectifs, le recrutement, le renseignement. Les liaisons se font par le système des boîtes aux lettres où un agent dormant recevant un courrier le transmet à son tour à un autre agent dormant, sans connaître, bien entendu, l’organigramme du mouvement.
Reste à consolider le mouvement action, renseignement et évasion en plus des zones d’implantation de groupes d’action. André fait la connaissance d’un ancien mécanicien de Noailles dans l’Oise qui le renseigne sur les déplacements de troupes tout en amenant des volontaires. Pebeyre envoie des plans du mur de l’Atlantique à Londres. Louis fait la connaissance de Clément Prudhon, cheminot à Argenteuil (Seine-et-Oise) qui fils propre groupe d’action et qui les renseigne sur les mouvements de troupe et les petits sabotages opérés en attendant le grand jour.
De leur coté les Allemands remplacent la Relève par le S.T.O. en février 1943, et exigent que les classes 1920-1921-1922 partent pour l’Allemagne. André et ses amis ne partiront pas car ils fournissent de faux résultats d’analyses médicales lors de la visite médicale organisée avant le départ.
Les jeunes résistants ont envisagé un moment de rejoindre De Gaulle en passant par l’Espagne. Pour sa part André ne part pas pour trois raisons : la crainte de finir dans les geôles espagnoles, l’incertitude d’incorporer les troupes gaullistes, l’importance à ses yeux du travail qu’il accomplit au sein du mouvement action et renseignement.
I - 3 - Son engagement va croissant de la création de Libre Patrie par son ami Louis Pascano à son arrestation et son départ pour l’Allemagne, mai 1943 - janvier 1944.
Dès avril 1943, et suite à la réunion du 27 janvier, Jean Moulin a pris en mains l’organisation de la Résistance en France, et il délègue, pour diriger le « Comité de Coordination » de la Zone Nord, fils adjoint Pierre Kaan, connu de Louis et André sous le seul nom de Biran, qu’ils ont rencontré à plusieurs reprises. Ils apprennent qu’ils vont recevoir de l’armement, des instructeurs, des radios et de l’argent. Ils ont des caches et des refuges, les voici structurés en réseau. Louis veut être indépendant et préparer des opérations de sabotages lorsque le débarquement pour la Libération aura lieu. Mais il faut l’aval du B.C.R.A.C’est choisi acquise, et un réseau autonome est créé sous le nom de " Libre Patrie " ( » L comme Louis, P comme Pascano " lui dit André amusé). Les renseignements sont acheminés à Londres par les opérations aériennes de la RAF. L’État-major demeure le même en ajoutant Clément Prudhon pour l’action et le renseignement « S.N.C.F. ». Guilhamon supervise les liaisons et de lui dépend la transmission des ordres depuis l’état-major de la Résistance. Le poste de commandement parisien est le domicile des copains de Louis et André, Alain et René Marguerite, prêts à tout pour la Résistance.
C’est dans le contexte de l’arrestation de Rex le 21 juin 1943 qu’apparaît une certaine Charlotte - lieu de Gironde pour ses études - recommandée par Asselin (Pierre Arrighi) à Louis. Elle se rencontre à la disposition du groupe et, bien que Guilhamon, Louis et André sont hésitants, ils décident de la prendre dans le service de liaison. Louis lui communiqué alors l’adresse d’une boîte aux lettres parisiennes. Elle est avec Louis seule à la connaître. Au bout de quelque temps, Louis et André apprennent que Charlotte vit avec une certaine Fernande, et le train de vie des jeunes femmes leur fait soupçonner une collusion avec l’ennemi, ce qui les contrarie fort ; mais rien ne se passe au cours de l’été 1943.
Charlotte a-t-elle été manipulée par la Gestapo ou a-t-elle trahi (ainsi que Fernande) ? Toujours est-il, qu’ayant donné rendez-vous à Louis place de la Madeleine le 20 septembre pour lui transmettre un message important, celui-ci est arrêté. Un jeune garçon inconnu de tous, que Louis a emmené avec lui, prévient Madame Pascano, laquelle alerte à son tour André qui se précipite au bureau de Louis afin de faire disparaître les armes et les documents comeurs.
