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advaïta minima



17 / 11 / 2011


Corps et esprit


Si je ne suis pas ce que j'ai, c'est-à-dire mon corps et le mental, que reste-t-il de moi ? Rien, si ce n'est le Soi. Mais le Soi, c'est quoi ?



28 / 11 / 2011


Avoir et être, 2 principes différents à ne pas confondre.


Le corps et les facultés mentales que j'ai ne sont pas ce que je suis puisque, comme cela l'a été dit, c'est ce que j'ai, ce que je détiens, ce qui m'appartient. C'est évident, mais comment puis-je alors le savoir si je ne suis pas mon corps, et en particulier le cerveau et le mental, qui eux seuls me permettent de le savoir ?


Miroir de l'âme


L'intellect est le miroir du Soi et de moi-même, qui permet de connaître qui et ce que je suis.

"Le mental est la réflexion de la conscience pure sur l'intellect." (Shankaracharya)

"Je suis" exprime la présence de l'être en soi connu par mes facultés mentales. "Je suis ceci et cela" ne révèle pas la vraie nature de cet être en soi, mais comment s'exprime son existence.

Abstraction faite de ce que j'ai, il ne reste rien de moi. Et pourtant je suis. Ce "Je suis" et le moi sont donc l'expression de 2 expériences totalement différentes. L'être en soi et moi-même ne sont par conséquent pas du tout identiques.

Vichara, l'introspection spirituelle, permet néanmoins de découvrir cet être en soi par moi-même. Ce n'est évidemment pas l'être en soi qui pourrait réaliser sans moi ce qu'il est. Ce n'est pas non plus la conscience universelle ou le Divin qui auraient besoin de réaliser ce qu'ils sont.

Parce que le mental et l'intellect sont conscients, la conscience pure peut être connue telle quelle.

Parce que je suis personnellement un être conscient, je peux réaliser ce qu'est la conscience pure et impersonnelle.

L'intellect, Buddhi, est le miroir qui reflète simultanément la présence immuable de la conscience pure et le mental en perpétuelle transformation, autrement dit la conscience individuelle. Il n'y a pas d'autre mystère. Si la conscience pure n'illuminait pas en permanence les manifestations du mental, nous ne pourrions pas les connaître parce qu'elles ne se manifesteraient pas. Si nous n'étions pas conscients, que pourrions-nous connaître et percevoir ? Le mot "conscient" signifie simplement que l'intellect est éveillé par la lumière de la conscience pure qu'il reflète.



30 / 11 / 2011


"Qui suis-je ?", la seule question vraiment métaphysique, qui a un sens


Tout le reste n'est que commérage philosophique.

Relation sujet / objet, l'acteur et le spectacle .

Drame en 3 actes : le penseur / penser / la pensée.

Comédie en un seul acte : le processus d'identification.

Le penseur, la pensée et la faculté de penser ne déterminent à vrai dire qu'une seule activité, celle de penser. Le spectateur ou témoin observe sans pourtant avoir été invité.

Le joueur joue avec ses jouets. Il en souffre et ne souhaite que les casser, mais il ne sait pas que lui-même et ses jouets ne font qu'un ; d'où beaucoup de souffrance pour rien.

C'est là, dans le mental, que tout se joue. Le penseur s'absorbe dans ses propres pensées ou s'arrête de penser pour observer des pensées, qui ne sont alors plus les siennes.

C'est un jeu, le jeu du mental, la plupart du temps, le triste jeu de l'ego, qui pense à sa propre existence pour se convaincre qu'il existe parce qu'en fait, il n'est rien. Il ne peut même pas se trouver quelque part lorsqu'il se cherche.

Existe-t-il une seule pensée dans le monde mental, qui ne soit pas d'une certaine manière égocentrique ? Oui, toutes les pensées égocentriques que l'on observe sans identification, sans l'écho "C'est moi qui pense que...".

Si le "Je" ne peut pas voir son propre égoïsme, avidité et hypocrisie, à quoi se réfère-t-il pour critiquer celui des autres ? Comment pourrait-il progresser sur la voie de la connaissance ? Comment va-t-il réaliser la vérité ?

Si le "Je" ne peut pas voir son propre égoïsme, avidité et hypocrisie, à quoi se réfère-t-il pour critiquer celui des autres ? A sa bonté, modestie et sincérité ? Bonne blague..., jusqu'au jour où il se regarde en face.

Tous pareils, dirigés par un instinct de préservation physique et mental, par la simple volonté et le désir de survivre. Rien de mal en soi, seulement un mauvais ego-trip pour soi et les autres.



8 / 12 / 2011


"Deux oiseaux, amis inséparables, reposent sur le même arbre. L’un d’entre eux mange un fruit sucré, l’autre regarde sans manger." Mundaka Upanishad


_ Es-tu un être conscient ou une entité psychologique, qui parle à elle-même dans son propre esprit ?

_ Je suis bien sûr un être conscient comme tout le monde.

_ Pourquoi ne réalises-tu donc pas cette vérité ?

_ Je l'ai réalisée depuis longtemps.

_ Pourquoi alors discuter dans ton esprit au lieu d'actualiser cette vérité ?

_ Comment ?

_ En demeurant conscient bien sûr !

_ Je suis déjà conscient.

_ La faculté d'être conscient ne pense pas. Elle peut observer les activités du mental, ses pensées, mais elle-même ne peut pas penser, ce n'est pas sa fonction. Tu es le penseur ou le témoin d'un spectacle mental que tu peux contempler sans t'y attarder. Tu ne peux pas être les deux en même temps, le spectateur et le spectacle.

L'ego parcourt la voie de la connaissance en devenant le témoin de sa propre existence, puis en cherchant la vraie nature du témoin qu'il est devenu en l'observant pour finalement réaliser qu'il n'y a pas de voie ni d'ego pour la parcourir. Mais si tu penses alors que sa recherche était inutile, tu n'as pas compris que tu es cet ego toujours insatisfait, qui pense parfois que sa recherche spirituelle est inutile.



29 / 12 / 2011


L'organe est modelé par sa propre fonction.


On pourrait même dire que c'est la fonction qui crée l'organe. Mais la conscience n'est ni un organe ni une fonction. Comme l'espace, elle est sans forme et toujours présente.

Est-ce que l'espace a une fonction et que c'est cette fonction qui le fait apparaître tel qu'il est. L'espace comme le temps est simplement la condition sine qua non de toute manifestation.



30 / 12 / 2011


"Penser n’est pas votre vraie nature" Ramana Maharshi.


Et ne pas penser ne l'est pas non plus !

Penser est une faculté mentale très appréciée quand on en a besoin. Mais la vraie nature de toute personne consciente n’est évidemment pas ce que pense cette personne. Cette faculté d'être conscient n'est pas la faculté de penser, le processus de la pensée, le contenu du mental ni le mental lui-même.

La conscience n’est pas l’intellect qu’elle rend conscient. Le Soi n’est pas le moi qui exprime ses propres pensées.

Une personne est un corps et un cerveau avec des facultés mentales. Elle s’exprime naturellement dans ses propres pensées ou en communiquant avec les autres en ayant recours au concept "Moi, je". Ce "Moi" est une identité personnelle, qui représente la personne et ses expériences de la vie. Tout être humain détermine sa propre présence dans le monde avec une identité personnelle. Mais l’identité elle-même n’est pas identique à l’ego ni le mental.

L’ego, c’est l’identité personnelle plus le processus d’identification, qui fait croire à cet ego qu’il est lui-même une entité différente de son corps et ses facultés mentales. "J'ai un corps, des émotions, des perceptions, un passé, un avenir, des facultés intellectuelles, etc." démontre que cette entité égocentrique s'en différencie seulement en affirmant qu'elle n'est évidemment pas ce qu'elle possède.

L’identité personnelle de son côté ne s’imagine pas avoir une existence indépendante de son propre corps ou du mental. Elle les représente, et au moment de la mort, sa fonction est terminée.

Il n’en va pas de même avec l’ego. Bien que son existence soit illusoire, il survit potentiellement à la mort de son corps pour se réincarner. Mais s’il réalise le Soi, cela signifie qu’il est parvenu à s’anéantir dans sa propre recherche spirituelle et il n’aura par conséquent plus besoin de s'incarner pour survivre dans le monde de ses illusions.

Mais comment cette identité illusoire peut-elle vraiment avoir l'impression d'exister dans un monde aussi illusoire que ses propres pensées ? La réalisation du Soi répond à toutes questions en révélant leur futilité et non en y répondant avec d'autres pensées, qui n'ont en fait aucun sens.

En d'autres termes, comment le rêveur pourrait-il répondre aux questions du personnage onirique qu'il incarne dans ses propres rêves ? Et comment ce personnage onirique pourrait-il savoir que le rêveur existe dans un autre monde que le sien ? Ni l'un ni l'autre n'a la moindre idée que le rêve détermine leur soi-disant existence.

Il n'y a donc pas de réponse à ce genre de questions parce que ces questions sont tout simplement absurdes. L'ego ne connaîtra jamais la vérité, mais seul l'ego peut pourtant chercher la vérité et réaliser ce qu'elle est. La réalisation du Soi ou celle de la vérité correspond à l'anéantissement de toutes les illusions de l'ego en tant qu'entité séparée de son propre corps et du mental.

La substance de l'ego n'est rien d'autre qu'un amoncellement de pensées, croyances et identifications, de tout ce qu'il pourra considérer comme lui appartenant. Si vous ne le croyez pas, cessez de penser et voyez ce qui reste de vous-même, de vos souffrances, de votre égocentrisme et amour-propre, de vos désirs, de tout ce qui vous fait croire que vous existez. Sans pensée, vous ne pourrez même pas vous référer à propre corps ou le mental pour prouver l'authenticité de votre propre réalité existentielle. La personne que vous pensez être continuera pourtant à vivre..., mais sans vous ! Quant à l'ego, le "moi, je", l'identité personnelle n'a jamais été un problème, ce n'est rien de plus que le moyen intelligible de s'exprimer personnellement.


"Sacré" signifie entre autres "inviolable"


Les Mahavakyas sont des paroles sacrées, des Mantras. "Je suis Brahman", "Je suis le Soi", "Je suis l'être, la conscience et la félicité", etc. sont des assertions impersonnelles, ce qui signifie qu’elles ne concernent absolument personne en particulier. Aucun être humain n’est en droit d'affirmer personnellement "Je suis Dieu" ou "Je suis le Soi, la conscience universelle, etc." à moins que ce soit lors d'une initiation sacrée pour révéler une vérité impersonnelle, pour plaisanter ou passer pour un idiot comme le font très bien de nombreux Néo gourous actuellement.


Personnel ou universel


L’Atman n’est pas le Jivatman.

Moksha n’est pas le Jivamukta.

Jnana n’est pas Vidya.

"Connaître le Soi, c'est être le Soi."

"Pour connaître le Soi, il faut réaliser ce qu'il est."

"Pour réaliser et ainsi connaître le Soi, il faut cesser d'être ce que l'on est pas."

Le Soi ne change jamais de toute manière. La vraie nature de "Je suis" ne change jamais quoi qu'il arrive à cet être. Penser ou ne pas penser n'est pas le propos de cette recherche de la vérité ni celui de la connaissance. Cette connaissance absolue ne s'exprime pas par des pensées, elle n'est pas conceptuelle.



5 / 1 / 2012


Vous êtes une personne, un être humain, vous n'êtes pas le Soi


Le Soi est notre vraie nature, ce n'est pas la personne que nous incarnons.

C'est la vraie nature de la conscience de cette personne, ce n'est ni son corps ni son mental.

Quand "moi, je" m'adresse à "vous", ni vous ni moi sommes le Soi. Comment le Soi pourrait communiquer avec le Soi, et pour quoi faire ?

Comprenez que le Soi ne pense pas être quoi que ce soit. De plus le Soi ne pense pas ni cherche quoi que ce soit. Il est "le témoin", l'Atman. Il est identique à la conscience pure, qui observe et connaît nos propres pensées, désirs et illusions.

On ne peut pas confondre la vraie nature de l'être, l'être en soi, et ce que nous sommes en ce monde, des êtres humains.

Et il ne faut pas non plus interpréter le Védanta n'importe comment pour en faire une psychose insensée. "Je suis le Soi, je suis Brahman", que le moi interprètera bien sûr comme il l'entend, c'est-à-dire personnellement, ne signifie pas "Moi, je suis le Soi, je suis Dieu". Ce n'est absolument pas ce que le Védanta affirme. Un Mantra sacré ou "pensée absolue" n'a aucun rapport avec ce que l'on peut penser de soi.

La vraie nature d'une chose n'est pas cette chose, c'est sa qualité intrinsèque ou substance. Si la vraie nature de ma propre existence est la conscience universelle, cela ne signifie pas "moi, je suis la conscience universelle". Que la vraie nature de ma propre conscience individuelle et personnelle soit en fait universel et impersonnel peut avoir un sens. Mais que je sois moi-même et personnellement universel et impersonnel est absolument insensée. De telles prétentions sont absurdes et antinomiques, bref, complètement stupides.


12 / 1 / 2012


La biologie affirme que nous sommes en relation avec la réalité par l’intermédiaire du système nerveux.


Mais le Védanta explique que c'est la conscience, qui est en relation avec la réalité par l'intermédiaire de la personne faite de chair et de sang, qui a bien sûr un système nerveux. La biologie ne semble pas tenir compte que si "nous" sommes en relation avec la réalité par l’intermédiaire du système nerveux, il faudrait avant tout déterminer ce qui, en "nous", est en relation avec cette réalité puisque le système nerveux n'en est que l'intermédiaire et le moyen. Que ce soit le moi conscient, c'est-à-dire l'être conscient, la conscience individuelle ou la conscience dite universelle, cela concerne un autre domaine de recherche, qui peut aller au-delà des intentions de la biologie et de la psychologie.


Nécessité ou inutilité des pratiques spirituelles


Autrefois pour réaliser le Soi et se libérer de souffrances illusoires, il suffisait apparemment d’écouter la vérité de la bouche d'un Rishi et la comprendre, rien de plus ! Aucune Sadhana et aucun Yoga n'était nécessaire. C’est très bien expliqué dans "Yoga Vashishta" ou l'enseignement de Yajnavalkya. Mais depuis cette époque, il semblerait que le mental se soit en quelque sorte densifié et endurci.

Il en effet facile de constater aujourd'hui que les grands discours sur la vérité que l'on entend dans des Satsang ne libère personne de la souffrance. Et il est encore plus facile de remarquer que tous les guides spirituelles, qui ont encore un authentique enseignement, enseignent une ou plusieurs pratiques. C'est tout le propos de la Bhagavad Gita. Imaginer que l'on pratique la spiritualité en écoutant de jolies paroles ou en lisant des livres est tout simplement insensé.


Un concept qui peut aider à comprendre


La spiritualité et la mythologie ont souvent recours à la notion de "réflexion", retour de la pensée sur elle-même ou d’images sur une surface comme, par exemple, celle d’un miroir. L’Advaïta Védanta explique de son côté que le mental résulte de la "réflexion" de la conscience sur l’intellect.

Selon la psychologie occidentale, qui s’inspire souvent de très anciens concepts grecques, la psyché est l’ensemble des phénomènes psychiques considérés comme formant l’unité personnelle, le moi ou ego distinct du corps. Et la psyché dans un tout autre contexte est aussi une grande glace mobile montée sur un châssis à pivots pour se regarder en pied. Ce n’est sûrement pas par hasard si l’on a choisi le même mot pour déterminer deux choses aussi différentes, d'une part la conscience individuelle, qui permet de connaître ce que l'on incarne, et d'autre part un miroir dans lequel on peut se voir et s'admirer.

L’image de vous-même que vous voyez dans un miroir est bien sûr une illusion. C'est la réflexion du corps que vous avez et ce n’est évidemment pas ce que vous êtes en tant qu'être humain, pensant, sensible, conscient, etc. Mais comment la réflexion de la conscience sur l’intellect peut produire le mental comme l'explique l'Advaïta Védanta, c’est-à-dire ce que vous pensez de vous-même, y compris tout ce que vous représentez "personnellement" ?

Supposons que l’intellect soit comme un miroir doté de toutes les facultés mentales que vous vous attribuez ordinairement, la faculté de percevoir, s'émouvoir, penser, raisonner, se souvenir et imaginer, et que la conscience soit ce qui lui permet de connaître, la lumière pour ainsi dire, qui éclaire tous les phénomènes psychiques que produisent ces facultés, le mental et l’ego, autrement dit ce que vous incarnez personnellement, seraient alors l’image cohérente de cet ensemble de phénomènes sur le miroir de l’intellect, une projection illusoire, qui fait croire à l’ego qu’il est lui-même l’ensemble de tous ces phénomènes. En d'autres termes, la faculté d'être conscient permettrait à l'intellect de connaître ses propres facultés et ainsi de fonctionner intelligemment, et le mental et l'ego seraient une sorte d'image de synthèse ou sous-produit purement conceptuel de son fonctionnement. L'intellect fonctionne intelligemment parce qu'il est conscient ; quant au mental et l'ego, le "moi, je", n'en seraient que la résultante, une entité ou réflexion.

Quand il est dit que le monde que l'on perçoit est une illusion, il faut comprendre avant tout qu’il l’est parce que nous sommes nous-mêmes l’identité illusoire ou purement conceptuelle, qui le perçoit. Il est difficile d’admettre que le "moi, je" et toutes les pensées qui déterminent apparemment son existence, l'essentiel de ses manifestations, puissent être des illusions. C’est pourtant ce que l’Advaïta Védanta explique de nombreuses façons et ce que révèle la réalisation du Soi ou Sahaja Samadhi, une expérience spirituelle tout à fait hors du commun, qui permet de réaliser soudainement que le corps et le mental ne déterminent pas notre véritable présence ici et maintenant, l'être que nous sommes.

Si vous pratiquez la méditation, il est évident que vous comprendrez beaucoup plus facilement ce que l’on entend par "réflexion de la conscience sur l’intellect". Et une heure de méditation devrait amplement suffire pour réaliser que votre véritable pouvoir est celui d’observer des pensées que vous êtes incapables de contrôler, mais avec lesquelles pourtant vous vous identifiez ordinairement.

Le mot "identification" signifie le fait de se confondre avec quelqu'un ou quelque chose. Qui êtes-vous donc au moment précis où vous n’êtes plus ces pensées que vous observez, que vous cessez en fait de penser pour mieux observer des pensées qui ne sont alors plus les vôtres ? Mis à part le pouvoir d’en être conscient, il ne reste rien d'autre de votre propre présence lors d’une telle pratique spirituelle. La pratique de la méditation démontre instantanément que vous êtes le témoin de votre propre fonctionnement mental et illusoire, l'être conscient capable d'observer le corps et le mental avec lesquels vous vous identifiez ordinairement

Pratiquez, observez attentivement et vous comprendrez sans la moindre explication. La vérité est toujours plus simple que tout ce que vous pourrez imaginer.

Mais à quoi bon une telle révélation sur vous-même parce qu'elle ne va pas en fait changer votre vie ? Depuis le début de la création, le vrai secret qu’expliquent les Jnanis est extrêmement simple à comprendre. La faculté d’être conscient en temps normal ou durant une méditation est beaucoup plus qu’une faculté psychique. Cette faculté est identique à la conscience elle-même, c'est-à-dire l’être et la félicité, "Sat-Chit-Ananda". Il est difficile a priori d'admettre que le fait d'être conscient puisse exprimer la moindre félicité, à plus forte raison si l'on est conscient d'un état de souffrance, c'est pourtant ce que ces sages affirment.

Selon le Védanta, le Divin est Sat-Chit-Ananda, et votre véritable nature l’est aussi. En d’autres termes, si vous êtes essentiellement le Divin, qui contemple ce qui se manifeste sur le miroir de l’intellect de la personne que vous incarnez, ce miroir vous renverra tôt ou tard aussi une image sacrée de vous-même que vous n’oublierez jamais parce qu'elle n'a absolument aucun rapport avec ce que vous imaginez et pensez être. Maintenant, c’est à vous de voir si le défi suprême que vous propose la vie spirituelle vous intéresse vraiment.

Pourquoi est-ce le défi suprême de l’ego, un défi dans votre propre vie intérieure et personnelle ? Pour réaliser que la vraie nature de l’être avec lequel l'ego s’identifie est absolument divine, il va devoir s’anéantir dans sa propre recherche de la vérité, et ce n’est sûrement pas ce qu’il désire. Chercher la vraie nature de l'être qu'il pense incarner pour s'accorder plus d'importance, surtout s'il a compris qu'elle est divine, ne sera bien sûr pas un problème pour lui, mais il ne le fera jamais pour s'autodétruire. Son égocentrisme et instinct de survie... mentale ou physique se retourneront pourtant contre lui s'il comprend enfin ce que lui explique vraiment la connaissance sacrée.

La grâce divine accompagne toujours le chercheur de libération. Comment pourrait-il en être autrement si l'on comprend que cette grâce est en fait notre vraie nature que l’ego ne pourra jamais éviter de rencontrer dans ses propres pensées puisqu'elles se reflètent en permanence sur l'intellect ? En effet, nous ne pouvons connaître nos pensées qu'en prenant conscience de ce qu'elles expriment vraiment et continuellement, c'est-à-dire la présence ineffable de la conscience, qui est identique au Divin, l'être et la félicité. Et il est évident que cette grâce dite divine est l'expression de la félicité, d'un bonheur inconditionné.

Réaliser le Soi, c'est-à-dire la présence immanente de la conscience, de l'être et de la félicité, c'est simplement découvrir ce que vous n'aviez jamais remarqué, mais qui pourtant a toujours été présent partout et tout le temps.



23 / 2 / 2012


Rêve et réalité


La vérité sacrée ne concerne que la réalité telle qu’elle est et non comme elle devrait ou pourrait être.

