-ance, -ence

-ance, ence

    • accoutumance « le fait de s'accoutumer, de s'habituer »

    • ignorance « le fait d'ignorer quelque chose »

    • négligence « l'action, le fait de négliger quelque chose »

    • résidence « le fait de résider habituellement en un lieu »

    • vengeance « l'action de se venger »


    • alternance « le fait d'alterner (en parlant des éléments d'une série) »

    • convergence « le fait de converger »

    • émergence « le fait d'émerger (en parlant d'un rayon, d'un fluide) »


    • alliance « le fait pour des personnes, des éléments de s'allier »

    • appartenance « le fait d'appartenir »

    • croissance « le fait de croître, de grandir »

    • naissance « le fait de commencer, d'apparaître »

    • résistance « le fait de résister »


    • affluence « réunion d'une foule de personnes qui se portent au même endroit »

    • assistance « ceux qui assistent à... »


    • apparence « ce qui apparait d'une personne ou d'une chose »

    • appartenances « ce qui appartient à un bien immeuble »

    • différence « ensemble de caractères qui distinguent une chose d'une autre »

    • nuisance(s) « ensemble de facteurs de civilisation rendant la vie pénible »


    • connaissance « ce ou celui que l'on connait »

    • croyance « ce que l'on croit »

    • ordonnance « prescription, ce qui est ordonné »

    • à comparer avec contenance « ce qui peut être contenu », remontrance « critique motivée et raisonnée »


    • déchéance « état de celui qui est déchu »


Dans laitance « liquide sécrété par les glandes des poissons mâles », le sens primitif était « lait de poisson » (terme de cuisine) de l'ancien verbe lait(i)er « donner son lait ».

    • apparence « manière dont une chose, une personne se présente »

    • contenance « manière de se tenir, de se présenter »

    • observance (observance stricte) « manière dont la règle est observée »


    • naissance « point, endroit où commence quelque chose »; naissance d'un fleuve

    • provenance « endroit d'où vient une chose »

    • résidence « lieu construit où l'on réside »


    • échéance « date à laquelle expire un délai »

    • existence « période pendant laquelle quelque chose ou quelqu'un existe » (le reste de mon existence)

    • Renaissance « période historique allant du 14ème siècle à la fin du 16ème siècle »

    • vacances « période pendant laquelle on ne travaille pas »


    • bienveillance « qualité de celui qui est bienveillant »

    • élégance « qualité de ce/celui qui est élégant »

    • endurance « qualité de celui qui est endurant »

    • ignorance « état de celui qui est ignorant »

    • indigence « état de celui qui est indigent »

    • nonchalance « caractère de celui qui est nonchalant »

    • patience « qualité de celui qui est patient, qui persévère dans une activité sans se décourager »

    • prévoyance « qualité de celui qui est prévoyant »

    • suffisance « caractère de celui qui est suffisant »

    • tolérance « qualité de celui qui est tolérant »


    • consistance « état de ce qui est consistant »

    • contingence « caractère de ce qui est contingent »

    • prépondérance « qualité de ce qui est prépondérant »

    • succulence « caractère de ce qui est succulent »

    • urgence « caractère de ce qui est urgent »


    • importance « caractère de ce (ou de celui) qui est important »

    • indépendance « état d'une personne ou d'une chose indépendante »

    • insignifiance « caractère de ce (ou de celui) qui est insignifiant »

    • puissance « état de celui qui est puissant ; caractère de ce qui est puissant »

    • transcendance « caractère de ce qui est transcendant »


    • gérance « fonction de gérant »

    • intendance « fonction d'intendant »

    • lieutenance « charge, office, grade de lieutenant »

    • présidence « fonction, titre de président »

    • régence « fonction, dignité de régent »

    • suppléance « fonction de suppléant »

    • à comparer aussi avec vétérance « état de vétéran »


    • gérance « durée des fonctions du gérant »

    • présidence « durée des fonctions d'un président »

    • régence « durée des fonctions d'un régent »


    • intendance « bureaux de l'administration d'intendance »

    • présidence « résidence, bureau(x) d'un président »


    • intendance dans des expressions comme intendance militaire ou les services de l'intendance

    • maistrance « ensemble des officiers mariniers de la marine de guerre française »

    • à comparer aussi avec ascendance « ensemble des générations de personnes d'où quelqu'un est issu », descendance « ensemble des descendants »


Dans les cas où le substantif en -ance/-ence est en concurrence avec un autre substantif abstrait, il a généralement un sens spécialisé : 

    • maintenance est réservé soit au « fait de maintenir à leur nombre normal des effectifs et du matériel d'une troupe au combat », par opposition à maintien, soit à l'entretien d'un ordinateur ; 

    • observance est spécialisé dans le domaine religieux, le langage courant dit observation ; 

    • partance pour départ est vieilli et ne s'emploie plus que dans l'expression en partance ; 

    • rémittence est employé en médecine, rémission étant plus général ; 

    • résilience est un terme de physique et s'oppose à résiliation ; 

    • soutenance est le « fait de soutenir une thèse de doctorat », soutien est le terme général ; 

    • dominance désigne « le fait de dominer » quand il s'agit de choses, contrairement à domination qui s'applique toujours à des personnes et tend, de ce fait, à prendre un sens spécialisé dans le domaine scientifique « état d'un caractère dominant ». 


