04 Ilakaka
Le vrai toponyme de cette agglomération champignon est ANDOHANILAKAKA
Quel Devenir ?
1658 : Flacourt, le gouverneur de Fort Dauphin, parle de saphirs dans le sud malgache.
1750 : Des immigrés (agriculteurs ?) créent le village d'Ilakaka qui deviendra un chef-lieu de commune.
1808 : Barthélemy Hugon relate la découverte « d’une pierre si belle et si rare que les lapidaires n’ont pu la reconnaître et qu’elle était au dessus de tout ce qui n’est pas diamant ».
1991 : Lors de la grande sécheresse dans le sud, des échantillons de saphirs sont découverts à Tranomaro, chef-lieu de la vallée.
1998 : Ilakaka n’est qu’un groupement d’une dizaine de cases à 25 kilomètres de Ranohira.
Depuis :
Installation du négociant suisse, Marc Noverraz.
Avec son temple bouddhiste et sa mosquée, cette nouvelle ville du saphir, étirée sur 2 à 3 km de part et d’autre de la RN7, rappelle l’épopée sauvage des chercheurs d’or de l’Ouest américain.
Effectivement, l'essentiel des transactions de minéraux se fait au comptoir d'Ambarasy. Dans une enceinte clôturée d'une palissade et accessible par une seule entrée, gardée par la gendarmerie, environ 200 baraques en bois sous tôles servent de bureaux d'achats aux négociants étrangers :
- 300 thaïlandais - 100 sri-lankais - 2 bulgares - 1 français
- quelques guinéens, sénégalais, ivoiriens, sud-africains et comoriens
- LE plus gros acheteur, un suisse.
Compte tenu de la diversité des minéraux recensés dans la région et de leurs états - toutes les pierres sont brutes - il apparaît facile de faire des erreurs…
“On dit que la plus grosse mine du Sri Lanka, c’est Ilakaka” Marc NOVERRAZ
Le saphir d'Ilakaka est payé 5 fois moins cher que celui du Sri-Lanka.
On estime à 18,30 millions € les transactions réalisées chaque mois dans la région. Les divers reportages télévisés le témoignent, à travers le déchargement des 4x4 de plusieurs sacs à dos de 80 litres, débordant de billets de banques malgaches, et cela, sous bonne garde de personnes armées de kalachnikov.
Tout un réseau de commerces (dont 2 boîtes de nuit : le Saphir Dance et le Dera) s’est mis en place, entraînant dans son sillage, prostitution (dès 14 ans, quelques jeunes filles réclament ainsi leur part de saphirs) et tout ce qui en suit… La scolarisation des enfants reste anecdotique…
Nature et environnement en souffrent aussi, malgré la proximité du Parc National de l’Isalo, site protégé…
"360 euros le kg d'os de dahalo en provenance d'Ilakaka" d’après le Quotidien de La Réunion du 04.07.2007
2007 : Mohammed Jamal Khalifa (beau-frère par alliance d'Oussama Ben Laden) un des plus gros exploitants miniers, meurt de deux balles dans le dos pendant le vol de son coffre fort.
Population : 10 500 habitants
0 - 5 ans : 11 %
6 - 20 ans : 45 %
21 - 60 ans : 34 %
61 ans : 10 %
Taux de scolarisation : 12%
Superficie : 4 550 km²
Nbre de Fokontany : 11
Nbre d'établissements de santé : 1 dispensaire
Taux d'accès à l'eau potable : 0 %
Budget de la Commune / habitant : 9 523 fmg (1,36 €)
Nbre de classes : 3 (12 à 9 ème)
L'administration est débordée !
2008 : Le 18 mars naquit, à Ilakaka, l'association CCPGEM - Cercle des Consultants pour la Promotion de la bonne Gouvernance de l'Exploitation Minière - afin de défendre les petits prospecteurs.
Michel RAZAFIMAHATRATRA - Président de l’association CCPGEM :
CERCLE DES CONSULTANTS POUR LA PROMOTION DE LA BONNE GOUVERNANCE DE L’EXPLOITATION MINIERE
“Situation générale de l’Ilakaka suite à la suspension de l’exportation des pierres précieuses”
Ilakaka 12 ans après !
En 2000, les reporters d’Envoyé Spécial ont effectué un premier reportage sur le saphir de la région Ihorombe.
Le retour d’Envoyé Spécial pour un nouveau reportage en 2012 permet de comparer l’évolution de la situation locale.
2 0 0 0
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La fortune n’étant plus au rendez-vous, et faute de n’avoir jamais été à l’école,
Ferdinand tombe dans la misère et c’est sa mère qui le nourrit à 22 ans.
Werner n’y retourne plus !
Olga a quitté Ilakaka, mais elle vit toujours de la prostitution (Tsenan’apela)
... le dernier travaille toujours dur en attendant de trouver le bon filon.
Seul prospecteur ayant recours à la mécanisation, l'exploitation de Gaspar sera connue de tous sous le nom de “Banque suisse”
Faute de retour à l’investissement, il reprend ses études et devient fonctionnaire
Un point de vente leur est réservé maintenant.
Avec son associé français et trois artisans malgaches, Marc NOVERRAZ transforme les pierres précieuses en bijoux sur place.
... et les sri-lankais détiennent 80% des productions
Ferdinand a 10 ans. Ancien guide touristique, il devient intermédiaire pour les acheteurs étrangers. De 2003 à 2006, il travaille pour le prospecteur Jacques Le Quére.
Rapidement, l’argent miracle fait défaut.
Werner, de nationalité suisse, est LE plus grand acheteur !
Olga a 12 ans. Malgré son jeune âge, elle est prostituée.
Trois copains ont investit ensemble leur force. Suite au décès de l‘un et du départ de l’autre...
Gaspar a cessé ses études pour tenter sa chance à Ilakaka.
Il achète une pierre d’une valeur de 7 500 francs et la revend 666 fois son prix à un thaïlandais.
Jadis, il était déconseillé aux touristes de s’arrêter à Ilakaka.
Marc NOVERRAZ, l’autre négociant suisse, y est toujours depuis 1998. Il parle le malgache couramment. Ses ouvriers travaillent sous bonne garde.
Présents dès les débuts, les sri-lankais sont encore là...
article du 31.01.2012
Pour aller plus loin :
site du photographe F. R. Durand
site du photographe Franck Rémy
site du photographe Pierrot Men
site du photographe Rijasolo
blog de paesaggio