Si la vérité est le but de votre recherche spirituelle, contentez-vous de la réalité telle qu'elle est et n'essayez pas de la changer. La recherche d'un monde meilleur n'est pas l'objet d'une recherche spirituelle, mais une conséquence logique de cette recherche que tout le monde ne partagera malheureusement pas du fait que chaque individu aura sa propre idée d'un monde meilleur et qu'elle ne correspondra pas forcément à la vôtre. Autrement dit, cherchez la vérité dans la réalité telle qu'elle est, que ce soit celle de votre vie intérieure ou celle du monde dans lequel vous vivez, une telle recherche modifiera inévitablement ce que vous êtes et comment vous vous conduisez, et ce changement aura bien sûr des conséquences minimes ou importantes dans l'évolution de ce monde. Mais n'imaginez pas que ce monde tel qu'il est pourrait soudainement devenir un jardin de roses.


Le moi et le témoin


Comment mieux expliquer ce que signifie le mot "conscience" ? "Cela qui connaît n’est jamais l’objet de ce qui est connu." Shankaracharya. Une telle sentence explique de plus le propos d'une pratique telle que l'introspection méditative et le renoncement à soi, et la différence entre se connaître personnellement et réaliser ce que l'on est.

Le Soi et le présent ne font qu’un. Est-ce évident ? Si oui, vous ne vous situez en vérité nulle part parce que le Soi la conscience sont identiques, et il est impossible de savoir où se situe vraiment cette conscience puisqu'elle se trouve à l'intérieur de soi quand un phénomène psychique, une sensation, émotion ou pensée par exemple, se manifeste, mais aussi à l'extérieur de soi quand on perçoit quelque chose dans le monde extérieur, et que ce quelque chose devient à son tour un phénomène psychique, une manifestation mentale, que l'on perçoit bien sûr à l'intérieur de soi, ou pour le moins grâce à notre cerveau.

La réalité est ainsi une illusion parce que nous ne pouvons pas appréhender sa vraie nature, et nous ne le pouvons évidemment pas parce que nous ne connaissons pas la nôtre non plus, et qu'en plus, nous ne percevons la réalité du monde extérieur qu'à l'intérieur de nous-mêmes. Nous pouvons alors nous demander : "Mais qu'est-ce qui est vrai ?".

Tat Vam Asi : "tu es ça".


Tu es déjà ce que tu cherches à être et devenir. Tu ne peux donc que réaliser ce que tu es déjà et non essayer de le devenir pour enfin l'être. Nous pouvons donc en déduire que toute recherche spirituelle est inutile.

Mais bien qu'elles soient apparemment inutiles, peut-on sérieusement réaliser la vérité sans au préalable l'avoir cherchée ? La recherche spirituelle est par conséquent indispensable. On ne peut pas réaliser la vérité suprême sans pratiquer la spiritualité. Encore faut-il définir précisément ce que signifie "Pratiquer la spiritualité".



27 / 2 / 2012


J'ai beau chercher, je ne me trouve nulle part


Alors j'arrête de chercher, et là je suis... enfin !

Dans le Yoga et l'Advaïta Védanta, seule l'expérience est vraiment intéressante, elle seule a des conséquences. Rien d'autre ne peut révéler la vérité que nous cherchons, et qui est censée nous libérer de l'ignorance, l'illusion et la souffrance.

Les vérités conceptuelles et informations que l'on peut en tirer ne sont pas très importantes. C'est pourquoi des concepts comme Dieu, la réincarnation, le Karma, les Samskara, Vasana, etc. sont très relatifs ou sans importance dans ce système philosophique. Ils ne concernent qu'une entité, qui ne détermine pas la vraie nature de ce que nous sommes, et qu'en plus, on ne trouve en vérité nulle part dans aucune expérience. Où pourriez-vous en effet trouver le moi que vous incarnez, et qui est une projection mentale, une identité personnelle, un concept que le mental utilise pour s'exprimer ? Nulle part et partout du fait que tout est mental, c'est-à-dire l'objet d'une perception. Tout se situe dans le mental, tout est mental. Vous le savez très bien puisque vous êtes capable d'en prendre conscience. Mais vous ne pouvez pas vous-même être aussi l'objet d'une perception mentale, rien de plus qu'un objet. Alors, qu'est-ce que vous êtes..., le sujet qui perçoit ? Quelle est donc la vraie nature de ce sujet, du témoin capable d'observer un spectacle infini de perceptions ?



10 / 3 / 2012


Très simple, mais peut-être désagréable


Vous avez déjà ce que vous cherchez à avoir. Et vous êtes déjà ce que vous essayez d'être. Vous ne pouvez donc que le réaliser. Mais de quoi s'agit-il ?

La conscience, c'est ce que vous avez, et l'être conscient, c'est ce que vous êtes. Vous ne pouvez évidemment pas le nier, l'acquérir ou le devenir. Mais l'être conscient n'est pas l'être pensant que vous incarnez.

L'être conscient et la dite conscience elle-même sont identiques. Cette conscience est impersonnelle, universelle, ce "Un sans second" expliqué dans les Védas, le Soi, Dieu, le Divin, Sat-Chit-Ananda, etc., c'est-à-dire notre vraie nature, celle de la conscience individuelle que nous avons tous sans exception. Tout le monde incarne en vérité cet être unique et purement conscient.

Par contre, l'être pensant, c'est vous, l'ego, une identité personnelle, une entité psychologique, le processus d'identification lui-même, qui vous fait croire que vous êtes votre propre corps et esprit. Si vous le niez en prétendant avoir et ne pas être l'ego, ce que vous cherchez à être devient alors impossible.

Pour réaliser le Soi, il faut avant tout reconnaître que vous ne l'avez pas réalisé. Avant de réaliser le Soi, réalisez que vous n'êtes pas le Soi, ni libéré ni éveillé, et encore moins illuminé. Et si vous ne l'êtes pas, vous êtes forcément le moi, l'ego, qui cherche à réaliser le Soi. Voilà une vérité bien embarrassante, qui ne vous permettra plus de tricher avec vous-même si vous comprenez ce qu'elle signifie.

"Mon Ego, moi, j'ai un ego, etc.", laissez-moi rire, même un dictionnaire complètement ordinaire vous expliquera que l'ego et le "moi, je" sont identiques. Alors si ce n'est pas vous qui cherchez à réaliser le Soi et vous libérer de vos souffrances, qui est-ce..., votre voisin, l'autre, un autre moi ?



12 / 3 / 2012


Peut-on encore apprécier la simplicité ?


Pourquoi tant d'ésotérisme dans la spiritualité alors que la vérité suprême a été si simplement exprimée en quelques mots dans les "Mahavakyas", les grandes paroles sacrées des Védas ?

"Le Divin est l'être, la conscience et la félicité."

"Le Divin est le Témoin."

"Tu es cela."

Témoin, conscience, connaître..., est-ce si difficile à comprendre ?



14 / 4 / 2012


Points critiques concernant la non-dualité.


Le terme Advaïta, non-dualité, signifie "pas deux", pas de sujet ni d’objet, en fait, pas de conscience de soi en relation avec quelque chose d’autre. Comment l’expérience de la non-dualité peut ainsi être considérée comme une expérience si elle est sans objet et à plus forte raison sans sujet, sans conscience individuelle, c’est-à-dire d’un "Moi, je", qui ferait l’expérience de cette absence d’objet et sujet ?

Cela ne peut pas être une expérience comme on l’entend généralement, mais une réalisation, un fait évident, une réalité et non un concept, idée ou pensée philosophique.

La non-dualité détermine l’état naturel d’une personne, qui vit dans la réalité du monde ordinaire, autrement dit "Sahaja Samadhi", ce qui revient à dire l’état naturel de ses perceptions du fait qu’il est difficile de parler d’une personne en tant que telle si elle a cessé de s'identifier avec ce qui était en principe son corps et son esprit.

Une expérience est seulement possible quand un phénomène ou objet est en relation avec le sujet, qui est en train de vivre cette expérience. L’objet est bien sûr inséparable du sujet et vice-versa. Mais dans l’expérience de la non-dualité et de la conscience pure, le sujet, qui est en principe le "Je", le moi et la conscience de soi, c'est-dire l'ego, disparaît, il n’y a pas donc d’objet non plus. Que reste-t-il alors ?

Cette expérience révèle seulement la réalité telle qu’elle est, rien de plus. En d’autres mots, le vide, l’illumination ou toutes sortes d’expériences mystiques n’ont aucun rapport avec l’expérience de la non-dualité et de la conscience pure puisque ce n’est pas l’objet de l’expérience qui importe, mais l’absence de relation entre le sujet et l’objet de l’expérience. Cette absence de relation fait que toute expérience devient absolument divine au moment où elle est vécue, et que toute recherche de phénomènes extraordinaires est par conséquent inutile. La recherche de la vérité et de réalisation du Soi n'a aucun rapport avec le mysticisme.

La dite expérience de la conscience pure révèle ce qui n’a pas de commencement ni de fin. Mais l’expérience de ce qui n’a pas de commencement ni de fin ne peut pas non plus véritablement être considérée comme une expérience puisque, par définition, toute expérience commence et se termine en principe dans une dimension temporelle et spatiale. De quelle sorte d’expérience s’agit-il alors si ce n'est pas vraiment une expérience comme on l'entend généralement ? C’est un simple fait trop évident pour être une expérience, quelque chose qui aurait lieu à un certain moment, puis qui s'arrêterait.

Nous sommes des êtres conscients, mais pouvons-nous vraiment faire l’expérience du fait d’être, c'est-à-dire d'exister, et d'être bien sûr conscient, autrement dit faire l'expérience de l'être en soi qu'il est évidemment impossible de ne pas être qu'elle que soit la définition que l'on donne à cette "être en soi" ?

Supposons que vous fassiez l’expérience de la vraie nature de l’être que vous incarnez, qui est sans commencement et sans fin, et surtout très différent de votre propre corps et esprit, comment pourriez-vous considérer que cette expérience commence à un certain moment, puis se termine à un autre ? Si vous réalisez soudainement que votre véritable existence, l’être que vous incarnez vraiment, est sans commencement et sans fin, cette réalisation ne peut être qu’éternelle, mais l’expérience elle-même peut se modifier et s'arrêter parce qu’elle est vécue par un corps et un esprit, qui eux ne vont pas durer pour l’éternité.

Comprenez simplement que seule la personne mortelle que vous incarnez peut faire l'expérience de l'être et la conscience éternels, autrement dit seul le mortel peut faire l'expérience de l'immortalité, l'immortel n'en ayant absolument besoin étant éternel et dans un état de félicité parfaite. C'est la personne que vous êtes qui a besoin de se libérer de ses illusions et souffrances, ce n'est pas l'être et la conscience qui cherchent à réaliser ce qu'est leur vraie nature.


Absolu : qui est tel en lui-même, considéré en lui-même et non par rapport à autre chose.


La connaissance d’une chose implique en principe la connaissance de son contraire ou de ce qu’elle n’est pas ; d’où la connaissance "relative" de cette chose. Que dire de la connaissance "absolue" d’une chose et de la connaissance de l’absolu lui-même ? Connaissance possible ou complètement utopique ? La connaissance de ce qui permet de connaître n’est pas un concept ou une absurdité, c’est l’absolu, le Soi et la conscience pure ; d'où la question "Est-il possible d'être purement conscient et seulement conscient ?".

La conscience est identique à la faculté de connaître. L'expérience de la conscience, de la non-dualité ou mieux encore de l'absolu, c'est tout simplement, si vous voulez l'entendre ainsi, le fait de connaître la faculté de connaître, qui connaît la faculté de connaître et ainsi de suite, il n'y a ni commencement ni fin dans ce genre de connaissance. Et si quelque chose apparaît dans le champ de la conscience, cette chose sera évidemment aussi connue, mais cette chose ne changera en rien ce champ de conscience, le fait d'être conscient.

Avez-vous compris ? Vous ne pouvez pas être ce que vous connaissez, mais l'être qui détient la faculté de connaître et être conscient, ce qui signifie que tout ce que vous connaissez de vous-même ne peut tout simplement pas être ce que vous êtes vraiment. L'être, la faculté de connaître et la conscience ne font qu'un.

Qu'est-ce que vous êtes ? Vous êtes l'être pur et la conscience pure. Vous êtes ça : Tat vam asi.

Qui êtes-vous personnellement ? Vous êtes une personne, un corps et le mental, une identité personnelle, une entité psychologique, l'ego, la manifestation infinie de phénomènes physiques et psychiques.


10 / 5 / 2012


Sagesse et intelligence


La sagesse que l'on considère évidemment intelligente, si elle existe, s’exprime par un état de conscience individuelle très particulier et non une structure mentale ou vie intellectuelle plus complexe que la normale. L’intelligence comme on la conçoit généralement est trop associée à la mémoire et un mode de pensées sophistiquées pour être considérée comme une faculté de la conscience pure. Les Hindous disent pourtant que la conscience pure est aussi pure intelligence.

Mais qu’est-ce que l'on entend au juste par "structure mentale" et "état de conscience individuelle" ? Une structure mentale peut se comparer grossièrement à une façon de penser conditionnée par divers facteurs culturels, psychologiques ou autres, et l’état de conscience le plus évident que nous connaissons est évidemment le fait d’être conscient, c’est-à-dire éveillé, l’état qui nous permet simplement de connaître ce que l’on appelle en principe la réalité, peu importe s'il s'agit de quelque chose qui se produit à l'intérieur de soi ou à l'extérieur dans le monde où nous situons.

Abordons maintenant le point critique de la spiritualité et son application pratique. Si nous voulons vraiment faire l’expérience de ce qu’est l’état de conscience le plus évident que l’on puisse connaître, être pleinement et simplement éveillé afin de pouvoir prendre connaissance d’un fait, un phénomène intérieur ou extérieur à soi, faut-il arrêter de penser ? Le phénomène de la pensée se situe au cœur de la spiritualité et c’est aussi le problème majeur de la pratique de la méditation. Mais faut-il absolument arrêter de penser pour réaliser le Soi et enfin comprendre que notre vraie nature est identique à celle de la conscience pure ?

Certains répondront par oui et d’autres par non. Pour ceux qui pensent que la pensée ou l’absence de pensée ne peut en aucun cas modifier le fait d’en être conscient, le Soutra de Hui Neng les attend. Cet écrit raconte la vie et l’enseignement d’un bûcheron illettré, qui a réalisé subitement et sans pratique ce qu'est la non-dualité, la nature du Bouddha et le Tao, et c’est pourquoi il enseigna par la suite qu'il suffisait de comprendre la vérité pour réaliser ce qu'elle est instantanément.

Pour les autres qui pensent qu’il faut absolument cesser de penser pour réaliser qu’ils sont principalement des êtres conscients avant de devenir des êtres pensants, une armée de maîtres spirituels les attendent les bras ouverts pour leur enseigner autant de techniques pour cesser de penser qu’ils souhaiteront… et parfois à des prix raisonnables.


Que faire ?


Que faire quand il n’y a plus rien à faire ? Se libérer de soi-même en cessant de faire, en contemplant très attentivement ce qu'il y a ici et maintenant à contempler, simplement en observant ce qui est, en demeurant pleinement conscient sans faire quoi que ce soit. C'est par définition la description d'un état que l'on découvre en pratiquant la méditation. Alors est-ce que méditer, c'est faire ou ne pas faire, chercher ou cesser de chercher, être ou ne pas être ?


Une belle image de la non-dualité


"Les oies sauvages volent dans le ciel au-dessus.

Leur image se reflète sur l'eau glacée en dessous.

Les oies n’ont pas l’intention de projeter leur image sur l'eau.

Ni l'eau de contenir l'image de ces oies."

(Versé d’un poème chinois du VIII siècle)


"Nos esprits sont tout simplement le miroir de Dieu, qui reflète le 'ici et maintenant' de la création. Tel est, selon les taoïstes, le processus de la création. Mais cette réflexion créative ne peut être comprise que par l'intuition de chacun."

"L’intuition est purement personnelle. L’illumination ne provient pas de l’extérieur, mais de l’intérieur uniquement."

("Creativity and Taoism” Chang Chung-yuan")


Comprenez simplement qui est le témoin, celui qui peut vraiment observer ce que vous pensez être


Le témoin a toujours été libéré de ce qu’il observe. Comprenez cela et le jeu infernal du mental sera terminé. Tout sera terminé. Tout commence et se termine dans le présent. La conscience et la connaissance sont le présent. Tout le reste est illusion, des manifestations, qui apparaissent pour seulement disparaître. Elles vont et viennent, le témoin lui est toujours immuable et présent, il ne change pas.


De même que l’immortel ne deviendra jamais mortel, on ne pourra jamais rationaliser entièrement l’irrationnel


Les vérités énoncées dans le Védanta proviennent d’expériences directes et non de la raison. L’Advaïta a recours à la logique et le bon sens pour expliquer ces vérités, mais le chercheur ne pourra pas se passer de son intuition pour admettre leur authenticité.

L’intellect a cette remarquable particularité de toujours pouvoir réfuter avec des arguments logiques et convaincants toutes assertions. Puisqu’il en est ainsi, l’Advaïta propose donc au chercheur de vérité de remettre en question sa propre existence en se posant la question "Qui suis-je ?", c'est-à-dire en pratiquant le Yoga de la connaissance, l'introspection méditative et le renoncement à soi.

En d’autres termes, l’Advaïta explique que nous sommes le Divin puisque notre véritable nature est purement divine, mais du fait que cette vérité est franchement inadmissible, le Yoga de la connaissance nous invite à découvrir en fait ce que nous ne sommes pas parce que notre propre existence, celle apparente du "Moi, je" que nous ne remettons jamais en question, est en vérité beaucoup moins évidente que nous l’imaginons dès que nous cherchons à découvrir ce qu’elle est et où elle pourrait bien se situer.

Ce "moi, je" que nous connaissons tous parfaitement bien devient incompréhensible dès que l'on cherche à comprendre ce qu'il est. Et pire encore, il n'est pas ce que nous sommes. Si moi, je ne suis pas ce que je suis, qu'est-ce que je suis ? Avec de telles questions, on peut en effet avoir envi d'arrêter de penser et se limiter à contempler ce que l'on est en renonçant à ce que l'on n'est pas.



18 / 5 / 2012


Commençons par le commencement : le pouvoir des mots


"Moi, je" ne sont rien de plus que des mots et concepts. Mais ils déterminent sans aucun doute quelque chose que vous connaissez très bien, c'est-à-dire vous-même.

Si vous imaginez être autre chose que ce "moi, je", vous ne comprenez les enseignements du Védanta Advaïta. Vous êtes le concept et l'idée que vous avez de vous-même, l'entité qui résulte d'un processus d'identification, l'illusion en quête de vérité, l'ego que vous cherchez à détruire. N'est-ce pas absurde ?

Durant toute votre recherche, vous ne serez jamais rien de plus que la pensée qui vous fait penser que vous n'êtes pas une pensée, l'identité personnelle qui s'imagine être autre chose qu'une identité dotée d'une personnalité, l'ego qui pense être différent de son propre ego. C'est franchement hilarant, mais ça l'est beaucoup moins quand on réalise ce que cela signifie. "Moi, je souffre, j'en souffre vraiment."



11 / 7 / 2012


"Etre" ne signifie pas "devenir"


Savez-vous que tel que vous êtes, vous êtes absolument parfait ?

Mais savez-vous ce que vous êtes ? Et je ne parle évidemment pas de qui vous êtes. Vous êtes de toute évidence une personne comme toutes les autres.

Ce que vous êtes, par contre, est la conscience pure et parfaite. Mais êtes-vous vraiment cette conscience pure et parfaite, ou est-ce la vraie nature de la conscience individuelle que vous incarnez personnellement ? Les deux sont vrais, tout dépend du point de vue et du contexte. Mais tant que l'on s'adresse à une personne, cela n'a pas de sens de prétendre qu'elle n'est pas une personne, mais la conscience pure et parfaite, universelle et divine. Ce n'est pas un paradoxe, mais une antinomie. On ne peut pas confondre des paroles sacrées, qui déterminent des vérités absolues, et celles qui sortent de la bouche d'un individu, qui ne sera jamais plus qu'un être humain.

Il est insensé de prendre une connaissance sacrée, c'est-à-dire une vérité universelle, et se l'attribuer personnellement. Universel et personnel sont des principes contradictoires à l'entendement. Et si l'on s'amuse à associer ce genre de principes, on en arrivera finalement à affirmer que le noir est blanc, la liberté est l'esclavage, le bien est mal, le Nirvana est Samsara, etc. Bref, la spiritualité devient anti-spirituelle.



27 / 9 / 2012


Relation sujet/objet, le point crucial dans l'Advaïta Védanta


Vous ne pourrez jamais percevoir et connaître ce que vous êtes car vous serez toujours "celui" qui perçoit et non ce que le "témoin" a perçu. La réalisation du Soi détermine de toute évidence un autre type de connaissance.

Pour être plus précis, votre vraie nature est ce qui perçoit et non ce qui est perçu. Mais l'idée de "témoin" induit en erreur parce qu'en vérité, il n'y a pas de différence ni de séparation possible entre ce qui perçoit, percevoir et ce qui est perçu.


Etre, c'est parfois ne pas être, et à d'autres moments, ne pas être, c'est être


Il est insensé d'imaginer que la présence immanente de la conscience universelle puisse exister sans être consciente de sa propre existence parce que cela reviendrait à dire que nous pourrions nous-mêmes exister sans être conscient. Mais comment un être humain pourrait-il être humain s'il n'est pas conscient ? On peut facilement supposer qu'il ne survivrait pas longtemps. Par définition, un être humain est aussi un être conscient.

Nous pouvons ignorer la présence immanente de la conscience universelle, mais sans être conscient, nous ne pourrions rien connaître du tout, autrement dit nous ne pouvons pas non plus ignorer totalement la présence de cette conscience.

