Le suffixe -acées

Le suffixe latin -aceae, féminin pluriel de -āceus (-āc + e-us) qui signifie « appartenant à, de la nature de » (à comparer avec -acé), a donné le suffixe -acées sur le modèle de mots latins comme herbāceus, hordeāceus, rosāceus, violāceus. Les dérivés ainsi formés en viennent à désigner des familles de plantes : 

    • géraniacée de  géranium (1545) emprunté au latin des botanistes, 

    • rosacée (1694) d'après le latin rosāceus « de rose », 

    • graminacée de graminée (1732) un dérivé savant du latin grāmineus « de gazon ». 


Ce suffixe s'accole au nom d'une plante considérée comme plante-type (rose/rosacée) ou à un mot désignant la caractéristique essentielle d'un groupe de plantes (cupule/ cupuliféracées) ; le dérivé désigne la famille des plantes qui présentent les mêmes caractéristiques. Dans les classifications botaniques modernes, ce suffixe est typique de la plupart des familles de plantes à l'intérieur du sous-embranchement des angiospermes :

    • acanthacées < acanthe 

    • amarantacées < amarante 

    • amaryllidacées < amaryllis (narcisse) 

    • anacardiacées < anacardier 

    • anonacées < anone 

    • buxacées < buis 

    • cactacées < cactus 

    • caprifoliacées < chèvrefeuille 

    • ébénacées < ébénier 

    • géraniacées < géranium 

    • zingibéracées < gingembre 

    • iridacées < iris 

    • joncacées < jonc 

    • lauracées < laurier 

    • linacées < lin 

    • liliacées < lis 

    • magnoliacées < magnolia 

    • moracées < mûrier 

    • myrtacées < myrte 

    • urticacées < ortie 

    • pipéracées < poivrier 

    • papavéracées < pavot 

    • renonculacées < renoncule 

    • résédacées < réséda 

    • tiliacées < tilleul 

    • valérianacées < valériane 

    • verbénacées < verveine 

Ces vocables peuvent s'employer au féminin singulier pour désigner une plante particulière de la famille :

    • broméliacées → une broméliacée (bromélia, ananas)

    • chénopodiacées → une chénopodiacée (chénopode, épinard, betterave)

    • crassulacées → une crassulacée (crassule)

    • cucurbitacées → une cucurbitacée (concombre)

    • éricacées → une éricacée (bruyère)

    • oléacées → une oléacée (olivier)


Le suffixe -acées sert à désigner les familles de plantes par opposition aux ordres de plantes qui les dominent dans la hiérarchie de la classification, ce dernier type de taxa étant caractérisé par la terminaison -ales :

    • Ordres Familles

    • lycopodiales lycopodiacées

    • ombellales ombellacées

    • pipérales pipéracées

    • primulales primulacées

    • sapindales sapindacées

    • urticales urticacées

En dermatologie, le mot rosacée (substantif quand il est employé seul ; adjectif dans l'expression acné rosacée) est synonyme de couperose ; le suffixe -acée garde alors le sens du latin -aceus « de la nature de, de la couleur de », indépendamment de toute valeur classificatrice.


Un adjectif en -acé correspond à la plupart des dérivé en -acées.

-acées est de beaucoup le suffixe le plus employé pour former des noms de familles de plantes. 

    • La terminaison -ées s'emploie parfois concurremment avec -acées : aroïdées,aroïdacées ; bégoniées, bégoniacées ; berbéridées, berbéridacées ; cactées, cactacées ; composées, composacées ; graminées, graminacées ; iridées, iridacées ; labiées, labiacées ; linées, linacées ; nyctaginées, nyctaginacées ; orchidées, orchidacées. 

    • De même -fères concurrence -féracées : crucifères, cruciféracées ; cupulifères, cupuliféracées ; ombellifères, ombelliféracées. 

    • La famille des légumineuses et celle des palmiers échappent à la classification en -acées. 


C'est surtout durant la première moitié du 19ème siècle que la terminaison -acées a été féconde. Elle n'a d'ailleurs pas cessé d'être productive, et le début du 20ème siècle a vu de nouvelles créations : 1615 rutacées ; 1694 liliacées, rosacées ; 1719 rubiacées ; 1721 cucurbitacées ; 1722 dipsacées ; 1732 graminacées ; 1747 malvacées ; 1762 cruciféracées ; 1775 borroginacées ; 1798 cypéracées, papavéracées, renonculacées, tiliacées ; 1806 caprifoliacées ; 1809 iridacées, primulacées ; 1812 bignoniacées, plombaginacées, térébinthacées ; 1816 magnoliacées ; 1817 nymphéacées, pipéracées ; 1819 campanulacées ; 1827 euphorbiacées, géraniacées, rhamnacées ; 1836 protéacées, linacées ; 1842 anothéracées, bétulacées, myrtacées, oléacées, saxifragacées ; 1867 lemnacées ; 1868 mucoracées, polygonacées ; 1870 sapotacées, scrofulariacées ; 1872 valérianacées ; 1891 onagrariacées, solanacées ; 1923 iliacées, urticacées ; 1930 salicacées.

Les substantifs féminins à finale homophone sont rares : 

    • panacée « remède universel » (1550) emprunté au latin pănăcēa « plante imaginaire à laquelle on attribuait la vertu de guérir toutes les maladies (du grec panakeia) »

    • séracée « lait caillé », de sérac (1779) avec un c encore mal expliqué, de sérat « fromage caillé », du latin serum.