Dernière mise à jour : le 1 / 5 / 2021
3 / 1 / 2019
Simplicité qui peut énerver
"Et vous, qui êtes-vous ?"
"Moi, je suis tout ce que vous voudrez, tout ce que vous pourrez imaginer. Ne me connaissez-vous pas dans votre propre esprit ?"
1 / 6 / 2019
Qu'est-ce que c'est ?
Si la sagesse n'est pas une pensée, qu'est-ce que c'est ?
Admettons que la sagesse soit la conséquence d'une certaine façon de penser, cette conséquence, qui peut d'une certaine manière résulter de pensées et raisonnements, ne peut pas elle-même être une pensée. Qu'est-ce que c'est donc ?
S'il existe quelque chose comme la sagesse, comment peut-on l'intégrer dans notre vie ? C'est de toute évidence le propos de la sagesse. Faire preuve de sagesse n'est peut-être qu'une expression, mais on peut quand même voir dans le quotidien des gens qui font preuve de sagesse dans leurs comportements, et d'autres qui en sont incapables, sans même avoir besoin de discuter avec eux. La sagesse ne se limite par conséquent pas à des pensées. Alors qu'est-ce que c'est ?
On peut aussi se poser les mêmes questions à propos de l'éveil spirituel, l'illumination et la libération, à propos de tout ce qui concerne une véritable vie, recherche et réalisation spirituelles. La sagesse doit être quelque chose, et pourtant nous ne savons pas ce que c'est. Mais nous pouvons en faire l'expérience à chaque fois que nous la cherchons. Tout le monde sait ça !
1 / 7 / 2019
Case départ
Le meilleur en matière de sagesse, c'est que l'on n'imaginera jamais que l'on puisse être arrivé.
1 / 8 / 2019
S'il vous plaît, un peu d'ordre dans ce désordre
"Le monde n'a pas à être mis en ordre. Le monde est en ordre. C'est à nous de collaborer harmonieusement avec cet ordre."
Non, ce ne sont pas les paroles d'un moine taoïste perdu dans des montagnes magnifiques ou d'un Rishi qui contemple les nuages dans l'Himalaya, mais d'Henri Miller en plein désarroi avec sa femme à Brooklyn. Comme quoi n'importe qui peut trouver la sagesse là où il n'y en a pas !
2 / 9 / 2019
Rester tranquille
"Le sage évite tout excès, extrême et orgueil." Lao Tzu (29)
A présent, que penser des soi-disant éveils spirituels capables de libérer instantanément de toute souffrance mentale, d'expériences spectaculaires dite non-ordinaires plutôt psychédéliques et parfois franchement traumatisantes, si ce n'est tout le temps, d'enseignants ou guides spirituels, qui prétendent être éveillés et d'une certaine manière libérés ou illuminés et dont le principal souci est "l'argent et le marketing", puis "le sexe, la notoriété et le pouvoir", de la "sagesse folle", qui conduit à la perversité et l'immoralité, d'enseignements plein de soi-disant paradoxes, qui ne sont que des contradictions et non-sens pour ne pas dire de complètes absurdités, bref, de toute la Néo spiritualité Satsang et PayPal gourous ? Un peu excessive, extrême et prétentieuse peut-être ! Une expérience spirituelle, qui résoudrait instantanément tous les problèmes personnels, il y a de quoi rire. Est-ce qu'elle paie aussi les factures ?
Yi King, sagesse absolue
Quand on s'intéresse à la sagesse, il serait difficile de ne pas tenir compte du Yi King (à prononcer I Tching), c'est sans le moindre doute le livre de sagesse le plus subtil, qui existe dans notre monde actuellement et depuis très longtemps déjà. Personne ne connaît son origine, non pas en tant que livre, mais système pour faire preuve de sagesse et pensée raisonnable, le Tao Te Ching étant aussi un livre de sagesse remarquable malheureusement beaucoup plus difficile à saisir surtout si l'on ne connaît pas l'esprit et la langue chinoise. Mais ce livre dit des transformations ou changements composé de 64 hexagrammes est de plus une énigme parce que c'est aussi un oracle, un livre censé répondre à des questions générales ou très précises concernant les situations où l'on se situe personnellement au moment où l'on pose ces questions. Et toute personne qui consulte cet oracle à l'aide de 3 pièces de monnaie ou 50 baguettes d'achillée sera la plupart du temps choqué par la pertinence et l'intelligence des réponses.
C'est un livre magique sans commune mesure avec le tarot, par exemple, qui utilise une symbolique que l'on peut toujours interpréter plus ou moins n'importe comment et surtout en fonction des informations que l'on détient déjà sur la personne qui pose des questions, ce qui n'est pas le cas en ce qui concerne le Yi King puisque la symbolique de l'hexagramme lui-même est trop abstraite pour être comprise. On peut donc se demander comment ce livre fonctionne et surtout ce que signifie vraiment le hasard ou coïncidence, qui révèlent son aspect magique. Il n'y a en effet rien de plus mystérieux ou franchement insensée que de tirer à pile ou face pour faire un choix avant de prendre une décision, mais c'est pourtant sur ce principe que le Yi King fonctionne et tire sa sagesse du fait qu'il a aussi recours à un langage binaire tel que pile ou face pour constituer des hexagrammes composés de 6 tirets Yin ou Yang, et répondre ainsi à des questions selon une puissance incompréhensible et hasardeuse, une sorte de libre destinée si l'on veut l'entendre ainsi, dont les effets pourront être favorables ou malheureux. Dans le domaine de la science ou celui de la raison, c'est sans le moindre doute avoir recours à un pouvoir complètement irrationnel et insensé pour connaître quelque chose, surtout sur la vie en général et son évolution.
Pour non pas expliquer un tel mystère, ce qui est formellement impossible, mais se figurer, c'est-à-dire envisager et voir de ses propres yeux comment cet oracle fonctionne, du fait qu'il est souvent dit que l'on ne croit que ce que l'on voit, on peut, pour ceux que cela intéresse, étudier attentivement le tableau permettant de retrouver les hexagrammes du livre des transformations (page 406 dans la traduction de Richard Wilhelm, la meilleure connue jusqu'à présent, et reproduit ci-dessous), prendre une grande feuille de papier millimétré, ce qui sera beaucoup plus facile pour ceux qui ne savent pas utiliser des programmes d'ordinateur permettant de dessiner des figures géométriques, faire un carré constituer de 64 points avec bien sûr 8 points sur chaque côté, et simplement connecter par une ligne droite toutes les pairs Yang et Yin en commençant bien sûr par les points 1 et 2, puis 3 et 4, et ainsi de suite jusqu'à 63 et 64. Le diagramme obtenu est très intéressant parce qu'à moins d'être aveugle, il représente de toute évidence une forme archétypale de l'être humain, et de surcroît un petit humain avec un chapeau chinois, ou en d'autres termes, une sorte de microcosme constitué de méridiens d'énergie bien connus dans la médecine chinoise et en particulier l'acupuncture.
Une fois ce petit humain ou microcosme obtenu en le traçant sous forme géométrique constituée donc de 32 lignes droites reliant les 64 points correspondant au tableau mentionné, on peut se demander où se trouve le macrocosme, l'univers dans lequel devrait se situer en principe cet humain archétypal et où il vit bien sûr en agissant selon et dans un ordre cosmique, du fait que les concepts de microcosme et macrocosme sont inséparables, l'un ne va jamais sans l'autre, et qu'ils déterminent de toute évidence un ordre spécifique, l'ordre cosmique ou lois de la nature expliqués dans les 64 hexagrammes du Yi King, qui, en le consultant, devrait justement nous aider à mieux vivre en prenant de sages décisions afin d'harmoniser et réajuster nos pensées, choix et actions à cet ordre universel de toutes les choses de la vie.
