Construire une bande dessinée en géographie prospective

L’année de sixième en géographie s’ouvre sur le thème « habiter la métropole » et son deuxième chapitre « La ville de demain » est une invite à faire découvrir aux élèves la prospective territoriale. En conformité avec le B.O., les élèves de sixième ont créé des bandes dessinées autour de cette « ville de demain ».

Suite au premier chapitre du thème où les élèves ont étudié les métropoles de Lagos (Nigeria) et de New-York (États-Unis), ils ont dressé un diagnostic territorial (forces, faiblesses, enjeux…) de leur métropole d’étude, et ils ont proposé une hypothèse répondant aux défis territoriaux identifiés. Enfin, ils ont proposé des solutions répondant à cette hypothèse.

L’ensemble a été présenté sous la forme de bandes dessinées, une par groupe de trois élèves.

L’objectif pour les élèves est multiple : mettre en œuvre un raisonnement géographique et s’approprier les concepts de la géographie urbaine et de l’habiter, s’approprier les codes de la bande dessinée, apprendre à travailler en groupe, développer une capacité d’abstraction et s’initier à la démarche de prospective territoriale.

Les compétences travaillées

  • coopérer et mutualiser

  • écrire en géographie pour construire sa pensée et son savoir

  • connaître les caractéristiques des descriptions en géographie et en réaliser

  • appliquer la démarche de géographie prospective

  • réaliser des productions graphiques

  • s’approprier et utiliser un lexique spécifique en contexte (métropole / habiter)

  • poser des questions ; se poser des questions à propos de situations géographiques

  • raisonner, mettre en œuvre un raisonnement géographique

  • construire des hypothèses géographiques

Le matériel nécessaire

  • feuilles blanches

  • feuilles de rédaction du scénario

  • crayons de couleurs et à papier


Durée de l’activité

  • 6 à 7 heures


Les étapes

Premier temps: dresser un diagnostic territorial (1h)

Faisant directement suite au premier chapitre, les élèves dressent un bilan territorial de la métropole sur laquelle ils ont travaillé (New-York / Lagos). L’objectif est ici d’identifier les défis posés par la métropole à partir de leur travail précédent, de classer les informations dans un schéma, de croiser des informations issues de divers documents et de découvrir la méthodologie de la prospective. Un exemple de production d'élève ci-dessous.

Deuxième temps : le scénario prospectif - l’élaboration d’une hypothèse (30 minutes)

À partir de leur tableau des défis, les élèves réfléchissent au futur probable de la métropole étudiée. Ils se basent sur des données issues des ensembles documentaires travaillés dans le premier chapitre (études de cas proposées par le manuel Hatier, 2016) et proposent une hypothèse.

Les hypothèses des élèves sont discutées par le groupe classe pour en valider la plausibilité.

Exemples d'hypothèses

Troisième temps : des réponses aux défis (30 minutes)

Les élèves réfléchissent en groupe aux réponses à apporter aux défis posés par la métropole. Ils notent leurs réponses dans un schéma comme dans l'exemple de production d'élève ci-dessous.

Quatrième temps : initiation au genre de la BD (1h)

Cette étape peut être également réalisée en cours de français ou d’Arts plastique.

Ici, la séance a été conduite conjointement avec le professeur documentaliste qui présente aux élèves le genre de la bande dessinée. L’objectif est que les élèves identifient la structure et la composition d’une bande dessinée, découvrent son vocabulaire technique et découvrent les différents types de bande dessinée.

Cinquième temps : synopsis et scénario (2h en classe / à terminer à la maison)

Cette étape peut être réalisée conjointement avec le ou la collègue de Français.

Il est demandé aux élèves d’écrire le scénario de leur histoire. Ils utilisent pour cela différents outils :

  • les analyses issues du premier chapitre (sur Lagos et New-York),

  • le tableau des défis,

  • leur hypothèse,

  • leur schéma des solutions,

  • une liste des acteurs créée avec les élèves et écrite au tableau (il faut y ajouter les motivations des acteurs),

  • une liste de vocabulaire défini.

