(Vaines) recommandations concernant l'emploi de faire

Usage du verbe faire

Faire est employé avec excès à propos de toute activité. Il convient, chaque fois qu’on le peut, de préférer au verbe faire le verbe approprié à l’action. Ainsi, on préfèrera construire une maison à faire une maison, peindre un portrait à faire un portrait, on s’habitue à tout à on se fait à tout, etc.

Le verbe faire a de très nombreux sens, parmi lesquels celui de « se conformer aux devoirs de sa charge, aux obligations, aux usages de sa condition ; posséder les qualités de son état ». On dira ainsi Ce jeune homme fera un excellent mari ou Il fait un piètre éducateur. On le voit, dans ce cas, l’état en question est précédé d’un article : un (excellent) mari, un (piètre) éducateur. On veillera en revanche à ne pas employer faire au sens d’« être », ce qui amènerait à transformer ce nom en une sorte d’adjectif attribut. En savoir plus : Académie française.

Le verbe faire est victime de sa plasticité. Il tend à devenir un verbe passe-partout. L’employer ainsi amène à se priver de formes aux sens beaucoup plus restreints, mais aussi beaucoup plus précis, et à user d’une langue dont on semble s’appliquer à gommer toutes les nuances. Parmi les verbes qui disparaissent au profit de faire, il y a visiter : Nous avons fait le Mexique cet été. Est-ce à cause de la polysémie flatteuse de ce verbe qui nous élève du rang de touriste à celui d’architecte, voire de bâtisseur que cette substitution a autant de succès ? Ou est-ce parce le voyage devient aujourd’hui une forme d’obligation sociale, dont on ne s’acquitterait plus par plaisir, mais pour tenir un rang, et parce que, après tout, ce qui est fait n’est plus à faire ? C’est sans doute ce qui explique qu’on ne se contente pas de « faire », on indique une vitesse, on « fait » dans un temps donné : les châteaux de la Loire en trois jours et l’Espagne en deux semaines. On rappellera donc que si le proverbe dit que Rome ne s’est pas faite en un jour, c’est par allusion à la lente extension de cette ville et non au commentaire de quelque touriste qui aurait eu besoin de plus de vingt-quatre heures pour visiter la Ville éternelle. Académie française.

Mais le verbe faire a pour lui l’avantage de pouvoir être suivi d’un autre déterminant que l’article défini. En effet, quand cette attitude affectée devient habituelle, quand le masque est régulièrement porté, le ou la est remplacé par l’adjectif possessif son ou sa. On trouve ainsi, entre autres : faire son intéressant, faire sa sucrée, faire sa panthère, « flâner, ne pas travailler », faire sa Joconde ou faire sa poire, « adopter un air indifférent et hautain », faire son jars ou faire son Vésuve, « prendre un air important ». En savoir plus : Académie française.



faites

Comme la plupart des verbes, faire et les verbes de la même famille (contrefaire, défaire, parfaire, redéfaire, refaire, satisfaire, surfaire) ont comme conjugaison les mêmes formes à l’impératif que celles de l’indicatif présent. Or, au présent de l’indicatif, ces verbes comportent quelques irrégularités. Faire se conjugue : je fais, tu fais, il fait, nous faisons, vous faites et ils font. D’où la difficulté lorsque vient le temps d’employer l’impératif à la deuxième personne du pluriel; on ne dira pas faisez mais bien faites. L’emploi fautif de la forme faisez est une généralisation abusive de la finale -ez à un verbe qui, pour des raisons historiques, a une finale en -tes. En savoir plus : Office québécois de la langue française.

Les terminaisons en -mes,- tes des verbes faire et dire au présent sont des formes attendues phonétiquement car ces personnes avaient une accentuation proparoxytonique, c'est-à-dire sur l'avant-dernière syllabe : fácimus, fácistis. Elles divergent ainsi des formes sommes et êtes qui n'étaient pas attendues.

La terminaison de la première personne du pluriel a été éliminée par une forme intermédiaire dions dans le cas de dire. Cette forme était analogue à la conjugaison de diez, dient à l'indicatif, die au subjonctif. L'évolution est similaire à celle du verbe duire (conduire, de ducere) qui faisait duions. Il y a eu alignement de ces personnes sur l'imparfait (disions, duisions) et le participe présent (disant, duisant) dès le XIIIe siècle Cette forme évitait surtout la confusion avec le passé simple (dîmes, avec un accent analogique). Il faut se rappeler que la première personne du pluriel du présent sert de base à l'imparfait de l'indicatif, l'analogie a été inverse dans ce cas. Dans le cas de faire, la réfection n'est pas passée par un intermédiaire, l'attraction de dire a été la plus forte.