N'oublions pas que quand nous parlons de cosmos, micro ou macro, cela n'a pas d'importance, il s'agit de toute évidence d'une vaste organisation, c'est-à-dire d'un système universel organisé selon un ordre spécifique, des lois et règles très précises. C'est une anti-thèse du chaos. Et si nous observons comment fonctionnent notre corps, émotion, processus de la pensée, la vie en général, et tout l'univers autour, ce n'est certainement pas le chaos parce qu'il ne permettrait pas à la vie de se manifester. Nous découvrons simplement des systèmes très bien organisés, qui fonctionnent au sein d'autres systèmes, et cela à l'infini.
Pour se figurer donc dans quel genre d'univers binaire cet humain archétypal constitué aussi de principe Yin et Yang se situe vraiment, il suffit alors de se reporter au diagramme que l'on trouve à la première page du Yi King (de la même traduction et reproduit ci-dessous), qui lui représente aussi un carré, symbole classique de l'humain ou microcosme, mais à présent dans un cercle, symbole classique du cosmos ou macrocosme, le tout constitué de 64 x 3 hexagrammes, et recommencer la même opération en connectant à l'aide d'une ligne droite les paires Yin et Yang, Yang et Yin, etc. Vous pourrez ainsi tracer un nombre infini de combinaisons possibles. C'est très facile à réaliser du fait que chaque hexagramme est numéroté dans le Yi King, il suffit de convertir chaque hexagramme en son chiffre correspondant, le marquer d'un point et tirer une ligne droite.
Amusez-vous bien et observez attentivement l'évolution de votre tracé, c'est très instructif pour comprendre ce qui est complètement incompréhensible, et qui le restera de toute manière. Par contre, cela vous montrera comment fonctionne le mental et l'intelligence cosmique, et voir de vos propres yeux quelque chose de vraiment magique. Et si vous ne comprenez toujours pas comment fonctionne le Yi King lui-même, et bien posez-lui tout simplement vos questions puisque c'est sa fonction. Il se fera un plaisir de vous répondre, et ce sera encore à vous de comprendre ce qui demeurera un mystère surprenant.
Le Yi King est, si l'on veut l'entendre ainsi, une représentation de l'intelligence universelle, celle qui organise l'univers, nos pensées et toute notre vie. Si un tel modèle cosmogonique sous forme géométrique n'est pas de la magie, qu'est-ce que cela pourrait bien être ? Et bien compris, le pouvoir ultime de l'éveil spirituel, l'illumination et la libération de tout entrave, misère, esclavage, souffrance et insatisfaction, autrement dit parcourir le Tao, n'est rien de plus que l'expression d'une vie en parfaite harmonie avec l'ordre cosmique et cette intelligence universelle, c'est-à-dire l'expression d'une "extrême simplicité", qui peut devenir d'une complexité impensable, mais sur laquelle on peut néanmoins méditer. Et il n'y a évidemment rien de plus évident et simple que le langage binaire, Yin ou Yang, positif ou négatif, 0 et 1 pour décrire cette extrême simplicité et sa complexité infinie.
C'est d'ailleurs celui qu'utilisent tous les ordinateurs au monde, et quand on voit ce qu'ils sont capables de faire, l'intelligence et complexité qu'ils peuvent développer, il y a vraiment de quoi s'extasier comparées à ce que peut faire un cerveau humain. La seule différence entre un ordinateur doté d'une intelligence artificielle et l'ordre cosmique organisé selon des principes universels et lois naturelles, c'est que le premier est capable de créer une réalité virtuelle que l'on peut d'une certaine manière "débrancher" à tout instant – c'est du moins ce que les scientifiques espèrent pouvoir faire dans l'avenir si quelque chose tourne mal – et le second un univers virtuel tout aussi en puissance, mais qui lui se réalise et réactualise en permanence dans l'espace et le temps, autrement dit un monde réel au-delà de notre pouvoir personnel de créer et le changer. Et si l'on réalise humblement que ce monde naturel est et sera toujours au-delà de nos désirs, rêves et notre imagination, la seule chose que l'on puisse vraiment "faire" d'intelligent, c'est de s'adapter et réajuster en permanence à cet ordre cosmique et intelligence universelle, le Tao comme l'explique Lao Tzu, et ce qui est bien sûr aussi tout le propos du Yi King. Ce réajustement ou quête d'harmonie et simplicité permet à tout le potentiel de la créativité humaine de s'exprimer, mais pas n'importe comment, non plus pour des raisons futiles, personnelles, mesquines et égoïstes du fait qu'elles tiennent compte du mouvement, changement et transformation de tout l'univers, y compris bien sûr de tout ce qui se passe dans notre vie quotidienne.
Est-ce que cela signifie que l'humain est potentiellement capable de tout faire et tout connaître ? Oui, sans aucun doute, mais uniquement s'il demeure en harmonie avec l'ordre cosmique et l'intelligence universelle, qui l'empêcheront de se tromper, c'est-à-dire faire et connaître des choses auxquelles il ne devrait pas toucher. En fait, sa véritable liberté, créativité et intelligence suprême ne peuvent vraiment s'exprimer qu'en réalisant et actualisant celles qui lui permettent d'exister pour l'éternité.
1 / 10 / 2019
Le Tao ou absence totale de fantaisie
"Le Tao, qui peut être 'taorisé', n'est pas le Tao."
Avons-nous bien compris que ce que nous cherchons dans la spiritualité ne peut pas être pensé, conceptualisé et intellectualisé, mais seulement expérimenté et finalement réalisé, c'est-à-dire actualisé et mis à jour dans le quotidien, intégré comme on le dit de nos jours ? Si c'est le cas, il suffit en fait d'arrêter de penser pour enfin se libérer d'une recherche spirituelle insensée, qui tend à réduire la spiritualité à des idées, raisonnements philosophiques et discours plus ou moins métaphysiques, qui la plupart du temps n'ont aucun sens.
Dans l'esprit chinois traditionnel, qui est très rationnel et pratique, si ce n'est matérialiste et remarquablement gentil du fait que la gentillesse et le respect d'autrui équivalent non seulement au savoir-vivre, mais aussi le bonheur, la recherche spirituelle n'a pas être plus compliquée que ça. Et il serait bien difficile de dire que les Chinois n'ont rien compris à la spiritualité alors que c'est parfaitement évident. En effet, à quoi cela pourrait-il servir de réfléchir à quelque chose à laquelle on ne peut pas penser de toute façon ?
Les occidentaux s'écrieront alors : "Facile à dire, mais comment arrêter de penser ? Voilà pourquoi on y pense tant." Les Chinois avec leur esprit traditionnel peut-être un peu éberlués par une telle remarque leur répondront alors que la fonction de tous les arts taoïstes est justement d'arrêter de penser, et en plus produire quelque chose d'absolument extraordinaire puisque c'est un art. Il suffit par exemple de voir des personnes âgées pratiquer le Taiji dans un parc pour comprendre que de tels déplacements dans l'espace ne sont pas du tout ordinaires, et que si elles devaient réfléchir pour exécuter tous ces mouvements asymétriques et d'une lenteur évidemment anormale devenu ainsi artistique, ce serait impossible. Et pourtant, tous ces gens pratiquent cet extraordinaire art dans un parc et durant leur vie quotidienne tout à fait ordinaires.
