Janine Lautier Desmazières

Mues

œuvres sur papier gravé, plissé, froissé

du 24 avril au 25 mai 2025 du jeudi au dimanche de 14h30 à 18h30

vernissage le samedi 26 avril à partir de 17h

présence de l'artiste tous les samedis et dimanches


rencontre-lecture avec l’artiste le samedi 17 mai à 17h

entrée libre dans la limite des places disponibles 





J’ai vécu quelques années en Maurienne, dans le creux d’un vallon, face à une falaise que j’ai dessinée et peinte longuement. Les jeux de lumière selon les heures du jour, les zones d’ombre de la végétation, les blancs laiteux des amas de neige qui venaient sculpter le relief : une merveille constante, infiniment changeante, offerte gratuitement au regard patient.


Jusqu’au jour où mon regard s’est posé sur mes mains vieillissantes où se dessinaient la constellation des rides, les lignes de crêtes des veines, comme des strates archéologiques… Et je me suis dit : voilà la peau du temps. Chaque épreuve creuse dans le paysage ( de mon corps comme de la falaise) une géographie nouvelle.


Alors, levant les yeux, est née le désir de dire à travers des estampes les nuages, ces écharpes de brumes s’accrochant aux reliefs, ce bonheur de voir en quelques secondes, à la merci d’un simple coup de vent, le paysage se métamorphoser.


Et puis il y a eu tous ces papiers de soie sur lesquels j’essuyais mes rouleaux de gravure ; un jour de colère ils sont venus s’agripper aux papiers japons offerts par mon amie Martine Rey, laquiste. Et là je me suis dit : oui,  voilà des cicatrices des reliefs, des lignes mouvantes sur la transparence éphémère du vivant. Ces réseaux de lignes cicatricielles, empreintes graciles du temps, lignes mouvantes du vivant, c’est ce que je cherche : quelques signes multiples, éphémères, de l’art qui réconcilie.

J’ai tenté de recueillir cet horizon.



Ces lambeaux de mémoires blessées,

je les tresse comme plissés de temps.


Papiers froissés, pliés, dépliés,

du frêle qui ne rompt, poids plumes.


Papiers d’encres trempés, collés à cœur

presque rien, du fluide, de l’humide gracile.


Je colle les strates d’éphémères gravées.


                 *****


Rides et plis, brisures, empreintes des sutures :

la peau du temps, vers une géographie nouvelle.


Retouches : une ligne de vie ; la recueillir.


Les cassures fondent le devenir de la montagne

( et mon corps de même).


Le souffle de l’art anime, air et terre mêlés.

Il ne répare pas, il crée un horizon.



Janine Lautier Desmazières