André passe alors chef de réseau avec Maurice Toutant. Bientôt il est inquiet d’apprendre que deux femmes (Charlotte et Fernande ?) sont allées à Méru dans l’Oise chez Camille Monel pour prendre les noms des candidats au maquis qui assistant aux faux papiers.
Une autre fois, André a des plans de fusées qu’il tient à transmettre à Biran : rendez-vous est pris pour le 14 octobre.
Mais c’est ce même 14 octobre 1943 qu’il est arrêté !
Que s’est-il passé ?
Robert Décamps a donné ordre à André de s’occuper d’un groupe d’aviateurs américains abattus à la fin de l’été au-dessus du Bourget. Des relais les transportent jusqu’à Méru dans l’Oise et en Seine-et-Marne, en attendant qu’ils puissent partir vers l’Espagne. Mais le 12 octobre, André apprenant que Camille Monel a été arrêté et torturé sous les yeux de sa femme, a l’impression que tout le réseau est surveillé.
En fait l’étau se resserre autour de lui à cause des faux-papiers à remettre aux réfractaires de l’Oise. André a donné rendez-vous à des jeunes qui doivent rallier un maquis de Corrèze. Aussi quand le concierge parisien lui annonce, ce 14 octobre, que deux personnes l’assist, il pense que c’est eux. Mais il tombe sur deux hommes de la Sicherheitsdienst (S.D. = service de renseignement et de contre-espionnage du parti et de l’État nazis) de Creil dans l’Oise, qui le menottent et l’embarquent avec René Marguerite. Ils ont trouvé des cartes d’état-major de la France entière mais rien d’autre.
Du commissariat d’où André essaie de fuir, en vain, il est entraîné Gare du Nord, direction Creil. De la conversation de ses sbires il comprend seulement qu’il est question de « terroristes dirigés par un coiffeur ! » A Creil il est enfermé menotté dans une cave, et tel un animal il doit laper sa soupe chaque soir. Inlassablement André se demande « Que savent-ils ? » et « Vais-je tenir le coup ? » Pendant plusieurs jours il est interrogé par les hommes de la S.D. ; l’un a une tête de bouledogue et un nerf de bœuf torsadé à la main dont il fouette régulièrement André ; l’autre a une tête de serpent et de faux jeton. André tient bon, prenant un air naïf et stupide lorsqu’on lui met sous les yeux la carte d’identité de Louis Pascano, il ne le connaît pas, il ne sait pas qui est Fredon, il donne un faux nom de chef et une adresse où il n’y a plus personne, il ne connaît pas les amis de Camille Monel…… Les coups pleuvent sur son crâne, les pommettes éclatent, les tibias sont à vif ; les chiffons mouillés sur les plaies sont serrés et tordus autour de son crâne, il ne lâche rien. Ses sbires ne savent rien sur les aviateurs cachés….
Enfin les interrogatoires se calment, André signe ses dépositions, il n’a rien dit sur Louis. Ils le laissent tranquille.
Il est alors transféré à Compiègne dans l’Oise, puis au secret dans la prison de Saint-Quentin dans l’Aisne. Son seul rayon de soleil est Madame Cabot qui s’arroge le titre de surveillante de l’état sanitaire de la prison tout en fournissant abondement en bouteilles de Cognac le chef allemand des surveillants, un certain Herman. C’est elle qui obtient pour André la visite de sa mère qui doit rester muette, puis celle de son père qui le rassure en douce sur les aviateurs américains mais pas sur Camille Monel.
En janvier 1944, il est expédié à Compiègne, au camp de Royallieu. Il y retrouve Pierre Arrighi mais aussi Richet, son chef de service à l’hôpital, qui lui dit des mots de réconfort, et cela fait tant de bien après ces mois de prison.
Un peu après un convoi arrive au camp, André aperçoit alors René Marguerite qui lui apprend l’évasion de Louis du train qui le conduisait de la prison de Fresnes à Royallieu.
Dans le camp l’atmosphère est électrique, les prisonniers discutent entre eux, ils échafaudent des plans, on chante la Marseillaise.
