Le suffixe -ailler
-ailler est un suffixe formateur de verbes fréquentatifs et généralement péjoratifs, à partir de verbes (plus rarement de noms).
• courailler « mener une vie frivole, légère »
• criailler « crier sans cesse, se plaindre fréquemment et d'une façon désagréable ; crier (oie, perdrix, faisan, paon, pintade) »
• criticailler « critiquer, blâmer sans raison »
• discutaille « discuter sans cesse et sur de petites questions »
• disputailler « disputer longuement et inutilement »
• dormailler « dormir mal, dormir d'une façon interrompue »
• godailler « faire de faux plis » « se livrer à la boisson »
• harpailler (dérivé péjoratif de harper : mal saisir, prendre le change) terme de chasse, « prendre le change, se séparer en parlant des chiens »
• se harpailler (fréquentatif de harper : se saisir violemment l'un l'autre) « se quereller avec aigreur »
• jouailler « jouer petit jeu ; jouer médiocrement et sans passion (d'un instrument, à un jeu) »
• rimailler « faire de mauvais vers »
• rodailler « rôder, traînailler »
• tirailler « tirer à plusieurs reprises, en diverses directions ; agir d'une manière fréquente et importune sur..., en sollicitant contradictoirement ; pronominal, s'entendre mal ; tirer souvent, irrégulièrement, en divers sens ; spécialement, faire un tir irrégulier, à volonté »
• tournailler « faire des tours à droite et à gauche ; faire tourner à plusieurs reprises »
• toussailler « tousser un peu et souvent »
• trainailler « trainasser »
• traitailler « faire sans cesse de nouveaux traités, de petites conventions mal observées ; tripoter dans les négociations »
• intrigailler
• philosophailler (dérivé de philosopher)
• règlementailler
• semailler (dérivé de semer et non de semaille)
• dessinailler
• répétailler
• tripotailler
• plaidailler
• préchailler
• politiquailler (dérivé de politiquer)
• brétailler (de brette, épée) « tirer l'épée à tout propos ; hanter les salles d'armes et s'y escrimer sans cesse »
• fouailler [dérivé de l'ancien français fou, issu du latin fagus, hêtre « frapper de coups de fouet répétés »
• gouailler [même racine que engouer, d'après un sens figuré de gorge ] « railler sans délicatesse, dire des railleries » « se moquer grossièrement »
• piailler (d'un radical onomatopéique pî-) « pousser de petits cris aigus »
• pinailler « ergoter sur des vétilles, se perdre dans les subtilités »
Certains verbes en -ailler sont formés à partir de dérivés en -aille et ne sont donc pas traités ici ; on peut citer, par exemple : cisailler, embroussailler, encanailler, grenailler, mitrailler, ravitailler, ripailler, sonnailler, tenailler, etc.
On observe des modifications graphiques : critiquer, criticailler ; intriguer, intrigailler.
Le suffixe -ailler est issu du latin -aculare ou créé secondairement sur le suffixe nominal -aille. Le grand nombre des dérivés en -aille et de leurs correspondants verbaux (bataille/batailler ; cisaille/cisailler) a permis la création de dérivés en -ailler à partir d'un verbe (crier/criailler) ou à partir d'un substantif (fouet/fouailler). -ailler sert encore à former des dérivés exprimant la répétition rapide d'une action, toujours avec une nuance péjorative.
Finale homophone :
• brailler « crier », du latin populaire bragŭlare, diminutif de bragĕre « braire »
• carcailler, courcailler, formation onomatopéique « crier en parlant de la caille »
• chamailler « frapper, batailler, se battre » ; aujourd'hui un sens plus faible pour se chamailler ; renforcement probable de l'ancien français mailler, de mail, avec le préfixe cha-, variante de ca-
• débrailler (de dé- et l'ancien français braiel, brail, de braie) « se découvrir la poitrine d'une manière indécente en ouvrant ses vêtements »
• dérailler, composé du préfixe dé- et de rail
• égailler « disperser, s'étendre ; répartir », un mot de l'Ouest, vulgarisé par les Chouans de Balzac, avec un sens venu du Midi, du latin populaire æquāliare, de æqualis « égal », peut-être croisé avec aiguail « rosée »
• érailler (12ème siècle) « rouler les yeux », (1560) « retourner le blanc de l'œil », (17ème siècle) « détériorer en écartant », de l'ancien français roeillier « rouler des yeux », issu du latin populaire roticŭlāre, de rota « roue »
• grailler (1), de graille « corneille », du latin grăcŭla « crier en parlant de la poule »
• grailler (2) « sonner du cor », de l'ancien français graile « trompette » (avec l mouillé par influence de graille), le même mot que grêle, adjectif, c'est à dire « clairon au son grêle », peut-être repris au provençal graile, qui avait les deux sens de « grêle » et de « trompette »
• railler, de l'ancien français ralhar « bavarder, plaisanter », du latin populaire ragulare « bramer », du bas latin ragere, d'où est issu l'ancien français raire.
• rouscailler (de rousser « gronder » et cailler « bavarder ») « parler ; réclamer, protester »
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