En d'autres termes, que l'on réalise ou non le Soi, cela ne change pas la vraie nature de notre propre conscience. La vraie nature de la conscience individuelle sera toujours universelle. Dans ce cas, qu'est-ce que la réalisation du Soi peut changer dans notre propre conscience ? Si la réalisation du Soi ne provoque aucun changement dans notre propre entendement de la réalité telle qu'elle est, que ce soit la nôtre personnellement ou celle du monde dans lequel nous vivons, c'est-à-dire aucun changement dans notre vie quotidienne, ce n'est rien de plus qu'un concept philosophique sans intérêt que l'on pourra intellectualiser dans des discussions de salon ou des Satsang. Mais ce n'est sûrement pas le propos d'une vraie recherche spirituelle.

La réalisation du Soi libère de l'ignorance, l'illusion et la souffrance, ou alors elle n'a aucune signification, et il est alors inutile d'en causer. On peut aussi se demander qui est vraiment capable d'en causer. Si un être conscient n'est pas au moins libérée de l'argent, le sexe, la notoriété et le pouvoir, comment pourrait-il prétendre avoir réalisé le Soi, être éveillé ou spirituellement libéré ?


2 / 11 / 2012


Yin Yang et non-dualité


Dès que l’on attribue une qualité à quelque chose, quelle que soit la manifestation du phénomène intérieur ou extérieur que l'on prend en considération, cela détermine l’existence de sa qualité opposée.

Aucune qualité ne peut être absolue, elles sont toutes relatives. Le bonheur n’existe pas sans la souffrance. La paix précède ou succède l’agitation. On ne découvre la vérité qu’en prenant conscience du mensonge, que l’on appellera aussi illusion ou ignorance.

Quand il est dit que le Divin est être, conscience et félicité, Sat Chit Ananda, "Un sans second", cette présence divine n’est évidemment pas une manifestation. Etre, conscience et félicité ne sont pas des qualités personnelles que l'on pourrait attribuer au Divin.

Le Divin n’est par conséquent "pas ceci, pas cela", Neti Neti. C’est en niant ce qu’Il n’est pas que l’on est sûr de ne pas se tromper sur ce qu'Il est en vérité. Il n'y a en fait aucune différence entre le Divin et l'être, la conscience et la félicité. On peut certes prendre des termes différents pour qualifier ce qu'Il est, mais il est impossible de les différencier les uns des autres.

Est-il vraiment possible de connaître le Divin, cet être absolu tel qu'il est ? En réalisant ce qu’est notre vraie nature, nous ne pouvons plus connaître autre chose que "ça", ce que les hindous appelle "Tat". En découvrant l’être et la conscience que nous incarnons sans le moindre doute du fait qu'il est impossible de nier que nous sommes des êtres conscients, nous sommes "ça", ce "Un sans second", cette non-dualité. Nous n'avons pas d'autre véritable nature et fondement à notre propre existence. Le Divin ou cet être, conscience et félicité est l'authentique substance de notre propre conscience. Le simple fait d'être conscient est l'expression de la plus pure de toutes les félicités.

Mais comment en être absolument sûr quand toute expérience de la vie prouve exactement le contraire, expérience et vie dont je suis sans aucun doute conscient ? La connaissance de notre vraie nature est en fait identique à l'expérience de la non-dualité, qui est évidemment la connaissance ultime, le fait de connaître notre propre faculté d'être conscient, autrement dit d'être simplement conscient du fait d'être conscient. L'absence parfaite de la conscience de soi, de cette conscience individuelle qui détermine ordinairement la présence du moi, c'est-à-dire du sujet ou ego dans sa relation avec un objet quelconque, l'objet d'une perception, détermine l'expérience de la non-dualité, de ce "Un sans second", et il n'y a bien sûr rien au-delà, comment pourrait-il en être autrement ?

Si ce "Un sans second" est absolument unique comme le terme "sans second" l'indique sans équivoque, il n'y a évidemment rien au-delà, rien en deçà et rien qui pourrait le transcender. Le Divin est donc cette totalité et unicité, qui imprègnent toute la création sans en être affecté de la même manière que rien ne peut affecter l'espace et la conscience. Dans l'espace purement conscient qui détermine la vraie nature de l'être en soi, toutes nos perceptions de la vie intérieure ou du monde extérieur ne font que passer. Il n'existe pas dans l'univers un seul phénomène réel ou illusoire, qui ne soit pas éphémère, alors que l'espace conscient lui-même, qui permet évidemment de connaître ces phénomènes et manifestations, ne change jamais. D'un côté, un monde en perpétuelle transformation se manifeste en permanence et ne peut rien faire d'autre que se manifester en se transformant perpétuellement, et d'un autre côté, la conscience divine, unique et immuable ne peut connaître ce monde qu'à condition de ne jamais changer. A présent, qu'est-ce qui est vrai dans ce monde que nous connaissons quotidiennement, les manifestations de ce monde ou la conscience qui permet de les connaître ? C'est une simple question concernant ce que l'on appelle "la recherche de la vérité".



La conscience est beaucoup plus qu’une autre dimension


Pour vraiment connaître le passage du temps, il faudrait se situer hors de la dimension temporelle. Et pour vraiment connaître la présence de ce que l'on appelle l'espace, il faudrait aussi se situer en dehors de toute dimension spatiale. Ce serait la méthode la plus évidente que l'on puisse concevoir, et c'est en plus une expérience que nous connaissons très bien puisque nous vivons continuellement dans cette dimension spatiale et temporelle qu'il serait difficile de nier et que nous ne pouvons y vivre seulement parce que nous en sommes conscients. Quels que soient le temps et l'espace en tant que tels, nous sommes absolument conscients de leur dimension et présence. Quelle que soit la vraie nature de la création, nous ne pouvons pas nier nos perceptions sensorielles parce qu'elles se manifestent avec ou sans notre consentement.

Prendre conscience d'un fait, c’est ainsi être ici et ailleurs simultanément. C'est être le Soi et la conscience pure au-delà de toute dimension et un être humain vivant dans un monde à 3 dimensions ou 4 si l'on prend le temps comme une autre dimension.

Il existe pourtant un "état", qui n’est pas conditionné par le temps et l’espace, non pas un état dans lequel nous nous trouvons, mais l’état même de l’être en soi, le Soi que nous sommes vraiment et qu'il serait préférable de considérer en fait comme notre vraie nature.

Etre ici et ailleurs en même temps, c’est être en vérité nulle part et ne pas en désirer plus.

"Pour connaître le Soi, il suffit d'être le Soi." Pour connaître la conscience, il suffit d'être conscient. Il n'y a pas la moindre différence entre le Soi et la conscience pure. Mais cela ne détermine pas l'expérience de la non-dualité. Nirvilkapa Samadhi n'est pas Sahaja Samadhi.

"Rien" ne signifie pas "tout". "Tout" signifie "rien" plus tout ce que ce rien pourrait contenir. Et la conscience peut tout contenir, la totalité elle-même, sans le moindre effort. Si la conscience ne contenait pas tout, comment pourrions-nous le savoir ? Si quelque chose se situait hors de cette conscience, comment pourrions-nous en être conscient et en causer ?

Qui peut comprendre ce par quoi tout est compris ? Personne et tout le monde. Avez-vous compris ?



29 / 1 / 2013

L'origine du fait le plus évident que nous puissions connaître : être conscient


Quelle est l’origine d’un rêve ?

Le rêveur.

Quelle est l’origine de l’univers, de la vie, de l’espèce humaine, de la matière, de l’atome, de l’ADN… ?

La conscience.

Qu’est-ce que la conscience ?

Vous devriez le savoir, n’êtes-vous pas conscient ?

L’Advaita affirme l’absence de différence entre la vraie nature de chacun et celle de la conscience universelle, autrement dit l'âme individuelle et Dieu. Mais vous n'êtes pas Dieu, votre vraie nature est divine. Réalisez-le, puis vous serez et ne serez pas Dieu. Et surtout, vous en serez ravi.

Le contact direct avec la vérité s’appelle connaissance, expérience, libération, réalisation… La vraie cause des misères et de la souffrance de chacun est l’ignorance, l'inexpérience, l'esclavage. Son remède est évidemment la connaissance, la connaissance sacrée de la vérité que l’on appelle aussi la réalisation du Soi. Mais la connaissance de quoi précisément ? La connaissance de ce qui est le plus évident. Qu'est-ce qui est le plus évident en ce qui vous concerne tous personnellement ? Qu'est-ce qui pourrait être plus proche de vous-même que vos propres yeux ? Sat Chit Ananda, être conscient... de sa propre félicité ! Rien ne peut se situer plus près de votre propre faculté d'être conscient et connaître que la conscience elle-même.

De même que la lune se reflète dans une multitude de flaques d’eau, toutes les soi-disant consciences individuelles sont identiques à la conscience universelle. Par conscience, il faut entendre la faculté d’être conscient, c’est-à-dire de connaître spontanément et sans le moindre effort.

Vous êtes naturellement conscient de votre état de veille ou de rêve, qui détermine la manifestation de réalités intérieures ou extérieures. Mais la question que soulève l’Advaïta est de savoir si vous disposez de la faculté d’être conscient de vous-même ou si c’est la conscience elle-même, qui elle dispose de cette faculté de vous connaître personnellement. Il semble logique et évident, bien qu’inadmissible, que la faculté de connaître soit le pouvoir ultime de la conscience et que l’entité "Moi, je suis conscient de moi-même" est une illusion, une réflexion trompeuse de la conscience que l'on s'attribue personnellement alors que tous les faits prouvent le contraire.

Comment pourrait-il en être autrement ? Si la faculté d’être conscient et connaître a véritablement une signification, personne ne peut détenir cette faculté sans qu’elle-même soit la faculté de connaître celui qui croit en être le détenteur. En d’autres termes, personne ne détient cette faculté. Elle se suffit à elle-même et elle est de toute évidence identique pour chacun du fait que l'on ne peut pas la détenir personnellement.

Cette faculté universelle d'être conscient de tout et d'elle-même s’appelle tout simplement la conscience, Chit. Elle est inséparable de Sat et Ananda, l’être et la félicité.


Un concept qui aide à chercher et comprendre la vérité


Une chose en perpétuelle transformation ne peut pas être vraie parce qu’elle change tout le temps de forme, d’état ou de substance. A un certain moment, cette chose est ce qu’elle est et à un autre moment, elle est autre chose. En d’autres termes, n’étant jamais ce qu’elle est, était ou sera, comment pourrait-elle être vraie ? Seul ce qui est immuable doit être par conséquent vrai. Et c'est ainsi que l'on peut comprendre le concept de vérité en matière spirituelle.

Dans l’univers, tout se transforme perpétuellement. Rien ne peut donc être considéré comme vrai. Mais nous percevons pourtant la réalité où nous vivons. N’étant pas vraie mais néanmoins perçue, la réalité est alors une illusion. En ce qui concerne le corps et toutes les manifestations du mental, il en va de même. Tout se transforme, sauf une chose qui nous est si évidente que nous en oublions la présence : notre faculté d’être conscient et de connaître spontanément. Le fait d'être conscient ne change jamais, seul l'objet connu peut changer en permanence. On peut donc en conclure que la conscience en tant que principe de la connaissance, de notre faculté de connaître que nous avons tous, y compris d'ailleurs les animaux, est vraie, c'est-à-dire que cette conscience détermine ce qu'est "la vérité". Ce principe ne définit pas ni n'explique ce qu'est cette vérité, il indique seulement où elle se situe et comment la découvrir.


Soucis ou émerveillement


Non seulement vous ne pourrez jamais vous libérer du mental, mais avant toute autre chose, comprenez bien que vous n’avez absolument pas besoin de vous en libérer du fait que vous êtes l’identité personnelle qui permet au mental de s’exprimer. Et vous voudriez vous en libérer ? Autant dire que le mental voudrait se libérer du mental. Cela n’a aucun sens.

"C’est mon corps, mes pensées, mes actions, mes décisions, ma volonté, mes plaisirs et souffrances, mes sentiments et émotions, mon imagination, mon pouvoir, mon intelligence, ma maison, ma voiture, mon travail, ma femme, mon mari, mes enfants, etc. Ceci est à moi. C’est moi qui… Moi, je… Moi et moi et moi." Et ce n'est pas une chanson d'amour ni une romance, vous le savez très bien.

Mais qui est cette entité qui revendique la possession de tant de choses ? N’est-ce pas vous ? N’est-ce pas le mental qui s’exprime personnellement en ayant recours au concept "Moi, je, mon, ma, à moi" ? Oui, que des mots, des idées, des concepts, produits mentaux, mais quoi qu'on en dise, ce sont des mots qui ont une signification et qui expriment des évidences, une réalité.

Vous ne disposez pas de facultés mentales contrairement à ce que vous pensez, c’est le mental qui s’exprime par l’intermédiaire de ses propres facultés en ayant recours bien sûr à des concepts. L’identité personnelle, le "Moi, je...", c’est-à-dire l’ego, n’est même pas un fantôme dans la machine ; c’est uniquement un concept, une idée, un mot et un signe linguistique. Lui-même ne possède aucun pouvoir, même pas celui de penser. Et vous êtes pourtant capable de penser personnellement à longueur de journée. Ne seriez-vous donc pas le mental, qui s’exprime par "Moi, je…", au lieu d'imaginer que vous êtes ce moi, qui dispose de facultés mentales pour s'exprimer et même parfois penser qu'il devrait se libérer du mental lui-même pour enfin vivre en paix ?

Mais que vous soyez le mental, qui s’exprime par l’intermédiaire de son identité personnelle ou cette identité personnelle, qui le fait avec ses propres facultés mentales, cela ne change rien. Sur la voie de la connaissance, cela permet cependant de comprendre que la recherche de libération "personnelle" est inutile, ce qui n’est pas rien. C’est au contraire un gain de temps considérable que l’on peut à présent consacrer à une vraie recherche spirituelle, une authentique recherche de la vérité beaucoup plus intelligente qu'essayer de se libérer de soi... comme un chien qui court après sa queue alors que lui au moins ne fait que pour s'amuser.

Quelle est par conséquent cette vérité ? Elle est si simple et évidente que l’on ne peut que l’ignorer. Quelle est donc votre qualité principale et aussi celle du mental ? Voyez par vous-même.

Vous êtes conscient durant l’état de veille, mais aussi lorsque vous rêvez. Vous pouvez être conscient d’une multitude de perceptions et manifestations mentales, réelles ou purement illusoires, mais le fait d’être conscient lui-même ne change jamais. Quelle est donc votre vraie nature et celle aussi du mental, une vraie nature qui est forcément constante et immuable comme nous l'avons vu précédemment ?

Le fait d’être conscient, autrement dit la conscience elle-même, est votre vraie nature. Elle est aussi la vérité et la connaissance que vous cherchiez. Alors au lieu de vivre en permanence avec votre corps, vos pensées, vos soucis et souffrances, faites-le aussi avec la présence immuable de la conscience, et voyez par vous-même ce que cela provoquera tôt ou tard. Il n’y a pas de différence entre la réalisation du Soi et celle de la vérité. Vous êtes la conscience et le Soi : réalisez ce simple fait et le mental deviendra une source d’émerveillement, un mystère total, mais au moins le moyen de s'extasier en l'utilisant à bon escient.



11 / 2 / 2013


Evolution de la conscience


Quand j’entends des questions comme "Est-ce que la conscience peut évoluer ?", il est évident que nous devons définir ce que l’on entend par le mot conscience. Du point de vue Advaïta Védanta, la conscience, Chit en Sanskrit, ne peut pas évoluer parce qu’elle est par définition immuable, c'est-à-dire vraie, ou si vous préférez, la vérité suprême. "Sat-Chit-Ananda", être-conscience-félicité, ne peuvent pas changer parce qu’ils sont identiques à Brahman, le Divin, l'Atman, l'âme, et "ça", Tat en Sanskrit, ne peut pas devenir quelles que soient les circonstances autre chose que ce qu'ils sont, étaient et seront pour toujours. Le Divin ne change donc jamais ni n’évolue. Un tel raisonnement n'est pas métaphysique, mais très basique, simple et logique. Si Dieu est la vérité et que la vérité ne peut pas changer pour être réellement vraie, Dieu doit être immuable. En dépit du concept Dieu, le raisonnement lui-même est rationnel et de ce fait, il nous permet de comprendre le propos de telles pensées.

Gaudapada explique d’une manière remarquable ce qui peut sembler en effet relativement incompréhensible. Il dit simplement : "L’immortel ne peut pas devenir mortel, de même que le mortel ne pourra jamais devenir immortel." Est-ce que Dieu, le Divin ou la conscience sont mortels ? La réponse est plutôt évidente même si vous ne croyez pas en Dieu.

Cesi dit, si l’on parle de conscience individuelle, elle peut bien sûr évoluer. Elle est même capable de progresser ou régresser psychologiquement, intellectuellement et mentalement. Mais du point de vue Advaïta Védanta, la conscience individuelle n’est rien de plus que le mental qui pense : "Je suis conscient de moi-même." La conscience individuelle n'est pas la conscience pure et universelle. Seule la vraie nature de la conscience individuelle est pure et universelle, elle est la réflexion de la conscience pure sur l'intellect, qui engendre le mental avec sa propre faculté d'être conscient. Il est évidemment facile de le constater par soi-même en se posant simplement la question "Est-ce que moi, je suis personnellement conscient de moi-même ?". Et si la réponse est non, il vaudrait mieux courir chez un psychiatre pour remédier à de sérieux problèmes d'identité personnelle.

Comprenez bien dans votre pratique d’introspection méditative, Vichara en Sanskrit, que la conscience et votre faculté d’être personnellement conscient ne peuvent pas changer. Ce dont vous êtes conscient est continuellement en train d'évoluer, mais le fait d’être conscient lui-même est immuable. Et c’est ce fait que vous tentez de réaliser pleinement, c’est-à-dire le fait que vous êtes un être conscient, c'est-à-dire l’être et la conscience, Sat et Chit, et non un corps avec un cerveau doté de facultés mentales.


La conscience est évidemment toujours consciente


Si la conscience pouvait réellement oublier ce qu’elle est, ne serait-ce qu’un très court instant, pourquoi l’appellerions-nous la conscience et non le mental ? Seul le mental peut plonger dans un état de sommeil profond, c’est-à-dire inconscient. La conscience demeure par contre immuable et éternellement consciente même quand il n’y a rien à observer et contempler parce qu’elle peut toujours être au minimum consciente de ce qu’elle est, une présence de félicité pure et parfaite. Cela ne peut évidemment pas être prouvé ou démontré puisque seul le mental avec ses facultés intellectuelles pourrait le faire, et s'il se trouve dans un état inconscient, il ne pourra bien sûr rien prouver ni démontrer. Par contre, en revenant à un état de conscience normale, l'état de veille, il pourra quand même se demander comment il peut vraiment savoir qu'il se trouvait auparavant dans un état inconscient.

Que la conscience puisse s'oublier ou avoir besoin de s'éveiller ou réaliser ce qu'elle est pour une raison quelconque est tout simplement une absurdité totale, une antinomie, un non-sens. Il est facile de le savoir en pratiquant une introspection méditative, la conscience ne se pose jamais la moindre question, ni sur elle-même ni sur la personne qui l'incarne. Elle ne fait qu'observer et comprendre parce qu'elle est purement et simplement intelligente. Conscience pure et véritable intelligence sont synonymes, c'est ce qu'expliquent les Oupanishads : "Brahman est Sat Chit Ananda, Brahman est intelligence pure."


4 / 3 / 2013


Le concept de relation dans la philosophie Advaïta


Dans le monde où nous vivons, tout est perpétuellement en relation avec quelque chose d’autre, et la relation initiale que personne ne peut nier est évidemment celle du "moi, je" avec une chose appartenant à son petit univers intérieur ou monde extérieur dans lequel il vit. En d’autres termes, tout ce que nous connaissons détermine en fait une perception, qui révèle la relation d’un objet de perception avec un sujet, c’est-à-dire ce "moi, je", qui perçoit quelque chose différent de lui-même bien que parfois cette chose détermine ce qu'il a et aussi est apparemment. A présent, nous pouvons donc nous demander ce qu’est la vraie nature de cette perception, qui établit la dite existence d’un sujet en relation avec un objet, de ce "moi, je" avec un monde intérieur ou extérieur de manifestations innombrables.

Pour mieux comprendre ce que signifie le concept de non-dualité, je pourrais comparer une perception à une règle d’écolier à quatre faces. Les deux sections, qui déterminent le commencement et la fin de la règle, symboliseraient chacune le sujet et l’objet de la perception, et la règle elle-même représenterait ainsi une perception, qui se manifeste dans le temps et l’espace. Les quatre faces seraient, si l'on veut bien l'entendre ainsi, les quatre éléments primordiaux : terre, eau, feu et air, et le volume de la règle elle-même déterminerait le cinquième élément, l’éther.

La question que soulève le système philosophique de la non-dualité dans cette représentation d’une perception pourrait par conséquent se résumer très simplement à la question : "Peut-on séparer une des sections de la règle elle-même de l’autre à son extrême opposé ?"

Cette question n’a évidemment pas de sens. Une règle ne peut exister que par les deux sections, qui lui accordent une dimension, c’est-à-dire une longueur. La vraie question plus sensée qui se pose en ce qui concerne le véritable sujet de ce commentaire est donc : "Peut-on séparer l’objet d'une perception du sujet lui-même, autrement dit séparer le 'moi, je' de ses propres perceptions, au moment précis où quelque chose se manifeste dans le champ de sa propre faculté d'être conscient ?"

Le propos de ces questions plutôt bizarres révèle à vrai dire une simple évidence que personne ne niera, d'un côté la manifestation de nos propres perceptions et de l'autre le fait d’en être conscient. Mais existe-t-il vraiment un "Moi, je", sujet séparé de ses propres perceptions, et par conséquent séparé aussi des objets qu’il perçoit ? Bien sûr que non, c’est impossible ! Et peut-on séparer la conscience elle-même, c'est-à-dire la faculté d'être conscient, de nos propres perceptions ? Non plus !