Ils doivent inventer une histoire qui réponde à leur hypothèse et qui permet de :

  • présenter les défis de la métropole (et la localiser),

  • proposer et illustrer des solutions selon les cinq thèmes de l’habiter (se loger / s’approvisionner / se déplacer / réaliser des activités / l’environnement),

  • se positionner et incarner un acteur (élu, citoyen, entreprise, etc.),

  • insérer au moins cinq mots de vocabulaire géographique.

Le dessin et le texte doivent être pensés ensemble. Ils doivent réaliser le storyboard de leur bande dessinée (c’est le brouillon de la bande dessinée : les élèves travaillent ici sur l’espace de la case : ils répartissent le dessin et le texte très précisément dans chaque case. Ils ne doivent pas insérer leur texte après avoir dessiné).

Ils rédigent leur scénario.

Puis, ils développent l’histoire et procèdent à son découpage. Ils le réalisent sur une fiche-outil distribuée en classe dans laquelle ils répartissent planche par planche et case par case le texte et l’image.

Sixième temps : mise en dessin (2 h)

Cette étape peut être réalisée conjointement avec le ou la collègue d’Arts plastiques.

Quelques heures sont consacrées en classe à la mise en dessin. Les élèves peuvent se coordonner et choisir ensemble les codes de représentation graphique (tel personnage est blond et porte une cravate, etc.). Ils peuvent se répartir les tâches pour être plus efficaces.

Quels résultats ?

Seize bandes dessinées ont été étudiées ainsi que des travaux intermédiaires.

Trois groupes émergent à l’issu de ce travail :

  1. Le premier comprend 11 productions qui mettent en œuvre un raisonnement géographique et conceptualisent. Certaines bandes dessinées telles que Drame à Lagos mettent en scène des conflits d'aménagements.

  2. Le deuxième groupe regroupe 3 productions qui mettent en place un raisonnement géographique incomplet dans leur bande dessinée et éprouvent des difficultés à conceptualiser.

  3. Le dernier groupe regroupe 2 productions qui échouent à mettre en œuvre un raisonnement géographique et à conceptualiser.




La majorité des élèves parvient à mettre en œuvre un raisonnement géographique et met en scène des acteurs tels que des élus et des citoyens. Certaines bandes dessinées, telles que Une enquête à New-York, font intervenir des associations :



Le raisonnement multiscalaire est plus délicat à manier pour les élèves : quatre bandes dessinées mettent en œuvre un raisonnement multiscalaire de manière explicite: les deux bandes dessinées présentées ci-dessus ainsi que New-York interview et Le futur imaginaire de Lagos .

Les élèves de 14 groupes organisent l'espace et le rendent dynamique. Ils produisent un discours sur l’espace. Pour cela, ils mobilisent le concept de distance, montrent que la métropole est un territoire habité aux activités différenciées. Les ensembles spatiaux sont hiérarchisés et différenciés. La démarche de prospective implique une inscription dans le temps et les élèves recourent à divers procédés tels que les ellipses narratives, les locuteurs temporels, l’inter-iconicité- le fait d’utiliser à plusieurs reprise la même vignette- , la taille du territoire représenté, l’art séquentiel :

Onze groupes d’élèves mobilisent un réseau conceptuel riche, montrant à la fois une appropriation du vocabulaire géographique apporté en classe, une circulation des savoirs importante, leur compréhension – à l’exception d’un groupe – du fonctionnement d’une métropole et de l’habiter. Cependant, tous les groupes n’ont pas (en dépit de la consigne donnée) inséré les cinq mots de vocabulaire géographique demandés. Leur vision de la ville du futur oscille entre pragmatisme (régler les problèmes urgents) et ville durable.


Julie Maurice

Collège Maurice Genevoix, académie de Versailles.