Les suffixes -ais et -ois

-ais et -ois sont des suffixes formateurs à partir de substantifs, d'adjectifs indiquant l'origine et pouvant être utilisés comme noms d'habitants, et comme noms communs.

    • albanais, albanaise « de l'Albanie »

    • anglais, anglaise « de l'Angleterre » (au sens étendu de Grande-Bretagne)

    • congolais, congolaise « du Congo »

    • finlandais, finlandaise « de l'État de Finlande, de Finlande »

    • français, française « qui appartient, est relatif à la France et à ses habitants »

    • hollandais, hollandaise « de Hollande, des Pays-Bas »

    • islandais, islandaise « de l'Islande »

    • japonais, japonaise « du Japon »

    • javanais, javanaise « de l'île de Java »

    • néerlandais, néerlandaise « de Hollande, des Pays-Bas »

    • pakistanais, pakistanaise « du Pakistan, État groupant les parties musulmanes de l'ancien Empire des Indes »

    • polonais, polonaise « de Pologne »


    • chinois, chinoise « de Chine »

    • danois, danoise « du Danemark »

    • finnois, finnoise « de Finlande »

    • hongrois, hongroise « de Hongrie »

    • indochinois, indochinoise « de l'Indochine »

    • suédois, suédoise « de Suède » ...

    • à comparer avec turquois, turquoise où le suffixe -ois s'est ajouté à un nom de peuple.


    • ardennais, ardennaise « des Ardennes »

    • béarnais, béarnaise « du Béarn »

    • bourbonnais, bourbonnaise « du Bourbonnais »

    • calabrais, calabraise « de Calabre »

    • camarguais, camarguaise « de la Camargue »

    • charentais, charentaise « des Charentes »

    • landais, landaise « de la région des Landes »

    • navarrais, navarraise « de Navarre »

    • nivernais, nivernaise « du Nivernais, région de Nevers »

    • piémontais, piémontaise « du Piémont »


    • badois, badoise « de Bade »

    • bavarois, bavaroise « de Bavière »

    • cauchois, cauchoise « du pays de Caux »

    • champenois, champenoise « de la Champagne »

    • comtois, comtoise « de la Franche-Comté »

    • dauphinois, dauphinoise « du Dauphiné »

    • franc-comtois, franc-comtoise « de la Franche-Comté »

    • sarrois, sarroise « de la Sarre »

    • vaudois, vaudoise « du pays de Vaud »

    • wurtembergeois, wurtembergeoise « du Wurtemberg »

    • à comparer avec bourguignonnois, bourguignonnoise où le suffixe -ois s'est ajouté à un nom de peuple (ibid.), et ponantais, ponantaise « du Ponant »  mis pour occidental(e).


    • bordelais, bordelaise « de Bordeaux »

    • lyonnais, lyonnaise « de Lyon »

    • mâconnais, mâconnaise « de Mâcon »

    • marseillais, marseillaise « de Marseille »

    • milanais, milanaise « de Milan »

    • rouennais, rouennaise « de Rouen »

    • versaillais, versaillaise « de Versailles »

    • à comparer avec basque qui fait son féminin en basquaise ; le masculin basquais est possible.


    • albigeois, albigeoise « d'Albi »

    • algérois, algéroise « de la ville d'Alger »

    • carthaginois, carthaginoise « relatif à Carthage »

    • gênois, gênoise « de Gênes »

    • liégeois, liégeoise « de Liège »

    • munichois, munichoise « de Munich »

    • palois, paloise « de Pau »

    • pékinois, pékinoise « de Pékin »


    • bourgeois, bourgeoise « qui tient à la bourgeoisie »

    • courtois, courtoise (de l'ancien français court, cour).

    • matois, matoise « voleur » ; « proprement, enfant de la mate » (« place des exécutions », et par extension « ville »...), de l'allemand dialectal Matte, prairie.

    • mottois « nom d'une race de bœufs nés sur les montagnes du Cantal, dite aussi bœufs de haut cru ; de motte, dans le sens de hauteur »

    • souriquois, souriquoise « qui appartient aux souris et aux rats »

    • villageois, villageoise « qui est propre aux gens du village »

    • La base de minois, patois, putois, (en) tapinois, dont la base est un nom commun.