C’est le 27 janvier 1944 que les prisonniers, dont André, embarquent dans des wagons à chevaux, encadrés par des soldats de la Wehrmacht et des S.S.. Ils ont un morceau de pain et rien à boire. Sur le quai André, étonné, voit son père qui lui fait des signes. « Comment a-t-il été prévenu ? »
Puis c’est le départ vers l’inconnu.
II - A travers l’Allemagne du 3° Reich, André Fournier subit l’incarcération dans les camps de concentration, janvier 1944 - mai 1945 :
II - 1- A Buchenwald où sévit « A chacun son dû », janvier - mai 1944.
Le terrible voyage commence dans les wagons à bestiaux bondés, André se charge d’un compagnon d’infortune épileptique, tout en se remémorant les écrits de Charles Péguy sur la guerre 1914-1918. Ce triste périple dure trois ou quatre jours, puis c’est l’arrivée en pleine nuit au camp de Buchenwald. Les portes des wagons s’ouvrent, les gardiens hurlent, les chiens aboient, et sous une lumière crue et aveuglante les gars dévalent la rampe en essayant de ne pas tomber et de ne pas se faire mordre.
Sous une pluie de coups suivent la fouille, la douche, la tonte, le bain de crésyl - tout cela exécuté à la stupeur des six mille nouveaux venus, par d’autres prisonniers -, l’interrogatoire mené par un secrétaire, la sortie dans la neige pour rejoindre un « block » de quarantaine dans le petit camp. Les têtes sont lourdes. Les prisonniers font connaissance avec les appels interminables, la diarrhée, les rutabagas. Ils ne savent pas ce qui les attend, mais André comprend que ce sera la suite logique des supplices de la S.D. : coups, mise au travail au bout de deux à trois jours. Mais alors, pourquoi sont-ils dans cette baraque de quarantaine ?
Toute la journée il porte, sous les coups, successivement des pierres d’une carrière voisine, puis des caisses en bois pleines d’excréments transvasés de derrière les baraques d’un lac à un autre lac. Le rythme est infernal, la puanteur effroyable, et la nourriture très insuffisante pour reconstituer ses forces. Enfin il est terrassier pour poser des canalisations dans un sol de grès que l’on ne peut pas piocher !
Le voisin de chambrée tousse, André l’envoie à l’infirmerie, il ne le reverra pas. Remords ! Une autre fois, il voit une jambe artificielle descendue du wagon, que son propriétaire n’a pas récupérée ! Qu’est devenu ce dernier ? La vie, la mort se mêlent et se confondent dans l’enfer du camp !
Après la quarantaine, André et son compère Lucien Trégnier - radio dans la marine - passent dans le grand camp avec des Espagnols, des Français, des Polonais, des Russes... Ils sont terrassiers, puis s’étant déclarés blessés, ils sont mis au « tri d’ordures ». Cette errance soude leur amitié. Ils en ont bien besoin car l’hiver est long, les corps dénutris, les cerveaux vides. Il faut se raccrocher aux souvenirs, aux connaissances, rêver un court instant. André écrit des poèmes, d’autres réparent les sabots, tricotent des chaussettes. Alors, souffle un vent de liberté !
Une fois, le groupe protège André des coups de trique qui pleuvent sur son dos car il ne va pas assez vite à tracter un wagonnet rempli de pierres, et, pataugeant dans la boue il a perdu ses sabots et est tombé !
A tout instant la mort peut surgir du revolver d’un SS qui surprend André en train de fumer une cigarette au cours d’une courte pose sur un chantier de défrichement d’une parcelle de terre ; ou encore du revolver de cet autre SS, parce que, ses lunettes ayant fait un vol plané jusqu’aux pieds d’un autre, André s’est précipité pour les récupérer sans effectuer le salut obligatoire !
Pour André, en ce joli mois de mai, c’est trop de cafard, trop d’exil aggravé par la subtilisation des colis que lui envoie sa mère, et l’arrivée permanente de nouveaux convois de prisonniers. Justement un convoi de prisonniers arrive. André repère Biran qui faisait la liaison avec Londres, il se précipite pour lui parler. Celui-ci arrive d’Auschwitz où il a été envoyé par erreur !
