01 Introduction

بسم الله الرحمن الرحيم

La doctrine1 islamique est ce credo qui a permis aux Arabes d’être le noyau d’une Nation nouvelle, les faisant renaître des méandres de l’obscurantisme. Et pour cause : embrassée dans toute sa simplicité et sa clarté, la foi en l’Unicité de Dieu suscite naturellement une puissance spirituelle inestimable, véritable force motrice du devenir de l’humanité.

Le secret de l’élan vital qui caractérise les fidèles sincères réside dans la nature même de la doctrine islamique. En effet, celle-ci suscite une foi ferme qui établit l’existence d’un Dieu absolu et unique, à l’origine de l’univers, de l’homme et de la vie : l’univers est agencé suivant des lois immuables ; l’être humain est voué au bonheur du Paradis ou à la damnation de l’Enfer ; la vie ici-bas est éphémère par rapport à la vie future ; Dieu seul pourvoit aux besoins de Ses créatures ; le terme de la vie dépend uniquement du Créateur ; le Coran est la parole de Dieu, adressée à l’humanité tout entière par l’intermédiaire du Prophète Mouhammad (SAAWS2). Ainsi, en apportant des réponses aussi éloquentes aux questions existentielles fondamentales de l’homme, l’islam suscite certitude et sérénité.

Cette Religion3 n’a-t-elle pas, en effet, transformé en géant, au regard de Dieu, un homme d’apparence aussi chétive qu’Ibn Mas‘oûd ? N’a-t-elle pas amené Souhayb, Bilâl et Salmân à se révolter contre l’injustice de leurs maîtres ? N’est-ce pas encore elle qui a prédisposé Yâsir à supporter les supplices infligés par les païens, et sa femme Soumayya à être la première martyre de l’islam ? A ces fidèles, victimes de la rage impie, le Prophète (SAAWS) n’avait que ces paroles, suffisantes pour réchauffer le cœur des croyants : « Patience, ô les Yâsir ! le Paradis sera votre séjour. » Cette force inhérente à la doctrine islamique se manifeste dans toutes ses dimensions.

La vie terrestre n’est qu’un passage destiné à mettre les hommes à l’épreuve : [Béni soit Celui] qui a créé la mort et la vie pour vous éprouver, et afin de connaître les meilleurs d’entre vous à leurs œuvres. C’est Lui le Tout-Puissant, l’Absoluteur4.

La vie future est rétribuée, selon le cas, par le Paradis ou l’Enfer. Les bienheureux iront au Paradis et auront la vie éternelle : La vie d’ici-bas n’est que distraction et jeu futile. Mais la demeure de l’Au-delà, voilà certes la vraie vie, s’ils pouvaient le concevoir5.

Ces élus seront comblés de délices et connaîtront une félicité indicible :

Sur des lits chamarrés d’or,

ils s’accouderont se faisant vis-à-vis.

Parmi eux s’empresseront des éphèbes d’une éternelle jeunesse,

Portant des calices, des aiguières, des coupes d’une liqueur limpide

Dont ils ne seront ni incommodés, ni enivrés.

Il leur sera offert, au choix, toutes sortes de fruits,

Et des viandes d’oiseaux des plus recherchées.

Des épouses éternelles, belles aux grands yeux noirs, leur tiendront compagnie ;

Telles des perles en leur écrin.

Ainsi seront-ils payés de leurs oeuvres6.

Le Paradis sera donc réservé à ceux qui craignent Dieu car les œuvres pies ne sont jamais perdues : Une heureuse issue est toujours réservée aux êtres pieux7.

Les damnés, eux, séjourneront en Enfer pour y être condamnés aux tourments les plus atroces, n’ayant pour nourriture que les fruits âcres et répugnants de l’arbre az-zaqqoûm qui, tels l’airain fondu, se déchaînent dans les entrailles, comme de l’eau bouillante. Leurs supplices seront continuels : Quant à ceux qui n’auront pas cru, ils seront voués au brasier de l’Enfer. Ils n’y connaîtront pas l’arrêt de mort, soulagement suprême, ni n’y verront s’alléger leurs tourments. Ainsi rétribuerons-Nous tout incrédule endurci8.