Les formes dites et faites ont été soutenues par les formes d'impératif homonymes. Les impératifs sont des conjugaisons fréquemment employées à l'oral, leur fréquence a pu permettre de considérer la désinence comme normale. On peut remarquer qu'en italien la forme de l'impératif a dominé sur celle de l'indicatif dans toutes les conjugaisons : il y a eu partout disparition du -s latin.

Cependant, il existe beaucoup de contradictions dans la famille de dire. Les verbes maudire (maudissez) et médire (médisons) sont les antonymes de bénir (maledicere versus benedicere). Dès l'ancien français, beneïssons et beneïssez apparaissent comme des conjugaisons régulières de beneïstre. C'est dû à des raisons d'accentuation. Il y a eu une attraction vers la forme la plus fréquente des conjugaisons en -ir, bénir et maudire se sont rangés dans la deuxième conjugaison alors qu'ils auraient dû appartenir à la troisième. Maudire suit donc le modèle de finir : maudissons, maudissez. Les raisons doivent se trouver dans les mentalités car maudire et bénir sont fortement liés.

Médire est une forme plus populaire et déformée de maudire. Il a été préservé d'une réfection sur la deuxième conjugaison, contrairement à maudire, sans doute parce qu'on le rapprochait plus de dire de manière générale. Des verbes comme contredire, interdire ou prédire sont rarement employés à l'impératif et c'est la forme en disez qui l'a emporté.

Il est étrange que l'on n'ait pas conservé d'accent circonflexe aux deuxièmes personnes du pluriel de dites, faites. Il est pourtant dicté par l'étymologie comme dans êtes. Les raisons tiennent à l'homonymie avec d'autres formes, les faîtes ou sommets, dîtes au passé simple.

En savoir plus : site de Dominique Didier.



prononciation du verbe faire

Les lettres ai du radical du verbe faire se prononcent généralement [ɛ] (è).
Toutefois, dans la forme faisons (à l’indicatif présent et à l’impératif), dans toutes les formes de l’imparfait (c’est-à-dire faisais, faisait, faisions, faisiez et faisaient) ainsi que dans le participe présent faisant, les lettres ai se prononcent plutôt comme la lettre e, donc comme dans le radical des formes du futur simple et du conditionnel de ce verbe, qui est fer- (ferai, ferais, etc.). On peut également ne pas prononcer les lettres ai dans faisons, faisais, etc. On évitera toutefois de les prononcer [ɛ] (è).
On prononce aussi les lettres ai comme la lettre e dans les mots bienfaisant, malfaisant, faiseur, faisable, faisabilité ainsi que dans le nom faisan et les mots de la même famille (faisandage, faisander, etc.).
En savoir plus : Office québécois de la langue française.



bien faire

Bien faire signifie en français « faire une bonne action », « agir correctement » et, au sens moral, « faire ce qu’il faut faire ». Attention à l’anglicisme que constitue l’emploi de bien faire au sens de l’anglais to do well qui signifie « donner un bon rendement », « bien exécuter son travail ». En savoir plus : Office québécois de la langue française .



faire que / faire en sorte que

Les locutions verbales faire que et faire en sorte que peuvent être confondues. Elles ont pourtant leurs sens et leurs emplois propres.
La locution faire que signifie « avoir pour résultat, pour effet que » et elle est suivie d'un verbe à l'indicatif.
La locution faire que peut aussi s’employer pour exprimer un souhait, un désir. Dans cet emploi, le verbe faire est employé à l'impératif, ou au subjonctif dans un style plus littéraire. Le verbe de la subordonnée qui suit est au mode subjonctif.
Quant à la locution faire en sorte que, elle signifie « agir de façon à, veiller à ». Cette locution suppose donc une volonté d’agir ; c’est pourquoi le sujet est normalement une personne. Le verbe de la subordonnée qui suit cette locution peut être au subjonctif ; l’action évoquée exprime alors la finalité, le but poursuivi. Le verbe de la subordonnée introduite par faire en sorte que peut aussi être au mode indicatif; il évoque alors une conséquence considérée comme certaine.
Avec les mêmes sens, on trouve également la locution faire en sorte de, qui introduit un verbe à l'infinitif; on emploie l’infinitif plutôt que l’indicatif ou le subjonctif lorsque le sujet de la principale fait l’action du verbe de la subordonnée. En savoir plus : Office québécois de la langue française.



