Espira-de-l'Agly

Espira-de-l'Agly (Espirà de l'Aglí)

Population : 3 229 espiranenc(que)s

Canton : Rivesaltes

Arrondissement : Perpignan

Région naturelle : Salanque

  • Sainte-Marie




Tautavel

Cases-de-Pène

Vingrau

Espira-de-l'Agly[1]

Baixas




Salses-le-Château

Rivesaltes

Peyrestortes

Communes limitrophes d’Espira-de-l'Agly

Une église existait à Espira de l’Agly dès la fin du XI° siècle, mentionnée dans une donation en 1098, au monastère d’Arles par Berenger Isarn, seigneur du lieu.

Une nouvelle église est construite au XII° siècle, puisque l’évêque Udalgar de Castellnou, la consacre le 5 des ides de juin 1130. A cette occasion, il délimite le territoire de la nouvelle église, et il confirme les dîme et prémices, ainsi qu’un cimetière de trente pas " in circuitu " de la dite église.

Comme l’abbaye de Cuxa avait des droits sur cette dernière, Udalgar passe transaction le 9 novembre 1134, avec Grégoire, abbé de Cuxa : il lui cède l’église Saint Vincent de Ria, en échange de quoi l’abbé de Cuxa lui abandonne tous ses droits sur l’église d’Espira.

Ainsi, en 1136, Udalgar, institue dans cette église un prieuré de chanoines réguliers sous la règle d’Augustin, et met à leur tête le chanoine d’Elne, Pierre Arnau.

Le monastère s’enrichit rapidement, et le 23 octobre 1178, le roi Alphonse 1er d’Aragon le prend sous sa sauvegarde.

Malgré ses brillants débuts, la situation du prieuré ne tarda pas à se détériorer, et à la fin du XIV° siècle (1373), ses bâtiments menacent ruines. Il est permis de supposer que cet état de délabrement ne fut pas étranger au transfert du prieuré dans l’église collégiale de la Réal de Perpignan, le 6 octobre 1381. Toutefois, après cette translation, le prieuré fut maintenu comme prieuré détaché.

La date de construction de l’église actuelle n’est pas connue. Elle ne peut être en tout cas celle qui fut consacrée en 1130. On peut situer la construction de cette dernière vers les années 1200.

Cet édifice connut des remaniements postérieurs, comme l’établissement d’une voûte en berceau brisé sur le vaisseau, la surélévation des murs extérieurs dans le but de fortification, l’inversement de l’orientation, et la construction en briques, de la partie supérieure du clocher, à l’époque moderne.

Une restauration récente a permis une meilleure présentation des parties intérieures par le grattage des enduits, et la suppression d’une tribune en bois qui défigurait les absides.

Il s’agit d’un édifice de plan rectangulaire, comportant un vaisseau à cinq travées, couvert en berceau brisé, précédant un chœur formé d’une travée droite étroite et de deux absides jumelles, semi-circulaires, en évidemment du mur plat du chevet.

L’église est éclairée de fenêtres à chapiteaux du XII° siècle.

On accède à l’édifice sur la face sud par un portail. Il s’ouvre sur la troisième travée et a des piédroits chanfreinés, surmontés d’impostes toriques décorées de stries horizontales. Ces impostes supportent un linteau monolithe, qui souligne un tympan nu sous un arc chanfreiné en plein cintre. Il est abrité sous une voussure également en plein cintre reçue sur impostes décorées d’un large cavet chargé de deux coquilles de Saint Jacques.

La tour carrée du clocher est accolée au nord ouest de l’église. Au rez-de-chaussée, les faces sont percées de deux étroites fenêtres en forme de fente verticale sous un arc en plein cintre : l’une à l’Est, l’autre au nord. Chaque face de ce clocher est évidée, au 1er étage, de deux hautes arcades aveugles à arc brisé et, au 2e étage, d’une triple arcature également aveugle et aux arcs de même tracé, au-dessus d’un cordon chanfreiné continu. Un cordon de même nature termine la partie la plus ancienne de cette tour dont l’étage supérieur et le couronnement crénelé, en briques ont été ajoutés à l’époque moderne.

A l’intérieur, la tour du clocher possède à l’intérieur, une salle basse, couverte d’un berceau, où l’on ne peut actuellement accéder à l’église. L’accès au 1er étage du clocher, se fait par une porte en plein cintre ouverte dans le mur occidental, près de l’angle nord ouest de la nef. De cette salle du 1er étage, couverte d'un berceau brisé, un escalier pris dans l’épaisseur du mur (selon la formule romane), conduit à la salle du deuxième étage (également en berceau légèrement brisé cette fois-ci). De cette salle, quelques marches accèdent au toit de l’église, ou à la plate forme supérieure du clocher, dont le couronnement moderne abrite les huit cloches du carillon, fondues à des dates assez récentes.

La tour du clocher servait en fait de véritable donjon, commandant l’ensemble de la fortification. Cette défense a été complétée postérieurement par un chemin de ronde dont le parapet a été établi, en surélévation des murs de l’église ; on y avait accès par la tour du clocher.

Le clocher est composé d’un appareil quadrangulaire régulier, en calcaire (brèche) gris bleu, alterné, en certaines parties. L’étage supérieur et son couronnement crénelé sont en briques.

L’appareil de la façade ouest de l’édifice présente dans sa partie supérieure apparente, des assises régulièrement appareillées de calcaire (brèche) blanc à la patine dorée. La partie surélevée au-dessus du niveau du toit est d’appareil irrégulier (moellons de calcaire et galets).

L’édifice est couvert d’une toiture en tuile canal.

L’église conserve du mobilier presque entièrement classé : des retables du maître autel (1663 – C) par Louis Génerés, du Rosaire (1702/1725), des archanges (vers 1710), de Saint Jean Baptiste (1723), du Christ (XVIII° siècle), une Vierge reliquaire du XII° siècle, une mise au tombeau du XVIII° siècle, sept panneaux sculptés du XVIII° siècle d’après Poussin et Rubens, une toile de Saint Mathieu par Anton Guerra, de nombreuses toiles et statues des XVII° et XVIII° siècles, une chaire de 1710, un bénitier du XVI° siècle, deux confessionnaux du XVIII° siècle.