Fabrice NESTA

"La rue Saint-Laurent à Grenoble a une géographie bien particulière. Coincée entre la Bastille (Chartreuse) et l’Isère (rivière), ce long cordon ombilical débute place de la Cimaise au cœur de la vieille ville et se termine Porte Saint-Laurent presque à l’extérieur de celle-ci. Cette particularité confère à cette rue un statut à part : la commune libre de la rive droite. C’est là que mon atelier est installé.

La série des portraits de la Rue St Lô a commencé presque par hasard. Ayant besoin de modèle, j’ai demandé d’abord à une, puis deux personnes de la rue si elles voulaient bien poser. L’idée de faire un portrait de ce lieu particulier s’est, petit à petit, imposée à moi comme une évidence.

Dans chaque invitation à poser il y a la promesse d’une rencontre. C’est l’occasion d’engager la conversation, de partager un café parfois, de tisser des liens. Chacun y va de son anecdote concernant un immeuble, un commerce ou un habitant. Parfois l’échange est furtif, tout le monde est pressé.

L’éclairage est puissant, les reliefs du visage sont ainsi relevés. Seul consigne : éviter de sourire. La posture se met en place petit à petit, les photographies défilent.

Habituellement, l’histoire s’arrête là, mais la proximité du modèle, habitant ou pratiquant la rue quotidiennement, prolonge le moment. De temps en temps, il pointe son nez à la porte de l’atelier, veillant à la bonne exécution des opérations, au bon avancement du travail, vérifiant la ressemblance. Encore une occasion de papoter…

Le travail prend corps au travers de tous ces échanges. Au-delà du plaisir de dessiner chacune de ces personnes, c’est aussi une façon de s’inscrire dans la rue Saint-Laurent, d’en être un pratiquant impliqué."

Fabrice Nesta - juin 2016

Liens :

• site de l'artiste

• page facebook

A propos de l'exposition :

• • "Fabrice Nesta, portraitiste de quartier" (article de Charline Corubolo dans le Petit Bulletin)...

  • "Traits du visage, traits du dessin" (article de Jean-Louis Roux dans Les Affiches)

  • "Rue Saint Lô" (article de Laurent Henrichs)