Nous supplicierons bientôt par le feu ceux qui ont rejeté Nos Signes. Lorsque leur peau consumée se détachera en lambeaux, une autre, intacte, viendra prendre sa place. Ils subiront sans fin leurs tourments ! Dieu exerce la Toute-Puissance, Il est la Sagesse même9 !

Ces preuves coraniques claires et indubitables amènent le croyant à dédaigner tout châtiment qu’il pourrait rencontrer ici-bas à cause de son adhésion à la foi ; il persévère toujours dans la constance et dans l’action pour le triomphe et la prééminence de ses convictions. Convaincu du bien-fondé de sa foi et conscient de la réalité du Paradis et de l’Enfer, le fidèle ne fait pas grand cas du mal que pourraient lui causer des créatures faibles et imparfaites. Mué en forteresse, il ne se laisse point impressionner par les geôliers et autres bourreaux : les épreuves sont insignifiantes en comparaison du sentiment de devoir envers sa foi.

Nous nous proposons ici d’exposer les fondements de la doctrine islamique telle qu’elle se présente dans le Coran et la Sounna10, c’est-à-dire simple et limpide, loin des spéculations philosophiques et théologiques11. Nous espérons que les croyants en saisiront la portée et l’envergure comme l’ont si bien fait leurs prédécesseurs. Car le devenir de la ’Oumma et le triomphe de l’islam dépendront d’une perception claire et vivante de la foi.

A ceux d’entre vous qui auront cru et fait le bien, Dieu promet formellement de donner la suprématie sur terre, comme Il l’a donnée à ceux qui les ont précédés. Il établira, à leur intention, le culte qu’Il a choisi pour être le leur. Il changera leur crainte en sécurité. Qu’ils M’adorent sans rien M’associer ! Ceux qui, après cela, renieront leur foi, seront, en vérité, des pervers12 !

1 La doctrine peut être définie comme l’ « ensemble des croyances, des opinions ou des principes d’une

religion » (Le Petit Larousse). Ainsi, la doctrine islamique (al-‘aqîda al-’islâmiyya) englobe les six piliers de la

foi (al-’imân), à savoir « la croyance ferme en Dieu, en Ses anges, en Ses Livres, en Ses envoyés, au jour du

Jugement dernier et au destin imparti en ce qu’il a de bien et de mal » (hadith rapporté par Mouslim d’après

‘Oumar).

2 Lettres initiales de la formule Salla Allahou ‘Alayhi Wa Sallam (Dieu répande sur lui la grâce et la paix !), qu’il

est recommandé de prononcer à l’évocation du Prophète Mouhammad (SAAWS).

3 Tandis qu’en français le mot religion est l’ « ensemble de croyances et de dogmes définissant le rapport de

l’homme avec le sacré » (Le Petit Larousse), son correspondant arabe dîn désigne « tout acte d’adoration de

Dieu » (al-Moungid fî l-lougha wa l-’a‘lâm).

4 Coran 67 (al-Moulk) : 2.

5 Id. 29 (al-‘Ankaboût) : 64.

6 Id. 56 (al-Wâqi‘a) : 15-24.

7 Id. 7 (al-’A‘râf) : 128.

8 Id. 35 (Fâtir) : 36.

9 Coran 4 (an-Nisâ’) : 56.

10 Ensemble des paroles (hadith), actes et approbations du Prophète (SAAWS).

11 Introduite tardivement à partir du IIIe s. de l’hégire (IXe après J.-C.) par des philosophes comme al-Kindî, al-

Farâbî ou Ibn Sînâ (Avicenne) sous l’influence de l’hellénisme, la théologie en tant que réflexion sur Dieu et sur

le salut de l’homme est une discipline totalement étrangère à l’islam, les questions d’ordre métaphysique ne

devant être étudiées que dans le cadre strictement coranique, loin de toute spéculation. Par abus de langage,

l’expression « théologie musulmane » est parfois employée en français pour désigner le droit islamique ou fiqh.

12 Coran 24 (an-Noûr) : 55.