Le cours noyau de Sandrine Escaffre
Première expérience du cours noyau en HGGSP terminale.
Cette première expérience du cours-noyau s’est déroulée avec un groupe de terminale HGGSP de 23 élèves, assez scolaires et caractérisés par une faible ouverture culturelle. Ils sont, pour ce début d’année, motivés et se montrent intéressés mais ont fait part de leur crainte de l’examen, de difficultés d’apprentissage pour maîtriser les connaissances et du souhait de mieux maîtriser les méthodes. Le premier chapitre a en partie été traité sous forme de cours-noyau (introduction et axe 1). L’axe 2 a été traité en activité collaborative et en cours inversé avec une reprise en classe sous forme de schéma fléché afin de cerner les difficultés des élèves face aux notions à assimiler. L’objet de travail conclusif a permis de réactiver la méthode de l’étude critique de documents à travers un exemple guidé.
Le chapitre introductif a été entièrement réalisé avec les élèves en classe de façon à leur présenter la méthode, les outils utilisés, les détails de la démarche ainsi que le travail personnel à fournir pour favoriser les apprentissages. Ainsi, le cours-noyau a été distribué en classe et la phase d’appropriation individuelle, normalement réalisée à la maison a été faite en classe entière, tout comme les activités et la réalisation de la fiche de révision. La présentation de la démarche du cours-noyau a soulevé une forme d’enthousiasme chez les élèves, en particulier concernant l’autonomie qu’ils allaient pouvoir développer dans leur travail personnel et la possibilité de pouvoir revenir sur la phase de reprise sur des éléments mal compris ou difficiles à appréhender : les élèves ne sont pas particulièrement surpris car la plupart d’entre eux connaissaient déjà la démarche du cours inversé.
La réalisation du cours-noyau
L’axe 1 a permis de réaliser de façon effective un véritable cours-noyau en décorrélant temporellement les phases de travail personnel à la maison et les phases de travail en classe. Le parti pris était de pouvoir proposer différents parcours sur les phases d’activités et de révision au choix de l’élève en fonction de ses besoins
La reprise en classe, s’appuyant sur le diaporama a permis de bien mobiliser les notions, d’apporter des compléments et ainsi de travailler efficacement la prise de notes par les élèves sur la page droite de leur cahier, en regard du cours-noyau.
Pour la phase d’activité, l’objectif consistait à réactiver la méthode de l’étude critique de document à commencer par la présentation et la recherche de la source. Il s’agit d’une activité de groupe (2 ou 3 élèves) qui permettait de mobiliser les capacités de l’épreuve du Baccalauréat. Il fallait sélectionner des documents répondant à une problématique et justifier les choix au regard des informations contenues dans les documents et ainsi de justifier la sélection réalisée en employant les notions abordées dans les étapes du cours-noyau et de la reprise en classe. Cette activité a permis de réaliser une évaluation formative, qui a été assez bien réussie, même si le prélèvement d’informations dans certains groupes s’est révélé parfois incomplet.
Pour la phase de révision plusieurs possibilités s’offraient aux élèves :
En premier lieu, tous les élèves ont été incités à commencer la réalisation de la fiche de révision selon le même principe que lors de la partie introductive.
Selon les besoins, les élèves ont ensuite puis réaliser au choix :
une chronologie sur la période étudiée.
d’autres ont préféré réaliser le jeu d’évasion consistant à se tester sur la bonne maîtrise des dates de la course à l’espace pendant la guerre froide puis, dans un second temps, de construire la chronologie.
certains élèves ont proposé spontanément de réaliser un schéma heuristique et de le mutualiser à l’ensemble de la classe.
Enfin, les élèves les plus autonomes ont pu aller plus loin et réaliser un rapide compte rendu de lecture sur un article du Monde du 7/09/23 sur le lancement de la mission lunaire japonaise et le proposer à l’oral en 3 minutes en faisant le lien avec le contenu de l’axe 1.
Un bilan en demi-teinte.
Au niveau des évaluations :
positif : la multiplication des évaluations formatives et l’acceptation de la possibilité de l’erreur chez les élèves sont une réussite, tout comme la motivation induite. Une progression certaine dans la maîtrise des éléments factuels de la séquence a pu être notée lors de la reprise du cours-noyau ou de la partie révisions.
négatif : la multiplication des “petites” notes (sur 5, sur 10 points), peu coefficientées qui viennent baliser la démarche du cours-noyau a provoqué chez les élèves une impression de facilité de la séquence. Il a été nécessaire de contrebalancer par une évaluation sommative de type bac à fort coefficient pour donner la réelle mesure du niveau de l’élève dans la préparation de l’examen.
