Le sketchnoting

Le sketchnoting (en bon français : la prise de note dessinée), vous en avez sûrement entendu parler. Il s’agit d’une forme de prise de note (au sens large) qui mélange de l’image et du texte. Vous avez sans doute pu admirer les œuvres des facilitateurs graphiques1 qui résument un livre, une conférence, mais peut-être n’avez vous jamais pensé à utiliser ce genre d’outil avec vos élèves. Et pourtant…

3 mauvaises raisons pour ne pas utiliser le sketchnoting en classe :

Je ne sais pas dessiner.
Il va falloir vous ôter cette idée de la tête, parce que nous savons tous dessiner. C’est même par le dessin que vous avez commencé à vous exprimer à l’écrit quand vous étiez enfant. Alors oui, le bonhomme-bâton de votre enfance était peu réaliste, mais tout le monde sait reconnaître un bonhomme-bâton quand il en voit un. Et je suis certaine que vous savez encore en dessiner !

Mes dessins ne sont pas jolis.
Le but du sketchnoting n’est pas d’être joli mais d’être efficace. Et puis avec ce genre de raisonnement, plus personne n’aurait essayé de peindre quoi que ce soit après avoir contemplé le plafond de la chapelle Sixtine.

Je ne peux pas enseigner à mes élèves quelque chose que je ne maîtrise pas.
Ce que vous pouvez enseigner à vos élèves c’est qu’il existe d’autre façon de prendre des notes et les laisser faire ensuite leurs propres choix. N’ayons pas peur que l’élève dépasse le maître !

3 bonnes raisons pour proposer le sketchnoting à vos élèves.

Une image est plus rapide à lire qu’un mot.
C’est d’ailleurs pour cette raison que les panneaux de signalisation utilisent des pictogrammes et pas des mots. Autre avantage, ils sont lisibles quelle que soit la langue qu’on pratique.

Sketchnoter nécessite d’organiser sa pensée.
Cette technique permet de montrer, et donc de renforcer la compréhension : le déroulement d’événements, les liens entre différents éléments, les oppositions… Pour qu’un sketchnote soit « bon », il faut que sont auteur maîtrise parfaitement son sujet. Les oublis et les erreurs se voient, littéralement.

Créer pour comprendre
Quand vous choisissez un visuel pour représenter quelque chose, sa pertinence dépend de votre compréhension de ce que vous représentez. Pour certaines choses, il existe déjà un « vocabulaire graphique » existant (les émoticônes de vos SMS par exemple). Pour beaucoup d’autres choses il va falloir inventer la forme graphique adéquate et la rendre « lisible ».

Quelle utilisation en classe ?

Les élèves sont comme vous, il pensent qu’ils ne savent pas dessiner, que leurs dessins sont moches et surtout, depuis le CP, on leur explique souvent que le dessin est réservé aux arts plastiques. Alors il va falloir y aller en douceur.

Pour commencer :


Demander aux élèves d’
illustrer les mots de vocabulaire qu’ils doivent apprendre par une icône.
La création de cette icône va permettre un apprentissage moins « mécanique » du vocabulaire puisqu’ils vont devoir réfléchir à la façon de représenter le mot ou l’expression. Vous pourrez ainsi « voir » ce que l’élève a compris. Si l’icône n’est pas « claire », demandez lui de vous expliquer son choix graphique. Vous pourrez ainsi vérifier qu’il a compris le sens de ce qu’il doit apprendre.

Demander aux élèves de
traduire un schéma logique en sketchnote.
C’est une bonne façon de commencer puisque l’organisation du sketchnote sera déjà faite.

Demander aux élèves de traduire par un dessin l’idée principale d’un texte ou d’un paragraphe.

Pour aller plus loin :

Demander aux élèves de remplacer les mots d’un texte par des images puis de reconstituer le texte en dessin.
Proposer aux élèves de faire des
fiches de révision en sketchnote.

Proposer aux élèves de prendre leurs notes de cours en les sketchnotant.

Attention ! Le sketchnoting ne convient pas à tout le monde.

Certains élèves seront complètement réfractaires à cette technique. Vous vous en apercevrez très rapidement. Il ne faut surtout pas les obliger à sketchnoter si vous voyez qu’au bout de quelques essais cela ne leur convient pas.

C’est pareil pour vous. Peut-être que le sketchnoting ne vous convient pas. Mais ce serait dommage de ne pas le proposer à vos élèves.

Quel intérêt pour les apprentissages ?

Un sketchnote en dit parfois plus qu’un long discours, mais c’est surtout une technique qui va pouvoir aider vos élèves.

Outre le travail de réflexion que le sketchnoting nécessite lors de sa création, l’alliance des images et des mots, l’organisation spatiale d’un sketchnote est un très bon outil de mémorisation. Faites le test en sketchnotant votre prochaine liste de course !

On peut utiliser un sketchnote comme brouillon pour préparer un travail écrit, seul ou à plusieurs.

C’est également un très bel outil de support d’oral, qui permet d’embrasser d’un seul coup d’oeil tout ce que l’on doit dire lors d’un exposé sans se perdre dans ses notes. Et ce qui est valable pour les élèves l’est aussi pour vous. Il est très agréable de préparer des cours sous forme de sketchnote et c’est aussi un bon moyen de ne pas se perdre dans les détails. Et rien ne vous empêche de transmettre ensuite votre sketchnote à vos élèves !

Conseils de lecture pour se lancer :

Manuella Chainot-Bataille : Le sketchnoting à l'école primaire. Collection La Boîte à Outils du professeur. Dunod. 2021

Isabelle Pailleau, Audrey Akoun, Philippe Boukobza : Apprendre avec le sketchnoting. Comment ré-enchanter les manières d'apprendre grâce à la pensée visuelle. Eyrolles. 2017.

Mila Saint Anne, juin 2021.