Le lendemain, André est convoqué au revier par le médecin chef. Il retrouve cinq autres médecins français et polonais. Il a beau objecter qu’il n’est qu’étudiant en médecine, il doit partir comme les autres pour un autre camp dès le lendemain. Il fait ses adieux à Lucien.
Dans le train qui l’emmène, André songe à la place importante jouée par le parti communiste dans le camp de Buchenwald qu’il vient de quitter après cinq mois de détention. Les droit commun portant triangle vert ont été mis au second plan par les communistes qui faisaient régner une discipline de fer. André voit en eux les exécuteurs des basses œuvres de SS qui se servent d’eux ; mais il reconnaît que certains militants ont été des gars formidables !
II - 2 – Puis au Struthof KL Natzweiler avec un court séjour dans l’un de ses camps annexes : Neckargerach, mai - septembre1944.
Étrange voyage, celui qu’effectuent les six médecins, dans un wagon de voyageurs où ils sont seuls avec deux gardiens SS. On leur a rendu les vêtements qu’ils portaient en arrivant à Buchenwald. Ils regardent la campagne allemande défilée sous leurs yeux. Bientôt il fait nuit. Ils changent de train et sont maintenant avec les voyageurs allemands qui font semblant de ne pas les voir. André s’endort.
Le train arrive dans une petite gare « qui semble française », Rothau. Un camion les attend. L’un des médecins dit aux autres qu’ils vont dans un camp en Alsace, mauvais paraît-il ! Le camion prend le chemin de la montagne vosgienne, une impression de paix et de calme domine, soudain brisée à la vue du camp. « Cet endroit à du leur plaire à elles ! » songe André imaginant les walkyries distribuant la mort.
Dans ce camp de Natzweiler-Struthof où ils arrivent, ils ne connaissent personne, ils n’ont aucun repère, il va falloir apprendre à s’y orienter comme ils avaient dû le faire à Buchenwald, réapprendre les astuces pour éviter certains hommes, certains endroits, repérer d’éventuels copains.
Le camp est petit, rustique derrière ses deux rangées de clôture électrifiée, la forte pente de son terrain oblige à faire des efforts pour la gravir si on est chargé. Les baraques sont étagées sur des terrasses.
Après la désinfection, la douche, la tonte, les six médecins vêtus de rayé découvrent leur nouvel univers, celui des condamnés dans le cadre du décret Nuit et Brouillard (N.N.), des gars qu’il faut remettre sur pied afin qu’ils travaillent pour l’économie nazie.
Le typhus sévit dans tout le camp leur dit-on. Les hospitalisés ne sont pas soignés. Les valides sont très atteints à première vue. Le groupe fait la connaissance des médecins du revier qui donnent des conseils utiles pour comprendre au plus vite qui est dangereux ou pas.
Les voici partis faire le tour des nombreux blocks : dans les blocks médicaux, les malades sont comme ceux de Buchenwald, mais dans un état physique pire ; dans les blocks chirurgicaux, l’état des malades est abominable, plaies purulentes, attelles inefficaces. Le pire se voit dans les blocks des maladies contagieuses. Les examens de laboratoire pour détecter la tuberculose ne sont pas fiables. Il n’y a pas assez de sulfamides pour traiter tous les cas. Qui aura le droit de vivre ? Qui devra mourir ?
André constate, lors d’une consultation, que ceux qui rentrent du travail sont atteints de plusieurs maux, phlegmons, morsures de chiens, hématomes, gelures, plaies diverses, traces de coups multiples, accompagnés de bronchites ou pneumopathies plus ou moins graves. » Il se sent utile même si son « apport professionnel est surtout moral », et a l’impression que ses conditions de vie s’améliorent un peu, il mange mieux, il est moins fatigué. Mais attention aux SS, aux infirmiers jaloux et à leurs kapos.
Au block du typhus, les médecins ont pris des mesures draconiennes pour stopper un début d’épidémie par l’isolement et la désinfection.
André est affecté « aux tuyaux, ces drains qui véhiculent du pus de toutes les espèces microbiennes » , pour essayer de soulager des Norvégiens qui « meurent comme des mouches » alors qu’il avait d’eux l’image de grands gaillards sportifs.