Il serait bien difficile à un occidental, à plus forte raison un Français évidemment fier de sa culture, d'affirmer que l'art ne sert à rien. Mais à quoi sert-il, on n'en sait rien. Que l'art puisse être le moyen de réaliser que la vie est en vérité spirituelle et sacrée n'est rien de plus en fait que du chinois pour lui. Il va de soi que l'art est une sorte de fleuron de la culture et civilisation, et pour certains un excellent investissement financier, il suffit d'ailleurs d'admirer les chef-d'œuvres d'Andy Warhol avec ses paquets de lessive Brillo ou boîtes de soupe Campbell, de Jean Michel Basquiat avec ses graffitis et divers objets provenant directement de poubelles ou de Damien Hirst avec ses adorables petits Mickey Mouse et têtes de mort pour s'en convaincre.
Quoi que l'on pense en effet de l'art, il ne sert à rien, personne n'en a besoin pour vivre dans le quotidien, si ce n'est à celui qui le pratique, et aux autres qui l'apprécient ou l'admirent en se disant qu'ils peuvent probablement en faire autant, peut-être mieux ou différemment. Encore faut-il le faire au lieu d'y penser !
Ceci dit à propos de ce qui peut ou ne pas être considéré comme spirituel et sacré, une spiritualité qui enseigne qu'il n'y a rien à faire ni à pratiquer, mais qu'il suffit d'y penser et en discuter, devinez quoi ? Elle ne sert strictement à rien et ce n'est même pas un art. Ce n'est rien de plus que du blablabla.
1 / 12 / 2019
Plus sensé que
La sagesse se moque que l'on soit riche ou pauvre, une sorte de VIP ou complètement nul, génial ou tout à fait ordinaire, elle est la même pour tout le monde. Par contre, on peut s'étonner d'une spiritualité, qui ne se gêne pas pour discriminer ceux qui seraient apparemment éveillés de ceux qui ne le seraient pas, entre ceux qui auraient perdu leur ego et ceux qui l'auraient encore comme si c'était une sorte de tique infectée accrochée derrière l'oreille or dans le cerveau, entre ceux qui "pensent" être libérés et ceux qui vivent comme tout le monde avec leurs facultés mentales, pour ne pas dire dans le mental lui-même. Elle rit à ce genre de concepts parce qu'elle ne peut pas omettre l'essentiel, l'évidence que l'on vit sur terre comme tout autre humain et que l'on n'est évidemment pas seul au monde qu'elles que soient les pensées que l'on peut avoir sur soi. En d'autres mots, "nous sommes tous Un, unité, unicité, la conscience universelle, intelligence cosmique, pure énergie" ou d'autres choses très amusantes de ce genre n'est pas du tout sa tasse de thé.
La sagesse s'exprime simplement en cherchant à être sage dans le domaine de la pensée, des émotions, du comportement et de l'action en reconnaissant évidemment que l'on ne peut pas la découvrir avant de s'être donné la peine de la chercher, ce qui sous-entend au minimum un acte de la volonté, le libre arbitre et l'expression d'un désir sain. Chercher la sagesse, c'est avant tout reconnaître humblement son ignorance au lieu de prétendre que l'on a réalisé la vérité, n'importe quelle vérité. C'est en fait rencontrer l'inconnu et se demander ce qu'il serait possible de faire pour en sortir très vite du fait que l'inconnu et par conséquent aussi l'insécurité sont toujours gênant et plutôt dangereux pour le mental.
Nous cherchons la sagesse seulement parce que nous ne savons pas ce que c'est et en sachant en plus que nous ne pourrons jamais la trouver définitivement. Celle qui est vraie maintenant sera peut-être inadéquate dans un instant. La sagesse se renouvelle perpétuellement, c'est pourquoi il est inutile d'essayer de la définir - comme le dit Lao Tzu : "Le Tao qui peut être discuté n'est pas le Tao". Et c'est aussi d'une certaine façon beaucoup plus distrayant et passionnant qu'une soi-disant réalisation du Soi ou plus précisément en vérité de l'ego – une psychose très courante actuellement faisant suite a une expérience non ordinaire pour le moins ultra égocentrique comme on peut très facilement le constater dans le discours de ceux qui l'ont vécue – une sorte d'illumination qui serait capable de libérer de la complexité, subtilité et infinie richesse de la vie quotidienne.
Si l'on effectue une recherche spirituelle ou simplement vit avec l'état d'esprit arrogant, narcissique et psychotique "Je suis, je sais, je connais, j'ai compris, j'ai réalisé, je suis éveillé, libéré..., et je peux donc enseigner et entre autres donner des leçons à l'humanité entière en toute humilité", on peut être certain que la conscience, l'être en soi, la vie, le corps, le mental, l'ego, la dépression, la vieillesse, la maladie, la mort, tout l'univers et surtout la sagesse vont sourire et se frotter les mains : "Et bien maintenant, montre-nous ce que tu sais faire... et être, toi qui a tout compris et qui ne sait absolument rien !"
L'ignorance peut évoluer dans un exaltant état d'esprit de réalisation émerveillée et hors du commun : "Je ne sais rien, et alors ? C'est sûrement pas la fin du monde."
"Le sage sait sans tout compliquer, comprend sans intellectualiser, réalise sans agir." Lao Tzu (47)
"Le sage n'a point d'intérêt personnel, ceux des autres sont les siens." Lao Tzu (49)
"Si j'avais un tout petit peu de bon sens, je parcourrais le Tao en ne craignant que de m'en écarter." Lao Tzu (53)
3 / 1 / 2020
Quand "plus" devient "moins"
"L'élévation et le pouvoir affaiblissent.
L'humilité et la délicatesse triomphent." Lao Tzu (76)
"Le sage réalise sans orgueil.
Il accomplit sans se soucier.
Il n'a aucun mérite parce que de tels considérations ne le concernent pas." Lao Tzu (77)
Le sentiment, l'impression ou feeling d'élévation, éveil spirituel, ascension au-dessus des autres, illumination ou toute autre sorte de distinction est à coup sûr le signe ultime de l'ignorance et absence de réalisation de tout ce qui pourrait être vraiment spirituel. Ce n'est rien de plus qu'un ego-trip ridicule, une manifestation très ordinaire de l'importance que l'on s'accorde. En fin de compte, la sagesse est synonyme de silence mental, tout est absolument parfait et il est inutile d'en discuter.
Est-ce que le mental est capable de comprendre un tel effacement de soi ? Peut-être pas parce que ce n'est pas réellement sa fonction. Par contre, l'intellect le pourra très facilement. Quant à la conscience, c'est déjà un fait trop évident pour être ignoré.
1 / 2 / 2020
Encore plus simple que compliqué
La recherche d'un accomplissement personnel tel que l'éveil spirituel, l'illumination, la libération, la réalisation du Soi ou simplement la fin absolue de la souffrance ne peut pas être autre chose qu'un ego-trip. Et l'ego n'en a sûrement pas besoin étant déjà plus qu'accompli dans son propre esprit avec toute sorte d'expériences et états mentaux, émotionnels et même physiques qu'il considère comme plaisants ou déplaisants, positifs ou négatifs comme on le dirait de nos jours.
Il doit donc y avoir dans la spiritualité autre chose que "Moi, je…, moi, je…, moi, je souhaite, je désire, j'aimerais, je voudrais, je devrais, je pourrais, je ferais tout pour être ou avoir…, etc.". Mais que pourrait bien être cette chose si simple que le mot simplicité lui-même rendrait encore plus compliqué. Le mot "sagesse" pourrait être une bonne réponse et rendre justice à cette simplicité dite naturelle si simple que l'on pourrait l'appeler "juste nature", c'est-à-dire juste être ce que l'on est déjà et réellement.
