Le Cours Noyau au lycée
En 2018, paraissait le n°5 de Cabotage, la revue de l’Inspection pédagogique d’histoire géographie de l’académie de Rennes. Ce numéro faisait la part belle au cours noyau, qui se proposait d’apporter des réponses à la mise en œuvre des programmes du collège.
Le cours noyau, késako ?
Le cours noyau est une organisation pédagogique, une autre manière de structurer les séquences qui propose de “dissocier les contenus à savoir des capacités à travailler ; l'idée nouvelle proposée passait par cela : construire en premier avec les élèves un "cours-noyau" en guise d'essentiel ou de trace écrite à savoir, ET ensuite travailler à loisir les compétences par des activités variées, variables, courtes, longues, différenciées…” (Progressivité et continuité des apprentissages en histoire géographie emc aux cycles 3 et 4, Cabotage n°6, 2022, p. 2. ).
Pour faire simple, il y a :
un temps pour le cours et les connaissances avec construction de la trace écrite…
… et un temps pour faire les mises en activités sur des compétences.
Nous vous invitons à lire le numéro 5 de la revue pour en avoir une description plus complète.
Pourquoi l’adapter au lycée ?
La réforme du lycée a pu provoquer des craintes chez les enseignants face aux connaissances à faire acquérir aux élèves tout en les préparant aux capacités et méthodes et aux exercices des anciennes épreuves communes. Le cours noyau est une proposition pour les aider à mieux s’en sortir, comme il a pu le faire avec l’application des programmes au collège.
Dans les programmes du lycée il est écrit “Pour cela, l’enseignement associe des temps dédiés : à la transmission des connaissances par les professeurs et d’écoute active de la part des élèves ; à l’étude de sources, à l’analyse approfondie et critique de documents variés (cartes, textes, iconographie, vidéos…) et à la réalisation de croquis.”. Cette référence explicite à des temps distincts nous permet d’aborder la structure du cours noyau.
L’idée simple qui s’en dégage est de dissocier ces temps, sans les mélanger :
un temps pour faire le cours : l’écoute active.
un temps pour l’appliquer le mobiliser lors d’activités : le travail sur des capacités et méthodes.
On peut aussi ajouter un troisième temps pour consolider les apprentissages.
Comment l'adapter au lycée : propositions et conseils.
La trace écrite, tu hiérarchiseras
Le cours-noyau oblige à hiérarchiser les connaissances attendues et la manière de les transmettre aux élèves. On peut proposer de :
donner aux élèves une structure de base, “noyau” avant le cours, qui correspond à des connaissances compréhensibles par toutes et tous sans aide extérieure (on gagne du temps sur le recopiage de la trace écrite). Un petit questionnaire associé permet de vérifier si les élèves ont bien compris et leur permet de poser des questions en amont de la reprise.
décider de ce que l’on va apporter “en plus” lors de la reprise en classe : nuances d’un concept, approfondissements, analyses, PPO, récit, explicitation des exemples…
Attention : il ne s'agit pas de faire apprendre le cours aux élèves avant d’arriver en classe mais d’en prendre connaissance pour ne pas partir de zéro lors de la reprise, qui sera une 2e confrontation au cours.
La trace écrite du professeur et de l’élève, tu penseras
Pour ne pas se perdre, la trace écrite du professeur peut ressembler à cela :
en noir ce qui a été donné en amont aux élèves,
en bleu les apports en classe lors de la reprise.
Dès lors, les élèves travaillent quand même la prise de notes en complétant le cours par les apports de l'enseignant. Il s'agit d’une réelle prise de note, individuelle et personnalisée : les élèves vont faire des choix dans ce qu'ils vont noter à partir d'une base commune.
Le cours-noyau nécessite de penser la manière de transmettre la trace écrite et l’organisation du cahier. Dans le cas des deux photos, il a été conseillé aux élèves de coller le cours noyau en haut et à gauche de la page afin de laisser de la place autour pour la trace écrite. La photo 1 montre que les élèves adaptent leur manière de faire à ce qui leur convient le mieux.
