08 Chapitre

Dieu a créé deux grands espaces : la terre avec tout son environnement et le ciel parsemé d’astres. A travers ses œuvres, Dieu manifeste aux hommes sa volonté et ces derniers le perçoivent en bien ou en mal. Ainsi, on différencie deux sortes de présages :

LES MANIFESTATIONS TERRESTRES :

Les tremblements de terre :

Particulièrement craint dans toutes les contrées et à travers tout le royaume, ce cataclysme annonce de graves fléaux, tels que : la famine, l’épidémie ou l’anarchie.

Les oiseaux :

Si le vol du « jiny » ou d’autre rapace nocturne traversant le village est accompagné de hululements, alors, il faut s’attendre à un décès dans les jours qui suivent. Et, peut être même la disparition du chef du village.

De même, le vol du « takatra » variété d’ombrette, impose l’abandon du village.

Le chant du coq au crépuscule ou une poule qui détruit son nid en consommant ses œufs, annonce l’éventuel décès du propriétaire de ces gallinacés. Pour se préserver, l’individu menacé n’a plus qu’à sacrifier sa volaille.

Les autres animaux :

Une armée croisant un serpent sur son chemin doit faire demi-tour. Signe que Dieu n’apprécie cette intention belliqueuse. La personne appelée au chevet d’un souffrant, et qui croise un « lefopotsy » en chemin, n’a guère d’espoir de voir le malade encore en vie. Si cette même variété de serpent rentre dans le domicile du malade alors ce dernier décédera. En se suspendant au milieu de la pièce, les petites araignées qui nichent habituellement dans les recoins de la maison, invitent l’hôte à se préparer pour recevoir une visite.

En déplacement :

Trébucher au départ d’un long voyage, pour rendre visite à un proche, risque de le rater. Autant faire demi-tour d’emblée ! Bailler ou avoir des frissons, avant la traversée une zone désertique, met en garde contre une mauvaise rencontre.

Au cours du repas :

Laisser échapper la nourriture de sa bouche ou avaler de travers signifie que quelqu’un offrira un morceau de viande au maladroit.

A travers les rêves :

Rêver d’une morsure de chien ou de sangsue signifie qu’on est victime d’un sort. Pour conjurer le mal, l’intéressé doit dessiner des raies avec de la boue et de la mousse sur son corps. Celui qui rêve de pleurer ou de transporter un défunt doit immédiatement prendre un bain dans la rivière, afin que l’eau emporte le mal et que la mort épargne ses proches. Une femme rêvant de faire une bonne récolte de patates ou de citrouilles vertes sera bientôt enceinte. Si elle rêve de porter une cruche d’eau alors elle enfantera d’une fille.

Telle est la croyance des Bara aux bons ou mauvais présages terrestres.

LES PRESAGES CELESTES :

Basia mifindra :

Basia en Bara signifie étoile. Il s’agit ici des étoiles se déplaçant exceptionnellement dans la nuit. L’observateur doit cracher pour éviter de devenir aveugle ou de mourir.

Tarosa :

Dés fois le ciel est peigné de deux ou trois bancs de brouillard inhabituels partant, soit du nord vers le sud, soit de l’est vers l’ouest. Jadis, cela évoquait l’approche d’un ennemi, alors pour leur protection, on interdisait aux femmes et enfants de prendre la même direction.

Le soleil et la lune :

Ignorant les éclipses qui les terrorisaient, les Bara se regroupent sur la place du village pour demander protection. Avec son fusil, le souverain vise les astres. D’un coup de feu il élimine le mal, rétablissant ainsi la confiance parmi ses vassaux.

Les comètes :

Appelés aussi « afolahy manga » car ils se dressent dans le ciel tout en les terrorisent en annonçant maintes disgrâces : L’immolation des sorciers - Le décès du souverain ou sa destitution - Une épidémie de variole - La grêle - L’invasion de sauterelles et la famine. Face aux comètes, seule la résignation est de mise, en attendant ce que leur réserve le destin.

Cela nous montre que l’ignorance des Bara les contraint à vivre dans la tourmente.