COMBIEN SONT-ILS, QUE FONT-ILS ?
Ils disent que les esprits malins sont nombreux et envahissent la terre ; si un voyageur transporte ne serait-ce qu’un petit casse-croûte pour son enfant, et où qu’il aille, un esprit qu’on appelle Manarakaraka le poursuivra, attiré par cette nourriture qu’il aimerait goûter. Et si on donne à manger à l’enfant et qu’on oublie d’en offrir aux esprits malins, en lançant aux quatre points cardinaux un peu de nourriture, ces derniers rendront cet enfant malade. On l’appelle ainsi : Manarakaraka (Esprit Suiveur) dû au fait qu’il suit celui qui transporte un aliment. Les autres esprits malins sont des : lolo, lolohaja, vazimba, helo. Ce ne sont pas des noms propres mais des noms communs pour les différencier.
V a z i m b a : Mot vraisemblablement d'origine bantoue, désignant les derniers aborigènes ayant occupé l'Imerina, particulièrement la région de l'Itasy (du nusantarien tasik : lac) et considérés actuellement comme des r e v e n a n t s.
ACTES DES ESPRITS MALINS ET PROTECTIONS CONTRES EUX :
Il a été dit que ces esprits sont extrêmement méchants et cette cruauté transparaît dans leurs actes. On constate effectivement qu’ils ne se contentent pas de punir celui qui transgresse les zones interdites, mais viennent aussi terrifier celui qui n’a pas de protection jusque dans sa maison.
Ces esprits s’acharnent particulièrement sur la jeune parturiente et sur son bébé. Alors, à chaque fois qu’elle doit aller dehors, elle s’enduit le corps d’un produit malodorant, exécré par l’Esprit Malin, ou bien elle se munit d’un petit couteau tranchant : le fitohy. Malgré ces précautions, l’Esprit Malin peut encore la frapper par le biais de sa nourriture. Il suffit alors de recouvrir tout aliment provenant de l’extérieur, d’un peu de braise pour le préserver.
On protège aussi le bébé de cet Esprit Malin qui peut le tuer et on installe une plante verte à l’odeur fétide près de son matelas puis on brûle de la graisse ou de la corne de zébu dans le foyer pour qu’il ne soit pas terrorisé ni qu’il ne tombe malade car l’Esprit Malin ne supporte pas ces odeurs.
article du 05.03.2012
LES ENDROITS HANTES PAR CES ESPRITS MALINS :
On pense qu’ils n’occupent pas les cieux, mais circulent partout dans le monde. Helo et lolo fréquentent les sommets des montagnes et les eaux. Lolohaja, angatra, vazimba et raharaha hantent les vallées profondes et les abords des forêts. Les villages désertés font aussi partie de leurs lieux de prédilection. Dès qu’un village est abandonné, les mauvais esprits s’y installent aussitôt. Ils forment leur communauté indépendante dans ces divers endroits. Si quelqu’un a l’audace de poser le pied sur leur territoire, il se trouvera mal car les esprits malins sont d’une grande méchanceté. Ceux qui ont pu les voir en songe disent qu’ils ont un visage sinistre et horrifiant.
Quand les Bara peuvent localiser un endroit qu’ils occupent, ils le signalent par l’ appellation : « tany fady » ou « tanin-draharaha » (lieu tabou) où personne n’a le droit de s’y introduire. Mais si un individu ayant eu le malheur de fouler cet endroit tombe malade, alors, on doit absolument faire une offrande composé de riz et de deux poulets pour se faire pardonner. Le premier poulet sera tué et l’autre relâché sur place. Le riz sera cuit afin de calmer la colère des esprits et susciter leur clémence pour que guérisse celui qui a violé leur territoire.
Les personnes qui tombent sur ces esprits malsains, que ce soit le jour ou la nuit, sur les routes ou dans les champs, sont nombreuses à être sujettes aux brusques pertes de connaissance. Certaines demeurent longtemps dans un assez mauvais état, tandis que d’autres se remettent au bout de deux ou trois heures seulement. D’autres encore se mettent à danser, on les appelle des “Bilo” (salamanga). Un “salamanga” qui obéit à l’esprit qui le possède se trouve libéré quand ce dernier cesse de le faire danser. Mais il arrive que des individus résistent à la manipulation - il existe tellement de choses que ces esprits malins font faire par leurs victimes (bilo) - ils essaient tout d’abord de les raisonner, mais en cas de refus, ils les terrorisent par le biais d’animaux féroces ; face à une résistance persistante, ils les entraînent dans des eaux profondes, en haut d’une falaise ou dans les ronces pour qu’ils se tuent, à cause de leur désobéissance. Il arrive que des personnes possédées qui essaient de résister se retrouvent en train de se trancher la gorge et en meurent.
"Transe"
article du 05.03.2012
Tels sont les actes épouvantables des esprits malfaisants ; tandis que leurs victimes combattent dans le vide car ces ennemis-là sont surnaturels. Malgré l’horreur que suscite les méfaits de ces esprits malins, certaines personnes se déclarent capables de trouver des remèdes pour les contrer, voire même de les éliminer. Alors les victimes se résignent en espérant cette guérison.