Introduction

Certaines compétences transversales développées par les élèves sont peu valorisées à l'École en tant que telles comme l’utilisation d’outils numériques et des réseaux sociaux ou encore les compétences sociales et civiques. Pourtant, celles-ci sont importantes et favorisent les apprentissages tout comme la confiance en soi. A l’origine de ce projet, né pendant la période d’enseignement à distance, l’objectif était d’aider les élèves à se responsabiliser et à jouer un rôle actif dans l’évaluation en ajoutant une dimension participative et sociale (référence à un article de Mickaël Bertrand, enseignant d’histoire-géographie). Dans un contexte de continuité pédagogique où les élèves qui ont fourni un travail important ne pouvaient pas être “récompensés” par des évaluations chiffrées, alors que l’engagement dans les tâches était compliqué tout comme la persévérance dans l’effort, les badges transversaux visaient à reconnaître tout ce que les élèves ont mobilisé pour réaliser le travail demandé par les enseignants.

Les badges pour motiver les élèves

Le dispositif

Les classes dans lesquelles le dispositif est proposé sont des classes où les pratiques coopératives sont initiées et développées par les professeurs, en particulier les professeurs principaux depuis le début de l’année : formation au tutorat et conseil de classe ouvert entre autres. L’évaluation par les pairs est aussi pratiquée dans plusieurs enseignements (EPS et Histoire-Géographie notamment). Cette démarche d’évaluation s’inscrit donc dans des habitudes de classe installées depuis le début de l’année visant à développer davantage la motivation intrinsèque (définie par Rolland Viau, la motivation en contexte scolaire), reposant sur un but de maîtrise plutôt que de performance (motivation extrinsèque).

Les badges proposés sont les suivants :

• Communiquer

• Créer (des visuels, des contenus)

• Se repérer dans l'ENT

• S'organiser

• S'informer

• Coopérer

Un badge correspond à une compétence, sans niveaux de maîtrise différents.

Les élèves demandent leur badge en utilisant le visuel ou l’application pour smartphone créée pour l’occasion (merci à Nadège Le Nir @MaitresseDejNa qui a partagé son modèle et nous a permis de gagner du temps !) . Le lien mène vers un formulaire qui permet à l’enseignant·e de recevoir la demande de badge et à l’élève de fournir une “preuve” sous la forme d’une ou plusieurs phrases pour expliciter la raison pour laquelle il pense avoir acquis le badge. En ce sens, ces badges se rapprochent des open badges qui sont demandés par celle ou celui qui souhaite l’obtenir, sans référentiel et attribués par une communauté.

Cette explicitation est à la fois un exercice favorisant la métacognition et renforçant les compétences langagières. Grâce à un collectif d'enseignants, P@tChwØrK, et en particulier un enseignant d’anglais, Sébastien Franc, le suivi des badges a pu être automatisé au moyen d’un tableur. Cela permet d’éditer facilement une feuille où sont affichés les badges obtenus par chaque élève. Le professeur principal de la classe peut alors signer le document en y ajoutant une remarque personnalisée pour chacun·e. ou cela pourrait être intégré dans le bulletin.

L'évaluation

Lors des classes virtuelles de vie de classe, animées par le professeur principal et par d’autres enseignant·e· s, les élèves décident de l’attribution des badges.

La liste des élèves et des badges demandés est annoncée puis, pour chaque demande, la ou les phrases écrites par les élèves demandeurs pour obtenir leur badge est lue par l’enseignant·e. Si le besoin s’en fait sentir, l’élève demandeur peut encore expliciter oralement ou préciser sa justification en étant guidé par les remarques des autres élèves ou celles de l’enseignant.e. Les élèves de la classe peuvent ensuite voter pour l’attribution du badge au demandeur·se : lors des classes virtuelles, les élèves utilisaient des émoticônes pour se prononcer, cela permettait un feedback plus rapide.

Le choix d’une évaluation par les pairs est guidé par deux objectifs : impliquer tous les élèves dans cette évaluation pour faire vivre le collectif et susciter l’envie d’autres élèves d’obtenir ses badges donc les motiver à utiliser l’ENT et effectuer les tâches demandées par les enseignant·e·s. Les élèves qui ne valident pas le badge doivent expliquer leur vote, ce qui peut amener l’élève demandeur à préciser en quoi il a acquis la compétence. L’intérêt de cette verbalisation réside aussi dans la conscientisation des compétences travaillées et acquises par les élèves, ceux qui demandent le badge mais aussi les autres, qui peuvent ensuite le demander. 37% des élèves de la classe de sixième ont demandé un ou plusieurs badges pendant le confinement. Une élève a obtenu tous les badges.

Conclusion

Ce projet a été motivant pour les élèves de sixième mais moins pour les élèves de quatrième. Les moments d’évaluation liés aux badges étaient des moments où le collectif de la classe existait à nouveau, ce qui n’était pas fréquent pendant la période d’enseignement à distance. Certains élèves dont les résultats disciplinaires n’étaient pas très élevés ont été volontaires pour demander ces badges.

Claire Dreyfus, enseignante d'histoire-géographie, EMC, académie de Toulouse