faire suivi d'un nom

La présence systématique d’un déterminant devant le nom est un des points grammaticaux qui distingue le français actuel de l’ancien français, mais nous avons encore quelques survivances de cette langue dans des locutions figées comme avoir faim, avoir soif, prendre peur, faire chaud, faire froid, faire honte, etc. Ces tours ont trouvé leur place (ou trouvé place) en français depuis plusieurs siècles et sont bien ancrés dans l’usage. À ceux-ci, il n’est certes pas utile d’en ajouter d’autres, même si l’on rencontre, hélas, de plus en plus de formes en faire + nom. Nous avons déjà vu faire consensus, faire mémoire, faire sens et faire problème. Aujourd’hui, il faut malheureusement étoffer cette liste, née d’une négligence paresseuse ou d’une volonté d’imiter l’anglais, avec les locutions faire débat et faire polémique, qu’il serait pourtant facile de remplacer par d’autres formes usitées depuis longtemps. En savoir plus : Académie française.

Dans nombre de locutions verbales enregistrées par l’usage, faire est directement suivi d'un substantif, comme dans faire peur, faire plaisir, faire signe, faire face, faire bon accueil. Sur ce modèle on tend, par facilité, à créer des expressions où cette construction ne se justifie pas. En savoir plus : Académie française.



faire affaire et faire des affaires

Les sens du nom affaire sont nombreux. Employé au pluriel, affaires a entre autres le sens « activités commerciales, économiques ou financières »; c’est ce sens qu’on a dans gens d’affaires, chiffre d’affaires, voyage d’affaires, etc. On dira également faire des affaires ou faire affaire (au singulier cette fois) avec une personne physique ou morale, avec le sens « traiter, conclure un marché ». Faire des affaires s’emploie aussi sans complément ; cette expression signifie alors « faire du commerce, exercer une activité commerciale ».
L’expression en affaires se rencontre dans certains contextes en français, mais, au Québec, c’est sous l’influence de l’anglais to be in business qu’on emploie fréquemment être en affaire(s), dans le sens d’« exercer une activité commerciale ou financière ». On lui préférera l’expression être dans les affaires. En savoir plus : Office québécois de la langue française.



faire des représentations

La locution faire des représentations est un anglicisme : elle est en effet calquée sur l’anglais to make representations. On la remplacera donc par des expressions telles que intervenir, faire des démarches, exercer des pressions, etc. En savoir plus : Office québécois de la langue française.



faire du sens

L’expression faire du sens, surtout employée à l’oral au Québec, mais aussi attestée en Europe, notamment dans la presse, résulte vraisemblablement de l’influence de l’anglais make (dans to make sense), qu’on a traduit et qu’on a substitué au verbe avoir dans avoir du sens.
Pour exprimer la même idée, on privilégiera, outre l’emploi de avoir du sens, des expressions telles que être logique, être sensé, être une bonne idée, tenir debout. Ainsi, s’il est vrai qu’un geste peut avoir un sens ou n’avoir pas de sens, ou qu’on peut trouver, donner un sens à quelque chose, il n’est pas possible pour autant de dire qu’il fait du sens ou ne fait pas de sens.
Notons que la locution verbale faire sens (sans l’article du), utilisée notamment en philosophie et en littérature, était déjà en usage en moyen français au sens d’« agir sensément ». Elle a acquis au fil du temps de nouvelles significations, dont « avoir un sens, être intelligible » et, plus récemment, « avoir du sens ». La locution faire sens est peu employée au Québec. En savoir plus : Office québécois de la langue française. Voir aussi : États de langue.



faire en sorte que

La locution faire en sorte que est parfaitement correcte, sauf qu’elle devient agaçante quand répétée à tout bout de champ. Elle peut même alourdir le style. En savoir plus : André Racicot. Au cœur du français.



faire face à la musique

L’expression faire face à la musique est calquée sur l’anglais to face the music, qui signifie « affronter la situation » ou encore « assumer les conséquences ». L’emprunt de cette expression n’est pas nécessaire, car le français dispose déjà de nombreuses expressions équivalentes tout aussi imagées : braver l’orage, braver la tempête, affronter la tempête, faire front, faire face, tenir tête, ne pas reculer, ne pas se dérober, prendre le taureau par les cornes, payer les pots cassés, etc. Bien sûr, d’autres expressions moins imagées peuvent aussi faire l’affaire, selon les besoins du contexte : subir les conséquences de ses actes, faire face à l’adversité, affronter les difficultés, faire face à ses responsabilités, supporter les conséquences. En savoir plus : Office québécois de la langue française.

