Saint-Génis-des-Fontaines

Saint-Génis-des-Fontaines (Sant Hipòlit de Fontanes)

Population : 2 763 Saint-Génisiens

Canton : Argelès-sur-Mer

Arrondissement : Céret

Région naturelle : Massif des Albères

  • Saint Michel de Saint-Génis-des-Fontaines

Le premier document qui témoigne de l’existence du monastère est un précepte d’immunité de l’empereur Louis le Pieux, accordé en 819 en réponse aux prières de l’abbé Assaric. Dans cet acte, on constate que le monastère avait été fondé aux alentours de l’an 800 par le prédécesseur immédiat d’Assaric, appelé Sentimir.

Le 6 avril 834, un autre précepte de l’empereur Lothaire confirme le premier.

Il est fort probable qu’entre 858 et 868, l’abbaye fut saccagée par une razzia des normands.

Un dernier précepte accordé par le roi Lothaire, le 9 juillet 981, à la demande du comte du Roussillon Gausfred I, lequel s’était constitué en bienfaiteur du monastère, rappelait que l’endroit avait été détruit par les païens et qu’à ce moment là, protégé par la miséricorde de Dieu, il avait été reconstruit. Ce même document lui confirmait de nombreuses possessions en Roussillon et Conflent.

Le monastère avait acquis à ce moment là une grande importance territoriale qui s’agrandissait sans cesse par des donations de particuliers en Conflent et Cerdagne à la fin du X° siècle.

Le 6 octobre de l’année 1127 (certains auteurs disent 1153 – selon CR, la date est erronée), les évêques Pierre Bernard d’Elne et Arnaud de Carcassonne consacrèrent l’église du monastère de Saint Genis, régit par l’abbé Arnau, avec l’assistance des abbés d’Arles et de Saint André de Sorède. Les évêques lui confirmèrent tous ses droits et possessions.

Le monastère fut protégé par les comtes de Roussillon et les rois de la couronne catalano - aragonnaise.

En 1069, Gaufred II de Roussillon confirme ces privilèges et possessions. Pierre II de Catalogne - Argon fait de même en 1260, et place le monastère sous sa protection.

Saint Génis a maintenu sa vie prospère durant les XIII° et XIV° siècles.

Au début du XV° siècle, l’abbaye a commencé à décliner matériellement et spirituellement.

Cette vie décadente se termine avec son union en 1507, à Santa Maria de Monserrat.

Durant la guerre du Roussillon, le monastère soutient la cause espagnole, et après le traité des Pyrénées les moines et abbés de Montserrat installés à Saint Genis doivent quitter le monastère.

Il faudra attendre le XVIII° siècle pour qu’ils puissent à nouveau résider à Saint Genis. Mais, la décadence et la Révolution marqua la fin de ce monastère qui fut vendu comme bien national à des particuliers.

Aucun document d’archive, ni aucune épitaphe ne mentionnent la construction du cloître de l’abbaye bénédictine de Saint Genis des Fontaines.

L’aspect simple et finalement archaïque des structures et des colonnes porte à confusion. Aujourd’hui, on a admis la datation de Pierre Ponsich entre 1271 et 1281, au temps de l’abbé Miquel. Les personnages représentés sur les chapiteaux sont caractéristiques de l’époque de Saint Louis.

Après de nombreuses péripéties (démontage, restauration, copies, changement de propriétaires.…) le cloître fut restitué à Saint Genis et remonté tant bien que mal dans un ordre incertain.

Dans les années 1972, l’église a été restaurée, ainsi que le clocher, où un appareil a été mis en place pour assurer la sonnerie traditionnelle du culte ainsi que les divisions du temps.

Les bâtiments monastiques sont formés par l’église et le cloître.

L’église de Saint Genis est l’ancienne église abbatiale des IX° et X° siècles, reconstruite en partie au XI° siècle, et voûtée au XII° siècle.

L’église telle qu’elle nous est parvenue, est dans sa majeure partie d’époque carolingienne. Elle est assez semblable à l’église abbatiale de Saint André de Sorède. La nef est unique composée de quatre travées reposant sur quatre arcs de décharge en pierres de taille adossés à l’intérieur; le transept forme un plan en croix latine.

Le chevet est formé par trois absides de plan semi-circulaire outrepassées.

Les montants de l’arc triomphal de la période préromane et qui s’élèvent à trois ou quatre mètres de hauteur, composés de pierres de grandes dimensions, montrent des traces évidentes d’incendie.

En effet, l’étude de l’appareil de la nef montre qu’elle fut reconstruite au XI° siècle sur la base des murs antérieurs (alignement horizontal de galets).

Cette nef était couverte d’une charpente sur arcs diaphragmes. Au XII° siècle, elle fut couverte d’une voûte en maçonnerie d’où la nouvelle consécration en 1127. Cette consécration correspond aussi à la construction du portail occidental actuel, mondialement connu de nos jours. Son linteau serait une réutilisation d’un retable de marbre blanc daté incontestablement par une inscription de 1019 – 1020, et : " Anno videssimo quarto regnante Roberto rege Willemus gratia dei abba ista opera fieri jussit in honore sci genesii cenobi que vocant fontanas ".

Sur le croisement de la nef et du transept s’élève un clocher tour, très remanié par les réformes tardives.

Il est percé dans sa partie inférieure de deux ouvertures d’aération à l’ouest, et dans les parties supérieures d’oculi obstrués et d’ouvertures pour les cloches, soit deux baies en plein cintre sur chaque face. Il est couronné d’une petite tour circulaire d’angle et d’un crénelage. Sous le crépi abondant, on aperçoit de la brique.

Un deuxième clocher se dresse sur le bras nord du transept. Il est de plan carré appareillé en briques, il a reçu comme le précédent un couronnement en forme de crénelage.

Trois cloches à l’usage de l’horloge et du culte sont placées dans le clocher. Deux datent du XIX° siècle, et une de 1451 (voir détails inscriptions des cloches dans 53 J – mais pb de datation entre différents auteurs).

Le bâtiment est construit avec des pierres grossièrement taillées rappelant l’architecture de Saint Michel de Cuxa.

A l’intérieur de l’église est conservé un bénitier qui présente comme unique décoration quatre figures stylisés occupant les angles (XII° siècle – C), actuellement soutenu par un chapiteau, provenant de Saint André de Sorède.

L’église conserve également des restes de peintures murales, quatre stalles du XVIII° siècle, un retable du maître-autel (1635 – C), un Christ du XVIII° siècle, une toile de Gamelin (1780). Une crosse d’abbé (XIII° siècle) qui se trouvait dans cette église, est actuellement au musée d’Art Sacré à Ille sur Têt.