Le préfixe a-, an-
a-, d'origine grecque, signifie « sans » « privé de ». La plupart des dérivés appartiennent au vocabulaire technique.
acardiaque, acataphasie, acéphale, acéphalie, adynamie, agrammatisme, agraphie, aleucémique, alexie, anergie, anorganique, aphasie ;
anonyme « sans nom » « inconnu » ; anormal « qui n'est pas normal, qui s'écarte de la norme » ; apolitique « qui se tient en dehors de tout courant politique » ; atypique « qui n'a pas de type régulier » ;
achromatique (primitivement « sans couleur ») en optique « qui fait voir les images des objets sans franges irisées », en chimie « qui se colore mal par les colorants usuels » ; apesanteur « absence de pesanteur » ; asymétrique « dépourvu de symétrie » ;
acotylédone « dont les cotylédons sont peu visibles » ; acyclique en géologie « qui ne présente pas de caractère cyclique » ; amitose « mode de division directe de la cellule » ; aptère « qui est dépourvu d'ailes ».
Ce préfixe s'écrit a- devant une consonne dont il n'entraine jamais le redoublement : abiotique, acardiaque, acéphale, achromatique, acotylédone, acyclique, adynamie, agrammatisme, agraphie, aleucémique, alexie, alogique, amoral, anormal, apolitique, asymétrie, etc. Il devient an- devant une voyelle : anencéphale, anérétisme, anergie, anorganique, anorthographie, etc.
Le préfixe a- privatif s'accole de préférence aux adjectifs : acyclique, alogique, amoral, atypique, etc. plus rarement à des substantifs : acotylédon, agrammatisme, agraphie.
Dans alogique (« qui ne tombe pas sous les exigences de la logique ») et amoral (« qui est moralement neutre »), le préfixe est commutable avec in- qui signifie « contre, qui va contre... » (illogique « qui va contre la logique, incohérent », immoral « qui viole la morale, qui va à l'encontre de la morale ») ; in- sert à nier et à manifester une réaction contre ce qui est établi, a- exprime la passivité à l'égard de ce qui est, il signifie « qui reste étranger à..., qui est sans rapport avec... ». Cependant, dans quelques néologismes, il se rapproche du sens de anti- (asocial « qui ne peut pas ou ne veut pas s'adapter à la vie sociale » ; asyndical « qui est étranger au..., qui va à l'encontre du syndicalisme »). Et dans le vocabulaire de la médecine : abiotique « contraire à la vie ».
Les dérivés en a- privatif sont :
1. Des mots grecs entrés dans la langue par l'intermédiaire du latin :
acéphale, acephalus, κ ε φ α λ η ́ « tête »
acolyte, acolythus, α ̓ κ ο ́ λ ο υ θ ο ς « suivant, serviteur » « clerc dont l'office est de servir à l'autel »
alyte, alytes, α ́ λ υ τ ο ς « qu'on ne peut pas dénouer » « batracien terrestre qui porte enroulés autour de ses pattes les chapelets d'œufs pondus par la femelle »
anonyme, anonymus, anonyma, anonymum, an + ο ́ ν ο μ α « nom » « qui n'a pas de nom, dont on ignore le nom »
asymétrique, asymmeter, α ̓ σ υ μ μ ε τ ρ ι ́ α « absence de symétrie ».
2. Des emprunts récents faits directement au grec :
abiotique (1877), a + β ι ω τ ι κ ο ́ ς, β ι ́ ο ς « vie »
achromatique (1764), α ̓ χ ρ ω ́ μ α τ ο ς « sans couleur »
adynamie (1808), α ̓ δ υ ν α μ ι ́ α « faiblesse physique »
agrammatisme (1931), α ̓ γ ρ α ́ μ μ α τ ο ς « illettré »
akinésie (1931), α ̓ κ ι ν η σ ι ́ α « immobilité »
3. Des mots de formation française, qui témoignent de la grande vitalité du préfixe en synchronie :
acardiaque, acotylédone, acyclique, agraphie, alogique, amoral, anergie, apolitique.
Le radical est aisément isolable dans la plupart des dérivés : acardiaque, acotylédone, acyclique, adiabatique, agrammatisme, agraphie, aleucémique, alogique, amoral, anorganique, anormal, anorthographie, apolitique, asymétrie. Pour certains dérivés, le radical relève de la langue technique ou scientifique : acataphasie, acathésie, achylie, agénésie, aglossie, agnosie, amitose, amusie, analgésie, anazoturie, anémie, anesthésie, anorexie, apyre...
Le préfixe a- privatif est encore productif dans la langue scientifique et même dans la langue courante : alexie (1907), agrammatisme (1931), akinésie (1931), acyclique (1933), agnosie (1948), aux dépens du préfixe homophone issu du latin.