faire face à la musique, faire la différence, faire du sens : André Racicot. Au cœur du français.



faire flèche de tout bois, faire feu de tous bords

La locution faire flèche de tout bois date du XVIIe siècle et signifie « mettre en œuvre tous les moyens possibles pour atteindre un but ».
On trouve aussi la variante faire feu de tout bois. Celle-ci s’est répandue dans l’usage au XIXe siècle. Il y a fort à parier qu’elle est un amalgame des expressions faire flèche de tout bois et faire feu de tribord et de bâbord. Cette dernière locution s’est aussi répandue dans l’usage au XIXe siècle. Son sens « attaquer sur tous les fronts » étant assez proche de celui de faire flèche de tout bois, on peut supposer qu’il y a eu, à l’époque, une certaine confusion entre les deux expressions.
Quoi qu’il en soit, la variante faire feu de tout bois est passée dans l’usage et elle est aujourd'hui consignée dans les dictionnaires comme synonyme de faire flèche de tout bois. Les deux locutions sont donc correctes.
Quant à la locution ne pas ou ne plus savoir de quel bois faire flèche, elle signifie « être au bout de ses ressources ».
Du reste, au fil du temps, la locution faire feu de tribord et de bâbord a aussi donné lieu à une variante, faire feu de tous bords. Y a-t-il eu influence de la locution faire feu de tout bois dans cette innovation? Peut-être. Mais là encore, peu importe la cause du changement, il n’y a aucune raison d’admettre seulement la forme première. En effet, l’usage actuel privilégie la variante plutôt que la locution originale, aujourd’hui considérée comme archaïque dans certains dictionnaires. En savoir plus : Office québécois de la langue française.



faire le point

faire le point : [audiovisuel / télévision - radio] En anglais : round-up. Journal officiel de la République française du 22/09/2000.



faire long feu, ne pas faire long feu

Voyons enfin faire long feu. Cette expression nous vient du temps où les projectiles des armes à feu étaient expulsés par l’explosion d’une certaine quantité de poudre. Mais si cette dernière était mal tassée ou en trop faible quantité, au lieu d’exploser elle se consumait lentement et ne faisait pas partir le projectile. On disait que le coup avait fait long feu et cette expression signifiait donc, en parlant de quelque entreprise, « échouer ». On disait ainsi d’une plaisanterie qui ne faisait pas rire qu’elle avait fait long feu. À l’inverse ne pas faire long feu signifiait donc « réussir ». Mais, avec les progrès de l’armurerie, on a un peu oublié cette origine et on lie parfois aujourd’hui cette expression à feu de paille, pour évoquer ce qui ne dure pas. Ce qui ne fait pas long feu c’est, de nos jours, ce qui est très éphémère et semble céder à la première difficulté, parce que n’ayant pas les qualités pour persister, comme dans son projet n’a pas fait long feu, son argument n’a pas fait long feu, leur amitié n’a pas fait long feu. En savoir plus : Académie française.

Les expressions figurées faire long feu et ne pas faire long feu prêtent à confusion. Le sens à donner à ne pas faire long feu, la plus usitée des deux, est bien admis : « (de quelque chose) durer peu de temps, ne pas traîner, être vite terminé ; (de quelqu'un) partir rapidement, ne pas rester longtemps ».
À partir de cette définition de l’expression ne pas faire long feu, on serait tenté de décoder faire long feu par son contraire, soit « durer longtemps », mais il s’agirait là d’une erreur, d’où la confusion souvent relevée par les observateurs de la langue.
Quant au rapport entre ces expressions, on peut se demander si les deux ont une même origine. Plusieurs ouvrages les classent sous deux acceptions distinctes de feu : « coup de feu » pour faire long feu et « flamme » pour ne pas faire long feu, y voyant pour cette dernière une métaphore de la flamme qui peut s’éteindre rapidement.
En savoir plus : Office québécois de la langue française.