Mais bientôt sa santé vacille et le voila couché dans l’un des lits du revier avec une forte fièvre qui ne tombe qu’avec les sulfamides apportés en secret par le médecin radiologue. Il a passé quelques jours à ne rien faire, seulement à réciter des poèmes avec son voisin de lit, un Néerlandais polyglotte et cultivé.
C’est là qu’André apprend du sympathique infirmier lorrain Schartz, que le 6 juin 1944 a eu lieu un débarquement allié en Normandie. Il n’y croit pas. Mais la nouvelle fait le tour du camp comme un éclair. « Les mourants ont pour une fois le sourire » se dit André.
Mais le sadisme règne dans le camp. Sous Kramer le commandant SS - ou son successeur - les pendaisons en plein public sont fréquentes pour punir de vol ou de tentative d’évasion. Tout est prémédité : la corde qui doit étrangler se rompt par deux fois sous le poids du condamné, et ce n’est qu’à la troisième et atroce tentative qu’elle tient bon….
D’après ce qu’André a entendu dire dans le plus grand secret, le camp du Struthof fournit des corps pour les recherches sur les gaz de combat et les expériences pratiquées sur les tziganes par le professeur nazi Eugen Haagen de l’université de Strasbourg. Un jour, André doit lui fournir un foie. Et pour ce faire, il faut descendre jusqu’à la salle de dissection à coté du crématoire. Quel lieu funeste, qu’il fuit rapidement une fois son travail terminé.
Un nouveau groupe de médecins arrive au camp, ils font à leurs confrères un rapport sur la situation militaire.
A la fin de juin 1944 un officier SS signifie avec mépris à André qu’il est muté dans un « camp annexe installé ». S’ensuit un voyage pittoresque et interminable à travers les Vosges puis la plaine d’Alsace. A midi, le chauffeur alsacien est arrivé à faire payer les SS et kapos pour qu’André puisse profiter d’un goulash servi dans un restaurant ! Il fait beau en longeant la vallée du Rhin jusqu’à Mannheim puis en remontant la vallée du Neckar : où est la guerre ? Le voyage est bien arrosé avec force arrêts dans tous les bistrots ; les geôliers prennent du bon temps ! Enfin apparaissent les barbelés, les baraques et les pauvres bougres du camp annexe de Neckargerach. La porte se referme derrière André totalement ahuri par la journée qu’il vient de vivre et désespéré de ne pas avoir pu s’enfuir, le cœur serré à la vue des ombres squelettiques aux yeux vides qu’il retrouve semblables à celles qu’il vient de quitter.
Là, le revier est tout petit, une baraque avec deux chambres. André fait la connaissance du kapo, un triangle vert, qui s’avère sympathique dès l’accueil. Les malades sont des Polonais et des Russes. Les moyens matériels sont très modestes et souvent inadaptés aux cas rencontrés, mais il y a quelques sulfamides.
La routine s’installe : le matin, les hospitalisés sont visités ; le soir, au retour du travail, ce sont les consultations. Parfois des évènements se produisent : le supplice d’un Polonais condamné à vingt-cinq coups de trique dont André soigne les plaies béantes, puis constate que le blessé a disparu de sa baraque ; l’arrivée de deux hommes ayant bu de l’alcool méthylique servant à nettoyer les machines, et leur mort, empoisonnés ; la décomposition progressive d’un Allemand atteint « d’un phlegmon torpide qui lui dissèque la cuisse et l’abdomen » ; la crise de délire d’un kapo alsacien atteint de malaria, vociférant des propos anti-allemands qu’André tente de couvrir en criant encore plus fort que lui afin de le protéger ; et même, une fois, la demande de soin faite par le commandant du camp atteint d’une bronchite, qui un temps présente un visage presque humain !
André fait la connaissance de plusieurs médecins et du révérend père Bernard de la Perraudière qui devient vite pour lui un ami et un confident. Le père souhaite un local afin de dire sa messe. André lui propose une petite pièce du revier, mais l’information vient aux oreilles du détenu doyen du camp - un vert -, un arrogant qui joue à l’officier prussien. Pour se disculper aux yeux des SS, ce dernier convoque tout le monde dans la cour du camp et vocifère contre André et son kapo pour avoir osé aider un jésuite à organiser des messes au revier et conclut : « on devrait arroser ces criminels d’essence et y mettre le feu ! » Les deux hommes sont aussitôt chassés du revier. Que va décider le chef du camp à leur égard ? N’y tenant plus, André ose demander un rendez-vous au SS chef du camp. Ne se jette-t-il pas dans la gueule du loup ? Celui-ci le reçoit et lui signifie qu’il retourne à Natzweiler avec les malades. C’est tout. Est-ce possible de la part d’un SS ?
