03 Environnement

Perception, Forêt et Développement Durable...

Ayant une forte connotation symbolique et sacrée à l’origine, la forêt n’intervient que de manière marginale dans l’économie Bara (pasteurs-nomades). Considérée de source divine, la sylve apparaît, paradoxalement, comme une ressource inépuisable.

D’autre part, il était dégradant pour un Bara de consommer des produits de la forêt car « les hommes ne sont pas des sangliers ». Si bien que les produits issus de forêt doivent y retourner après être passés dans le monde des hommes (Rudd, 1960 - Fauroux - Randrianatenaina, 1995). De même, les produits de la chasse ne peuvent être revendus.

Désignés par Zanahary comme tompon’ala - maîtres de la forêt - les Bara contrôlent et protègent cette forêt.

Appartenant à la terre, les Bara sont aussi propriétaires de la terre.

L’appropriation symbolique et sociale de la forêt est marquée par l’installation des sépultures.

A contrario, l’inhumation en forêt des femmes Bara de lignée royale, n’ayant pas procréé, symbolise leur expulsion sociale.

Lieu de cachette des zébus en cas de razzia d’un clan ennemi, la forêt sert aussi de lieu d’échange et de recel des bœufs volés. Sa préservation est donc indispensable.

D’autant plus que les grands troupeaux attirent toujours des esprits qui séjournent auprès d’eux. (Rejela, 1987)

« Quand les helo se manifestent, suite à une agression humaine sur la forêt, les Bara, intermédiaires entre les divinités du territoire et des autres humains, doivent accomplir un certain nombre de rites afin de les apaiser, et rétablir l’harmonie entre humains et esprits, d’une part, et entre monde humanisé et forêt, de l’autre » (Fauroux, 1992).

Jadis, un pâturage même sans zébu ne pouvait être cultivé.

Le clan Bara Zafimanely, comme la plupart de tous les autres Bara ont facilité l’installation de divers migrants, tels les colons, l’administration et les éleveurs non-Bara. (Mahatsanga, 1995) Ainsi, la perte de leur statut de tompon-tany est marquée, par exemple, par la présence de chèvres - animal frappé d’interdit - sur leur territoire. Les Bara déplorent, aujourd’hui l’absence de concertation des exploitants forestiers et des sociétés pétrolières. La rentabilisation rapide de ces entreprises - au détriment du symbole socio-religieux de la forêt - a effacé définitivement toute notion de tompon’ala.

Changement de statut de la Forêt

Milieu sacré Milieu menacé

Milieu collectif ⇒ Milieu individualisé

Exploitation mesurée ⇒ Usage abusif

Parmi les changements de mode vie, l’agriculture fait son apparition. Les récoltes de maïs entraîne l’invention d’un système de conservation du produit, destiné à l’alimentation humaine mais pas du bétail.

Ejeba

Kijoly

Salazana

Riana

Aujourd’hui, la construction des bâtiments de stockage des récoltes a recours aux matériaux modernes.

L’association FERT a conduit dans le cadre du projet AROPA, une étude intitulée : "Propositions d’amélioration du stockage traditionnel” dans les régions Haute Matsiatra, Ihorombe et Amoron’i Mania."

4 produits agricoles sont concernés :

- riz - pomme de terre - manioc - oignon

Quatre bâtiments en matériaux locaux dans la région Ihorombe ont été réalisé. De même, un guide de construction est mis à la disposition du personnel agricole.

“Dans le cadre du programme "Déforestation et sociétés paysannes à Madagascar" conduit de 1994 à 1998 principalement en pays Bara - région située à l'ouest de l'île, comptant une centaine de villages et 65.550 hectares de forêt - des chercheurs de l'IRD, en collaboration avec leurs partenaires malgaches du CNRE (Centre National de Recherches sur l'Environnement) ont tenté d'identifier comment les changements de perception et d'utilisation du milieu par les populations, associés à de nouvelles dynamiques socio-économiques, pouvaient concourir à la déforestation” IRD.

Sources :

  • FAUBLEE, Jacques (1954) La cohésion des sociétés Bara Paris, France - Puf.

  • IRD L’utilisation des forêts secondaires pour l’activité pastorale des Betsileo et des Bara à Madagascar (Dossier thématique) Des forêts et des hommes

  • IRD (12.1998) Déforestation, migrations et stratégies foncières dans le Sud-Ouest de Madagascar (Fiches d'actualité scientifique) paragraphe II

  • DE SAINT SAUVEUR, Armelle de Saint-Sauveur (1998) Gestion des espaces et des ressources naturelles par une société pastorale, les Bara du sud-ouest malgache : implications pour une politique environnementale décentralisée Université de Bordeaux (thèse).