On peut donc affirmer qu’il n’y a pas en fait de dualité à proprement parlé, ou pour être plus juste, que la dualité que nous avons l’habitude de percevoir (la séparation entre le moi et le monde de nos perceptions) est une illusion du fait que le sujet de chaque perception est inséparable de l’objet perçu, et que la conscience (le fait d’être conscient) est aussi inséparable de toutes les perceptions que nous avons.

Ceci est la plus fondamentale explication du concept de non-dualité dans le système philosophique de l'Advaïta Védanta, qui en déduit finalement que le mental et l’ego, le "moi, je" en tant qu’entité séparée de ses propres perceptions, autrement dit cette dualité qu'ils manifestent apparemment, n'est rien de plus qu'une illusion.

Tout cela explique donc le concept de relation à l'origine de ce que l'on nomme une illusion. Mais à présent, nous pouvons nous demander pourquoi cette illusion est perçue comme un fait bien réel que personne ne peut nier. Et cela sera le propos de la deuxième phase du système philosophique Advaïta, le point crucial de cette connaissance sacrée, qui est en vérité extrêmement simple à comprendre.



7 / 4 / 2013


L'expérience de la dite non-dualité, qui est en vérité l'expérience de la conscience pure, la non-dualité elle-même étant un système philosophique fondé sur la raison et la pensée


C’est seulement quand le sujet de la connaissance, celui qui est supposé connaître, et l’objet de la connaissance, ce qui est connu, se fondent dans la conscience pure que la dite expérience de la non-dualité est un fait évident.

Mais qu’il soit bien entendu que ni l’un ni l’autre ne disparaissent, et que la dite expérience de la non-dualité peut avoir une sens théorique, mais évidemment pas concret.

Lors d'une telle expérience, la réalité toujours en perpétuelle transformation ne se différencie alors pas de la conscience, mais la conscience s’en distingue néanmoins quand même à cause de son caractère immuable. Et affirmer qu'il n'existe aucune dualité entre ce qui est en perpétuelle transformation et ce qui est parfaitement immuable ne peut être qu'un non-sens.

Quant au sujet de la connaissance, celui qui a généralement l’impression de connaître la réalité qu'il perçoit, rien ne change non plus lors d'une telle expérience. Il n’existait pas réellement avant cette dite expérience de la non-dualité, il n’existe donc pas non plus pendant et après.

Cette expérience révèle simplement que la conscience ou faculté d'être conscient, si vous préférez, ne peut être séparée d'un fait perçu, Maya, bien que cette conscience soit totalement différente de ce fait, toujours la même Maya, parce que la véritable nature de l'un et celle de l'autre sont totalement différentes, la première est immuable et l'autre en perpétuelle transformation.


L'un sans l'autre


Le Mantra or concept "Je suis le témoin" est tout à fait correct, mais il ne détermine aucune réalisation. Ce n’est rien de plus qu’un concept, idée et impression mentale, un état d'esprit provoqué par la pratique de la méditation et le développement de l'attention.

L’expérience directe de "Je suis le témoin" de quelque chose, qui est par conséquent différent de ce que "je suis", détermine en vérité la dualité. Ce n’est pas à proprement dit une expérience de la non-dualité.

La non-dualité signifie qu'il n'y a en fait ni différence ni séparation. C'est l'expérience d'une parfaite unité entre le témoin et ce qu'il perçoit, entre la conscience et la réalité perçue, ou encore entre Brahman et Maya. Ce type de non-dualité détermine l'expérience de ce "Un sans second" : Ekam Evam Advitiyam.

Et cette expérience n'est possible qu'en l'absence du mental, autrement dit de toute impression mentale et état d'esprit spécifique, qui déterminent généralement l'apparente présence du "Moi, je", ou ego.


Réflexion dans un miroir


"Je sais que je suis" signifie simplement que la conscience est le témoin des manifestations du mental, qui lui-même utilise le concept 'Je' pour s'exprimer personnellement.

Et ce "Je sais que je suis" détermine en fait comment s'exprime une très ordinaire expérience que tout le monde connaît, mais sur laquelle personne ne porte vraiment son attention.

Nous savons tous en effet que nous sommes, autrement dit que cela nous plaisent ou non, nous existons personnellement puisque nous en sommes conscient. Mais nous nous en contentons sans vraiment savoir ce que cela signifie et surtout sans réaliser la portée d'une telle révélation. Si je sais vraiment que je suis, le "je" qui sait ne peut pas être identique à celui qui semble être et exister en se manifestant de multiples façons. Qui est donc ce "je" ? Quelle est sa véritable nature ?



15 / 4 / 2013


La conscience est partout et nulle part


Quand les gens parlent de la présence de la conscience, du vrai témoin ou de ce que l’on nomme aussi parfois "l’arrière-plan", ils considèrent théoriquement que ce pouvoir capable d’observer et connaître se trouve d’une certaine manière "derrière" eux, et parfois de façon plutôt amusante, ils indiquent souvent avec leur main une sorte de quelque chose, qui se trouverait derrière et à l'extérieur de leur propre tête.

Ils ne semblent pas comprendre que cet arrière-plan est en fait partout, devant, derrière, et autant dedans qu'à l’extérieur. C’est comme l’espace lui-même. Comment pourrions-nous différencier l’espace, qui se trouve à l’intérieur du corps de celui à l’extérieur quand nous sommes en mouvement ? L'espace se situe partout, et il en va de même pour le conscience.

L’espace est d'une certaine manière omniprésent. Il n’y a qu’un seul espace et aussi une seule conscience. Et parce qu’elle est tout le temps partout, mais qu'elle se situe aussi précisément nulle part, nous ne réalisons pas sa présence ni son existence suprême, son immanence.



29 / 4 / 2013


Ce que nous avons vraiment besoin de savoir à propos de la vie


La mauvaise nouvelle en premier est que nous sommes tous en chute libre pour l’éternité. La bonne nouvelle ensuite est qu’il n’y a pas de fond pour s’y écraser. Alors s'il vous plaît, ne vous inquiétez pas, il n'y absolument rien à craindre. Et de plus, nous n'en avons en principe pas l'impression ou disons plutôt pas très souvent.

Une fois bien compris, on peut quand même avoir envie de s’arrêter de tomber toujours plus bas et pour l'éternité parce que cela peut vraiment devenir fastidieux à la fin, mais une fin qui en plus n'arrivera en fait jamais. Et c’est alors qu’apparaît la planète "Advaïta" sur laquelle on peut néanmoins atterrir en douceur.

Ce n’est pas le paradis, mais ça aide. Cela ne va pas changer ni sauver le monde, mais ça peut quand même changer la vie radicalement.

Bon voyage !


Deux descriptions très différentes de ce que l’on appelle la réalité


Description conventionnelle et description dite expérientielle :

La description traditionnelle est très simple et tout le monde la connaît. Par exemple, je vois le monde à travers mes yeux parce que j'ai un corps et un cerveau doué de facultés mentales, qui rendent ce genre de perception possible. En d'autres termes, je vis dans ma tête et j’utilise mon corps pour agir, vivre et survivre.

La description dite expérientielle que tout le monde connaît aussi à tout instant pendant l'état de veille est tout à fait différente et si étrange qu'il est presque impossible de croire que nous vivons vraiment dans une telle réalité.

Commençons par quelques questions pour essayer de comprendre à quoi ressemble cette description expérientielle : "Peut-on différencier l'objet d'une perception de la perception elle-même ?" C’est bien sûr impossible.

Nous pouvons différencier par exemple un objet que nous voyons des yeux qui le voient, parce qu'ils ne sont évidemment pas identiques, mais pas de la faculté de le voir. Et cela est vrai aussi avec la faculté d'en être conscient, ce qui signifie avec la conscience elle-même. Personne ne peut séparer l'objet d'une perception telle que voir, entendre, toucher, sentir et goûter de la faculté elle-même de le percevoir, d'en être conscient, et finalement de ce que l’on entend par le mot "conscience".

Nous pouvons certainement comprendre cette évidence avec notre intelligence et quelques explications raisonnables, mais vous rendez-vous compte de ce que cela signifient vraiment ? Je vous rappelle que nous nous entretenons à propos d'une description expérientielle, c’est-à-dire sur la façon dont nous appréhendons vraiment l'expérience de la réalité moment après moment, à chaque instant et pendant l'état de veille.

Si nous ne pouvons pas différencier l'objet d'une perception du fait d’en être conscient, cela signifie que nous ne pouvons pas non plus les séparer. Quand nous voyons un arbre par exemple, quelle que soit la distance qui nous en sépare, l'arbre et le fait d’en être conscient ne font qu’un parce qu'il n'y a aucun moyen de différencier l'un de l'autre. Lorsque nous contemplons un paysage magnifique avec des montagnes, des rivières, des vallées, le ciel, le soleil, etc., la faculté d’en être conscient, autrement dit la conscience elle-même, se situe en vérité partout. Nous voyons en fait le paysage et la conscience, qui, elle, révèle tout ce qu'il est possible de voir et percevoir.

Autrement dit, tout l'espace dans lequel nous vivons est purement et simplement envahi par la présence de la conscience aussi loin que l’on est capable de voir, écouter, sentir, toucher et goûter. Et il en va évidemment de même pour le dit espace intérieur, celui du corps et du mental. Voilà une description de la réalité bien différente de celle que nous imaginons connaître ordinairement.

Vous objecterez sans doute que cette conscience, notre faculté d'être conscient, se trouve dans notre esprit, c'est-à-dire dans notre cerveau et dans notre tête, et non à l'extérieur de nous-mêmes envahissant tout l'espace qu’il est possible de percevoir. Oui, c'est en effet une remarque tout à fait correcte, mais c'est à nouveau une description conventionnelle de la réalité et non de l’expérience réelle que nous en avons parce que nous pouvons seulement savoir que nous avons un esprit, un cerveau et une tête quand nous en sommes conscients, ce qui signifie encore et toujours que nous ne pouvons pas les distinguer et les séparer du fait d’en être conscient.

Soyons clair sur une très simple évidence, nous ne pouvons connaître un fait seulement lorsque nous en sommes conscient. C'est tout ce qu'il y a à vraiment comprendre dans le Védanta, l'Advaita, le sacré et la spiritualité dans sa totalité, qui considèrent que la conscience universelle et la non-dualité déterminent la connaissance suprême.

Tout ce que nous connaissons et percevons aussi bien à l'intérieur qu’à l’extérieur de nous-mêmes est seulement possible parce que nous sommes conscients, parce que la conscience elle-même est précisément là où se situe l'objet de la connaissance et de l'expérience que nous faisons, et finalement parce que la conscience se situe partout et nulle part précisément. Qui pourrait nier une telle description expérientielle de la réalité elle-même ? C'est une simple évidence que tout le monde connaît sans même la moindre explication.

L'expérience d'avoir un corps et une tête et ainsi un cerveau n'est possible qu’au sein même de la conscience et non l'inverse. Et nous sommes évidemment conscients d'avoir et non d’être un corps et une tête. Nous sommes donc cette conscience sans même nous en rendre compte bien qu'il serait préférable de dire que c'est en fait notre vraie nature parce qu'il est aussi impossible de nier que nous sommes sans le moindre doute des êtres humains faits de chair et de sang avec un corps, une tête et bien sûr un cerveau.

L’Advaïta Védanta révèle inlassablement cette vérité et la façon de réaliser pleinement ce qu’elle est afin que cela devienne un fait et non plus un concept philosophique ou baratin intellectuel. Si les Gourous et Rishis des temps anciens expliquent et répètent continuellement que nous ne sommes pas le corps et le mental, c'est uniquement parce que la conscience est notre vraie nature, ce qu'est l'être en soi si vous préférez.

D'une certaine manière, cette conscience universelle que personne ne peut situer quelque part est évidemment beaucoup plus proche de notre conscience individuelle d'être une personne que de notre propre corps et esprit. La connaissance d'avoir un corps et un esprit n'est possible en effet que si nous en sommes conscients.

L'ultime question sera donc : "Suis-je la conscience universelle, une personne consciente ou ce qui rend possible la connaissance du simple fait que je suis un corps et un esprit, et par conséquent un être humain ?"

Ici la réponse peut devenir très compliquée parce que nous sommes de toute évidence simultanément les trois en permanence. Ce n'est qu'une question de point de vue sur le sujet et selon ce que nous avons réalisé. Personne ne peut penser "Je ne suis pas un être conscient", personne ne peut prétendre "Je ne suis pas une personne consciente", personne ne pourrait croire "Je ne suis pas un être humain". Les 3 affirmations sont vraies, mais la réalisation que nous en avons peut être très différente d'une personne à une autre.



4 / 5 / 2013


Extraits, traduction libre et commentaires personnels de "Laghu Vakya Vritti" de Shankaracharya


"La réflexion de la conscience pure sur l'intellect devient cette impression bien connue d'être et exister avec son sens de l'individualité."

L'intellect fonctionne comme un miroir, un miroir très spécial doté de facultés mentales tels que penser, percevoir, raisonner, se souvenir, imaginer, évaluer, calculer, etc. Et cet intellect, qui reflète comme un miroir tous les phénomènes que manifestent ses facultés mentales, ne peut que fonctionner quand il est éclairé par la lumière de la conscience. Dans le sommeil profond où il n’y a aucune lumière de la conscience, c'est-à-dire faculté d'être conscient de soi, mais où règne seulement l'obscurité, c'est-à-dire l'ignorance absolue, rien ne se manifeste. C'est uniquement la lumière de la conscience pure et universelle, qui éclaire tout ce que manifestent les facultés mentales, une fois réfléchie sur l'intellect, qui peut vraiment engendrer la conscience individuelle, l'ego, l'impression d'être séparé de ce que l’on perçoit, autrement dit la dualité entre le sujet et l’objet de toute perception.

Disons, par exemple, que nous pouvons voir des centaines de lunes dans des centaines de flaques d'eau, mais toutes sont le reflet d'une seule et même lune, et c'est évidemment la lumière de cette véritable lune, qui éclaire ce que nous pouvons voir dans ces flaques d'eau. L'image de la lune réfléchie dans la flaque d'eau, et la conscience individuelle créée par l'intellect, sont des illusions, et tout ce qui est perçue par une illusion devient alors aussi une illusion (Maya).

Pour comprendre très simplement ce que tout cela signifie, posez-vous simplement la question "Que ou qui suis-je ?" en vous regardant dans un miroir et vous réaliserez très vite la plus sublime vérité, qui a toujours été juste en face de vous et même plus proche de vous-même que vos propres yeux. Vous êtes évidemment "ce qui voit" et non "ce qui est vu". Vous ne pouvez pas être l'image, qui se réfléchit dans un mirroir, mais la personne qui est en train de la regarder. Il en va de même avec "Je suis conscient de moi-même", le "Je" qui en est conscient est évidemment plus authentique que ce "moi-même", autrement dit, la conscience pure et universelle est infiniment plus vraie et réelle que la conscience individuelle, la conscience de soi en tant qu'être humain, être pensant, agissant, etc.

"Le Jiva se réincarne en raison de ses bonnes et mauvaises actions. Le but suprême de la vie est par conséquent de découvrir notre vraie nature en discriminant la conscience pure de sa réflexion sur l'intellect, qui engendre le Jiva, l’ego ou conscience individuelle."

Cela signifie que :

- Les bonnes et mauvaises actions ne sont pas illusoires en ce sens qu'elles ont des conséquences, ce qui intéressera bien sûr tout le monde. En termes très simples, si vous pensez "Je m'en moque de toute façon", cela peut être vrai au moment où vous le pensez, mais sûrement pas quand vous récolterez ce que vous avez semé.

- La réincarnation est le seul concept qui donne vraiment un sens à la vie. Et il révèle évidemment la notion de Jiva, âme individuelle et personnelle, d'une identité et entité composées d'enveloppes plus ou moins subtiles et différentes de l'enveloppe physique faite de matière, le corps ou combinaison spatiale, qui permet de vivre dans ce monde constitué aussi de matière, énergie et autres substances plus ou moins subtiles.

- La pratique de discipline spirituelle telle que la recherche du Soi (la méditation en tant que discrimination entre le fait évident d'être conscient et ce qu'on appelle des états de conscience ou états d'esprit) est une exigence pour atteindre le but suprême et ultime de la vie, qui est la réalisation du Soi, la libération, la vérité, etc.


"L'intellect éclairé par la conscience pure acquiert sa propre luminosité et éclaire ainsi les perceptions du monde extérieur."

Sans la lumière de la conscience pure et universelle, l'intellect ne percevrait, ne connaîtrait et ne comprendrait absolument rien. On ne pourrait même pas parler de facultés intellectuelles et mentales si le fait évident d'être conscient était absent. Seule la conscience permet à l'intellect et le mental de fonctionner et se manifester.


"La conscience pure brille d’elle-même dans l'intervalle de deux modifications de l'intellect."

Cela signifie simplement que lorsque le mental ne se manifeste pas, ce qui reste est la conscience pure, la plus simple expression d'être conscient.


"Les gens qui aspirent à l'expérience de la conscience pure et la libération devraient s’entraîner à arrêter les modifications de l'intellect."

Les gens qui veulent se libérer du mental devraient pratiquer la concentration et la méditation, l'introspection directe à l'intérieur de soi, autrement dit se poser la question "Qui suis-je ?", puis plonger dans le silence intérieur et voir ce qui s'y trouve. On pourrait dire aussi qu'ils devraient chercher la véritable nature du fait d'être et exister, non pas ce que cela peut signifier, mais en faire l'expérience directe et prolongée durant leur méditation.


"La conscience réfléchie, bien qu’impliquée dans les modifications de l'intellect, ne peut pas être séparée de Brahman."

Il n'y a aucune différence entre la faculté immuable d'être conscient que nous avons tous et connaissons très bien et la conscience pure et universelle, c'est-à-dire Dieu, le Divin, le Soi, Brahman, etc. Rappelons qu'il n'y a aucune différence entre Brahman et Atman, le principe divin et l'âme... ou plus précisément le cœur de l'âme, ce qui rend possible sa propre existence et manifestation dans ce monde de matière.

"Ayant bien compris le sens du Mantra 'Je suis Brahman' (Je suis Dieu), le chercheur de vérité, qui n'est évidemment pas Dieu, doit méditer sans relâche sur son identité avec Brahman par tous les moyens."

Cela signifie contrairement à ce que l'on pense aujourd'hui en occident que personne ne réalise le Soi en buvant du thé ou en mangeant des petits fours durant un Satsang, ni même en écoutant les paroles d'un vrai Gourou... ou d'un clown, qui se fait néanmoins passer pour un Gourou. La spiritualité se pratique, une voie spirituelle se parcourt, une recherche spirituelle ne s'effectue pas en écoutant de belles paroles et en y réfléchissant de temps en temps.


"Méditer sur 'ça', parler à propos de 'ça', s’extasier mutuellement sur 'ça' et s’absorber en quelque sorte dans 'ça' ont toujours été connus et enseignés par les sages comme la voie de la réalisation de soi."

Sans commentaire, c'est suffisamment clair pour tous ceux qui veulent l'entendre ?

Ces extraits de "Laghu Vakya Vritti" ne concernent évidemment pas que l'Advaïta Védanta, mais tout le Védanta, toute la spiritualité en général.



12 / 5 / 2013


Qui est conscient du fait évident que vous êtes un être conscient ?


Le Soi ou conscience pure et universelle est l’ultime témoin, celui qui observe, découvre et connaît, parce qu’il n’y a évidemment aucun autre témoin pour observer, découvrir et connaître celui qui est supposé observer, découvrir et connaître, et ainsi de suite à l’infini. C'est ce que sous-entend "Je suis conscient de moi-même", "Je sais que je sais", ou "Je suis ce que je suis".

Si vous avez compris pendant une méditation que vous n’êtes pas celui qui connaît le Soi ou la conscience, mais que vous ne pouvez pas être autre chose que ce Soi et conscience, qui de toute évidence connaît tout ce que vous pensez être personnellement, ce que sous-entend "être conscient de soi", vous parcourez sans aucun doute la dite voie de la connaissance et vous êtes très proche de son ultime propos, la réalisation du Soi, l'illumination, la libération, etc.

Le Soi sera toujours le témoin ultime et impersonnel de toutes les choses que vous pensez être personnellement. Mais comment pourriez-vous vraiment être une personne, une identité et entité personnelle, et ce témoin impersonnel au même moment ? A vrai dire, il n’y a aucun paradoxe dans ces deux faits apparemment contradictoires parce que votre vraie nature est de connaître le fait que vous êtes une personne, un être humain, et cela n'est possible qu'à condition d'être une personne, un être humain. En d'autres termes, il est impossible de réaliser que l'être en soi est absolument divin si vous n'êtes pas un être humain, qui lui-même n'est absolument pas divin. Il ne vous reste donc qu'à réaliser ce qu’est la vraie nature de cette personne que vous incarnez sans le moindre doute.

La vraie nature d'une personne n'est pas ce que cette personne est ou pense être. Vous êtes une personne, un être humain, mais la vraie nature de cette personne est la conscience pure, et elle est impersonnelle et bien au-delà de l'humain. C'est très facile de le réaliser en observant simplement tout ce que vous percevez de vous-même. Vous ne pouvez pas être ce que vous percevez de vous-même, mais uniquement ce qui perçoit les manifestations de ce "Moi-même, je suis une personne, un être humain".


La clé de tous les paradoxes dans l’Advaïta Vedanta


Buddhi, l’intellect, est comme un miroir, qui reflète aussi bien la conscience pure et universelle que toutes vos perceptions sur vous-même.

Pour mieux comprendre ce que cela signifie réellement, posez-vous la question : "Suis-je l’image que je vois se refléter dans un miroir ou celui qui la regarde ?"

C'est tellement simple à comprendre que cela devient presque impossible à comprendre parce que c'est en fait trop simple et évident à comprendre et surtout réaliser, c'est-à-dire actualiser, rendre réel, permettre à cette évidence et compréhension de devenir un fait, qui n'est plus un concept, mais un fait réel et en particulier une expérience vécue.


31 / 5 / 2013


Soyons un peu raisonnable


Il est dit que les Védas, les livres de la connaissance et de la vérité, sont éternels et qu’ils existaient avant même que l’humanité et la création se manifestent.