Le concept de nature juste, correcte et bonne n'est, certes, pas très à la mode dans notre Néo spiritualité, mais il ne faudrait pas non plus oublier que le soi-disant "éveil spirituel", illumination ou réalisation du Soi que tout le monde cherche actuellement comme si c'était le coup de baguette magique, qui allait résoudre tous nos problèmes personnels, est étroitement lié au concept sanskrit de Sahaja Samadhi, notre "état naturel". Cela signifie que l'on ne peut pas séparer comme on le fait de nos jours cet "état naturel", autrement dit le Soi et la réalisation de ce qu'il présente, de cette juste, correcte et bonne nature que l'on devrait incarner si l'on aspire vraiment à un éveil spirituel, de même que l'on ne devrait pas différencier la conscience en tant que faculté de connaître de la conscience dite morale, la simple faculté de connaître la différence entre correct et incorrect.
Et cela signifie aussi que non seulement de très nombreux Néo gourous ont un sérieux problème dans notre spiritualité quand on constate la quantité de scandales en tout genre, qui les entourent, mais en plus tous ceux qui leur font confiance et suivent leur enseignement, et qui ne valent pas forcément mieux que leur gourou du fait qu'ils cautionnent au moins ce type de soi-disant spiritualité. Quand on réalisera qu'il n'y a pas de spiritualité et sagesse sans une moralité basique et naturelle, rien de plus qu'un très simple discernement entre ce qui est correct et ce qui ne l'est pas, fondé sur le bon-sens, on pourra enfin parler de renaissance spirituelle en occident, pas avant !
Il serait peut-être enfin temps de réaliser que le mot "Moralité" ou éthique ne sont pas le privilège de traditions judéo-chrétiennes, ce ne sont rien de plus que des termes que l'on trouve dans tous les dictionnaires modernes, et que même les gens sans religion ou spiritualité comprennent très bien. Ils déterminent seulement une façon correcte d'être, penser et vivre. Alors est-ce que le mot "correct" n'a plus de sens non plus ? En ce qui nous concerne personnellement, nous pouvons être absolument sûr que l'ego a au moins une idée très claire de ce qui serait correct dans sa propre vie. Et s'il est un tout petit peu intelligent, il pourra aussi en avoir une au-delà de son nombril, et c'est exactement ce que le mot "moralité" signifie, rien de plus et rien de religieux en cela.
On peut penser à juste titre qu'en vérité, la moralité et l'éthique n'ont pas ou plus beaucoup d'importance dans la spiritualité et le monde actuels. Mais il ne faudrait pas oublier que le Dharma, l'ordre cosmique et naturel de toute chose, et en particulier la vie en ce qui nous concerne personnellement, ne peut pas s'exprimer autrement que par cette façon juste et correcte d'être, penser et agir, et que si l'on souhaite vraiment un éveil ou libération spirituels, on ne peut que se réajuster à cet ordre cosmique et naturel en pensant et vivant correctement. Serait-ce trop compliqué ou trop simple à comprendre ?
Ceci dit, si l'on prend en considération le concept de "Réalisation du Soi", ou éveil et libération, cela ne peut pas être la réalisation exclusive d'une conscience absolue ou transcendantale comme les Néo gourous l'enseignent actuellement. Cette réalisation doit forcément inclure l'ordre cosmique que cette conscience exprime et de toute évidence utilise pour manifester l'univers du fait que l'on ne se situe évidemment pas ailleurs et que c'est dans cet univers que l'on réalise le Soi ou commence à être éveillé spirituellement parlant. Cela signifie donc qu'il n'y a pas de réalisation du Soi ou éveil spirituel sans réaliser ce qu'est l'ordre cosmique dans notre propre vie, et que si l'on réalise vraiment ce qu'il est, on ne peut bien sûr pas faire autrement qu'incarner cet ordre cosmique et moralité.
De tels concept sont probablement beaucoup trop évolués ou simplement dérangeant dans la spiritualité occidentale, mais ce n'est pourtant rien de plus que ce qu'enseignent tous les sages comme Bouddha, Lao Tzu et Jésus, ainsi que Socrate et Diogène, qui sont si proches de notre culture qu'ils ont largement contribué à son origine bien que l'on ne les mentionne jamais dans notre spiritualité. Et on peut se demander pourquoi du fait que ce sont les sages les mieux adaptés à notre folle époque.
1 / 4 / 2020
Trouver en cherchant
La sagesse n’est jamais décevante, comment pourrait-elle l’être si elle s’exprime par une recherche de plénitude, contentement et modération ? Cela signifie donc que la recherche de sagesse elle-même ne peut pas l’être non plus du fait qu’on ne peut la trouver qu’en la cherchant. Ce n’est évidemment pas quelque chose que l’on pourrait se vanter d’avoir découvert et enfin détenir. Une telle prétention ne serait évidemment pas sage du tout.
Par contre, la recherche d’éveil spirituel sous forme d’expériences non ordinaires ne peut être que décevante et même frustrante pour la simple raison que toute expérience a forcément un commencement et une fin. De là à dire qu’un véritable éveil spirituel n’a aucun rapport avec une expérience, cela semble plutôt évident.
Peut-on donc sincèrement imaginer un sage déçut d’être sage ? La sagesse qu’il découvre en la cherchant ne peut que lui montrer qu’il est parfaitement heureux et en paix avec ce qu’il est et a en cet instant. Et s’il cesse de l’être, c’est évidemment parce qu’il n’est plus sage.
Il existe des lois cosmiques absolument sublimes que l’on pourrait qualifier de logiques et même amusantes quand on réalise ce qu’elles sont et surtout qu’elles ne nous quittent jamais. De tels sujets concernant la spiritualité ne sont pas à propos d'une sorte de réalisation chimérique comme on l'entend généralement : "J'y suis et c'est désormais une affaire classée", cela concerne beaucoup plus un potentiel spirituel dont on dispose si l'on le choisit et le veut sincèrement.
1 / 5 / 2020
Ego-trip
L'absence complète de prétention est la clé, qui peut ouvrir l'esprit... ou le mental. Ce n'est évidemment pas la seule, mais une grande clé spirituelle, en particulier dans notre culture occidentale où l'identité personnelle, l'ego comme on le dit actuellement, doit être glorifiée, honorée, ou pour le moins se distinguer de celle des autres... par ses souffrances et misères. Il va de soi que "Si moi, je souffre, moi, j'existe. Et je suis par conséquent différent des autres, enfin spéciale et non ordinaire du fait que mes souffrances sont évidemment uniques. Elles ne peuvent pas être celles d'un autre puisque c'est 'Moi' qui en souffre", l'ordinaire étant considéré comme une sorte de malédiction, si ce n'est l'expression d'un complexe d'infériorité. Dans un tel cadre de références culturelles, une forte personnalité, tant bien même qu'elle soit souffrante et surtout si elle souffre, est alors un signe de distinction prestigieux et intelligent, cela n'a aucune importance qu'elle se révèle un désastre dans la vie mentale de l'individu.