Une semaine plus tard André a retrouvé ses amis médecins et infirmiers à Natzweiler.
En cette fin août, il apprend que le camp va être évacué car de ce coté-ci le front de la guerre progresse vers l’est. Mais, avant de se replier, les nazis liquident le maximum de personnes, en particulier beaucoup de femmes, des Françaises. La cheminée du crématoire fume interminablement.
II- 3- Enfin à Dachau où l’on fait croire que « Le travail c’est la liberté », septembre 1944 - mai 1945.
Fin août 1944, un nombre réduit de prisonniers prend le train dans les wagons à bestiaux. Les voies sont très encombrées et le voyage est lent. Une opportunité d’évasion se présente pour André, mais dénoncé par un malade polonais, il est contraint pour survivre de ne rien faire. Une fois dans la vallée du Danube, le train est pris dans un bombardement des forteresses volantes américaines, il n’est pas touché et arrive de nuit au camp de Dachau. Aucun comité d’accueil ! Stupeur ! Que se passe-t-il ? Ce n’est que le lendemain matin que « la traditionnelle » comédie du rasage et de l’épouillage au crésyl a lieu.
Les déportés affluent de toute l’Europe ; aucune information sur la guerre ne leur parvient tandis que les bombardements se rapprochent.
En octobre, André a trouvé un subterfuge pour rester au camp et échapper aux terribles kommandos de travail lors « du marché aux esclaves » organisé dans la travée derrière le block. Il profite de la pagaille créée entre les gars qui partent au tri, et ceux, refusés, qui en reviennent, pour se faufiler dans les rangs de ces derniers.
L’arrivée des colis est l’objet de bien des inégalités, ceux en quarantaine n’en voient pas la couleur, et il faut soutenir le regard méprisant de ceux qui ont reçu quelque chose vers ceux qui n’ont rien eu ! En déportation les hommes passent au stade animal, puis s’ils sont malades et fragilisés, ils ne sont plus rien du tout. Et la distribution de la soupe est l’occasion de scènes atroces de vol, elle nécessite l’organisation de groupes pour défendre le plus faible, tandis que les hordes d’affamés se bousculent pour avoir une miette.
En novembre, André apprend que Leclerc marche sur Strasbourg, ce qui lui met du baume au cœur, mais en même temps il voit passer dans le ciel un nouvel avion allemand encore plus rapide que tous les chasseurs d’alors, ce qui l’atterre.
L’état sanitaire du camp s’aggrave avec les arrivées toujours plus nombreuses de prisonniers chassés par les avancées des troupes alliées. Voilà dix mois qu’André est incarcéré, il est usé, il a le cafard, il espère la délivrance par les troupes alliées mais celles-ci piétinent aux portes de l’Allemagne. S’il doute, s’il perd la foi, il sait qu’il est mort. Il faut tenir ! Un matin de décembre, les douze médecins français du block sont affectés à des tâches médicales en raison de la multiplication des épidémies. Les SS ne s’occupent pas de cela ; le pouvoir du médecin augmente un peu. André voit les malades de plus près à présent, la faim les tue autant que les maladies infectieuses.
La fin de l’année 1944 voit exploser une épidémie de typhus qui, aux yeux d’André, est le résultat de la saleté, du surpeuplement du camp, mais surtout de la volonté des SS de ne rien faire pour l’endiguer, sauf à se mettre « à l’abri de la façade grotesque des mesures prophylactiques en usage ». Le médecin chef SS n’accepte pas que l’on parle de typhus, et même si le mal existe, il décide que la quarantaine est terminée et que les prisonniers des blocs concernés par celle-ci vont être répartis dans d’autres blocs. « Le crime commence » bien-œuvre, et l’épidémie se développe alors avec une rapidité effroyable malgré les alertes d’André et de ses collègues. Le genre de milliers d’hommes est en jeu dans le camp et dans les annexes kommandos.