faire partie intégrante

L’adjectif intégrant, que l’on trouve principalement dans la locution partie intégrante, qualifie une partie indispensable à l’intégrité d’un tout. On emploie généralement cette locution dans l’expression faire partie intégrante qui signifie « être parmi les principaux éléments constituants de quelque chose ». Notons que l’on peut aussi utiliser le verbe être pour introduire cette locution. Dans ce cas, la locution prendra la marque du pluriel si elle est précédée d’un déterminant pluriel ; autrement, elle demeure invariable.
On doit éviter de confondre les adjectifs intégrant et intégral et de commettre ainsi l’erreur courante qui consiste à dire partie intégrale au lieu de partie intégrante. Cette erreur est en fait un calque de l’anglais integral part of.
Intégral, quant à lui, a en français le sens de « qui est complet, intact ». On parlera ainsi d’édition intégrale d’un ouvrage, de version intégrale d’une chanson, du paiement intégral d’une dette, etc. En savoir plus : Office québécois de la langue française.



faire plaisir

L’expression faire plaisir signifie « être agréable à quelqu’un, lui procurer de la satisfaction, du bien-être ». Elle est tout à fait correcte si son sujet est, notamment, un nom de personne ou de chose, un pronom personnel, le pronom cela (ou, plus familièrement, ça), ou encore un groupe infinitif ou une subordonnée.
Toutefois, l’expression faire plaisir ne peut pas avoir pour sujet le pronom impersonnel il. Ainsi, sont déconseillées les tournures impersonnelles il me fait plaisir de, il nous fait plaisir de, etc. On peut les remplacer par diverses expressions comme avoir le plaisir de, c’est avec plaisir que, avoir l’honneur de, se faire un plaisir de ou être heureux de. On peut aussi simplement remplacer le il impersonnel par le pronom cela (ou, plus familièrement, ça). En savoir plus : Office québécois de la langue française.



faire preuve

La locution verbale faire preuve signifie « manifester, montrer, témoigner ». Dans cette expression, le nom preuve est toujours singulier.
Il existe plusieurs expressions figées qui présentent les mêmes caractéristiques que faire preuve : le verbe est un verbe très courant (faire, prendre, avoir, etc.); le nom est au singulier ; et il n’y a pas d’article devant le nom, qui y a un sens très général qui exclut toute référence particulière à ce qu’il désigne. Dans de telles expressions, le nom fait partie intégrante de la locution verbale et il perd ainsi un peu de son sens, qui devient plus abstrait.
Parallèlement à ces locutions existent souvent des emplois où l’article apparaît. On aura par exemple faire la preuve qui signifie « prouver, démontrer par une preuve », expression dans laquelle preuve garde tout son sens.
Outre la locution faire preuve, le nom preuve entre dans la composition de l’expression à preuve, qui signifie « en voici la preuve » et dans laquelle preuve est singulier, de même que dans faire ses preuves, dont le sens est « démontrer sa valeur ». En savoir plus : Office québécois de la langue française.



faire que

La locution verbale faire que… est suivie de l’indicatif quand elle introduit un constat, une conséquence. On dira ainsi : la porosité des sols fait que l’eau ne peut rester en surface ; son assiduité et son sérieux font qu’il a réussi brillamment son examen. Si le fait en question est à venir, on utilisera, en fonction du degré de probabilité qu’il se produise, l’indicatif futur ou le subjonctif présent : son assiduité et son sérieux feront qu’il réussira brillamment son examen ; la chance peut faire qu’il réussisse son examen. Mais la locution faire que… est toujours suivie du subjonctif quand elle a la valeur d’un souhait, d’une prière. C’est d’ailleurs ce qui explique que, d’une part, dans ces emplois le verbe est généralement à l’impératif : Mon Dieu, faites qu’il réussisse. Faites qu’il guérisse, qu’il revienne sain et sauf ; et que, d’autre part, il entre dans la locution : Fasse le ciel que… (fasse le ciel qu’il parvienne à bon port). Académie française.



faire sa part

L’expression faire sa part est critiquée dans certains ouvrages, où on la considère comme un calque de l’anglais (to do one’s part, to do one’s share). On suggère donc de la remplacer, selon le contexte, par des expressions telles que apporter sa contribution, collaborer, contribuer à, faire son devoir, fournir sa part d’efforts, participer à, y mettre du sien, etc. Bien que l’on puisse douter du fait que faire sa part soit effectivement un calque de l’anglais, il est vrai que cette expression n’est pas consignée dans les dictionnaires unilingues français. On peut donc lui préférer des tournures plus idiomatiques en français.
Par ailleurs, faire sa part est à distinguer de faire sa part à quelque chose, qui a le sens de « attribuer à quelque chose toute l’importance ou la place qui lui revient ». En savoir plus : Office québécois de la langue française.