Comme le répètent continuellement nos Néo gourous dans leurs Satsang, nous sommes tous Un, une sorte d'unité avec tout, une conscience universelle, un seul et unique être cosmique, Dieu ou principe divin, et ainsi de suite pour le plus grand plaisir de leur public, mais seulement à condition que les gourous soient éveillés et que les autres ne le soient pas, sinon, soyons un peu sensés, comment pourraient-ils vendre leur éveil spirituel ? Cela signifie en termes plus clairs que nous sommes en réalité tous égaux et humains à condition que certains soient plus égaux et illuminés que les autres, et en fin de compte, si chacun est plus ou moins différent et spirituel que n'importe qui d'autres. D'une certaine manière, en dépit du non-sens, cela devrait quand même avoir un sens dans notre Néo spiritualité puisque cela ne choque personne.
D'un autre côté, ou plutôt à l'opposé, l'absence complète de prétention équivaut à la fin de toute histoire personnelle, à un ego ordinaire et fonctionnel, qui se contente de faire son travail, un mental paisible, qui ne perd plus son temps avec "Moi, je..., moi, je..., moi, je..." du fait que ce n'est vraiment pas difficile de trouver mieux à faire et surtout plus intéressant. Devrions-nous dire par conséquent que cette absence de prétention serait comme de grandes vacances, une sorte de libération et félicité, et pourquoi pas non plus une preuve d'intelligence ? Dans la culture occidentale, qui sait..., personne ne peut le savoir évidemment.
3 / 6 / 2020
Lao Tzu 48
Apprendre consiste à accumuler plus de savoir-faire tous les jours.
Pratiquer le Tao consiste à ne pas prêter attention au mental jour après jour.
Ignorer continuellement ce que le mental entasse pour atteindre le non-faire.
C’est par cette non-action que tout est parfaitement fait.
Le Tao gouverne l'univers entier, toute chose suit son cours.
Rien n’est gagné en interférant et s’en appropriant le contrôle.
Simplement observer et laisser chaque chose se faire naturellement.
1 / 8 / 2020
Tao de la sagesse intelligente
Demandez-vous seulement chaque matin ce que le mot “sagesse” signifie, et vivez votre journée selon ce que vous en penserez. Vous serez infiniment plus illuminé et libéré que n'importe quelle personne qui s’imagine spirituellement éveillée. Et n'oubliez bien sûr pas de recommencer tous les matins jusqu'à votre dernier soupir parce que vos opinions sur le sujet évoluerons probablement de jour en jour du fait que vous devrez tenir compte de ce que vous avez vécu dans le passé, et en particulier la veille. "Etait-ce vraiment intelligent et sage de... ?" Parfois la réponse sera "oui", mais parfois elle sera aussi "Quel imbécile j'ai été !".
Partout dans le monde, il y a des femmes et des hommes du Tao, qui ne se définissent évidemment pas ainsi. Au lieu de chercher une sorte d'illumination et expériences spirituelles, qui détiendrait le pouvoir de les libérer de leurs problèmes personnels comme si une merveilleuse expérience pouvait être un remède psychologique, une sorte de pilule magique, ils cherchent continuellement à s'adapter et réajuster le mieux possible à l'ordre cosmique des choses de la vie et du monde tel qu’il est, ce qui ne les empêche évidemment pas d'y participer comme ils l'entendent.
Et chaque fois qu’ils réussissent à se réajuster à cet ordre cosmique qu'ils ne quitteront jamais de toute façon, ce qui est très facile après avoir compris comment y parvenir, c’est beaucoup plus libérateur et paisible que toute sorte d’éveil, illumination ou expérience non ordinaire. C'est un flot puissant d'énergie purificatrice et enchanteresse, qui ne nécessite aucune pratique méditative particulière pour être perçu dans tout le corps et l'esprit. Une telle libération n’est pas difficile à vivre, elle est disponible partout où ils portent leur attention avec l’intention de vivre en parfaite harmonie avec l’ordre cosmique et le flot naturel de leur vie.
Certaines personnes n'aiment pas leur vie et le monde tels qu'ils sont parce qu'ils ne satisfont pas leurs désirs et caprices, ils donnent l'impression de passer leur temps à lutter contre le courant. D'autres savent qu'elles n'ont pas besoin de changer le monde et leur vie puisqu'ils sont déjà parfaits et magiques, ils semblent se contenter de surfer sans le moindre effort avec les vagues.
En effet, qu’est-ce qu’il y aurait de plus magique et extraordinaire que la vie, le corps et le mental, sans parler de la mort et la conscience, les plus grands mystères de tous les temps ?
1 / 9 / 2020
Lao Tzu 81
Les discours vrais ne sont jamais beaux.
Les beaux discours ne sont jamais vrais.
1 / 10 / 2020
Lao Tzu 31
Les armes sont des outils de malheur pour infliger des souffrances.
Le sage n’en fait usage que si la nécessité l’oblige sans s’en réjouir.
Ce n’est évidemment pas le mal qu’il aime, mais la paix et la tranquillité.
En cas de victoire, il n’éprouve aucune fierté, faire souffrir n’étant jamais gratifiant, ni même intelligent.
Comment pourrait-il s’épanouir parmi les autres en les blessant ?
Lao Tzu mentionne souvent dans son "Tao et le flux naturel de la vie" l’art de gouverner, la guerre et la vie du peuple durant la dynastie Han. Cela peut aussi être interprété beaucoup plus personnellement comme l’art de se gouverner soi-même, penser et se comporter parmi les autres. Tout ce qu’il écrit peut être considéré, si l'on le souhaite, comme des analogies parce que sa vision holistique du Tao ne lui permet pas de séparer l’individu avec sa psychologie du monde dans lequel il vit. La personne et son fonctionnement mental, la société et son aspect culturel ou politique forment naturellement un ensemble indivisible. En d'autres termes, il ne sépare pas le Tao de la réalité quotidienne, même la plus ordinaire.
Et dans ce discours tout à fait remarquable, il explique clairement que le sage se battra si la nécessité l'oblige..., mais se battre contre quoi et avec quelles armes ? Que peut être l'ennemi de la paix et du calme, du courant naturel de la vie intérieure ou au sein de la société ? Sincèrement, est-il en train de parler d'un ennemi à l'extérieur de lui-même ou du mental ? C'est une question particulièrement embarrassante parce qu'elle laisse entendre que le sage prend en fait sa vie, c'est-à- dire son monde intérieur et celui dans lequel il vit, tels qu'ils sont, et n'essaie jamais de les changer. Son seul réel souci se résume à comment il va y réagir psychologiquement. Cela signifie entre autres que son véritable ennemi n'est en fait rien d'autre que lui-même.
Lao Tzu ne nie pas comme beaucoup le font actuellement dans leur recherche spirituelle la nécessité d'entrer parfois en conflit avec le mental et l'ego, leur caractère et comment ils s'expriment personnellement. Il est toujours prêt à se battre contre tout ce qui pourrait déranger sa paix intérieure, le calme inhérent de la conscience et sa véritable nature. Et il va de soi que les armes qu'il utilisera dans ce combat feront mal au mental et l'image qu'il a de lui-même, l'ego. Elles ne leur permettront sûrement pas de se réjouir d'une telle bataille ou de gagner.
Que peut donc bien être ces armes contre toutes les manifestations stupides du mental, qui troublent la paix et la tranquillité intérieure ? Lao Tzu mentionne souvent parmi beaucoup d'autres l'arme absolue capable de ramener le sage sur le Tao afin de réinstaurer la paix de son esprit, c'est "Wu Wei", le non-faire, le pouvoir de demeurer impassible et observer attentivement comment le mental se manifeste pour le réduire instantanément au néant ou plus précisément à ce qu'il devrait être, une fonction et faculté humaine. Et cela bien sûr sans la moindre fierté parce que ce ne serait à nouveau qu'une manifestation mentale inutile et non sa réelle fonction.
