Pronote pour le suivi des compétences

Le logiciel Pronote, utilisé dans une grande majorité d’établissement, porte, dans son nom même, une certaine vision de l’évaluation. Il n’a pas encore été question de rebaptiser l’outil en procompétence ou prosocle

Or nous sommes maintenant, depuis plusieurs années déjà, dans une logique de cycle d’apprentissage construits autour de compétences fondamentales que les élèves doivent acquérir durant leur scolarité au collège. Il est donc devenu indispensable de disposer d’un outil de suivi des compétences de nos élèves. Nous devons pouvoir indiquer à l’élève, mais aussi à sa famille et à l’institution, son positionnement dans les domaines travaillés en classe. Évidemment, la maîtrise d’une compétence ne peut se réduire à la moyenne des observations réalisées durant l’année ou le trimestre. Un enfant qui a appris à faire du vélo et qui serait tombé mille fois ne peut être réduit à ses chutes, il doit être vu au regard de sa réussite finale.

Il existe plusieurs outils spécialement conçus pour le suivi des compétences des élèves. Ils sont efficaces et plébiscités par ceux qui les ont choisis. Seulement, au quotidien, très souvent, c’est pronote l’outil principal, celui qu’on connecte en classe, que les élèves consultent, que les familles téléchargent sur leur smartphone.

Dans notre équipe, réduite mais motivée, nous réfléchissons depuis plusieurs années à cette question. Les notes chiffrées y ont été abandonnées il y a quatre ou cinq ans et même si la démarche ne fait pas totalement consensus, nous nous sommes tous mis d’accord sur un certains nombres de points qui doivent être pris en compte dans l’évaluation :

  • Nous devons utiliser un outil commun à tous. Le degré de maîtrise numérique étant variable dans l’équipe, la solution restera pronote.

  • En fin de cycle, pronote fait une moyenne des évaluations depuis la 5e. Et même si nous nuançons ce calcul dans les conseils de cycle il faut malgré tout pondérer et éviter que les évaluations formatives n’aient un poids démesuré. Ces évaluations ne sont que des observations à un moment donné (des chutes à vélo).

  • Certains collègues voient moins les élèves et les évaluent moins souvent. Leur avis se retrouve souvent écrasé par la masse de données compilées en fin de troisième. Leur expertise vaut pourtant la nôtre. Il faut pouvoir leur rendre une juste place dans la vision globale construite en fin de cycle.

  • Nous devons pouvoir indiquer à chaque fin de semestre un positionnement pour chaque compétence travaillée et pour chaque élève (et sans y passer deux semaines).

La solution nous est venue de Lise-Hélène, notre collègue de SVT, remercions-la au passage. La manoeuvre débute par un retournement du processus de création d’évaluation dans pronote. Pronote nous propose de créer une évaluation par travail réalisé dans laquelle nous indiquerons chaque compétence mise en oeuvre. A l’inverse, nous créons une évaluation par compétence (par élément signifiant du socle, pour être plus précis) non pas pour chaque travail mais pour chaque période. En l'occurrence, il s’agit de semestres.

Nous indiquons quelle compétence est travaillée. Mais nous en indiquons un nombre correspondant environ aux nombres d’observations réalisées durant la période. Ce nombre peut être édité pour ajouter, au besoin, quelques observations supplémentaires.

Comme on peut le voir, “l’évaluation” est nommée en fonction de la compétence observée et chaque travail donnant lieu à une observation est identifié dans la description de “l’évaluation”. Nous éditons ce cadre à chaque nouveau travail réalisé, tout au long du semestre.

Nous modifions aussi le coefficient pour l’ensemble des lignes à l’exception de la dernière. Ainsi, l’ensemble des ces observations constituées d’évaluations formatives, ne seront pas prises en compte dans les calculs de pronote et ne risquent pas de fausser le jugement quant à la maîtrise de la compétence par l’élève en fin de cycle. Il est important sur ce point de faire de la pédagogie auprès des élèves. Il faut leur apprendre la logique de l’évaluation par compétence, le droit à l’erreur. Nous leur disons que ces évaluations ne comptent pas dans une moyenne, mais qu’elles nous servent à faire un bilan en fin de période. Chaque travail compte, mais tout le monde peut faire un faux pas sans “plomber sa moyenne”. La dernière ligne en revanche reste au coefficient 1 puisqu’elle sera utilisée pour le bilan.

Dans la visualisation et la saisie des résultats, les six lignes crées précédemment sont devenues des colonnes que nous rempliront au cours du semestre. La dernière colonne (celle attribuée d’un coefficient 1) sera complétée en fin de semestre en tenant compte des différents travaux réalisés. Ce bilan se fera d’autant plus facilement que nous aurons sous les yeux un fil chronologique des observations réalisées pendant le semestre. Il est donc possible de tenir compte de l’évolution de l’élève dans la maîtrise de la compétence afin d’établir une synthèse plus juste en fin de période.

Résumons : à la fin de chaque période, nous pouvons, de façon relativement simple et rapide, avoir un positionnement pour chaque élève et pour chaque compétence observée. Ce bilan de période s’appuie sur des observations au coefficient zéro qui ne viendront pas polluer les bilans de fin de cycle. Et en fin de cycle, nous pourrons compter sur un nombre de positionnements plus réduit et donc plus simple à analyser, correspondants aux bilans de fin de période. J’insiste sur le fait qu’un bilan de période n’est pas une moyenne. C’est une estimation du degré de maîtrise en fin de période tenant compte des progrès voire des régressions de l’élève par rapport aux attentes du moment. Cet aménagement n’a pas vocation à répondre à toutes les situations et tous les besoins. Cela pourrait même être qualifié de “bricolage”. Mais il a pu être adopté par toute l’équipe, rapidement, et répondre aux constats posés en début d’article. Nous le maintenons donc cette année, en espérant pouvoir évaluer sereinement nos élèves.


Yann Coudreau, professeur d’histoire géographie et enseignement moral et civique, académie d’Orléans Tours.