faire sortir le vote

Au Québec, l’expression faire sortir le vote, courante dans un contexte d’élection, signifie « inciter, par divers moyens, les gens à aller voter le jour du scrutin ». On l’emploie souvent en parlant d’une équipe de militants, généralement des bénévoles d’un parti, qui téléphonent à des électeurs, qu’ils supposent leur être favorables, ou se présentent à leur domicile, pour les inciter à aller voter.
Faire sortir le vote est un calque de l’anglais to get out the vote, de même sens. Pour éviter cet anglicisme, on pourra avoir recours à des expressions comme : convaincre les électeurs d’aller voter ou de se rendre aux urnes, inciter les électeurs à voter ou à exercer leur droit de vote, stimuler la participation des électeurs ou encore faire voter leurs partisans. En savoir plus : Office québécois de la langue française.



faire un fou de soi

Au Québec, l’expression familière faire un fou de soi est un calque de l’anglais to make a fool of oneself. Dans la plupart des contextes, on peut rendre la même idée en ayant recours à des expressions comme se ridiculiser, se couvrir de ridicule ou se rendre ridicule, tomber dans le ridicule, ou encore, plus simplement, faire rire de soi. Mais d’autres expressions sont également possibles. En savoir plus : Office québécois de la langue française.



faire une différence

S’il est possible, en français, de faire la différence entre une chose et une autre, c’est-à-dire de les distinguer, l’expression faire une différence, sans complément, est un calque de l’anglais to make a difference qui signifie « agir concrètement, changer les choses, apporter sa contribution, compter, innover ».
On trouve aussi la tournure faire la différence, qui, dans son emploi correct, a le sens d’« établir une distinction entre une chose et une autre ». Par contre, cette construction est déconseillée lorsque c’est l’idée de « créer un écart, prendre l’avantage, faire pencher la balance » qui est exprimée.
Quant à l’expression faire toute la différence, qui est un calque de l’anglais to make all the difference, on la remplacera par « changer complètement la situation, avoir un effet décisif ».
Dans certains contextes, faire une différence et faire la différence peuvent tous deux signifier « changer les choses ».
En savoir plus : Office québécois de la langue française.



se faire

se faire : se former, devenir, s'habituer, se procurer.

se faire (suivi d'un infinitif) : entreprendre une action dont on est le bénéficiaire.

Dans la tournure Elle s’est faite belle, le pronom élidé s’ est complément d’objet direct du verbe faire ; il est donc normal que le participe s’accorde. Il n’en va pas de même dans une phrase comme Cette idée s’est fait jour, puisque, dans ce cas, le pronom s’ est complément d’objet indirect du verbe faire, qui a pour complément d’objet direct le nom jour. En effet, la locution se faire jour est l’équivalent de « se frayer un chemin, se faire une ouverture, réussir à passer » et, dans ce type de construction, le participe passé fait reste donc invariable. En savoir plus : Académie française.

On écrit L’idée que Michel s’est faite car, lorsqu’un verbe pronominal admet un complément d’objet direct (C.O.D.), l’accord du participe passé se fait comme lorsqu’un verbe transitif direct est employé avec l’auxiliaire avoir, c’est-à-dire avec ledit C.O.D. s’il est placé avant le verbe. Dans la phrase en question, le C.O.D. est le pronom relatif que, qui a pour antécédent le nom féminin idée. Si le complément d’objet direct est postposé, le participe passé restera invariable : Vous vous êtes fait d’inutiles frayeurs. Académie française.

L’expression se faire fort, généralement suivie d’un infinitif, signifie « se penser ou se déclarer capable de ». Lorsque l’on emploie cette expression à un temps de forme composée, le participe passé fait demeure invariable en raison du figement de cette expression où ne subsiste plus aujourd’hui ni l’idée de « faire » ni celle de « fort ». Le mot fort, analysé à l’origine comme un adverbe, est également invariable.
L’expression se faire fort de a aussi le sens de « tirer sa force de ». Le rôle de fort est clairement ici celui d’un adjectif ; c’est pourquoi il varie en genre et en nombre. Il en est de même pour le participe passé fait, qui dans ce cas s’accorde avec le sujet.
En savoir plus : Office québécois de la langue française.

Se faire l’écho de signifie « propager » en parlant d’un renseignement, d’une rumeur, etc. La plupart des grammairiens préconisent l’invariabilité du participe passé dans cette expression en invoquant son caractère figé : elle s’est fait l’écho de… D’autres par contre recommandent l’accord avec le sujet : elle s’est faite l’écho de… En savoir plus : Office québécois de la langue française.

se faire. Bling, blog de linguistique illustré.