En vérité, Lao Tzu explique avec beaucoup d'humour que le combat suprême avec soi, c'est l'absence totale de combat, le pouvoir d'observer et laisser les choses de la vie se faire naturellement, y compris les pires sans s'en soucier. Le concept "Wu Wei" n'est évidemment pas facile à comprendre avec une logique mentale rationnelle, et il peut facilement sembler complètement absurde. En fait, c'est uniquement en parcourant le Tao que l'on peut comprendre ce qui est absolument incompréhensible. Autrement dit, il n'y a rien à comprendre, il suffit de pratiquer un art taoïste, "Wu Wei" et ce que Lao Tzu explique de façon très subtile et poétique.
1 / 11 / 2020
Lao Tzu 20
Renonce à vouloir tout comprendre et interpréter quand en vérité, tu ne sais rien.
Cela mettra fin aux inquiétudes et souffrances inutiles.
Quelle différence y a-t-il entre oui et non, noir et blanc, vrai ou faux, lorsque l’on ignore les faits réels d’une situation ?
Devrais-je avoir peur de ce que les autres ont peur ?
Non-faire…, comment faire ?
Le concept de non-faire ou non-action peut sembler assez étrange ou absurde, mais il devrait être significatif pour toute personne pratiquant un art taoïste tel que le Qigong, le Taiji Quan, la calligraphie, la peinture, la musique, etc.
Il est associé à l'idée de pratiquer sans force et tension. En d'autres termes, cela signifie sans "fatigue". Une personne fatiguée après avoir pratiqué un Qigong, par exemple, ne pratique pas en fait un Qigong, mais un exercice physique et mental. Au lieu d'utiliser sa puissance musculaire et son esprit, la faculté de penser en particulier, le pratiquant doit utiliser son énergie interne et sa respiration, c'est-à-dire le Qi, et se mouvoir naturellement et harmonieusement. Le Qigong se pratique donc sans effort, ou plus précisément en ayant recours le moins possible à une activité physique ou mentale.
Cette absence de force physique et mentale ou d'effort provoquant des tensions, et d'une certaine manière une dispersion inutile d'énergie, est également liée à l'idée de "Contemplation de la Nature" et "Extrême Simplicité", c'est-à-dire l’observation et découverte du cours naturel de la vie. A vrai dire, il est difficile de concevoir qu’un brin d’herbe ou un arbre force sa propre croissance pour vivre et survivre ou que notre planète souffre du fait de tourner sur elle-même et autour du soleil. Puisque tout dans la nature évolue naturellement sans difficulté, pourquoi ne pas faire… ou plus exactement "non-faire" la même chose dans nos faits et gestes de la vie quotidienne et dans le mental ?
1 / 12 / 2020
Lao Tzu 66
Ne rivalisant jamais avec les autres, le sage n’a pas de rival.
Du fait que le sage n'a rien à prouver et prétendre, on ne peut qu'écouter sa sagesse et s'interroger.
Et c'est en cela que réside son enseignement : comment devenir spirituellement éveillé et sage, c'est-à-dire plus intelligent et humain, en se posant simplement des questions sensées.
1 / 1 / 2021
Lao Tzu 32
Lao Tzu est sans aucun doute un remarquable poète, mais il est avant tout un grand sage du Tao, si ce n’est le plus important. Il utilise la poésie comme un véhicule sublime pour transmettre un enseignement, et comme tout enseignement spirituel, le sien n’est pas toujours facile à comprendre. On pourrait presque dire qu’en fait, il ne l’est jamais à moins d’avoir recours à une interprétation, qui conviendra peut-être à certains et non à d’autres. Prenons donc le verset 32 pour essayer au moins de mieux le comprendre dans notre propre contexte culturel et intellectuel, qui bien sûr diffère de celui de Lao Tzu :
Le Tao n’est pas un concept.
Insignifiant en sa simplicité originelle,
il n’est pourtant inférieur à rien de connu.
Si seulement les souverains pouvaient s’abaisser à l’admirer,
tout le monde les honoreraient.
Les cieux et la terre s’harmoniseraient,
et tout se couvrirait d’une douce rosée.
La paix et l’ordre règneraient au sein du peuple
sans loi ni commandement pour l'énerver et le corrompre.
Quand la simplicité à l’origine s’est diversifiée,
une multitude de noms sont apparus.
N’y en a-t-il pas assez à présent ?
Ne serait-il pas le moment de cesser d’en concevoir plus ?
Savoir s’arrêter protège du danger.
Le Tao est à ce monde ce que les fleuves et océans sont aux torrents et ruisseaux.
Après avoir lu ce poème, on comprend facilement que Lao Tzu nous invite à faire preuve de sagesse. Quant à expliquer précisément par quel moyen, nous pouvons nous poser beaucoup de questions. L’analogie des torrents et ruisseaux se jetant dans les fleuves et océans n’est forcément évidente. Procédons, par conséquent, à une sorte de décryptage en remplaçant certains mots par d’autres plus compréhensibles dans notre spiritualité et culture contemporaines. Prenons, par exemple, le mot "Tao" et remplaçons-le par celui de "conscience", un mot très en vogue actuellement dans certains domaines spirituels et scientifiques, et les termes tels que "monde, peuple, noms, etc.", c’est-à-dire tout ce que nous pouvons saisir dans notre esprit, par "mental", et voyons ce que nous obtenons :
La présence de la conscience ne peut pas être appréhendée comme un phénomène mental.
Bien que l’on ignore habituellement son existence,
elle n’est cependant jamais absente dans tout ce que l’on perçoit.
Si seulement le moi pouvait le réaliser,
le chaos mental à l’origine de ses souffrances cesserait instantanément.
Le monde extérieur et son petit univers intérieur ne seraient plus en conflit,
et il pourrait enfin s’apaiser sans essayer d’y mettre de l’ordre.
Quand la vraie nature de la conscience s’est manifestée,
une multitude de représentations mentales sont apparues.
N’en avons-nous pas assez à présent ?
Ne faudrait-il pas au contraire réduire le flot de nos pensées ?
Savoir l’arrêter quand il le faut prévient de la souffrance.
La conscience est au mental ce que la paix intérieure est à toutes nos pensées et émotions.
Il va de soi qu’une telle interprétation sera plus intelligible à ceux qui pratiquent la méditation et ce que l’on appelle la pleine attention, Mindfulness. Quoi qu’il en soit, un enseignement spirituel sous le couvert d’un langage poétique doit être compris d’une manière ou d’une autre sinon à quoi servirait-il ? Lao Tzu n’écrit pas pour le plaisir de la poésie, mais pour nous enseigner comment vivre paisiblement avec le Tao.
Soyons sensés et d’une certaine manière un peu modestes ! Que cela nous plaise ou non, personne ne va changer le grand ordre cosmique des petites choses de notre vie, ni la destiné de l’humanité. Autant s’y adapter le mieux possible quand de toute évidence, nous n’avons pas d’autres choix. Serait-ce une pensée pessimiste ? C’est seulement faire preuve de santé mentale et sagesse, rien de plus que ce que recommande Lao Tzu dans tous ses enseignements.
1 / 2 / 2021
Lao Tzu 79
Quand la haine n’a plus lieu d’être, il restera pourtant des ressentiments en suspens.
Que peut-on y faire ?
Les sages assument leur responsabilité et ne blâment pas les autres.
Ils continuent à accomplir leur devoir tandis que les autres essaieront de résoudre les problèmes engendrés par leur déni.
