Formes et outils de la coopération

Les formes de la coopération en classe

La coopération en classe, c’est possible ?

En histoire-géographie, en collège comme en lycée, on peut mettre en oeuvre la coopération en classe. Quand on met les élèves en activités, plusieurs niveaux de coopération sont possibles.

Lorsque l’on décide de faire du travail de groupe, c’est toujours dans l’optique de voir les élèves s’entraider, progresser et réaliser avec succès la tâche demandée. Si l’on fait des groupes homogènes, on espère que collectivement ils trouveront les stratégies adéquates pour réaliser la tâche demandée, avec l’étayage apporté par l’enseignant quand il est nécessaire. A l’inverse, si l’on fait des groupes hétérogènes, c’est pour encourager les élèves les plus fragiles à s’appuyer sur leurs camarades pour qu’ils puissent progresser. Toutes les modalités de travail de groupe représentent donc une forme de coopération.

Il est aussi possible de mettre en place des formes de tutorat avec des élèves “experts” qui circulent dans la classe. Ils peuvent être experts aussi bien sur le fond (maîtrise des méthodes des exercices types) que sur la forme (maîtrise des outils). Lors du lancement de l’activité, l’enseignant peut alors demander des élèves volontaires pour être tuteurs auprès des autres. L’enseignant s’efface alors et les élèves peuvent faire appel aux élèves “experts”. L'important étant que la demande vienne des élèves eux-mêmes pour que la démarche soit efficace.

Autre modalité de mise en oeuvre de la coopération en classe, le travail en atelier avec des groupes d’experts. Sur un sujet comme “Peut-on nourrir les hommes sans porter atteinte à l’humanité”, on peut ainsi constituer des groupes sur les dimensions économique, environnementale, politique et de santé. Après un premier temps d’étude de documents sur la thématique qui leur a été attribuée, on peut ensuite mélanger les groupes et chaque “expert” va pouvoir expliquer aux autres la dimension sur laquelle il a travaillé. Cette pratique s’inscrit aussi dans l’esprit de la classe mutuelle, expliquée dans la vidéo ci-dessous par Vincent Faillet. En laissant plus de liberté aux élèves, en leur faisant davantage confiance et l’enseignant se plaçant dans une posture d’accompagnement, les élèves deviennent alors moteurs de leurs apprentissages et, en coopérant entre eux, ce sont alors ces derniers qui construisent le cours.

Si on résume : Le travail de groupe permet d'éveiller les questionnements, l'entraide et le tutorat permettent de surmonter les difficultés, le travail en équipe permet d'ancrer les apprentissages dans la durée. On peut présenter ce modèle aux élèves et ensuite leur demander dans chaque situation quel est l'objectif recherché quand ils acceptent de se mettre dans une de ces modalités de travail. (Sylvain Connac, “Coopérer pour apprendre”, 2020)

Manon Guerente (Lycée Henri Laurens, Saint-Vallier, 26)

Les outils favorisant la coopération

Quels outils utiliser pour faire coopérer nos élèves ? Je présente ici des outils numériques que j’ai utilisés pour partie avant la continuité pédagogique et pour partie après, en synchrone et en classe virtuelle.


Lorsque les élèves sont en binôme ou en petit groupes, il s’agit pour eux de coopérer à l’échelle de ce petit groupe avec des outils qui les incitent à discuter ensemble de l’objectif à atteindre plutôt qu’à se diviser la tâche (une question chacun par exemple).

Ces outils peuvent permettre de distinguer la participation individuelle à l’élaboration de la réflexion d’ensemble pour éviter l’effet « leader, exécutant, suiveur passif » que l’on retrouve souvent dans le travail en groupe.

Les élèves créent un support visuel qui facilite la compréhension par les autres groupes.

Certains outils, comme les post-it, obligent l’élève à respecter l’objectif de synthèse, la présentation en colonnes amènent à trier les idées.

Les nuages de mot, les pads, les post-it, wooclap, padlet incitent les élèves à contribuer en direct à la réflexion.

J’ai rajouté l’outil LearningApps pour les exercices de méthodologie, contrairement aux autres outils il est déjà construit par le professeur, son utilisation peut être individuelle en asynchrone. Cependant je l’ai placé ici car je l’ai beaucoup utilisé pendant la continuité pédagogique en classe virtuelle en donnant la main à un élève et en demandant au reste de la classe de lui suggérer les réponses.

Ces outils ont pour objectif de stimuler la coopération, de lui donner un support, en particulier lorsqu’il s’agit de points de réflexion, de débats.

Ils peuvent être utilisés à l’échelle de la demi-classe, voire de la classe entière, par exemple le padlet que l’on complète ensemble pour l’étude d’un point de passage.

Il ne s’agit plus de faire coopérer un petit groupe expert qui contribue pour partie à construire un point du cours (comme dans un cours renversé) mais de faire coopérer l’ensemble d’un groupe important de 32 à 36 élèves.

En général la dynamique dans ce cas aboutit à l’émergence de quelques élèves leaders à l’oral, souvent toujours les mêmes… Le défi ici est de faire participer-coopérer tous les élèves, sans exception !

D’ailleurs lors de ces séances, les élèves qui d’habitude sont mis en avant car ils participent beaucoup peuvent se sentir mis un peu à l’écart, une autre dynamique de classe apparaît et l’outil peut être utilisé justement pour modifier une dynamique de classe avec des élèves trop passifs, trop peu investis, sans toutefois brider la participation des élèves les plus motivés (qui doivent de toute manière s’habituer à ce rééquilibrage).


Chaque fois que j’utilise un outil, j’explicite l’intérêt de cet outil, ce qu’il permet de travailler comme compétence qu’un autre outil ne peut pas faire (du moins aussi bien) et qu’on ne pourrait pas faire aussi bien sans le numérique.

A terme, le but est de faire construire des séances ou des parties de séances par les élèves eux-mêmes lorsqu’ils se sont approprié non seulement leur fonctionnement technique, mais aussi leur signification en terme d’apprentissage.


J’espère que ces quelques pistes vous donneront des idées, pour moi je remercie Hélène Dargagnon et son MOOC des Provinces sur les pratiques coopératives ainsi que nos collègues de Besançon et les participants au MOOC HG6 qu’ils organisent, qui m’ont aidée à me lancer dans ces pratiques coopératives.

Patricia Devaux (Lycée Kléber, Strasbourg)