Les substantifs en -ance/-ence sont fréquents dans les langages techniques : 

    • marine (partance, maistrance)

    • banque : (créance, échéance, quittance, usance)

    • droit (instance, mouvance, survenance)

    • religion (observance, recouvrance, repentance)

    • physique (efficience, fluorescence, interférence, phosphorescence, radiance, réfringence...)

  

    • botanique (arborescence, virescence) 

    • électricité (conductance, brillance, impédance) 

    • mathématiques (congruence, équipollence, tangence) 

    • philosophie (contingence, immanence, transcendance). 


Nombreuses formations en -ance dans l'argot moderne : béquetance (bectance) « nourriture », de béqueter « manger » ; croustance « repas », de croute « pain » ; cuistance « cuisine » ; galetance « gamelle », de galettière « plat à galette » ; rouspétance, d'après rouspéter ; roustance, même sens que cuistance, de roustir « bruler ».

La finale -ance/-ence correspond dans le registre suffixal à la terminaison du participe présent -ant et à la finale adjectivale -ant/-ent ; un mouvement de pensée identique sous-tend l'une et l'autre. 

Il est souvent difficile de justifier le choix entre -ance et -ence : 

    • en abondant, il est abondant, une abondance 

    • en existant, il est existant, une existence


On peut considérer que certains noms sont formés à partir d'un participe présent (alléger / allégeant / allégeance ; obliger / obligeant / obligeance ; venger / vengeant / vengeance).

Dès les plus anciens textes, on relève des substantifs d'action tirés de participes présents, une formation héritée du latin -antia. Des 11ème et 12ème siècles, les mots suivants ont survécu : abondance, accoutumance, alliance (alloiance), appartenance, arrogance, oïr/oiant/oiance... bienveillance, et malveillance, chance, concordance et discordance, connaissance (cunoisance), reconnaissance (reconuisance) et méconnaissance, contenance, convenance, créance, croissance, déchéance, défaillance, défiance, délivrance, enfance, espérance, ignorance, jouissance (joiance), naissance, outrecuidance, persévérance, puissance, quittance, repentance, souffrance, soutenance, substance, suffisance, vaillance, vengeance. Il n'y a pas de doute que, malgré sa popularité, la formation mi-savante des mots en -ance, généralement abstraits, est l'œuvre des clercs (ecclésiastiques, monastiques ou juristes). La vitalité du suffixe est telle en ancien français, qu'il vient à s'accoler à des bases nominales. Ainsi pitié ou piété devient pitance ; vilté se change en viltance, vuitance, d'où aviltance. Plus tard apparaitront bobance ou bombance (d'origine incertaine). À partir du 12ème siècle, les formes en -ance et en -ement se doublent presque constamment : allegement-allegeance, attendement-attendance, decevement-decevance, delivrement-delivrance, ennuiement-ennuiance, errement-errance, desheritement-desheritance, delaissement-delaissance, meprisement-meprisance, demontrement-demontrance, naissement-naissance, parlement-parlance, recouvrement-recouvrance, sevrement-sevrance, signifiement-signifiance, soutenement-soutenance, ven gement-vengeance... C'est tantôt l'un, tantôt l'autre des 2 termes qui l'a emporté. En revanche dans les cas de doublets -ance/-tion, c'est généralement le second qui a survécu : assignance-assignation, décevance-déception, dérogeance-dérogation, agravance-agravation, démonstrance-démonstration, obligeance-obligation, pourveance-provision, récréance-récréation, sevrance-séparation, signifiance-signification...  Le suffixe. savant -tion a un prestige qui n'a pas son rival. 

-ance connait une période de déclin en français classique, et on ne relève aucun mot nouveau au 17ème siècle. Mais il renait dès le 18ème siècle, surtout par l'usage d'anciens mots. Les formations les plus récentes appartiennent d'abord aux langues techniques (délinquance, fréquence, interférence, efficience, équivalence, impédance, conductance, inductance, réactance, réluctance, brillance, radiance...) ou argotiques (cuistance, roustance...).

en savoir plus : CNRTL.