Le Tao est impartial, il est toujours en faveur de ceux avec de correctes intentions.
On dit couramment en occident et dans notre vieille culture encore et toujours très judéo-chrétienne que "L’enfer est pavé de bonnes intentions". Pour un hypocrite, un tel adage lui sera sûrement nécessaire pour faire valoir ses droits au détriment des autres, mais personne ne sera dupe sur ses véritables désirs et arrière-pensées.
Lao tzu n’ignore pas que la vie en général ou en société n’est jamais facile ni parfaite. Il ne se préoccupe pas d’être reconnu comme un sage ou une personne irréprochable, mais d'être honnête parce qu’il sait que le Tao lui-même ne ment pas. Tout le monde sait bien sûr, y compris les scientifiques et docteurs en psychologie, que l’ordre cosmique et ses lois universelles règnent sur tout, et en particulier au sein de toutes nos réactions physiques, émotionnelle et mentale ou, si l'on préfère l'entendre ainsi, sur des forces inconscientes apparemment inconnues.
Mais le grand ordre cosmique de notre vie, un concept plutôt abstrait dans notre culture occidentale si l'on est incapable d'appréhender celui de "moralité naturelle et universelle", est en vérité parfaitement évident pour tous ceux qui veulent le découvrir. Il suffit, par exemple, de simplement chercher à savoir ce qui est bien ou bon en se posant la question pour immédiatement savoir ce qui l'on ne devrait pas être ou faire au lieu de perdre son temps à tout intellectualiser et philosopher à ce propos comme l’on s’en donne à cœur joie en Occident, tant et si bien que l'on ne sait plus du tout finalement ce qu'il faudrait faire ou être. Cela ne sous-entend pas non plus qu'il faille cesser de raisonner intelligemment. Il y a en effet une différence fondamentale entre intellectualisation et intelligence ou sagesse, le Tao Te Ching en est un exemple évident.
On pourrait même affirmer sans se tromper que Lao Tzu est vraiment un anti-intellectuel, qui préfère contempler et vivre avec le Tao au lieu d’en discuter comme un grand maître ou philosophe. La légende concernant sa vie le prouve facilement. Si le garde à la frontière de l’empire ne l’avait pas obligé d'écrire le Tao Te Ching, il serait parti à l’ouest sans laisser le moindre témoignage de son enseignement, ce qui signifie très clairement entre autres qu’il n’a pas de leçons à donner aux autres. Voilà ce qu’est probablement la vraie sagesse et l’absence d’ego-trip ou narcissisme : "Wu Wei, le non-faire et rejet total d’actions ou discours fondées sur des convictions personnelles pour le moins arbitraire." Et l'ironie de cette petite histoire très amusante et typiquement chinoise est que l'on devrait en fait remercier un militaire pour le Tao Te Ching et non Lao Tzu, qui n'avait absolument pas l'intention d'écrire un livre à la fin de sa vie.
Le Tao existe, tout en est la meilleure et la pire manifestation. Chacun est libre de vivre avec ou sans son pouvoir et vertu absolus.
Comme dans la précédente poésie 32, on peut aussi prendre les paroles de Lao Tzu dans un contexte beaucoup plus spirituel et personnel. Si, par exemple, "le sage" ou "les sages" déterminent la présence de la conscience, la faculté d’observer, réaliser et comprendre intuitivement sans avoir à penser interminablement pour rien ou pas grand-chose allant au-delà de l'égotisme, ce que l’on appelle dans le Védanta l’Atman, le témoin, et que "les autres" ou "l’autre" incarnent le mental et l’ego, ces paroles auront une toute autre signification :
Après un sérieux désaccord, la mémoire n'oubliera jamais rien.
Que peut-on y faire ?
Au lieu de chercher à justifier ses erreurs comme le feront systématiquement le mental et l’ego, autant observer ce jeu mental et y renoncer parce qu’il est inutile.
Et de plus, il n’engendre que souffrances, hypocrisies et mensonges, des excuses ridicules et prétextes sans fin particulièrement malsains à la santé mentale.
La conscience ne juge pas, elle observe attentivement, connaît et comprend spontanément.
Elle apaise tous ceux qui lui font confiance et vivent harmonieusement avec l’évolution naturelle de leur propre vie.
On pourrait presque résumer les paroles de Lao Tzu en très peu de mots : "En l’absence de toutes prétentions, le mental s’anéantit." Le Tao et la libération spirituelle ne sont, pour ainsi dire, rien d'autre que la fin du grand ego-trip, le culte de l’ego... ou héro, qui pense toujours avoir raison en blâmant les autres ou le monde dans lequel il vit.
1 / 3 / 2021
Lao Tzu 65
Nous y voilà… avec un grand sourire !
La stance 65 est sans conteste la plus surprenante pour ne pas dire choquante de tout le Tao Te Ching. On peut vraiment se demander si Lao Tzu est un sage, un Maître spirituel ou un conseillé politique un peu fourbe ou complètement machiavélique pour l’empereur. Aussi voyons ce que nous dit une traduction littérale un peu simpliste de cette poésie, ce qui n’en sera pas moins qu’une interprétation tant la langue chinoise est complexe et subtile pour n’avoir qu’une seule traduction dans une autre langue, et ensuite nous essaierons d’en comprendre la signification :
Dans les temps anciens, ceux qui avaient réalisé ce qu’est le Tao et comment vivre en harmonie avec n’essayaient pas d’instruire les gens, mais les laissaient ignorants et simples.
La raison pour laquelle le peuple est si difficile à gouverner est qu’il est trop intelligent et rusé, et qu’il en sait trop.
Par conséquent, celui qui est rusé et gouverne l’état avec intelligence sera un voleur pour le peuple,
et celui qui le gouverne sans ruse et sans lui donner de connaissance sera un bienfait pour le pays.
Ceux qui comprennent ces deux principes fondamentaux connaîtront la profonde et mystérieuse vertu.
Claire et considérable est cette vertu et son pouvoir.
C’est ainsi que tout retourne à son naturel état d’origine et que la grande harmonie s’accomplit.
Les deux premières phrases de ce poème sont pour le moins provocatrices. La troisième est encore plus dérangeante. Le reste ensuite est complètement incompréhensible. Est-ce que Lao Tzu fait l’apologie de la stupidité et l’abrutissement, l’absence totale d’éducation, information et culture, afin de pouvoir vivre en paix et devenir une sorte d’imbécile heureux chevauchant un dragon délirant ? On peut vraiment se poser la question à plus forte raison que les Chinois considère l’éducation et la culture comme les piliers de la civilisation. Mais si nous sommes bien d’accord que Lao Tzu est un sage et un Maître spirituel, la seule raison qui puisse motiver à lire ses écrits, c’est évidemment impossible. De quoi parle-t-il alors et qu’est-ce qu’il essaie d’enseigner ?
Comme il l’a déjà été expliqué dans des commentaires précédents, Lao Tzu a un sens de l’humour très particulier, et il adore jouer avec des métaphores. "Celui qui gouverne", de même dans la Bhagavata Gita, le conducteur du char, n’est rien d’autre que la conscience, et "le peuple, les gens, l’état et le pays" déterminent la complexité du mental. Si nous interprétons cette stance avec ces concepts, elle devient enfin un très clair enseignement spirituel :
Autrefois, les grands Maîtres du Tao ne nourrissaient pas le mental avec toujours plus et encore plus de savoir et connaissance conceptuelle.