Les Mahavakya, grandes paroles sacrées, tels que "Je suis ça, Brahman" (le principe divin), "Brahman est Sat Chit Ananda" (Etre, Conscience et Félicité), "Brahman et Atman sont identiques" (le Soi), etc. ne déterminent pas la présence d’une identité personnelle et divine capable de s’exprimer dans le temps et l’espace.

Le Soi comme le principe divin ou la conscience universelle sont purement impersonnels et atemporels, et c’est en ce sens que ces grandes paroles existaient avant la création et qu’elles continueront à exister après son anéantissement. Elles ne se réfèrent pas à quelque chose qui puisse se manifester dans le monde ordinaire que nous percevons. Bien que ces grandes vérités s'expriment par des paroles sacrées prononcées par un Gourou ou écrites dans des livres, ce ne sont évidemment pas des paroles prononcées ou écrites par ce principe divin ou la conscience universelle. Elles sont éternelles en ce sens que la vérité suprême est toujours omniprésente. On peut les découvrir à tout instant en réalisant simplement ce qu'est le Soi, la vérité.

Les Mahavakya expriment avec des mots une vérité indicible, qui doit néanmoins être transmise sous forme de concept à l’intelligence de l’individu que chaque identité personnelle représente. En d’autres termes, ces vérités s’adressent uniquement à l'intelligence conceptuelle d'une personne parce que l’identité personnelle elle-même n’est rien de plus qu’un concept, qui indique de toute évidence la présence et l’existence d’un être humain doté d’un cerveau et donc d'une intelligence capable de comprendre. Cette personne peut donc réaliser le Soi et découvrir ainsi la présence immanente du Divin en comprenant ce qu'elles signifient.

Ce n’est pas Dieu qui soudainement découvre qu’Il est Dieu ou qui déciderait de se manifester en disant "Je suis Dieu, brahman". Ce n’est pas la conscience pure qui tout d’un coup réalise ce qu’est sa vraie nature ou qui se mettrait à parler. Le Soi ne dévoile pas subitement lors d’un éveil spirituel ou expérience spirituelle sa propre présence au Soi lui-même. Tous ces propos Néo Advaïta sont absurdes. Le Divin n'a besoin de rien et sûrement pas d'être éveillé ou de réaliser la vérité.

Pour reprendre l’exemple classique du rêve et du rêveur propre à l’Advaïta Védanta, le rêveur demeure obligatoirement ce qu’il est, immuable, c'est-à-dire endormi et en train de rêver, pour la bonne raison que si jamais il s’éveillait, le rêve et le personnage onirique qu’il incarne dans son propre rêve disparaîtraient instantanément, et que la notion de rêveur n'aurait alors plus de sens puisque la personne serait éveillé du fait qu'elle ne dort plus ni ne rêve.

Cela signifierait en d’autres termes dans le contexte de la réalité ordinaire dont nous sommes tous témoins à l'état de veille que la création cesserait de se manifester pour tout le monde à l’instant même où quelqu'un réaliserait le Soi. Ce n’est heureusement pas le cas sinon Dieu devrait recommencer la création non seulement à chaque fois qu'une personne réalise le Soi, mais aussi à chaque fois que quelqu'un fait l'expérience de la conscience pure, c'est-à-dire d'un éveil spirituel quand elle s'éveille soudainement à la vérité, même si cela ne dure qu'une fraction de seconde.

On peut supposer que Dieu aimerait bien pouvoir dormir tranquille sans être réveillé par les personnages qu'il rêve et qui eux ont parfois l'impression de s'éveiller dans son propre rêve à la vérité suprême.



4 / 6 / 2013


Miroir


Je suis moi-même le miroir sur lequel se reflète la réalité, un miroir magique doté de multiples facultés mentales et essentiellement capable de connaître ce qu'il reflète, c'est-à-dire le monde intérieur et extérieur dans lequel je vis, et la conscience pure et universelle, qui me permet de le connaître .

La vraie nature de ce miroir est donc d’être conscient, individuellement et personnellement conscient. Mais est-ce que ce miroir est capable de réaliser ce qui le rend vraiment conscient ?

Si un vrai Gourou lui explique clairement, pourquoi son intelligence ne le lui permettrait pas de comprendre qu'une conscience totalement impersonnelle lui permet d'être personnellement conscient, que le fait d'être conscient est purement et simplement impersonnel en toute circonstance puisqu'il est identique pour tout le monde ? Ce dont nous sommes conscient est évidemment différent, mais la faculté d'être conscient est toujours la même.

Soyez sûr de cela, une personne libérée sera avant tout libérée d’être et de ne pas être libérée. L’idée même d’être libérée la fera rire. Comment une personne pourrait devenir autre chose que ce qu’elle est, un être humain ? Faudrait-il devenir un monstre pour être libéré ? Ce serait plutôt étrange pour une personne qui aurait réalisé rien de plus que ce qu’est la vraie nature de sa propre conscience.



16 / 6 / 2013


Libre arbitre


"Vous avez seulement le contrôle de vos propres actions, jamais de leurs fruits." Bhagavad Gita

Est-ce que cela signifie que vous ne pouvez pas choisir ce que vous faites, que le libre arbitre est une illusion ? Non, c'est exactement le contraire, et vous le savez très bien puisque rien ni personne vous oblige à lire ces mots. Par contre, vous n'aurez pas le choix d'en supporter ou apprécier les conséquences.



23 / 6 / 2013


Un sans second


Le mot Advaïta, non-dualité, signifie qu'il n'y a "pas deux", ou en d’autres termes, qu’il ne peut pas y avoir "Un" plus "une autre chose", qui feraient que ces deux choses soient vraies et de même nature. Si ces deux soi-disant choses sont vraies et vraiment de même nature, elles sont obligatoirement identiques et non différentes. Par rapport à ce "un", il n'y par concéquent "rien d'autre".

Si vous ne pouvez donc pas mettre en relation ce "Un sans second" avec quelque chose d’autre, comment pourrait-il y avoir quoi que ce soit au-delà de la non-dualité, au-delà de la conscience pure et au-delà du Soi ?

Pour aller au-delà de la non-dualité identique à la conscience pure et au Soi, vous auriez besoin d’être cette autre chose, qui, bien que dépourvu de la faculté d'en être conscient, connaîtrait néanmoins ce qui se situe au-delà de la non-dualité, de la conscience et du Soi. Bref, un tel raisonnement est purement absurde et une telle expérience serait tout simplement impossible. Quand certains soi-disant mystiques prétendent qu'il existe autre chose au-delà de la conscience, ils affirment en d'autres termes qu'ils ont découvert quelque chose au-delà de ce qu'ils peuvent connaître. Bref, cela n'a pas de sens.

La réalisation du Soi qui détermine l’expérience directe et la connaissance absolue de la non-dualité, de la conscience pure et du Soi, est suprême parce qu’il ne peut rien y avoir au-delà. Ce "rien au-delà" signifie qu'il est parfaitement connu puisqu'il faut en être conscient pour simplement le savoir, autrement dit lors d'une expérience de la conscience pure, il est absolument impossible de concevoir qu'il puisse exister quelque chose au-delà de cette conscience.

Si la conscience pure et universelle, le Soi, la non-dualité, le Divin, la réalisation du Soi, la libération, Sahaja Samadhi, etc. ne déterminaient pas une expérience vécue et parfaitement consciente, un état d’être et une connaissance évidemment connue par quelqu’un de bien humain comme le sont par exemple tous les Gourous, personne depuis le début des temps n’aurait été capable d’y penser ou d’en parler, et encore moins de l'enseigner.

Pour expliquer cette vérité encore plus simplement, disons qu'il est impossible de connaître ce dont on ne peut pas être conscient parce que connaissance et conscience, le fait de connaître et d'être conscient, sont purement et simplement identiques. Et on ne peut pas non plus être conscient et connaître quoi que ce soit sans au préalable être et exister, être purement et simplement présent. Et si ultimement on peut être purement conscient du simple fait d'être conscient, c'est-à-dire de la conscience elle-même, rien ne peut se situer au-delà de cette conscience. Ceci dit, toute question sur l'existence du Divin au-delà ce que l'on peut connaître n'a plus aucun sens. Le Divin et la conscience pure et universelle sont obligatoirement identiques. Le Divin et l'être le sont aussi. Le "Je suis" que tout individu incarne en constant simplement qu'il existe quelque part dans le temps et l'espace ne peut être que divin.

Reste à savoir pourquoi et si vraiment cet être et cette conscience sont l'expression de la félicité. Comment se fait-il que nous puissions exister et être conscient sans le moindre doute, et simultanément ignorer cette félicité qu'expriment le fait d'exister et d'être conscient ? C'est ce que signifie Sat Chit Ananda. Sat et Chit ne sont pas séparés d'Ananda. Si l'un s'exprime d'une façon ou d'une autre, les deux autres le font aussi. Et pourtant..., et apparemment, "Je suis", "Je suis un être conscient", mais il ne semble pas que je sois conscient de ma propre félicité. Le Védanta expliquera donc pourquoi cette bizarrerie ou ignorance, et comment réaliser que l'être, la conscience et la félicité ne font en vérité qu'un seul fait, qu'une seule évidence, quand toute l'expérience humaine de la vie semble prouver le contraire.


"La carte n’est pas le territoire" Alfred Korzybski


Comprenez-vous bien que l’Advaïta Védanta n’est pas la vérité ni une philosophie en tant qu'élaboration théorique purement intellectuelle, mais comme le disent les Hindous, un "système philosophique" créé par l’homme pour expliquer la vérité sacrée ? C’est un "système" fait de concepts, un paradigme, un modèle, une vaste structure mentale, qui a une fonction très précise, celle d'aider le mental à comprendre la vérité en lui fournissant toutes les informations et réponses dont il a besoin pour se calmer. Mais le fait de la comprendre ne signifie pas qu'il va systématiquement réaliser ce qu'elle est. C'est dommage, mais il est très facile de constater que l’Advaïta Védanta en tant que connaissance théorique et conceptuelle ne fonctionne pas ainsi.

Le mental est aussi un "système" composé de structures purement conceptuelles et intellectuelles, un système ou organisation, qui travaille continuellement sur lui-même pour s'enrichir et se renouveler jusqu’à ce qu’une structure dévoile ce qu'est vraiment le "système" en entier. C’est aussi un "système" fait de concepts, pensées, idées, connections, énergies, manifestations et autre phénomènes de toutes sortes.

L’Advaïta Védanta n’est pas un "système" créé comme un virus pour détruire le mental, mais pour lui révéler au moins intellectuellement sous forme de concepts ce qu'est la conscience pure et universelle. La destruction du mental signifierait non seulement la mort de l'individu, mais aussi l'anéantissement de tout l'univers. Il ne faut pas confondre l'absence des manifestations du mental et sa destruction, la réalisation du Soi et le néant, le vide et l'absence de toute manifestation du monde et de soi en tant que personne vivante dans un monde bien réel.


Extraits, traduction libre et commentaires personnels de "Drig Drishya Viveka" de Shri Shankaracharya


"La conscience ne s’éveille jamais ni ne s’éteint. Elle n’augmente jamais ni ne diminue. Etant lumière pure, elle illumine tout de sa propre et suprême nature."

En d'autres termes, la conscience est tout simplement immuable. Alors quand on parle d’évolution de la conscience, il s’agit probablement d’évolution de la civilisation, de la culture, des mentalités, du mental, de la personnalité, de la conscience dite individuelle, de l’inconscient collectif, etc., mais sûrement pas de la conscience pure ou supposée universelle, sinon cela signifierait que Dieu est aussi capable de progresser ou évoluer puisque la conscience et le Divin ne font qu’Un... sans second.

C’est tellement évident que la conscience illumine toute manifestation intérieure et extérieure avec sa propre lumière qu’il est difficile d’en dire plus si ce n’est en posant la question : "Pourriez-vous 'appréhender', c'est-à-dire saisir mentalement, le moindre phénomène réel ou illusoiure si vous n’en étiez pas conscient ?"

Une telle question n’a pas de signification, du fait que lorsqu'on saisit par l’esprit un phénomène, cela sous-entend sans aucun doute que l'on en est conscient. Il n’y a donc pas de différence entre la manifestation d'un phénomène et sa prise de conscience. La manifestation d’un phénomène se distingue de la conscience uniquement par son caractère transitoire alors que la conscience elle-même demeure éternellement immuable. Le fait de percevoir, découvrir, contempler, connaître, voir, etc. et ainsi être le témoin de ce qui se présente à notre connaissance durant notre état de veille ne peut évidemment pas évoluer. Par définition, le Divin et la conscience ne changent jamais et ils sont donc sans forme.

Mais à quoi peuvent servir de tels propos sur une conscience apparemment universelle et sur un Dieu inatteignable alors que nous ne sommes que de toutes petites créatures humaines ? Certes nous ne sommes que des humains, mais comme chacun le sait, nous sommes aussi des êtres conscients, autrement dit des êtres spirituels. Est-ce que cela ne signifierait pas que notre vraie nature est divine et purement consciente tout en restant ce que nous sommes réellement dans le monde où nous vivons, de simples petites créatures humaines ?


"L’intellect (Buddhi) semble lumineux uniquement quand il reflète la présence de la conscience, qui est elle-même lumière pure. Cette réflexion de la conscience sur l’intellect engendre le mental et l’ego."

L’intellect semble une faculté consciente seulement parce qu’il fonctionne comme un miroir. C’est uniquement la réflexion de la conscience universelle sur l’intellect qui le rend conscient. Aucune faculté mentale comme la perception, la mémoire, l’imagination, la sensibilité ou la raison ne pourrait se manifester si la conscience n’était pas présente pour illuminer et révéler ce que ces facultés produisent, révèlent et manifestent. L’intellect lui-même n’est qu’une abstraction, qui reflète ce que manifestent toutes ses facultés mentales et la présence immuable de la conscience. Il prend réalité et devient en quelque sorte une entité séparée lorsqu’il produit le mental et l’identité ou ego qu’il utilise pour s’exprimer personnellement de façon cohérente. Il est à vrai dire impossible de différencier l'intellect et le mental sauf lors d'une expérience spirituelle de la conscience pure.

L’intellect est au service de l’individu pour lui permettre de "survivre" intelligemment avec toutes les facultés à sa disposition, survivre mentalement en tant qu’individu différent des autres sur tous les plans, et bien sûr survivre égoïstement dans l’intention de poursuivre son propre développement personnel, qui passe inévitablement par la satisfaction de multiples désirs et la recherche du plaisir. Le problème pour cet individu doté d'un intellect commence lorsque son développement personnel se convertit en obsessions et souffrances mentales, qui perturbent immédiatement les facultés de l’intellect, puis le système nerveux, le corps énergétique et finalement le corps physique. Cette personne n’a alors plus qu’à rebrousser chemin grâce à des pratiques spirituelles pour retrouver la "santé", c’est-à-dire un équilibre physique, énergétique, nerveux, affectif et mental, qui lui permettra de comprendre que son vrai développement personnel ne peut en fait avoir lieu qu’en devenant impersonnel, c’est-à-dire désintéressé et dès lors au-delà de l'égoïsme, l'avidité, hypocrisie, l'amour-propre et toutes autres expressions d'un narcissisme naturel et primaire, qui est lui-même l'expression d'un instinct de survie, qui est évidemment naturel. Mais ce n'est parce que l'instinct de préservation est naturel que l'égoïsme l'est aussi. C'est entre autres ce que la spiritualité tente de démontrer.


"C’est en s’identifiant avec la réflexion de la conscience sur l’intellect et avec le corps que l’ego devient apparemment une entité consciente."

"Moi, je…", l’expression la plus évidente de l'identité personnelle, résulte d’un simple processus d’identification. Rappelons que cette identité, entité ou ego a été développé par le mental et l’intellect par nécessité dans le but de s’exprimer personnellement en tant qu’individu évidemment différent et séparé des autres. Cette entité apparemment consciente d'elle-même et de toutes ses perceptions sensorielles ou autres n’est pas l’incarnation du mal, du diable ou de tous nos défauts de caractère comme le prétendent certains Néo gourous, qui s'imaginent très éveillés, ni non plus la cause de tous nos problèmes. Si nous voulons vraiment découvrir ce qui en est responsable, ce sera beaucoup plus facile de le faire en contemplant simplement les conséquences de "l’égoïsme, l’avidité et l’hypocrisie" qu’en explorant le mental dans l’espoir de découvrir à quoi ressemble la laideur de cet ego, qui n’étant qu’un concept, ne ressemble évidemment à rien.


"Le processus d’identification avec la réflexion de la conscience, avec le corps et avec le soi-disant 'témoin' engendre l’identité personnelle que l’on appelle l’ego."

L’identification avec la réflexion de la conscience produit l’impression personnelle bien connue "Moi, je suis un être conscient".

L’identification avec le corps donne lieu à l’impression personnelle "Moi, je suis un être humain, un homme ou une femme, une personne faite de chair et de sang".

L’identification avec le soi-disant "témoin" révèle l’impression personnelle "Moi, je suis un être intelligent, qui sait et connaît".

Et sans cette identité personnelle, qui s'exprime par "Moi, je..." et diverses identifications, l’être en tant que tel demeure conscient et intelligent, mais il n’est plus pour ainsi dire humain. L’être en soi se révèle alors divin, c’est-à-dire "Sat Chit Ananda", pur être, pure conscience et pure félicité.

"L’identification avec la réflexion de la conscience sur l’intellect, qui est naturelle, demeure aussi longtemps qu’elle est nécessaire. Les 2 autres avec le corps et le 'témoin' disparaissent avec la réalisation du Soi."

Tant qu’une personne est vivante, elle a besoin d’être consciente d’elle-même en tant qu’être indépendant et séparé de son environnement, y compris bien sûr des autres êtres vivants et conscients, afin de tout simplement pouvoir survivre. Son intellect doit être capable de travailler naturellement et consciemment sinon cette personne mourrait très rapidement. Les 2 autres modes d’identification avec le corps et le "témoin" spectateur d’un remarquable "show" fait d’un nombre infini de perceptions ne sont pas importants ni même indispensables, mais purement illusoires, parce que de toute manière, la principale fonction de l’intellect avec toutes ses facultés mentales est de prendre soin du corps, c’est-à-dire de la personne et de sa propre survie.

Quant à la vraie nature de la faculté de connaître, qui engendre cette notion de "témoin" et spectateur de manifestations intérieures ou extérieures à soi, elle est et a toujours été la conscience elle-même. Autrement dit, la réalisation du Soi ne change en fait rien pour l'individu et être humain en tant que tel. Et pourtant, elle change tout aussi parce que l’ego et la conscience qu’il a de sa propre existence en tant qu’individu séparé de son environnement sont dès lors purement fonctionnels et rien de plus. En d’autres termes, l’ego n’a pas d’autre utilité que de contribuer au même titre que toutes les facultés mentales de l’intellect à la survie d’un corps que l’on appelle alors une personne libérée, un Jivanmukta, parce que la réalisation du Soi ne lui a fait perdre aucune de ses qualités humaines, mais au contraire, elle lui a révélé la vraie nature de sa conscience individuelle, qui est absolument pure et en fait non personnelle comme elle l'imaginait avant la réalisation du Soi.


"Le corps subtil, qui lui-même n’est pas conscient, est la cause première des manifestations du mental et de l’ego. Il est né et il mourra."

Il n’y a pas à proprement dit de différence entre le corps subtil, le mental et l’ego - une cause et ses effets du fait que chaque cause était l'effet d'une cause précédente. Ils déterminent ce que l’on appelle le Jiva, l’âme d’une personne ou conscience de soi en tant qu’être séparé, et ainsi Ahamkara, l’ego ou identité personnelle née de l’ignorance de sa vraie nature, la conscience elle-même. Ce corps subtil est né et il mourra, et par conséquent, il se réincarnera inlassablement jusqu’à la réalisation du Soi. La réalisation du Soi ou libération dite spirituelle n’est pas seulement la fin du cycle des réincarnations ; c’est aussi la fin de la souffrance et de l’ignorance de notre vraie nature, la conscience, que l’on confond généralement avec le corps, l'intellect et le mental.

Si nous nous identifions avec notre corps, notre dimension par rapport à l’univers est infime et cette petitesse causera inévitablement des souffrances. Si nous réalisons par contre que la vraie nature de notre existence est le Soi, c’est-à-dire la conscience pure et universelle, nous sommes infiniment plus spacieux que l’univers entier et on peut alors vraiment avoir l’impression d’incarner un océan de félicité du fait que conscience, être et félicité sont indissociables.


"Maya, l'illusion cosmique ou univers dans lequel nous vivons, détient le pouvoir de se projeter et se masquer derrière un voile. Maya projette tout ce que l’on perçoit à l’intérieur et à l’extérieur de soi."

Brahman, le Divin, est parfait et absolu. Il n’a pas de relation avec quoi que ce soit ; c’est ce que signifie le terme "absolu", l’opposé de ce que l’on considère "relatif". Il ne peut donc pas être la cause de la création de l’univers ni être sujet à une relation de cause à effet dont il serait la cause initiale. C’est par conséquent Maya, ce pouvoir magique et pour toujours incompréhensible, qui est responsable de la manifestation de cette apparente création que l'on nomme l'univers ou simplement le monde dans lequel nous nous situons physiquement et mentalement.

D’autre part, Brahman est vrai, autrement dit, Il est la vérité suprême, et par définition, nous savons que la vérité est immuable. Il est impossible de concevoir une vérité, qui serait vraie maintenant, puis fausse à un autre moment et qui plus tard pourrait redevenir vraie. Tout ce qui détermine par contre la création est en perpétuelle transformation, sauf un élément, l’espace, qui apparemment ne se modifie jamais. Mais étant inséparable de la dimension temporelle, on ne peut pas considérer l’espace comme un élément immuable à plus forte raison que si l'on tient compte que l’univers entier avec sa dimension spatiale et temporelle est sujet à de constantes dissolutions et recréations. Nous en déduisons donc que "Brahman est vrai" et que "Maya est une illusion", ni vraie ni fausse au sens propre, mais en perpétuelle transformation et que l’on pourrait qualifier à juste titre de réelle puisqu’elle projette la réalité que nous percevons et dans laquelle nous vivons sans le moindre doute. Dire que la réalité est une illusion n’a en vérité aucun sens si l’on n’explique pas la différence entre l’immuabilité de la conscience et la nature perpétuellement transitoire et changeante de toute manifestation.

