Christian DELL'OVA

"Les œuvres de Christian Dell’ova, collages et installations, s’inspirent du Remix : comme la musique de la culture urbaine et internationale qui constitue son terreau. Culture de la nuit, des bars et des groupes qui, de Barcelone à Berlin, de la Chine à l’Amérique du Sud, animent les nuits des villes. Mais on ne saurait ramener son travail à la seule culture underground. Ce qui frappe dans ses collages, c’est d’abord la composition très rigoureuse, le dynamisme des diagonales, la lumière générée par les oppositions de couleur vives – elles dialoguent et dessinent un espace, d’ailleurs peint noir et blanc en premier sur le bois, dans les dernières œuvres. Un espace graphique, souligné par la typographie des mots ( noms de groupe, date insérée comme sur un panneau lumineux...). Un espace texturé par la musique, dont l’artiste associe chaque style à une couleur.

La construction joue sur les plans, la profondeur de champ. Un tulle vient parfois filtrer l’image, qu’il soit directement posé sur le panneau, ou photocopié au préalable sur l’affiche utilisée. Cette rigueur, proche de l’abstraction géométrique intègre la profusion baroque des images, et le recul permet d’en apprécier la force. François Morellet disait: « J’ai toujours été passionné par le mariage de l’ordre et du désordre que ce soit l’un qui produise ou perturbe l’autre, ou l’autre qui produise ou perturbe l’un.»

Dans ses installations, Christian Dell’ova réinvente notre perception des objets. Une vieille télévision devient caisson lumineux pour une image en mouvement, pixelisée par la neige d’une réception impossible. La trame se dénude et brouille le stéréotype. Images floutées .

Si la culture urbaine reste le socle, l’artiste utilise aussi des éléments de cultures, d'univers différents, décalés, par exemple la toile de Jouy, afin, de créer, dit-il, « des confrontations inattendues, dépasser les idées préconçues, ne pas être obligatoirement là où on vous attend » ; un retable à registres et colonnes torsadées viendra ainsi accueillir un flipper. Choc de mondes, provocation,ou «assemblage», selon le terme employé par Kurt Schwitters ? A chacun son regard... Un crâne punk peut prendre des airs de Vanité, et inversement.

Univers de la rencontre, inspiré de ces lieux internationaux de communion et de transe où les images se bousculent. Univers live, pour le direct de la vie. Espaces-temps qui s’entrechoquent, s’allient, dans une composition très maîtrisée."

Janine Desmazières - septembre 2015

A propos de l'exposition :

• "Du collage comme une musique techno" - article de J.L Roux dans les Affiches...