Des ancres peuvent être ajoutées dans le cours élève pour marquer des pauses attentionnelles/engageantes et permettre à l’enseignant de savoir quand “faire respirer” son cours. C’est l’idée du du cours MagistrACT (voir https://framindmap.org/c/maps/1367748/public)
Le cours, tu feras
Les élèves ont découvert le cours-noyau en amont, il est temps de “faire le cours”. C’est un temps de reprise des éléments que les élèves ont travaillés seuls (le questionnaire peut aider à cibler les éléments sur lesquels les élèves veulent que le professeur revienne) et d’apports par le professeur. On peut privilégier une démarche transmissive durant ce moment, agrémenté de pauses attentionnelles (test plickers, pense paire carré, écoute d’une musique en lien avec le chapitre…).
Libéré du cours, du temps pour les activités, tu pourras prendre
La transmission des connaissances a été effectuée en deux temps : avant, à la maison, et en cours après la reprise/enrichissement du professeur. Avant de travailler les activités les élèves vont relire leur cours noyau “augmenté” des apports de la reprise. Ils vont donc être confrontés une 3e fois au connaissances à maîtriser.
Vous pouvez vous consacrer au travail des capacités et méthodes. C’est le temps de faire des activités communes et/ou différenciées :
faire une analyse de document durant laquelle les élèves seront en capacité d’apporter des connaissances,
faire travailler les élèves sur des dossiers différents en fonction de la partie du cours qu’ils souhaitent encore plus approfondir… (pour rappel, les connaissances essentielles ont été déjà vues en classe),
montrer de manière explicite comment vous traiteriez un sujet de question problématisée,
travailler un PPO,
faire un marché de connaissances,
proposer des activités “pour aller plus loin”
proposer un plan de travail,
etc.
Un temps de consolidation, tu pourras proposer
Il est possible de faire un 3e temps pour consolider les apprentissages. Dans ce cas, il est plus simple de le proposer en fin de thème. Il peut prendre différentes formes :
révision du cours, refaire les questionnaires, construction de flashcards et/ou de cartes mentales, etc.
jeux de révisions : time’s up, timeline, story cubes, quizlet live, etc.
Sur le temps de préparation, tu ne t’inquièteras pas trop
Le cours noyau ne remet pas en question le travail effectué mais propose plutôt une nouvelle organisation. Là où lors d’une séance on mêle activité et apport de connaissances, le cours noyau propose de scinder les temps. Vous prenez vos séquences et vous mettez d’un côté tout ce qui correspondait à de la transmission de connaissances et de l’autre ce qui coïncidait aux activités.
L’évaluation, tu intègreras
À vous de décider quand et comment intégrer les évaluations. À titre d’exemple, on peut proposer une courte évaluation de connaissances une fois par semaine pour s’assurer de la lecture régulière du cours, les activités peuvent correspondre à des évaluations formatives et un devoir sommatif “type épreuve commune” peut intervenir en fin de chapitre.
Quelques conseils, tu pourras suivre
Au lycée, le cours noyau s'appréhende peut-être plus facilement à l’échelle du chapitre et non du thème. En effet, enchaîner les écoutes actives de tout un thème, souvent trois chapitres, avant de faire des activités semble délicat.
Si vous faites une étude de cas (non obligatoire au lycée), il faut la faire avant le cours pour respecter la démarche inductive. La séquence est alors organisée de la manière suivante : étude de cas, distribution du cours noyau et écoute active (la mise en perspective), activités.
Si vous donnez trop de connaissances lors de la distribution du cours-noyau, l’attention en classe risque d’être moins importante puisqu’ils auront déjà une base très solide… d’où l'intérêt de bien hiérarchiser !
Pour un chapitre de terminale on peut imaginer que le cours noyau correspond à deux pages (et pas en arial 6,5 !) que l’on peut photocopier en format A5 pour économiser du papier.
La partie noyau vue en amont doit regrouper les éléments compréhensibles par le maximum d’élèves. On réserve les éléments plus complexes pour la reprise.
Ton propre cours-noyau, tu construiras
Ces quelques recommandations sur l'adaptation en lycée sont le fruit de discussions, de tests, de réussites et de moments de doutes en classe et en dehors. Il ne s’agit pas d’un modèle mais plus d’une proposition à adapter selon vos goûts, vos pratiques, vos marottes… Vous pouvez augmenter le temps d'écoute active sur un chapitre et limiter le temps d’activité ou bien faire l’inverse.
Auteur : Vincent Ortiz