Et Shankaracharya finira en principe son explication en suggérant que finalement "Brahman est l’univers", ce qui peut être pris après ses deux premières déclarations comme une contradiction, un paradoxe, une absurdité ou simplement une évidence puisque si le Divin est vraiment l’absolu en tant que conscience pure et universelle, Il est forcément la substance intrinsèque ou prima materia du voile de Maya, ou si l'on peut dire l'arrière-plan sur lequel se projette la manifestation de la création, ce qui ne signifie as qu'il en est lui-même le créateur. Il est en effet inconcevable d'imaginer que Maya puisse exister ou plus justement dit se manifester si rien ni personne n'est présent pour en être conscient et ainsi percevoir comment Maya se manifeste. Sans témoin, conscience ou faculté de connaître, rien ne pourrait se manifester. Maya n'étant que manifestations, on peut donc en déduire que Brahman est en vérité la substance primordiale de tout ce que détermine Maya, de toutes les illusions et réalités que l'on perçoit, mais que lui-même en est totalement différent.


"La création n’est rien de plus que la manifestation de noms et de formes dans la conscience, qui n’est autre que Brahman, de la même manière que les vagues ne sont que des mouvements de l’océan et seulement à sa surface."

Chercher à savoir si une vague par rapport à l’océan est vraie ou fausse, réelle ou illusoire, n’a pas vraiment de signification. Il est évident qu’une vague n’est pas l’océan lui-même et qu’elle n’en est pas non plus séparée. Il en va de même avec le rêveur et le rêve, qui n’est rien de plus qu’une projection mentale et non le mental lui-même du rêveur. Quelle que soit la vraie nature de la création, nous ne pouvons pas nier l’expérience que nous en avons et cette expérience se manifeste de toute évidence en présence de la conscience.

La vraie question concernant la vérité suprême ne concerne donc que la nature de cette conscience et non la création en tant que telle, une conscience ou faculté d'être conscient, qui nous permet néanmoins de découvrir et observer en tant que "témoin" un spectacle inconcevable, la création, le monde que nous connaissons ou ce que l'on appelle généralement la réalité. Nous ne comprendrons donc jamais ce qu’est cette création avant d’avoir réalisé ce qu’est la vraie nature de notre propre existence, c'est-à-dire celle de notre conscience dite individuelle. Et c’est précisément le but d'une pratique telle que celle de l’introspection méditative, Vichara, qui, avec Vairagya, le renoncement, sont comme l'enseigne Shri Shankaracharya les moyens de réaliser le Soi.

Ce très bel aphorisme soulève donc métaphoriquement parlant la question : "Est-ce qu’une vague peut se libérer de l’océan ?" Et la réponse sera "Oui, bien sûr", si et uniquement si la vague réalise qu’elle n’est pas séparée de l’océan, qu’elle ne le sera jamais ni ne l'a été, et qu'elle n'est rien de plus que de l'eau comme tout l'océan, alors qu'avant de le réaliser, elle croyait que la conscience qu'elle avait d'elle-même en était séparée et totalement différente.

Quand il est dit que tout l'univers, la dite création, tout phénomène intérieur et extérieur, n'est que la manifestation de noms et de formes, autrement dit de manifestations que l'on peut percevoir et identifier mentalement et intellectuellement, cela détermine obligatoirement la présence d'une conscience capable avant tout processus mental de les connaître. Et c'est pourquoi chercher la vérité signifie chercher la vraie nature de notre propre conscience, qui permet tout simplement de connaître. Sans cette faculté d'être conscient d'un chose ou d'une autre, vraie, réelle ou illusoire, nous ne connaitrions rien. C'est tout ce qu'il y a à comprendre dans lors d'une recherche de la vérité, autrement dit de la connaissance.



8 / 8 / 2013


Etre là tel quel !


Si le Divin est vraiment omniprésent, infini et éternel, il n’y a pas d’endroit et de moment où il n’est pas et où il pourrait se cacher. Où se situe-t-il par conséquent ici et maintenant ?

Je ne suis qu'une vague sur l'océan, et alors ? J’aime être une vague, qui voyage sur l’océan. Cela m’offre la possibilité de découvrir de nouveaux horizons et même de contempler le ciel.

Ne pas être l’océan, mais seulement une vague n’est pas un problème. De toute manière, ce n’est pas parce que j’ai la forme et le nom d'une vague que je suis séparé de l'océan. Bien au contraire, sans forme ni nom, sans identité personnelle, je n’aurais jamais pu réaliser ce qu'est l'océan, que ma propre existence n'en est pas séparée, et que j'en suis différent.



22 / 8 / 2013


Sagesse et plénitude de savoir


"Nul savoir, si étendu qu'il soit, ne permet d'atteindre à la plénitude de la sagesse, sans la connaissance de soi-même." Saint Bernard de Clairvaux


La source de toute connaissance


"Connais cela par quoi tout est connu." Oupanishad Mundaka

Il est absolument inutile d’intellectualiser à l’infini et compliquer la connaissance discutée dans l’Advaïta Védanta parce qu’elle est absolument claire comme de l’eau de roche. Bien que ce système philosophique repose sur la logique et des vérités sacrées et immuables sur lesquelles on pourra toujours se poser des questions jusqu'à la fin des temps, ce système de réflexion est avant tout fondé sur une connaissance directe et expérimentale, qui n’est ni conceptuelle ni intellectuelle.

Le Yoga de la connaissance n'est absolument pas une discipline intellectuelle et encore moins l'objet de discussions futiles lors de soi-disant Satsang. Ce n'est pas une matière à intellectualiser, mais un domaine à explorer avec des facultés mentales autres que la pensée.



3 / 10 / 2013


Très simple, mais pas forcément évident


La vérité suprême n’est pas une pensée. Si vous la cherchez, il vous faudra donc examiner autre chose que le discours interminable du mental, et si vous cessez de l'observer, vous découvrirez inévitablement et instantanément ce que l'on appelle le silence intérieur. Est-ce logique ? Probablement pas pour tout le monde ! Mais quoi qu'il en soit, comment peut-on vraiment admettre que cette vérité suprême ne soit pas une pensée, quelque chose de purement intellectuel ?

Le seul moyen que l’on ait trouvé jusqu’à présent est de réaliser le Soi, ce qu’est notre vraie nature et celle de notre conscience dite individuelle. Une telle réalisation va bien au-delà d’une compréhension logique ou irrationnelle, qui repose sur des pensées et raisonnements.

Une compréhension purement intellectuelle est très différente d'une réalisation fondée sur l'expérience. La réalisation du Soi est au-delà de toute preuve, logique, concept, dogme et raisonnement. Elle n'est rien de plus qu'un fait évident, le simple fait que la conscience est suprême et au-delà de la dualité que l'on perçoit lors de toute perception, qui révèle apparemment la présence d'un sujet capable de percevoir et celle d'un objet perçu. Cette réalisation n'est rien de moins que la félicité pure, le fondement de l'intelligence.

Qui n'éprouve pas une joie ineffable dans la compréhension et l'entendement, dans le simple fait de réaliser et comprendre quelque chose ? A présent, regardez autour de vous et appréciez le spectacle. Même ce que vous ne comprenez pas est intelligible pour la simple raison que vous le percevez. Et cette perception ne pourrait pas s'effectuer si vous n'en étiez pas conscient, autrement dit si elle n'était pas l'expression d'une joie et félicité indicibles. Le fondement de toute perception est en fait divin, absolu, extraordinaire et incompréhensible parce qu'il est trop parfait alors que ce qui est perçu ne l'est généralement pas.

Est-ce que la conscience communique avec la conscience comme certains Néo gourous le prétendent actuellement ? Le film n’est pas et ne peut pas être identique à l’écran. Il est vrai que la projection d'un film n’est possible qu'en présence de l’écran. Mais l’écran lui-même n’est pas le film ni le film identique à l’écran. Le film a besoin d'un écran pour être projeté et perçu, mais l'écran n'a besoin de rien pour demeurer ce qu'il a toujours été, avec ou sans film.

La conscience ne pense pas ni ne parle. La conscience contemple sa Maya, Lila, danse cosmique, manifestation et apparence illusoire. Etant "Un sans second", l’expression parfaite de la non-dualité, autrement dit "pas deux", elle ne peut pas communiquer avec quelqu'un ou quelque chose "d'autre", c'est-à-dire "un second", et encore moins avec une illusion, rien de plus que des apparences. Le vrai n'a rien à communiquer à ce qui serait faux. Que pourrait-il lui expliquer ? Que le faux est faux ? Ce serait inutile parce qu'il ne pourrait pas le comprendre. Comment une illusion pourrait admettre qu'elle est une illusion si elle pense être réelle ? Comment le mental et l'ego pourraient réaliser qu'ils n'ont de véritable existence si eux-mêmes se posent des questions sur leur propre existence ? Le fait de se poser des questions à ce propos détermine apparemment qu'ils existent. Dans la mesure où "Je pense donc je suis", la pensée elle-même ne peut plus considérer qu'elle n'existe pas. Pour sortir d'un tel cercle vicieux et sans fin, il faut obligatoirement aller au-delà de la pensée. C'est le propos d'une véritable recherche de compréhension en matière spirituelle évidemment.


Non-dualité et unité


La non-dualité ne signifie pas unité, unicité, identique, pareil, indistinct, indiscernable, similaire, analogue, uniforme, sans différence et séparation ou sans identité séparée d'autres identités. Ce concept signifie que la relation entre le sujet et l’objet d'une perception est une illusion. Mais il est évident que la faculté d’être conscient est distincte de tout ce qu’il est possible de percevoir, de tous les objets que nous pouvons percevoir à l'intérieur ou l'extérieur de nous-mêmes. L’unité est un terme très ambigu, qui n’exprime pas clairement ce qu’est la non-dualité et encore moins ce qu’est la réalité du monde dans lequel nous vivons.

La non-dualité signifie : "Oui, bien sûr qu’il y a une dualité partout, dans tout et à tout instant dans un monde où chaque chose est de toute évidence en relation avec autre chose, où tout est relatif, où tout ce qui est lourd n'est pas léger, froid n'est pas chaud, etc. C’est un fait évident, mais ce n’est pas 'ça', le Soi, la vraie nature de la conscience. Ce n’est pas ce que l’on cherche à découvrir et réaliser. Cela n’est pas la vérité, un éveil spirituel et la libération."

La non-dualité est un concept philosophique, qui détermine ce que l'on appelle la libération spirituelle, la réalisation du Soi et la présence de la conscience pure. Mais si une personne faisait vraiment l’expérience d'une non-dualité ou unité, qui supprimerait toute différence et séparation, elle ne pourrait sûrement pas survivre très longtemps. Imaginez seulement ce qui arriverait si vous ne pouviez plus vous différencier de la chaise sur laquelle vous êtes assis ou faire la différence entre vos pieds et le sol sur lequel ils reposent.

De même qu'une identité personnelle ou ego est indispensable pour communiquer intelligemment, la conscience individuelle en tant que personne différente du monde environnant est nécessaire pour vivre normalement ou pour le moins survivre.



24 / 10 / 2013


Au-delà du grand rêve


"Toute crainte est née de la dualité" (Oupanishad Brihadaranyaka 1.42)

Et bien sûr, tout désir et anxiété le sont aussi. Qui peut dire qu’il est sans désir, anxiété, crainte, peur et colère ? Qui peut réellement prétendre "Je suis totalement libéré de toute réalité, dualité, de la condition humaine sous toutes ses formes et expressions". Qui est capable de vivre avec "Ainsi soit-il !" en permanence dans son esprit ?

Quand on parle de libération spirituelle, ce n'est pas pour s'illusionner encore plus sur les réalités du monde ordinaire. Et Ramana Maharshi le dit très bien à ses disciples le jour où des voleurs se sont introduits dans l'endroit où ils dormaient. Il leurs recommande de ne surtout pas réagir violemment et ainsi se créer de mauvais Karma, mais au contraire de les laisser prendre tout ce qu'ils veulent. Pourquoi distingue-t-il ce qui est bien, mieux et mauvais ou pire s'il n'existe aucune dualité, si tout n'était qu' une illusion ?



9 / 1 / 2014


Le sacré, écho de la réalité ou la réalité, écho du sacré

"Je suis Brahman" est un Mantra sacré, une parole que je ne peux pas exprimer en ce qui me concerne personnellement, mais qui fait écho à ma vraie nature, celle d'une conscience que l'on peut considérer universelle ou purement impersonelle dans la mesure où elle est identique pour toute créature et entité consciente. Il est évident que "Je suis Brahman" n’a aucun rapport avec mon corps et mes facultés mentales, avec la personne que je suis sans le moindre doute, celle qui est en train d'écrire.



20 / 4 / 2014


Oui, mais en fait non


On pourrait dire que la glace est faite avec de l’eau, mais on ne peut pas dire que l’eau est faite de glace.

Brahman est Maya, mais Maya n’est pas Brahman parce que la manifestation d’une illusion ne peut pas être celle d'un fait réel, et encore moins de ce qui est vrai, autrement dit de Brahman.

Alors comment Brahman pourrait être Maya, c’est-à-dire une illusion, si Maya ne peut pas être Brahman, c’est-à-dire réelle et vraie ?

Brahman est Maya autant que le rêve est une projection du rêveur, de ce que l'on pourrait considérer comme sa psyché, sa psychologie des profondeurs si l'on veut l'entendre ainsi ou tout simplement son petit univers intérieur, mais il n'est bien sûr pas le rêveur en tant que tel, la personne qui dort et qui est en train de rêver.

Il n'y a pas de paradoxe dans une assertion telle que "Brahman est vrai, Maya est une illusion, Brahman est Maya". Il suffit de comprendre ce que cela signifie. Personne ne va au cinéma pour contempler l'écran sur lequel on projette un film, c'est pourtant ce que tout le monde fait. Est-ce un paradoxe ou une absurdité ? Non, c'est simplement une évidence.



23 / 6 / 2014


Si simple et difficile à comprendre


Le changement ou mouvement au sens large du terme ne peut être perçu que si l’arrière-plan ne change pas et uniquement à condition que celui qui le perçoit ne change pas non plus. Sont-ils alors différents ou absolument identiques ? Ce sujet concerne à proprement dit la non-dualité et surtout pas l'unicité de toutes choses, un concept qui n'a en fait absolument aucun sens. Peu importe à vrai dire que l'arrière-plan et le témoin soient identiques, c'est-à-dire identiques à la conscience pure, leur présence détermine de toute évidence la manifestation de quelque chose en perpétuelle transformation, qui est alors considéré comme impure, c'est-à-dire illusoire en ce sens qu'elle n'est pas immuable comme l'est la dite conscience pure.

Dans ce contexte, le terme "pur" signifie seulement "immuable" ; d'où la question "Qu'est-ce qui est absolument immuable à l'intérieur de soi ?". Et la réponse sera "Seule la faculté d'être conscient et connaître ce qui est en perpétuelle transformation ne change pas". Quelle est donc la vraie nature de cette conscience dite individuelle ? Serait-ce le Soi, une présence totalement impersonnelle et entièrement différente du moi ?


Vérité et illusion


La conscience pure, c'est-à-dire Brahman, ne se manifeste jamais sous forme d’univers, et ne se "perd" jamais non plus de manière à pouvoir retrouver son authentique nature en réalisant ce qu’elle est vraiment, se souvenir d'elle-même comme certains Néo gourous le prétendent actuellement.

Brahman et Maya, l'univers ou manifestation que l'on peut percevoir, sont totalement différents. Brahman est réel et vrai, Il est conscience pure et sans forme. Et Maya demeurera pour toujours une illusion, une manifestation de noms et de formes en perpétuelle évolution et que l'on peut bien sûr percevoir, ce qui sous-entend que l'on peut percevoir avec nos facultés mentales Maya, l'illusion ou apparence d'un fait et d'une réalité ou vérité, mais on ne pourra jamais percevoir Brahman, la conscience pure et la vérité absolue. Cela signifie que la réalisation du Soi n'est pas et ne pas être une expérience. Cette réalisation se situe obligatoirement en dehors du domaine du connu et de l'inconnu, de tout ce que l'on pourrait concevoir et imaginer, autrement dit au-delà du mental parce que tout ce qui est mental est forcément lié à un fait vécu, un phénomène expérientiel, quelque chose que l'on peut connaître "personnellement". La réalisation du Soi est donc purement et simplement "impersonnelle", et c'est évidemment une personne, un individu, un être humain qui réalise le Soi.

A présent, la question qui s'impose sera : "Comment une personne peut devenir un être vivant impersonnel, c'est-à-dire une 'personne impersonnelle' ?" Cela n'a a priori aucun sens, mais cela peut en acquérir un en se demandant : "Est-ce que je suis mort quand je dors profondément ?" Et la réponse sera évidemment : "Non, je peux à la rigueur affirmer que je meurs mentalement à moi-même, mais je suis toujours vivant." Transposez cette métaphore dans le domaine d'une réalité éveillée, autrement dit dans le monde ordinaire dont vous avez l'habitude de "faire l'expérience", et vous aurez une idée de ce que peut signifier la réalisation du Soi.


Libérer quoi ?


Comme vous le savez et en faites l’expérience en permanence, la conscience ne s’attache à rien, à aucune perception, aucune pensée, aucune émotion, aucune sensation et aucun état d’esprit.

La faculté d’être conscient ne s’attache purement et simplement à rien, jamais ! Peut-on alors dire qu’elle est libre, c'est-à-dire totalement libérée, et qu’elle l’a toujours été ?

Oui et non ! S'agit-il de la conscience pure et universelle, autrement dit impersonnelle, ou de la conscience individuelle, la conscience de soi, c'est-à-dire personnelle ?

Pour comprendre ce genre de propos, qui frise l'absurdité, il ne faut pas oublier que "Le mental est la réflexion de la conscience sur l'intellect", c'est-à-dire que la conscience individuelle et personnelle... de soi, évidemment, résulte de la réflexion d'une conscience et intelligence universelles et impersonnelles sur les facultés de l'intellect, dans le cerveau d'une personne, pourrait-on dire.

Pour simplement comprendre comment l'intellect peut être à la fois une somme de facultés mentales, celle de penser et raisonner intelligemment ou stupidement, par exemple, et en plus une sorte de miroir, qui réfléchirait la lumière d'une conscience universelle et impersonnelle, qui le rendrait intelligent, il suffit de constater qu'aucune faculté mentale ne pourrait avoir lieu et avoir un effet, être conséquente, si la faculté d'être conscient n'était pas présente au sein même du mental, autrement dit s'il était inconscient, dans un état de coma ou de sommeil profond.



13 / 7 / 2014


Pas très difficile à comprendre


Si vous réalisez que toutes perceptions se manifestent dans le champ de la conscience, ou si vous préférer dans le champ de votre faculté d'être "personnellement" conscient, aussi bien conscient de vos perceptions du monde extérieur que celles de votre propre corps et de tout ce qui exprime votre vie intérieure, comment pourriez-vous encore concevoir qu'il existe une dualité ou différentiation possible entre le sujet que vous incarnez personnellement et l'objet de vos propres perceptions ?

Comprenez ceci, puis faites-en l’expérience directe.



17 / 7 / 2014


"Aparokshanubhuti", réalisation du Soi de Shri Sankaracharya


Extrait de la traduction anglaise et des commentaires de Swami Vimuktananda (traduit en français par et accompagnés de quelques remarques de Mel Patrick) publiés par "Advaita Ashrama" que je remercie infiniment pour leurs remarquables travaux et dévouement à leur mission. Ce petit classique de 78 pages mérite d’être entièrement lu et médité de manière à cesser de croire que la réalisation du Soi puisse être atteinte par chance et en ne faisant rien (ou simplement en allant aux Satsang de quelques Néo Advaita gourous comme certains d'entre-eux le préconisent).


2. Ici les moyens pour atteindre Aparokshanubhuti (la réalisation du Soi) sont exposés afin de parvenir à la libération finale.

Mel Patrick : S'il s'agit de "moyens", instruments, méthodes ou techniques, il va de soi qu'il faut se donner la peine et fournir l'effort de les mettre en pratique. Cela sous-entend très clairement que la réalisation du Soi ne se produit sans la volonté et le choix d'effectuer une recherche spirituelle selon une stratégie définie et qu'elle n'aura jamais lieu en écoutant d'agréables paroles lors d'un gentil Satsang avec un gourou très souriant.


11. La Connaissance ne s’obtient pas par d’autres moyens que Vichara, de même qu’un objet ne peut être perçu (vu) qu’avec l’aide de la lumière.

Commentaire : C’est l’ignorance ou Avidya, qui nous a retiré la lumière de la connaissance. Pour atteindre cette Connaissance, il nous faut donc supprimer cette ignorance… C’est seulement en en pratiquant Vichara, l’introspection méditative, et en cherchant la vraie nature de cette ignorance qu’elle se retire graduellement et finit par disparaître ; seule alors la Connaissance resplendit.

Mel Patrick : La pratique de Vichara, l’introspection méditative, commence donc en observant l’ignorance, c’est-à-dire le mental, afin d’en découvrir sa vraie nature, puis et seulement après la Connaissance se révèle. L’ego est totalement hors propos dans cette recherche spirituelle ou Yoga dit de la connaissance... directe, qui n'a aucun rapport avec une forme de savoir ou érudition, ou encore les paroles d'un gourou lors d'un Satsang.