Au niveau du scénario pédagogique :
positif : la succession de temps de cours différents, des pauses attentionnelles, la possibilité des élèves de faire part de leurs difficultés et incompréhensions (mais le groupe à 23 élèves doit biaiser mon analyse) ont permis des échanges intéressants, en particulier pour une classe dans laquelle je ne connaissais aucun élève. La posture de l’enseignant devient clairement celle d’un accompagnant dans les apprentissages des élèves.
négatif : le découpage des thèmes de terminale HGGSP en axes, au lourd contenu notionnel et factuel, oblige à des moments de reprise du cours-noyau longues (3 à 4h) qui viennent fortement dé-corréler les parties cours et les activités. Il faudrait sans doute prévoir des parties de cours-noyau découpées en jalons mais au risque de partitionner encore plus le contenu notionnel et d’obérer la compréhension des notions.
Au niveau des activités :
positif : la possibilité de bien réactiver en ce début d’année la méthode de l’étude critique de documents par une explicitation précise du cheminement intellectuel, des différentes phases à réaliser. Les élèves se sont sentis rassurés face à la difficulté de cet exercice en particulier lors de la présentation de l’échelle descriptive reprenant par items les attendus méthodologiques.
négatif : j’ai sans doute trop balisé les étapes et je ne suis sans doute pas assez entrée rapidement dans un sujet de type baccalauréat (dans l’axe 2 uniquement), perdant ainsi du temps dans la réactivation de la méthode de l’exercice.
Au niveau des phases de renforcement des apprentissages / révisions :
- les élèves ont du temps pour tester leur bonne compréhension des notions : la possibilité de réitérer le même QCM jusqu’à obtention du meilleur score possible introduit une dimension ludique dont les élèves se sont emparés, revenant à plusieurs reprises sur leur prise de notes et le cours-noyau distribué pour chercher, relire et trouver la bonne réponse. Les résultats chiffrés positifs introduisent un facteur de motivation intrinsèque.
- le parti-pris de travailler sur l’élaboration de la fiche de révision, en reprenant le cours point par point, en sélectionnant le vocabulaire, des dates, les acteurs, les espaces constituent une rétroaction supplémentaire pour les élèves, dans la classe, avec la possibilité d’avoir recours à l’enseignant qui peut ainsi guider et adapter les réponses aux élèves. Il s’agit donc, en plus de superviser la réalisation de fiches de révision dans l’optique encore lointaine pour les élèves de l’examen de juin, de venir réaliser un étayage personnalisé.
Bilan à l’issue de l’évaluation sommative
L’évaluation finale montre que les notions ont été bien comprises et globalement bien assimilées et les élèves parviennent à employer correctement le vocabulaire spécifique à la séquence. Les éléments factuels sont également bien assimilés mais cela a tendance à les inciter à tous les faire figurer dans leur copie sans opérer la sélection en lien avec le sujet. Par contre, les élèves ont eu davantage de difficultés à mobiliser les connexions entre les principales notions proposées par le sujet et celles qui étaient attendues dans la réponse de l’étude critique de documents. Il s’agit de la principale déception, pourtant la méthode a été revue progressivement dans les deux axes et j’avais proposé aux élèves deux exemples guidés à réaliser en classe (axe 2 et objet de travail conclusif). Les résultats chiffrés s’en ressentent. Les élèves, comme souvent, ont davantage réalisé des dissertations qu’une étude critique des deux documents iconographiques proposés.
Le bilan est globalement positif de mon côté avec le sentiment de passer davantage de temps à venir aider les élèves sur les difficultés qui sont les leurs : l’étayage permanent que permet le gain de temps sur le cours en lui-même facilite les activités et les apprentissages autour des méthodes. La séquence suivante a été réalisée sur le même principe mais en scindant les cours-noyau par jalons, ce qui permet un rythme plus dynamique et la réalisation sur une même semaine de l’intégralité de la démarche du cours noyau.
Sandrine Escaffre, lycée Michelet, Lannemezan (65).