Les SS et les kapos prennent alors peur pour eux voiture en février 1945 sur compte six mille neuf cents morts en un mois ! Les médecins sont particulièrement exposés et André à son tour est touché. Il sombre dans une série de phases de demi-coma suivies d’un état de conscience. Combien de temps cela dure-t-il ? Il se réveille dans un lit, avec des draps, ses collègues penchés sur lui il les reconnaît bien, et un médecin SS qui lui fait une injection qu’il veut refuser, tant il a peur des expérimentations humaines pratiquées. Au bout de quelques jours, il a retrouvé ses facultés mentales, et c’est stupéfait qu’il voit autour de lui tant de Une fois guéri, même s’il est encore faible, il est obligé de donner son " sang de convalescent à des typhiques gravement atteints pour leur inoculer les anticorps détruisant le parasite responsable de la maladie ». L’un guérit ! L’autre meurt !
L’État du camp est « à la mesure de la débâcle qui commence à sévir dans la si fière Wehrmacht » et Dachau devient un vaste « mouroir ».
Au mois de mars 1945, les bombardements anglais et américains s’intensifient sur le secteur. Les Allemands liquident de plus en plus de détenus. André apprend qu’un Comité International de détenus s’est formé dans le camp pour réfléchir aux mesures à prendre quand’il y aura la libération du camp. L’ambiance est à la confiance.
Un coup de tonnerre éclate le 19 avril quand les Français apprennent que le général Charles Delestraint, chef de l’Armée Secrète, détenu à Dachau, vient d’être fusillé par les nazis ; commentez a-t-on pu croire qu’avec les revers militaires ils allaient devenir plus humains ! C’est le contraire !
Que vont devenir les pauvres malades et tous les autres, au total environ trente mille personnes ? Et si les nazis les tuaient tous ! Il n’y a plus de bois ni de charbon pour alimenter le crématoire, les monceaux de corps’accumulent pêle-mêle, « atroces à voir ».
Le 26 avril l’ordre d’évacuation est donné, quelques milliers de détenus prennent le train. Tout se désorganise, le canon tonne au longe, les SS se sauvent, le camp est livré à lui-même. Le 29 avril, la porte du camp s’ouvre et c’est une femme GI qui apparaît suivie de dizaines de soldats, sous le choc de ce qu’ils voient.....
Les prisonniers sont délivrés et saupoudrés de D.D.T. qui tue les poux ; les baraques sont désinfectées ; les médecins américains font tout de suite le point dans les blocs pour trèves les malades selon leur cas. Les médecins du camp organisent un hôpital sur place aidés par les bénévoles, parmi lesquels beaucoup de prêtres, mais la mort continue de prendre chaque nuit des dizaines de pauvres gars qui n’ont pas eu le temps de profiter de la liberté retrouvée.
Parfois des journalistes et des photographes veulent faire un reportage. Ils ne comprennent pas réellement la situation, et les ex-prisonniers les insultent tant ils sont épuisés, alors que les troupes US se battent encore à Munich.
André écrit à ses supérieurs du camp pour leur demande d’être libéré de ses fonctions pour raison de santé et parce que ses malades sont évacués.
Il essaie de partir en voiture mais celle-ci est plein. Au final c’est avec Henri Cohendy, âgé de dix-neuf ans, qu’il part à pied en direction du sud pour rejoindre le P.C. du général Leclerc à Diessen petite ville au bord du lac Ammersee ; couchant dans les fossés des routes, côtoyant des hordes de militaires ayant jeté leurs uniformes, de juifs survivants, de « Russes habitués de rapines ». Les soldats de la 2° D.B. les accueillent, leur font passer une visite médicale, leur donne des vêtements civils, puis les orientent pour quelques jours vers une ferme. André ne parle pas, il se contente de reprendre des forces. Il participe à une prise d’armes présidée par De Gaulle !
Puis c’est la direction Strasbourg à bord d’un camion.
Si l’accueil des gardes-frontière et des prisonniers militaires est mauvais pour cause de méconnaissance de ce qu’est un déporté, le réconfort vient du personnel de santé et de la remise de la carte de rapatrié avec un peu d’argent.