22. La luminosité de l’Atman est évidente dans la manifestation de tout objet. Cette luminosité n’est pas comme celle du feu ou choses similaires, du fait que (en dépit de la présence de telles lumières) l’obscurité règne durant la nuit (à certains endroits).

Commentaire : La lumière de l’Atman ne ressemble à aucune autre lumière. Une lumière ordinaire s’oppose à l’obscurité et elle est limitée au champ qu’elle illumine. C’est un fait ordinaire que l’obscurité règne là où il n’y a pas de lumière et qu’elle prédomine à certains endroits limitant ainsi le pouvoir d’illumination de telles lumières. Même la lumière du soleil est incapable de réduire l’obscurité à certaines places. Mais la lumière de l’Atman, elle, est toujours présente partout. Elle illumine tout et ne s’oppose à rien, pas même l’obscurité puisque c’est cette lumière et à travers elle, qui est toujours présente en tout le monde en tant que conscience (faculté de connaître), que l’on appréhende l’obscurité aussi bien que la lumière et tous autres objets.

Mel Patrick : On pourrait dire en d'autres termes que sans la lumière de la conscience, il serait impossible d'appréhender et connaître celle du soleil.

Il suffit de comprendre que la supposée "luminosité de l'Atman", autrement dit la faculté d'être conscient, illumine tout objet, y compris l'obscurité que l'on peut percevoir parfois dans des ombres ou la nuit, pour la simple raison que nous en sommes conscients, sinon il serait impossible de faire l'expérience d'une absence de lumière à certains endroits ou partout dans un lieu totalement obscur. La dite "lumière de la conscience" est à prendre comme une métaphore, rien de plus et rien de moins non plus. Ce n'est pas une lumière en tant que telle, mais ce qui permet de connaître l'objet d'une perception et ce qui le rend intelligible, même si cet objet n'est qu'une pensée, une sensation ou une émotion.


29. Ô toi ignorant ! Pourquoi affirmes-tu que l’immortel Atman plein de félicité, qui réside dans le corps de tout le monde, un corps évidemment différent de Lui, qui est connu en tant que Purusha, et n’est autre que Brahman comme l’explique les Sruti, n’existe absolument pas ?

Commentaire : … Pour retirer ce doute, il est dit ici que l’Atman est un fait dont tout le monde constate la présence et par conséquent son existence ne peut être défiée. Il n’y a donc aucune raison pour considérer qu’il n’existe pas et le nommer Sunya ou "non-existence absolue".

Mel Patrick : L’Atman n’est autre que la conscience pure, la faculté d’être conscient et ainsi de connaître un fait, une manifestation, un phénomène intérieur ou extérieur à soi. Tout le monde est conscient, il est par conséquent évident que notre vraie nature est cette conscience impersonnelle, unique et sans second.


30. Ô toi ignorant ! Essaie de connaître, en ayant recours aux Sruti et ta faculté de raisonner, ton propre Soi, Purusha, qui est différent du corps, (et n’est pas le vide, mais) la vraie substance de l’existence, qui est si difficile à réaliser pour les personnes comme toi.

Mel Patrick : Toute recherche spirituelle nécessite un effort personnel, un effort considérable capable de défier le fonctionnement ordinaire du mental. Si quelqu'un choisit de demeurer ignorant, c'est son droit. Mais s'il choisit de réaliser la vérité, c'est-à-dire le Soi, il devra par contre faire tout son possible pour au moins raisonner intelligemment en ayant recours à des écritures sacrées, qui ne lui expliquent rien d'autre que cette vérité même si cela ne se limite qu'à des concepts. L'intellect permet de comprendre, la réalisation du Soi est atteinte quand la vérité est enfin un fait évident, qui ne nécessite plus aucune compréhension pour être connu. En matière de vérité spirituelle, il faut commencer par chercher à comprendre ce que l'on cherche, puis il faut réaliser ce qu'est cette vérité. Il faut actualiser cette vérité à l'intérieur de soi sinon il n'y a pas de réelle réalisation. On ne peut pas dissocier réalisation et actualisation. Quand on réalise que quelque chose existe, cette chose est obligatoirement un fait réel, une évidence. Quand on réalise que la conscience universelle, l'Atman, est la vraie nature de la conscience dite individuelle, la conscience de soi en tant qu'être humain avec évidemment une identité personnelle, cette réalisation révèle en permanence que cette conscience universelle est toujours présente, qu'elle l'a toujours été et qu'elle le sera pour l'éternité. Autrement dit, une telle réalisation ne peut plus être une expérience, mais un fait évident et constant.


32. "Je", l’ego, est bien sûr reconnu en tant que sujet d’une perception alors que le corps en est l’objet. Nous le savons tous du fait qu’on parle du corps comme étant "le mien". Par conséquent, comment ce corps pourrait-il être Purusha ?

Mel Patrick : Cet aphorisme s’adresse à ceux qui identifient leur propre existence, en tant qu’être conscient, avec leur propre corps. Il est évident que si c'est leur corps - "c'est le mien, c'est à moi" - il ne peut en aucun cas déterminer en tant qu'objet ce qu'ils sont réellement, le sujet, le moi, le fait d'en être conscient, la conscience pure et universelle, Purusha.


33. C’est un fait direct d’expérience que "Je", (l’Atman), ne change jamais alors que le corps est toujours en train de subir des transformations.

Mel Patrick : Ce "Je" ou suprême "Je" n’est évidemment pas le même dont on parle dans le verset 32, le moi ou ego. Ce "Je" universel est l’Atman que l’on appelle aussi parfois la conscience pure et universelle, le témoin, le Soi, Atman, "ça", Tat, Brahman, le principe divin ou Purusha.

Les perceptions du corps ou d’autres choses à l'intérieur ou extérieur de soi changent toujours. Mais la faculté de les connaître, la conscience elle-même, ne change jamais. La conscience pure ou Atman est absolument immuable comme le répètent sans cesse les Sruti.

Le propos de ce Yoga de la connaissance est donc de simplement chercher à l’intérieur de soi-même ce qui ne change jamais. C’est à l’intérieur de soi et dans la faculté même d’être conscient (et ainsi se connaître personnellement avec son propre corps, pensées, émotions, problèmes, etc.) que cette introspection méditative a lieu.

Il est surprenant de constater que cette connaissance est en fait si simple et facile à comprendre qu’il est difficile de croire ce qu’elle révèle et que l'on puisse l'ignorer. Notre vraie nature est cette conscience pure et universel, celle de notre conscience individuelle et bien sûr celle à laquelle nous ne prêtons en vérité aucune importance parce qu'il n'existe rien dans notre propre expérience de la vie de plus naturel et évident. La réalisation du Soi, de la vérité suprême, celle de notre vraie nature ou de notre propre conscience dite individuelle et par conséquent personnelle sont absolument identiques. Il n'y a rien d'autre à réaliser pour se libérer de ce que l'on n'est pas, et surtout pour cesser d'être esclave de l'ignorance, l'obscurité, de l'illusion, Maya, et de la souffrance, le mental.


40. L’immuable Atman, la substance de l’ego, est donc différent de ces deux corps et Il est Purusha, Ishwara (le Dieu de tout), le Soi de tout. Il est toujours omniprésent dans toutes les formes, mais Il les transcende toutes aussi.

Mel Patrick : Deux corps, le corps de matière dit physique et le corps subtil considéré comme un corps uniquement fait d'énergie discutés dans les versets précédents et absents dans cette présentation d’Aparakshanubhuti.

On peut affirmer que la conscience pure et universelle est omniprésente et transcendante, mais à vrai dire de telles considérations sont hors propos parce que cette conscience de par son caractère absolument immuable n'a en fait aucun rapport avec Maya, une manifestation en perpétuelle transformation. La seule relation qui existe entre Brahman et Maya, est le fait évident que la conscience immuable permet de connaître un phénomène en perpétuelle transformation. Existe-t-il réellement un rapport ou même une relation entre les deux n'est en fait qu'une question purement intellectuelle et métaphysique sans intérêt lors d'une introspection méditative, qui, comme il l'a été dit, est le "moyen" de réaliser le Soi, ce qui importe vraiment. L'intellectualisme ou la métaphysique ne sont pas le propos de ce Yoga de la connaissance, ni d'aucun autre Yoga.


42. Que le corps et l'Atman soient identiques est démenti par la simple différence entre l'un et l'autre. A présent, démontrons que cette différence est irréelle.

Commentaire : … le corps n’a pas d’existence indépendante de l’Atman de même qu’une vague n’existe pas indépendamment de l’eau. En fait, seul l’Atman existe, et c’est à cause de l’ignorance qu’on le voit apparaître dans la forme du corps et d’autres choses similaires.

Mel Patrick : Il est évident que la conscience individuelle ou universelle est fondamentalement différente du corps physique fait de chair et de sang. Mais il est aussi évident que ce corps de matière ne pourrait pas se manifester, autrement dit exister, sans la conscience, la faculté de non seulement connaître ce corps de matière, mais aussi le monde physique et matériel dans lequel il vit. Existe-t-il donc une réelle différence entre les deux ? Oui dans la mesure où la conscience universelle est pour toujours immuable alors que le corps et le monde physique dans lequel il vit sont perpétuellement en cours de transformation et évolution. Non si l'on tient compte que Brahman, la conscience universelle, est la substance ultime de tout ce que l'on peut percevoir, qu'il imprègne en quelque sorte tout l'univers, et ainsi réside continuellement dans toute manifestation sans distinction.


45. Il n’existe pas d’autre cause matérielle à cet univers phénoménal que Brahman. Tout l’univers n’est par conséquent rien d’autre que Brahman.

Commentaire : … parce que l’effet n’est jamais différent de la cause, un pot n’est jamais différent de l’argile dont il est fait. Les noms et formes, qui différencient l’effet de la cause, ne sont que conventionnels et sont considérés non-existants lorsqu’on inspecte leur nature.

Mel Patrick : Il suffit de connaître la définition du mot "conventionnel" pour vraiment comprendre ce que Swamiji explique dans ce commentaire. A retenir le terme très spécifique au Védanta "noms et formes", qui détermine la vraie nature de tout phénomène et manifestation, de toute réalité et de l'univers entier. Le moi ou conscience individuelle que nous avons de nous-mêmes vit purement et simplement dans un monde de noms et de formes, Maya, et certains diront dans un univers d'informations ou encore dans un monde illusoire.

48. De plus les Sruti ont condamné (la croyance en la diversité) en ces mots : "la personne, qui trompée par Maya voit la diversité dans ce Brahman, ira de mort en mort."

Commentaire : "… naît et meurt encore et encore". Cette référence à de tels textes, Sruti, est par exemple : "Celui, qui voit la diversité dans Brahman passe de mort en mort" (Oupanishad Brihadaranyaka). En d’autres termes, à moins de réaliser la non-dualité de l’Atman, qui évidemment ne naît ni ne meurt, il n’y a aucune échappatoire au cycle des renaissances.

Mel Patrick : On ne peut pas avoir réalisé la vérité, le Soi, si l'on ne fait pas l'expérience directe et permanente de l'être pure, la conscience pure et la félicité pure, autrement dit de Brahman, dans tout, partout et à tout instant. Le Jivanmukta est le Soi parce que pour cette personne, il n'y a fondamentalement rien d'autre que le Soi, ce qui ne l'empêchera pas bien sûr de reconnaître l'infinie diversité et beauté de toutes les choses, noms et formes, qui composent le monde dans lequel il vit. Il incarne le Soi, il connaît le Soi comme lui-même, il fait l'expérience du Soi et de la non-dualité en permanence dans un monde de diversités innombrables, mais les autres personnes, qui rencontrent ce Jivanmukta, ne pourront bien sûr ne percevoir qu'un être humain comme eux-même.


55. Les Sruti dans l’Oupanishad Brihadaranyaka ont formellement déclaré que cet Atman, qui est le Soi de tout, est véritablement Brahman.

Mel Patrick : La vraie nature de notre propre existence en tant qu’être conscient n’est autre que le Divin ou principe divin, Sat Chit Ananda, être pur, conscience pure et félicité pure. Il en va de même pour tout l'univers et ce qui le compose. Les Sruti l'affirment, cela est très important pour ceux qui étudient une telle connaissance sacrée et qui bien sûr essayent de la comprendre. Mais ce qui est beaucoup plus important, c'est de comprendre que cette vérité n'est pas seulement un concept que l'on peut trouver dans des livres sacrés, c'est aussi et surtout une vérité évidente et permanente pour celui qui a réalisé le Soi. C'est pour lui un fait ordinaire, absolument sublime, mais aussi rien de plus que quotidien, c'est purement et simplement l'authentique réalité de tout ce qu'il perçoit, de lui-même et de l'univers entier.


59. Du fait qu’ (en l’absence d’illusion), nous ne nous trompons pas en voyant une jarre en argile ou l’argent dans la nacre, de même nous ne voyons plus le Jiva dans Brahman après avoir réalisé ce dernier (comme étant notre propre Soi).

Commentaire : Aussi longtemps qu’une personne demeure dans l’ignorance, elle pense à elle-même comme étant le Jiva, qui a une individualité à part de Brahman. Mais quand la vraie connaissance s’élève en réalisant qu’elle est identique à Brahman, la nature de ce Jiva ne lui semble rien d’autre qu’une illusion comme l’illusion de l’argent dans une perle.

Mel Patrick : Cela ne signifie pas que cette personne ne puisse plus la percevoir, mais qu’elle connaît maintenant sa vraie nature, de même qu'elle connaît la vraie nature de sa propre existence en tant qu’être purement et seulement conscient. La réalisation du Soi n'anéantit pas l'univers, l'illusion cosmique, elle révèle au contraire ce qu'il est vraiment. Elle révèle de même que l'être que nous incarnons, le Soi, n'est ni le corps ni le mental, mais une conscience pure et universelle.


90. La théorie exposée dans les écritures, comme quoi Prarabdha continue après la réalisation du Soi est à présent réfutée.

Commentaire : Les Sruti à de nombreux endroits déclarent que même un Jnani n’est pas libre du pouvoir de Prarabdha. Sankara l’a longuement expliqué dans ses commentaires sur l’Oupanishad Chandogya et la Gita. Dans ces textes, il supporte le consensus ordinaire, qui reconnaît que même le Jnani est sous le pouvoir de Prarabdha. Mais ici dans son Vivekachudamani, Il affirme hardiment le vrai point de vue du Védanta sans compromis. Il démontre clairement que pour un Jnani, il n’existe pas de chose telle que le corps, et qu’il est donc inutile de dire que le Jnani est sous l’influence de Prarabdha, qui lui-même n’a aucun pouvoir sur l’Atman évidemment dépourvu de corps.

Mel Patrick : Prarabdha détermine en principe le Karma restant après la réalisation du Soi, ce qui lui permet de continuer à vivre comme tout autre humain. Ce commentaire signifie simplement que, lorsqu’une personne réalise que sa vraie nature est la conscience pure (le témoin absolu ou être universelle) et non la personne elle-même avec son corps et le mental, comment cette personne pourrait-elle encore avoir un Karma ? La conscience pure ou le Divin ne peuvent pas subir l’influence d’un Karma, qui n’est autre qu’un potentiel d’ignorance, illusion, souffrance et réincarnation. Le Jivamukta étant libéré de toute identification avec le corps et le mental est par conséquent aussi libéré de toute forme de Karma, de toute relation de cause à effet, de toute destiné, de toute action, de tout corps et esprit, de tout sorte de condition humaine. On pourrait presque dire qu'en tant que personne, c'est-à-dire en tant qu'être humain, il n'existe que pour les autres.


97. Le corps existant aussi dans ce monde phénoménal (et par conséquent irréel), comment Prarabdha pourrait-il exister ? C’est donc seulement pour l’entendement des ignorants que les Sruti mentionnent Prarabdha.

Commentaire : Ceux qui ne connaissent pas la plus haute de toutes les vérités insistent sur le fait que si l’ignorance avec tous ses effets est détruite par la Connaissance, comment le corps d’un Jnani peut-il encore vivre, et comment est-ce possible qu’il se conduise comme un être mortel ordinaire ? Mais ces gens oublient de tenir compte que ce sont eux, étant encore dans l’ignorance, qui voient le corps du Jnani et parlent de lui comme se conduisant de telles ou telles manières, alors que le Jnani lui-même ne voit pas du tout le corps du fait qu’il se connaît seulement en tant que Brahman ou le Soi. Pour convaincre de telles personnes, les Sruti prennent alors en considération Prarabdha pour essayer de leur expliquer la conduite d’un Jnani, sans leur expliquer que le Jnani est en fait le Soi et qu'il ne peut pas être autre chose que le Soi.

Mel Patrick : "irréel, illusoire, non-existant, Maya, etc." signifient "qui n’est pas vrai, c'est-à-dire absolument réel". Dans le Védanta, quelque chose en perpétuelle transformation ne peut pas être considérée comme vraie, autrement dit vraiment réel, c’est-à-dire qu'elle existe en tant que telle. Par définition, une chose absolument vraie ne change jamais et elle est unique. Quand les scientifiques affirment que la matière est faite d’atomes, c’est vrai (au niveau de leur propre entendement scientifique) parce que c’était vrai autrefois et cela le sera aussi dans l’avenir. Mais ils ne réalisent pas qu’une chose en perpétuel mouvement et transformation comme l’atome ne peut pas vraiment exister non plus.

Philosophiquement parlant, on ne peut pas en effet considérer qu’une vérité absolue soit vraie maintenant, puis qu'elle puisse changer et ainsi devenir fausse. Du fait que tout est continuellement en train de changer et se mouvoir dans l’univers, la création entière, y compris tous les Karma, est considérée comme Maya, une illusion, qui n’a jamais vraiment existé. Seul Brahman, qui n’est autre que la conscience pure et universelle, par définition immuable, peut vraiment exister et ne jamais changer. Comme l’explique magistralement Gaudapada : "L’immortel ne peut pas devenir mortel, pas plus que le mortel peut devenir immortel parce qu'ils ne sont pas de même nature." Comprenez ce principe et vous aurez toute la Connaissance sacrée présentée sur un plateau d’argent. Si seul l'immortel, c'est-à-dire l'immuable, existe vraiment, tout ce qui est mortel - en perpétuelle transformation, évolution et changement - ne peut pas vraiment exister. Ce qui ne peut pas vraiment exister est par conséquent illusoire, quelque chose que l'on peut certes percevoir, mais qui ne peut pas être vraie. On peut voir un mirage dans le désert, mais on sait que c'est une illusion et qu'il est inutile de perdre son temps avec une telle illusion même si l'on est en train de mourir de soif. Il en va de même avec la vie, le monde dans lequel on vit, et soi-même dans le monde illusoire de nos propres désirs. Se nourrir de désirs et satisfactions illusoires ne permettra jamais d'apaiser notre faim. En matière intellectuelle et spirituelle, seule la connaissance sacrée peut calmer le mental.


99. … Il faut seulement accepter ces Sruti, qui déterminent la vraie connaissance.

Commentaire : Seule la réalisation de la non-dualité de l’Atman détermine la vraie connaissance, et les Sruti sont les seuls moyens pour obtenir cette connaissance. Mais tous ne révèlent pas cette connaissance. Aussi seuls ceux qui enseignent la non-dualité de l’Atman et ainsi conduisent directement à la réalisation finale, sont reconnus comme vrais, et tous les autres, qui admettent la dualité, doivent être traités comme secondaire.

Mel Patrick : Cette interprétation du commentateur semble franchement en faveur d'une réalisation purement et uniquement intellectuelle, mais ce n'est pas vraiment ce que dit cet aphorisme, qui peut être entendu de façon très différente. De plus, si les Sruti ou écriture sacrées étaient vraiment les seuls moyens de réaliser le Soi, ces Shruti et aphorismes dans Aparokshanubhuti ne mentionneraient pas entre autres la recherche de la vérité en pratiquant l'introspection, Vichara, c'est-à-dire la pratique d'un type de méditation très spécifique, qui requiert une authentique discipline, et Vairagya, le renoncement à soi. Il ne faut pas confondre comme on le fait actuellement réalisation et compréhension, un entendement purement intellectuel, qui n'a aucun pouvoir de libération spirituel. Quoi qu'il en soit, le commentateur va revenir sur ses propres paroles pour mieux expliquer ce qu'il entend par "accepter ces Sruti" dans le commentaire suivant.


101. L’atman qui est existence et connaissance absolues ne peut pas être réalisé sans une pratique constante. Celui qui cherche la connaissance doit donc méditer sur Brahman pour atteindre le but qu’il désire.

Commentaire : La réalisation de Brahman ne s’acquiert pas en une journée ; elle exige des années d’effort soutenu. Il ne faut par conséquent pas abandonner la pratique même si l’on rencontre des échecs au commencement, mais au contraire continuer avec toujours plus de vigueur.

Mel Patrick : Très clair... et en contradiction apparente avec le commentaire précédent. Pas de pratique spirituelle, pas de cause, pas d’effet et pas de libération (que l’on préfère appeler très modestement dans le Néo Advaita "éveil spirituel" afin de le différencier, pour des raisons purement commerciales, avec la libération, "Moksha", alors qu’en vérité il n’y a de différence entre les deux du fait que dans la spiritualité et Sanskrit le terme "éveillé", Buddha, signifie aussi "libéré", Mukta, Moksha).


107. Le sage devrait toujours faire "Un" avec ce silence que les mots et le mental essaient d’atteindre, mais que seuls les Yogins sont capables d’appréhender.

Commentaire : Ce silence ici indique l’Atman, qui est toujours passif. Les Yogins peuvent y accéder parce que ce n’est rien d’autre que leur propre Soi.

Mel Patrick : Ce silence, qui de toute évidence ne provient pas d'une étude d'écritures sacrées, mais d'une pratique assidue d'une discipline spirituelle telle que la méditation, la dévotion, etc., décrit en fait un très haut niveau de la pratique de Vichara, l’introspection méditative, une introspection qui bien sûr n'a aucun rapport avec la psychologie... des profondeurs.