Les langues de ces pays :

    • l'albanais, l'anglais, le français, le hollandais, le portugais. 

    • le chinois, le danois, le gallois, le hongrois, le suédois.


En supprimant le substantif qualifié par l'adjectif en -ais ou -ois, on peut obtenir :

    • des noms d'animaux : un (chien) danois, un (chien) havanais, un (chien) lillois, un (chien) malinois, un (chien) pékinois, une (huitre) portugaise, un (chat) siamois.

    • des termes culinaires : une bavaroise, une béarnaise, un chinois, un congolais, une génoise, une polonaise.

    • des termes de marine : un gantois, un marnais ou un marnois, un polletais.


À partir de noms de lieu : 

    • un bâbordais « homme de l'équipage faisant partie de la deuxième bordée de veille (bordée de bâbord) »

    • un banquais « navire ou homme faisant la pêche sur le banc de Terre-Neuve; étymol. banc »

    • un tribordais « homme de l'équipage, faisant partie du quart de tribord »


Des mots divers : 

    • une anglaise « sorte de danse très vive ou écriture cursive penchée à droite »

    • des anglaises « boucles de cheveux longues et roulées en spirales »

    • une aragonaise « danse populaire de l'Aragon »

    • une bordelaise « futaille employée dans le commerce des vins de Bordeaux et qui contient de 225 à 230 litres ; bouteille de forme spéciale et d'une contenance de 68 à 75 centilitres »

    • un écossais « tissu de fils de laine peignée disposés par bandes de couleurs différentes se croisant à angles droits (distinctives des clans, à l'origine) »

    • une polonaise « danse nationale des Polonais; musique sur laquelle on exécutait cette danse »


    • un chinois « petite passoire fine, conique »

    • une génoise « frise provençale composée de tuiles superposées »

    • une siamoise « ancienne étoffe de soie et coton imitée de celle que les ambassadeurs du Siam avaient offerte à Louis XIV »

    • un turquois « nom donné, en Normandie, à une espèce de moulins à vent; étymol. Ainsi dit parce que le moulin à vent vient d'Orient »


Pour la concurrence avec -ien, voir : -ien.

Le suffixe -ais et le suffixe -ois proviennent du suffixe latin -ensem dont ils ont gardé le sens, ou du suffixe germanique -isk (du latin médiéval -iscus). En latin, le suffixe -ensis est un suffixe ethnique, formant des dérivés à partir de mots latins ou d'éléments grecs et qui, par dérivation impropre, peuvent devenir des substantifs de l'animé. Le suffixe -ais et le suffixe -ois issus du germanique -isk sont utilisés comme formateurs d'adjectifs et apparaissent sous les formes -iscus, -isca en latin médiéval. C'est le cas, en particulier, pour les dérivés qui désignent les habitants d'un pays. Pour les noms d'habitants de villes ou de régions, il est souvent difficile de déterminer si l'étymon est un dérivé en -ensem ou en -iscus qui ont donné régulièrement [wε] qui a abouti, d'une part à -ois [wa] et d'autre part à -ais par réduction de [wε] en [ε]. 

Toutefois, certaines formes ne sont plus analysées en synchronie moderne

    • minois, dérivé de mine du breton min « bec, museau »

    • patois, de patte, avec le suffixe -ois « le radical exprimait le caractère grossier de ce langage »

    • putois, de l'ancien adjectif put « puant », du latin pūtĭdus, de I

    • en tapinois, de la locution en tapin, 12ème siècle, une variante ancienne à tapin, de l'adjectif tapin, « qui se dissimule », de tapi, participe passé.


Finales homophones : 

    • anchois, de l'espagnol anchoa

    • antenais ou antenois, du latin annotĭnus (devenu en Gaule annoēnus)

    • chamois, du bas latin camox, camōcis

    • gravois (gravoi)

    • hardois «  petites branches que le cerf écorche avec son bois en frottant la tête ; étymologiquement dérivé de hart »

    • iroquois (déformation d'un mot indigène signifiant « vraies vipères ») 


en savoir plus : CNRTL.