En ce début mai 1945, André et Henri, si pressés d’en finir, prennent un train identique à celui de sinistre mémoire qui les a emmenés en Allemagne, et comme le retour est trop prêté, ils l’abandonnt bientôt pour un express Nancy - Paris où ils s’affalent sur les banquettes de 1ère classe. Le contrôleur ne les importune pas durant la nuit. « Lui sait ce que Dachau veut dire » pense André.
Après un inoubliable petit déjeuner pris au bar de la gare de l’Est, André rentre à Sartrouville en Seine-et-Oise pour retrouver sa mère.
Conclusion.
Ainsi, à vingt ans, André Fournier qui a mal supporté la défaite de la France de juin 1940, n’a pas pu partir pour l’Afrique du Nord pour continuer le combat. Resté en France et « voulant faire enfin quelque chose » il a participé successivement à Défense de la France à l’été 1942, puis à Ceux de la Résistance fin 1942 - début 1943, avant de lancer Libre Patrie à coté de son ami Louis Pascano en mai 1943. Devenu chef de ce réseau de renseignement entre l’arrestation de Louis Pascano le 20 septembre 1943 et sa propre arrestation le 14 octobre 1943, il connut la déportation fin janvier 1944. Pendant ce temps le réseau Libre Patrie a été repris par Maurice Toutant et Clément Prudhon, qui signèrent une Convention avec le réseau Vengeance en décembre 1943. Après son évasion, et bien que malade, Louis Pascano reprit peu à peu les rênes de son mouvement.
Un fils retour des camps, André Fournier apprit avec grande douleur et remords - par le truchement d’une lettre des autorités allemandes de la fin 1944 que lui montra sa mère - que son beau-père Camille Monel, arrêté le 12 octobre 1943, s’est suicidé dans sa cellule en s’édifiant avec son bandage herniaire.
Surtout André Fournier et Louis Pascano ont enquêté sur leur arrestation et les rôles joués par Charlotte et Fernande. Dans son livre André Fournier écrit page 66 : « Louis a été dénoncé par Charlotte, c’est sûr, ... » Mais quand’ils voulurent porter plainte auprès de la police, celle-ci les débouta. En effet, ils apprirent que Charlotte a été envoyé à Ravensbrück malgré sa collaboration. Quant à Fernande, un homme se déclarant fils père et colonel de l’armée française, leur apprit qu’elle est mariée à un officier britannique et qu’ils vivaient à Londres !
André Fournier en 2005
Au total, la collecte des renseignements sur le genre de chacun n’a jamais pu effacer la douleur de ces années terribles.
Martine LECLERCQ.
Photographies extraites du livre de A. FOURNIER (p 2, 4, 6, 9, 20, 22), et des archives du CERN (p 1, 25).
Bibliographie.
Livres :
DOREL-FERRE, Gracia (sous la direction de). La Seconde guerre mondiale dans Histoire : Classes Terminales. Rosny, Bréal, 1998. p. 8-73.
DURAND, Yves. La France dans la Deuxième guerre mondiale 1939-1945. Paris : Armand Colin, 1995. 192 p. (collection Cursus, série « Histoire »).
FOURNIER, André. Hommes 40, chevaux 8. La guerre sans uniforme. Paris : Editions de l’Odéon, 2007. 203 p.
STEEGMANN, Robert. Le Struthof KL - Natzweiler. Histoire d’un camp de concentration en Alsace annexe 1941-1945. Strasbourg, La Nuée Bleue/DNA, 2005. 64 p. (collection Kaléïdoscope).
Cassettes audio :
Entretiens avec André Fournier des 9 mars 2001 et 11 février 2004 enregistrés au collège public Sainte-Apolline de Courdimanche (Val d'Oise) dans le cadre de la préparation des Concours de la Résistance.
Site Internet :
Traduction de mots allemands dans Le langage des camps de concentration, vocabulaire des camps. Cercle d’Etude de la Déportation et de la Shoah, Amicale d’Auschwitz [en ligne]. Disponible à l’adresse : http://www.cercleshoah.org.
N° matricule à Dachau
papier écrit par A Fournier