108-109. Qui peut décrire "ça", c’est-à-dire Brahman, que les mots sont incapables de saisir ? (Aussi le silence est inévitable lorsqu’on décrit Brahman.) Même si le monde phénoménal devait être décrit, il serait aussi au-delà des mots. C’est pourquoi, dans l’intention de trouver un juste milieu, on a recours au terme "silence" que les sages qualifient de "congénital". La pratique du silence intérieur, par contre, est enseignée aux ignorants par les Gourous, qui connaissent Brahman.

Commentaire : Même quand on essaie de décrire ce monde phénoménal, il demeure ineffable parce qu’on ne peut ni l’appeler Sat (existant) ou Asat (non existant). S’il était Sat, il ne disparaîtrait pas dans le sommeil profond, et s’il était Asat, il n’apparaîtrait pas maintenant. Le monde est donc Anirvechanya (indescriptible).

Mel Patrick : "congénital", un terme surprenant. Pour comprendre sa signification, il suffit de réaliser que nous venons du silence, sommes nés dans le silence, vivons dans le silence, mourrons dans le silence et retournerons finalement au silence, mais nous n’en sommes pas souvent conscients alors que ce silence ne détermine en fait que la présence de Brahman, celle de la conscience pure et universelle, qui est inévitablement toujours présente à tout instant, sinon nous ne connaitrions et ne percevrions absolument rien. Il serait même plus simple de dire que si ce silence n'était pas congénital, nous n'aurions en fait aucune sorte d'existence, réelle ou même illusoire, humaine ou purement spirituelle.

111. La non-dualité (Brahman), qui est d’une félicité indivisible, est désignée par le mot "temps" du fait qu’elle manifeste en un clin d’œil tous les êtres en commençant par Brahma.

Commentaire : La création entière n’est rien d’autre que l’expression de Dieu dans Son propre esprit. Quand Il éprouve le désir de créer, l’univers se manifeste instantanément.

Mel Patrick : "Brahma" est le Créateur, "Brahman" est la substance de la création, qui à l’encontre de la création elle-même en tant que manifestation est indivisible, et qui, par conséquent, détermine aussi la non-dualité. Le mot "temps" représente la succession de chaque instant, qui n'est autre que création, préservation et destruction sans distinction et par conséquent sans dualité non plus. En d'autres termes, du point de vue du Soi, Brahman ou la conscience pure, il n'existe rien d'autre que le Soi, Brahman et la conscience pure, et il n'y a donc jamais de dualité entre Brahman et autre chose, étant par définition "Un et sans second". Seules l'illusion et l'ignorance permettent de percevoir cette dualité, qui n'est qu'un voile, une fausse apparence de ce qui existe vraiment, et que l'on appelle "Maya", la grande magicienne, une danse cosmique.


116. En adaptant notre vision ordinaire à celle de la connaissance, nous devrions voir que le monde n’est autre que Brahman Lui-même.

Mel Patrick : Les écritures sacrées ne sont pas inutiles, elles permettent d'avoir un autre entendement de la réalité de ce que nous sommes et du monde dans lequel nous vivons, et ainsi de contribuer à la réalisation du Soi. Elles "contribuent" à cette réalisation, mais elles ne sont le seul et unique moyen de réaliser le Soi en simplement comprenant ce qu'elles expliquent sinon tous ceux qui ont étudié ces écritures et compris leur véritable signification seraient libérés, ce qui de toute évidence n'est pas le cas. Et ce texte l'explique très clairement, il révèle d'une part la vérité suprême sous forme de concepts très facile à comprendre, mais d'autre part, il précise bien qu'il faut aussi et surtout pratiquer une introspection méditative, Vichara, pour effectuer une telle recherche et réaliser le Soi.


124. L’oubli complet de toute pensée, en commençant par cesser d’en changer, puis en l’identifiant avec Brahman s’appelle Samadhi, aussi connu sous le nom de "la connaissance".

Mel Patrick : "La connaissance" propre dite dans le contexte du Védanta n'a aucun rapport avec une connaissance conceptuelle et par conséquent intellectuelle. Elle va même au-delà de toute expérience étant par définition une réalisation, un fait qu'il est impossible de nier ou d'ignorer, et qui en plus est inutile de prouver.


125. Le disciple devrait pratiquer soigneusement cette méditation, qui révèle sa propre félicité naturelle jusqu’à pouvoir la contrôler entièrement afin qu’elle se manifeste spontanément même lorsqu’il est en train d’agir.

Mel Patrick : De nouveau, cet aphorisme insiste sur la pratique de ce type de méditation, Vichara, qui révèle une félicité ambiante et naturelle, jusqu'à la réalisation finale. En attendant de réaliser le Soi, on peut quand même réaliser que le silence intérieur est déjà l'expression de la félicité comparée au vacarme de la pensée. Certes, ce n'est pas la félicité pure, Ananda, ce n'est pas la manifestation de l'être absolu, Sat, ni celle de la conscience pure et universelle, Chit, mais c'est déjà mieux que rien et c'est surtout une expérience que l'on peut vivre partout et à n'importe quel moment pour s'assurer que les Sruti ne disent pas de bêtises. Quand on réalise déjà l'infini bonheur que l'on peut éprouver dans le silence intérieur, où que ce soit et tout le temps, on peut sans aucun doute se faire une idée relativement correcte de ce que l'on découvrirait en réalisant le Soi.


126. C’est alors que lui, le meilleur parmi les Yogins, ayant atteint la perfection, devient libéré de toute pratique. La vraie nature d’un tel homme n’est plus jamais l’objet du mental ou d’un discours.

Mel Patrick : On ne cesse aucune pratique spirituelle avant d’avoir atteint le but final, la libération ou réalisation du Soi, qui n’ont aucun rapport avec une simple expérience mystique momentanée que l’on appelle aussi aujourd’hui "l'éveil spirituel". On peut même affirmer sans se tromper que toute expérience mystique, non-ordinaire ou surnaturelle, aussi belle soit-elle, demeure dans le domaine des illusions, elles n'ont aucun rapport avec la réalisation du Soi, le véritable but de la recherche spirituelle. Faire l'expérience d'un éveil spirituel, c'est très bien pour celui qui le vit, mais si cette expérience lui fait croire qu'il est arrivé à destination, qu'il a enfin réalisé le Soi, c'est une véritable malédiction parce que c'est une illusion, rien de plus qu'une expérience.


127-128. En pratiquant Samadhi, on rencontre inévitablement de nombreux obstacles, tels que le manque de recherche, l’oisiveté, le désir des sens, le sommeil, l’ennui, les distractions, la joie et cette impression de vide total. Celui qui désire la connaissance de Brahman doit pourtant surmonter tous ces innombrables obstacles.

Commentaire : Après quelques progrès sur la voie de la spiritualité, une sorte de plaisir résultant de la pratique de la concentration se manifeste dans le mental. Cela gêne cependant la progression sur la voie spirituelle et empêche l’enthousiasme d’aller encore plus loin dans cette pratique.

Mel Patrick : Comme on peut facilement le constater aujourd'hui avec tous les Néo gourous qui s'imaginent libéré après avoir vécu une expérience spirituelle plus ou moins non-ordinaire et révélant une sublime félicité, cette expérience peut en fait devenir le pire de tous les obstacles parce qu'elle arrête instantanément la plupart du temps toute persévérance dans la recherche de réalisation définitive du Soi. La réalisation du Soi n'est pas une expérience, l'expérience du plaisir ou quelque chose de similaire comme une impression de félicité. La réalisation du Soi est un fait évident ou alors il ne l'est pas, et dès lors il n'y a pas de réalisation du tout, mais seulement une expérience. Quels que soient la nature, la qualité ou ce que révèle une expérience, elle ne sera jamais rien de plus qu'un phénomène momentané, c'est-à-dire limité dans le temps. Et tant bien même que l'expérience révèlerait l'infini et l'éternité, l'expérience elle-même ne pourrait pas être infinie et éternelle, c'est-à-dire une réalisation. Il n'existe pas d'expérience immuable, c'est par définition une antinomie. Aucun éveil spirituel est capable de libérer du corps et du mental, et encore moins de la souffrance. Prétendre le contraire est purement et simplement un mensonge, du marketing, un argument de vente dans le commerce de la spiritualité hypocrite de Néo gourous sans scrupule, c'est du charlatanisme.


129. Quand il pense à un objet, le mental s’identifie véritablement avec cet objet, et en pensant au vide, il devient réellement vide, alors qu’en pensant à Brahman, il atteint la perfection. On doit par conséquent penser constamment à Brahman pour atteindre la perfection.

Commentaire : Quel que soit l’objet d’une pensée, on devient cette pensée. Aussi celui qui désire atteindre la perfection, doit renoncer à toutes pensées de dualité et fixer son esprit sur la non-dualité de Brahman, qui Lui seul est parfait.

Mel Patrick : Il est très clairement expliqué que c’est le mental, qui s’identifie avec ses propres pensées. Ce verset démontre sans le moindre doute que l’ego n’a jamais été le problème lors d’une recherche spirituelle comme l’enseigne le Néo Advaita. Penser constamment à Brahman, alors qu'il est Sat Chit Ananda, pure être, pure conscience et pure félicité, signifie que l'on ne peut en fait que fixer notre attention sur le fait d'être conscient et ainsi arrêter de penser. Penser à Brahman, c'est en fait penser au silence intérieur et instantanément arrêter de penser. C'est un "moyen" pour réaliser le Soi.


130. Ceux qui renoncent à cette pensée infiniment purifiante de Brahman, vivent en vain et sont au même niveau que des bêtes.

Commentaire : L’homme a l’unique opportunité de réaliser Brahman et ainsi se libérer d’être esclave de sa propre ignorance. Mais s’il ne profite pas d’une telle opportunité, on peut difficilement l’appeler un homme du fait qu’il n’y a plus rien pour le distinguer du règne animal.

Mel Patrick : Un animal est un être aussi conscient que vous et moi. Mais on ne peut pas lui communiquer intelligemment une connaissance conceptuelle, qui lui permettrait de réaliser la vraie nature de son existence. Comme le disent de nombreuses écritures sacrées, si l'on a la possibilité de découvrir et étudier cette connaissance, c'est déjà un privilège remarquable que nombreux n'auront jamais. Et après l'avoir étudiée et comprise, il faudrait être fou de ne pas chercher la réalisation du Soi par tous les moyens possibles. C'est un privilège unique pour celui qui en comprend la simplicité, l'évidence et l'intelligence.


131. Bénites sont ces personnes vertueuses, qui ont en premier cette conscience de Brahman, puis qui la développent de plus en plus. On les respecte partout.

Commentaire : Après de longues pratiques, le disciple réalise en premier, alors qu’il est en Samadhi, que la présence de Brahman envahit tout le monde intérieur et extérieur. Mais ce n’est pas tout. Il doit ensuite s’accrocher à cette conscience de Brahman jusqu’à ce qu’il soit capable de s’identifier sans réserve avec Brahman et ainsi se libérer totalement de toute attache à la dualité et l’ignorance. C’est ce qu’on appelle l’aboutissement de la pratique spirituelle.

Mel Patrick : Pratique, pratique, pratique..., la spiritualité n'est pas un nouveau divertissement à la mode où l'on se contente de discuter dans des Satsang. Elle n'a jamais changé et elle ne changera jamais. Tout commence et se termine en pratiquant la vertu, en faisant ce qui est bien, autant dans la vie quotidienne que la vie spirituelle, et donc dans l'ordre naturel de toute chose, l'ordre cosmique, le Dharma.

Celui qui s'imagine que la vertu est sans intérêt dans sa recherche spirituelle, que toutes les qualités qui font que l'on devient un être moral, qui ne cherche jamais à faire du mal, mais au contraire, qui comprend très bien la différence entre le bien et mal, sont purement inutiles pour réaliser le Soi, est tout simplement un imbécile, qui n'a absolument rien compris à la spiritualité et encore moins à l'ordre social. Sans moralité, il n'y a pas de spiritualité.


132. Seuls ceux en lesquels cette conscience (de Brahman) mûrit, atteignent l’état de l’éternel Brahman, alors que les autres ne font que Le saisir dans leur esprit avec des mots.

Mel Patrick : Cet aphorisme réaffirme très clairement et même lourdement que compréhension et réalisation sont totalement différentes. On parcourt une voie spirituelle en progressant sur cette voie, on murit spirituellement en pratiquant, on réalise le Soi en cherchant, on n'attend pas que la libération tombe du ciel en lisant un bon livre ou en écoutant un gentil discours.


133. Alors ces personnes, qui sont seulement intelligentes pour discuter de Brahman, mais qui n’ont pas réalisé le Soi et qui sont encore attachés aux plaisirs ordinaires, naissent et meurent encore et toujours à cause de leur propre ignorance.

Mel Patrick : Aucune place pour aucune sorte de "Sagesse folle". Les soi-disant voies de la main gauche et autres stupidités de ce genre ne concernent pas une véritable recherche spirituelle.

Il est très clairement expliqué sans le moindre compromis que les gens, qui s’amusent encore avec "Argent, Pouvoir, Drogues, Sexe & Fame", ne sont absolument pas libérés et surtout pas de leur propre ignorance, ego ou je ne sais quoi d'autres, et qu’ils ne méritent donc pas le nom de Gourou, guides spirituels, enseignants, etc. parce qu’ils ne valent pas mieux que leurs disciples ou étudiants, et qu'ils sont la plupart du temps bien pires. Ces soi-disant Néo gourous ne savent que parler. Et alors, tout le monde en est capable plus ou moins bien. Ce ne sont que des conférenciers professionnels, et en plus, narcissiques et menteurs.


134. Celui qui est sincèrement à la recherche de Brahman ne devrait pas rester, ne serait-ce qu’un moment, sans penser à Brahman comme l’ont fait Brahma, Sanaka, Suka et beaucoup d’autres.

Commentaire : Etre toujours plongé dans la conscience de Brahman et ainsi s’identifier à Lui est le but final du Raja Yoga. Ce verset termine l’exposé du Raja Yoga selon le Védanta.

Mel Patrick : Penser continuellement à Brahman, c'est-à-dire avoir cette présence divine sans interruption dans l'esprit et à l'intérieur de soi, signifie tout simplement pratiquer Vichara, la méditation, Mindfulness, le Yoga..., peu importe la dénomination que l'on préfère. Mais il faut bien comprendre que "... sans penser à Brahman comme l’ont fait..." ne signifie pas penser avec des mots, raisonner et discourir à l'intérieur de soi. C'est une pratique spirituelle, et il n'existe pas de pratique spirituelle, qui a recours à la pensée pour réaliser une vérité sacrée au-delà de la pensée.


139. On devrait véritablement voir la cause dans l’effet, et puis ne plus se préoccuper de l’effet. Ce qui reste alors, le sage le devient.

Commentaire : Quand les causes et les effets ensembles ont ainsi disparu, on peut naturellement en conclure que seul Sunya, le vide, demeure. Mais il n’en va pas ainsi du fait que la négation absolue est impossible. On peut tout nier, mais on ne pourra jamais nier son propre Soi. Aussi quand toute causalité a été niée, ce qui reste au-delà de toute négation n’est autre que le Soi (du disciple), qui est Lui-même la réalité suprême.

Mel Patrick : La cause primordiale est véritablement tout ce qui compte dans une recherche spirituelle. Tout le reste ne sera qu'effets qui deviendront à leur tour de nouvelles causes à d'autre effets et ainsi de suite à l'infini. Et en réalisant ce qu'est cette cause primordiale, on découvrira qu'il n'existe en vérité aucune relation de cause à effet qui produit la manifestation de l'univers ; d'où le concept de non-causalité propre au Védanta, Ajata Vada.

En termes beaucoup moins métaphysiques, cela signifie simplement que Maya, la manifestation de l'univers, est purement et simplement un mystère fondamentalement incompréhensible. On peut certes l'expliquer de multiples manières, mais le fait est que toutes ces explications métaphysiques, spirituelles ou scientifiques n'iront jamais au-delà de concepts, un bavardage intellectuel sans réelle importance pour réaliser le Soi. C'est ce que sous-entend "puis ne plus se préoccuper de l’effet".


141. Le sage devrait toujours penser avec grand soin à l’invisible, le visible et toutes autres choses comme son propre Soi, qui est la conscience elle-même.

Mel Patrick : On ne peut pas séparer une perception de la faculté d’en être conscient, mais seulement la distinguer de cette faculté parce que toutes les perceptions sans exception changent continuellement alors que la conscience, qui les appréhende et connaît, est immuable.


142. Ayant réduit le visible à l’invisible, le sage devrait penser à l’univers comme ne faisant qu’un avec Brahman. Ainsi seulement il se maintiendra dans une félicité éternelle avec l’esprit empli de conscience et de bonheur.

Commentaire : Une personne doit en premier prendre une chose extérieure en tant qu’objet de méditation, mais elle devrait ensuite y penser comme ayant seulement pris une forme dans le mental, et après le mental lui-même devrait être assimilé à Brahman, qui est conscience pure. On peut dire alors qu’elle a atteint le but suprême.

Mel Patrick : Bien que le sujet et l'objet d'une perception soient totalement et fondamentalement différents, quand on ne peut plus séparer ni distinguer l'un de l'autre, on peut sans se tromper mentionner le terme "non-dualité". C'est le seul et véritable sens que ce terme possède : l'absence totale de différence et séparation entre un phénomène perçu et la faculté d'en être conscient.


143. Cela décrit le Raja Yoga, qui consiste en plusieurs étapes (mentionnées précédemment). Et il doit être associé au Hatha Yoga afin de profiter à ceux dont les désirs ordinaires ne se sont qu’atténués.

Commentaire : Ce Raja Yoga à caractère purement psychologique est extrêmement difficile à pratiquer par ceux dont les désirs charnels et autres difficultés physiques n’ont pas été bannis, et qui n’ont pas encore purifié entièrement le mental. Par conséquent, le Hatha Yoga, discipline qui enseigne comment contrôler le corps avec peu de concentration, peut leur être au commencement très utile parce qu’ils apprendront ainsi à surmonter leur propre nature interne et externe, et au fil du temps, ils seront aptes à pratiquer ce Raja Yoga.

Mel Patrick : En résumé, toutes les formes de Yoga, toutes les disciplines spirituelles, Jnana, connaissance, Bakti, dévotion, Karma, action désintéressée, et même Hatha Yoga, discipline physique, respiratioire et mentale, doivent être pratiqués si l'on souhaite sincèrement effectuer une recherche spirituelle. En bref, il n'existe qu'un seul Yoga, la recherche par tous les moyens possibles et disponibles à celui qui cherche à réaliser la vérité. Et l'on pourrait ajouter aussi, sans que cela devienne une obsession, c'est-à-dire une nouvelle psychose. Et cela n'est pas forcément évident en lisant ce genre de texte, qui aurait plutôt tendance à pousser au fanatisme spirituel.


144. Pour ceux dont le mental a été entièrement purifié, seul ce Raja Yoga les mènera à la perfection. La pureté du mental est en plus rapidement accessible à ceux qui sont dévoués et très unis à leur Gourou et leur Déité.

Mel Patrick : A chacun de comprendre ce que sont le Gourou et la Déité, ou si vous préférez, le Soi et la conscience.



6 / 9 / 2014


"Pas deux" signifie aussi "Rien d’autre"


Existe-t-il quelque chose au-delà de la conscience et la faculté de connaître ? Existe-t-il quelque chose au-delà du Soi et de Brahman ? Existe-t-il quelque chose au-delà de la non-dualité ? "Sans second", c’est tout simplement impossible à concevoir.

L’Advaïta Védanta en tant que système philosophique révélant le principe même de la non-dualité ne peut en fait qu'exprimer la connaissance absolue, la vérité suprême et l'ultime connaissance. Ce n'est pas une prétension, mais seulement une évidence. Il ne peut rien exister au-delà de la conscience.



2 / 6 / 2015


Poisson


Imaginons par exemple un poisson qui voudrait découvrir ce qu’est réellement l’eau, l'élément qui compose la mer dans laquelle il vit. Il pourrait comparer cet élément avec le sable, les rochers, les plantes, les métaux et autres poubelles qu’il rencontrerait dans sa vie, et même avec l’élément feu qu’il pourrait découvrir dans des volcans sous-marins.

Mais c’est assurément en sortant de l’eau qu’il en aurait la meilleure connaissance. Pourquoi ? Parce que dans l’eau, l’élément terre, les matières végétales ou métalliques, et l’élément feu seront toujours pour lui associés à celui dont il cherche la vraie nature. Autrement dit, il devrait en fait quitter l’élément dans lequel il évolue naturellement pour vraiment le connaître et découvrir ce qu'il est ou à quoi il ressemble.

Mais en est-il de même avec le Soi, la conscience et la non-dualité si la non-dualité signifie bien "sans second" ? Et de plus, pourrait-on vraiment comparer cette non-dualité à un "cinquième élément" ou à toutes autres choses dans la mesure où le concept lui-même ne permet aucune comparaison possible, aucune relation avec quoi que ce soit d'autre, aucun rapport avec le connu et le connaissable ?

Si l'on cherche vraiment ce qu'est la non-dualité, la réalisation du Soi, on est obligé de quitté le domaine du connu, c'est-à-dire le mental ; d'où la question "Qu'est-ce qui n'est pas mental ?" dans la mesure où tout ce que l'on peut appréhender et connaître, autrement dit saisir par l'esprit, ne peut être que mental.

La réponse est en fait très simple, mais elle ne peut avoir de sens véritable qu'à celui qui ne cherche plus à comprendre en raisonnant, mais en faisant l'expérience directe de ce qu'elle détermine essentiellement : "le simple fait d'être conscient" que tout le monde connaît à la perfection et sans le moindre effort n'est pas mental. Il illumine sans aucun doute le mental et tout ce qu'il manifeste, mais lui-même n'est pas un phénomène mental. En d'autres termes, la conscience n'est pas un épiphénomène du mental ou du cerveau. La conscience est pur être et pure félicité, voilà ce que l'on cherche à réaliser dans tous les Yogas. Rien de plus et rien de moins !




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