01 Réponse à ce préjugé

Il faut tout d'abord rappeler brièvement que l’approbation de l’esclavage par l’Islam était le résultat de circonstances économiques et sociales particulières, étant donné que ce dernier fit son apparition dans une société qui dépendait quasi totalement de l’esclavage. C’était le cas, non seulement dans la Péninsule arabique où l’Islam apparut, mais aussi dans le reste du monde à l’époque où l'esclavage faisait partie des pratiques qui existaient dans les religions précédentes. Il est rapporté dans le Deutéronome, 20:10 - 20:16 :« Quand tu t'approcheras d'une ville pour l'attaquer, tu lui proposeras la paix. Si elle te répond par la paix et t'ouvre ses portes, tout le peuple qui s'y trouvera te sera tributaire et asservi. Si elle n'accepte pas la paix avec toi et qu'elle te fasse la guerre, alors tu l'assiégeras ; l'Éternel, ton Dieu, la livrera entre tes mains et tu en feras passer tous les mâles au fil de l'épée. Mais les femmes, les enfants, le bétail, tout ce qui sera dans la ville, tout son butin, tu le pilleras et tu mangeras le butin pris sur tes ennemis que l'Éternel, ton Dieu, t'aura livré. C'est ainsi que tu agiras à l'égard de toutes les villes qui sont très éloignées de toi et qui ne font point partie des villes de ces nations-ci. Mais dans les villes de ces peuples dont l'Éternel, ton Dieu, te donne l'héritage, tu ne laisseras la vie à rien de ce qui respire. »[1]

L’Islam a adopté une méthode à long terme, basée sur la progression, dans le but de mettre un terme à l’esclavage, comme ce fut le cas avec l’interdiction du vin. L’interdiction du vin ne s’est pas faite d’un seul coup, mais par étapes. Dans la première étape, ce verset fut révélé : ( Ils t’interrogent sur le vin et les jeux de hasard. Dis : « Dans les deux, il y a un grand péché et quelques avantages pour les gens ; mais dans les deux, le péché est plus grand que l’utilité. » )[2]

Quand les gens commencèrent à accepter le message, ce verset fut révélé : ( Ô les croyants ! N’approchez pas de la prière alors que vous êtes ivres, jusqu’à ce que vous compreniez ce que vous dites )[3].

Lorsque la foi commença à se raffermir dans leurs cœurs et qu’ils s’adonnèrent à l’Islam, à l’apprentissage et à l’acceptation de ses préceptes en donnant la prééminence aux injonctions d’Allah et de Son Prophète sur toute chose, alors l’interdiction formelle du vin fut révélée dans cette parole d’Allah I : ( Le vin, le jeu de hasard, les pierres dressées, les flèches de divination ne sont qu’une abomination, œuvre du Diable. Écartez-vous-en, afin que vous réussissiez )[4].

En ce qui concerne l’esclavage, l’Islam a procédé de la même façon qu’il l’a fait avec le vin. Il n’a pas immédiatement éradiqué l’esclavage, mais a utilisé une méthode sage qui visait tout d’abord à dessécher ses sources afin d’arriver un jour à son éradication. Il commença par la première étape, qui consistait à libérer psychologiquement les esclaves du complexe de faiblesse, d’incapacité et d’infériorité qui les habitait. Il rétablit ainsi les esclaves dans leur dignité et leur humanité et fit d’eux des frères pour leurs maîtres, parce que l’esclavage en Islam n’est qu’un état temporaire.

Le Prophète dit : « Ce sont vos frères, ces serviteurs qu’Allah a placés sous votre autorité. Quiconque est maître de son frère doit lui donner à manger de ce qu’il mange lui-même et doit l’habiller comme il s’habille lui-même. N’imposez point à vos serviteurs ce qui est au dessus de leurs forces, et s’il vous arrive de le faire, venez-leur en aide »[5].

L’Islam leur a aussi donné le droit de procréer, comme le dit le Prophète dans ce hadith : « Quiconque castre son esclave, nous le castrons aussi »[6].

Il a recommandé la bonté et la douceur envers l’esclave, aussi bien par la parole que par l’acte. Allah dit : ( Adorez Allah et ne Lui donnez aucun associé. Agissez avec bonté envers (vos) père et mère, les proches, les orphelins, les pauvres, le proche voisin, le voisin lointain, le compagnon, le voyageur dans le besoin et les esclaves en votre possession, car Allah n’aime pas, en vérité, tout présomptueux, arrogant )[7].

Plus édifiant encore, l’Islam a des égards pour leurs sentiments et interdit tout ce qui est de nature à leur rappeler leur triste condition. Le Prophète dit à cet effet : « Qu’aucun de vous ne dise : mon esclave homme, mon esclave femme. Qu’il dise plutôt : mon serviteur, ma servante ou mon garçon »[8].

Il faut signaler qu’en Islam, l’esclavage ne touche que le corps, mais jamais la raison et la pensée. L’esclave est libre de rester dans sa religion et sa croyance s’il le désire. Comme à son habitude, l’Islam a encore donné le meilleur exemple en matière d’égalité entre les hommes et en matière de mérite fondé sur la piété, lorsqu’il a réuni les esclaves avec les hommes libres dans la fraternité. Il est allé plus loin, à travers l’exemple du Messager d’Allah, qui, en dépit de sa noblesse et de sa position, a donné sa cousine Zaynab Bint Djahch en mariage à son esclave affranchi Zayd ; il le nomma aussi à la tête d’une armée dans laquelle se trouvaient de grands Compagnons comme soldats.

L’Islam a utilisé deux méthodes pour venir à bout de l’esclavage en toute tranquillité, sans susciter de désordre, de problèmes, de rancœurs et d’hostilité, ni causer de perturbation de la situation socio-économique :

[1] La Bible dite la Colombe (Colombe) - nouvelle version Segond revisée, Copyright 1978, Société Biblique Française BP 47 95400 Villiers-le-Bel France (note du correcteur).

[2] Sourate 2, verset 219.

[3] Sourate 4, verset 43.

[4] Sourate 5, verset 50.

[5] Al-Bukhârî (1/20), hadith n°30.

[6] Al-Mustadrak (4/409).

[7] Sourate 4, verset 36.

[8] Al-Bukhârî (2/901), hadith n°8100.