Le mental est difficile à contrôler parce qu’il se perd continuellement dans de vaines pensées et toute sorte de raisonnements inutiles.
Par conséquent, ceux qui ont une très simple vie contemplative connaîtront la conscience pure, le Tao, et comment vivre en harmonie avec le grand ordre cosmique, rien de plus que leur vie quotidienne.
En effet, personne dans le monde ne cherche en réalité plus que la paix et le bonheur même si les moyens empruntés semblent être diamétralement opposé à cette fin. Qui se soucie vraiment d’une illumination égotique ou libération narcissique, qui ne peuvent qu’avoir des effets contraires ? La révélation du Tao et perfection de la vie ordinaire est l’illumination libératrice.
1 / 4 / 2021
Un seul mot pourrait suffire
S’il fallait résumer tout le Tao Te Ching en un seul mot,
l’humilité ou modération serait probablement un des meilleurs.
Elle supprimerait instantanément la quasi-totalité de nos pensées
et sans aucun doute toutes nos émotions.
Waouh…, quelle paix !
L'homme humble ne s'agenouille pas pour s’humilier,
il s'assoit et observe paisiblement.
1 / 5 / 2021
Un peu de sagesse ne fait jamais de mal... ou peut-être ?
"L'univers est simultanément né avec nous.
Avec nous, toutes choses ne font qu'un."
Chuang Tzu tranduit par Fung Yu-lan
Tout le monde le sait, Chuang Tzu est un très important Maître du Tao, c'est-à-dire du grand ordre cosmique et ce qui le précède avant qu’il manifeste toutes choses dans sa propre unicité.
Un peu plus loin à l’Ouest, la connaissance védique repose sur le concept "Un sans second" et le Dharma, "l'ordre naturel et cosmique", autrement dit Maya, "le grand rêve et illusion", ou en plus simples termes, comment toutes choses apparaissent et ne font qu’un sans second.
Et encore un peu plus loin à l’Ouest, les Grecs de l’antiquité nous rappellent que tout est "Macrocosme et Microcosme", le grand et petit ordre cosmique, qui manifestent évidemment le même cosmos à l’origine de toutes choses.
Est-il nécessaire d’expliquer qu’un ordre cosmique est une parfaite organisation ou univers régie par des lois naturelles, et qu’il n’y a pas de différence entre une organisation et un organisme, un organisme vivant comme l'être humain, par exemple ?
On peut donc en arriver à se demander ce que sont ces lois naturelles et cosmiques, qui dirigent notre vie... bon gré mal gré, qu'elles nous plaisent ou non. En vérité, il se suffit de se poser la question pour les connaître, rien de plus ! De toute évidence, nous sommes nés avec et uniquement grâce à elles, et de plus, nous vivons et survivons seulement en ayant recours aux lois de la nature, qui, pour le chercheur de vérité, est sans conteste le plus grand Maître spirituel, le seul, qui enseigne réellement à tout le monde sans la moindre discrimination le propos et sens de la vie.
Toutes ces lois naturelles et cosmiques sont partout dans notre corps, cœur et mental. Et mieux encore, elles révèlent leur véritable nature dans toutes nos actions et relations avec notre vie intérieure et le monde dans lequel nous vivons au quotidien, avec le micro ou macrocosme. Certains les appellent Karma, la relation de cause à effet, principes et conséquences si vous préférez, qu'il est impossible d'ignorer à moins d'agir et être de mauvaise foi. Et d'autres préfèrent les négliger, pour ne pas dire clairement les mépriser.
Mais admettons que notre naïveté et confusion caractéristique au mental ne nous permettent pas de les connaître, toutes les spiritualités traditionnelles existent pourtant encore dans notre monde pour expliquer en long, en large et en travers ce que sont ces lois naturelles et universelles. Elles sont immuables et éternelles, et bien connues depuis longtemps. Et tant bien même que la spiritualité serait le cadet de nos soucis, le grand livre de la connaissance est toujours et partout autour de nous, il suffit de se promener dans la nature et ouvrir les yeux pour le lire.
Aussi nous n'avons pas vraiment d'excuses pour dire ou penser : "Je suis désolé, mais je ne savais pas, je ne pouvais pas savoir, je ne suis pas coupable, laissez-moi vivre en paix, cela ne me concerne pas, laissez-moi tranquille, etc." Notre conscience et bon sens nous empêchent en effet de faire preuve d'une telle frivolité. Nous pouvons nier des vérités évidentes, mais en tant qu'êtres évidemment conscients, nous ne pouvons sûrement pas les ignorer. En d'autres mots, quelle que soit notre vie, nous sommes responsables de nos propres pensées et actions, nos états d'esprit, qui incluent évidemment toutes nos émotions.
Par conséquent, ne serait-ce pas suffisant de reconnaître, accepter et faire la paix avec ces lois et règles universelles pour remettre nos facultés physiques, émotionnelles et mentales en harmonie avec le grand ordre cosmique, qui, lui de toute façon, ne va pas changer pour satisfaire nos désirs, ambitions et rêves fondés sur le culte du moi ou pour être plus précis, sur notre égoïsme, hypocrisie et avidité ?
D'accord…, mais qu'en est-il alors de ces merveilleux éveils, illuminations et libérations spirituelles dont on cause tant de nos jours en Occident ? Comme l'a dit Mahatma Gandhi à propos d'un autre sujet : "Ce serait une bonne idée !"
Une idée ..., rien de plus qu'une idée, serait-ce une plaisanterie ? Tout le monde cherche aujourd'hui cette incroyable éveil spirituel, qui va enfin résoudre tous nos problèmes personnels, et comme le prétendent maintenant nos Néo gourous, sauver en plus l'humanité, pour ne pas dire le monde entier. Et pourquoi pas tout l'univers non plus !
Soyons un peu sérieux, avez-vous déjà vu ou entendu parler d'un libéré vivant disparaître de la planète Terre pendant son illumination pour aller tout droit au Brahma Loka ou dans un autre paradis, ou mieux encore, fusionner avec le Soi comme un fleuve dans l'océan ? Si une telle illumination pour le moins absurde pouvait se produire, le soi-disant libéré ne serait tout simplement plus de notre monde pour être vu, entendu et reconnu. Mais jusqu’à preuve du contraire, l'organisme physique et mental, le microcosme qu'il incarne, s’y trouve toujours puisqu’on le considère comme un être libéré. Alors en réalisant la vraie nature de toutes choses, y compris bien sûr celle de l'être en soi parfaitement conscient de sa propre existence, pour ne pas dire la vraie nature de la conscience, comment vit-il en paix et heureux dans notre monde pour le moins en train de devenir complètement fou, libre et dans la félicité comme on l'imagine ?
La réponse est plutôt évidente. Au lieu d'aller contre le flot naturel du Tao comme le fait tout le monde, les libérés vivants dansent avec le Tao et ses lois cosmiques. Comment exécutent-ils une telle danse ? Ils ne font rien de plus que respecter les règles et lois naturelles de la vie en étant simplement humain dans ce monde. Et ça, c'est une authentique libération spirituelle, rien de fantaisiste à vrai dire, simplement faire preuve d’humanité envers les autres et soi-même, sans mentionner tout l'environnement.
Quand nos Néo gourous hallucinés cesseront d’enseigner leur éveil narcissique, qu'ils imaginent libérateur et merveilleux, une sorte d'océan psychotique de félicité avec environ huit milliards de petites vagues absolument adorables et surtout innocentes, peut-être…, juste peut-être, un véritable éveil spirituel aura lieu en Occident ou au moins à l'intérieur de nous-mêmes.
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