Abracadabra est une formule magique, utilisée pour guérir ou prévenir toutes sortes de maladies. On lit un abracadabra
Une abracadabrance est le caractère de ce qui est abracadabrant.
L'adjectif abracadabrant, abracadabrante, signifie étrange et compliqué(e), jusqu'à l'incohérence ou au délire, totalement incompréhensible.
L'adjectif abracadabrantesque qualifie ce qui ressemble à ce qui est abracadabrant.
Un abracadabrantisme est un système et une technique d'expression consistant à privilégier les contenus et les formes abracadabrantes.
Le verbe abracadabrer signifie rendre abracadabrant.
Pour l'étymologie d'abracadabra, voir : CNRTL.
Une abrachie ou lipobrachie est l'absence congénitale des bras.
Une abrachiocéphalie ou lipobrachionocéphalie est la malformation congénitale caractérisée par l’absence de bras et de tête.
Le nom (un) bras vient du latin classique brachium ou bracchium, emprunté au grec β ρ α χ ι ́ ω ν.
une abramide ou abranide : une sorte de vêtement de couleur jaune que portaient les femmes grecques. L'origine de ce nom est obscure, voir : CNRTL.
L'adjectif abranche indique que l'animal n'a pas de branchies ou que ses branchies ne sont pas apparentes. Les abranches sont un ordre de la classe des annélides. Ce mot est formé du préfixe a- privatif et de -branche, dérivé régressif de branchies.
Le verbe abraquer signifiant tirer à bras ou haler à la main un cordage mou, lui donner un peu de tension, vient du changement de préfixe d'embraquer « tendre un cordage ».
Un abras est la garniture de fer qui entoure le manche d'un marteau de forge. D'où les expressions être dans tous ses abras, faire beaucoup d'abras signifiant montrer un grand empressement, une grande hâte, un air affairé, un air empressé. Ce nom est dérivé de bras, avec le préfixe a-, cette garniture considérée comme s'adaptant, s'ajoutant au manche des outils ou ustensiles, semble s'appliquer, à l'origine, au manche d'un marteau de forge.
un abrasax : voir abraxas (1) (ci-dessous).
Un abrasement est l'action d'abraser. Ce nom est repris au moyen français abrasement, attesté depuis 1419 au sens de « démolition (d'une maison) », formé sur le participe passé du latin abradere (« enlever en rasant », voir abrasion) à l'emploi figuré de « supprimer, détruire », fréquent en latin chrétien.
Le verbe abraser signifie enlever en raclant de petits fragments superficiels de la muqueuse ; user ou polir une surface par frottement ; écraser, abimer, casser ; raser. S'abraser est utilisé au sens de disparaitre par altération des tissus. L'ancienne langue connait deux verbes abraser, l'un dérivé de braise et signifiant « embraser, enflammer », l'autre, qui survit en français moderne, issu du latin abradere « raser » et signifiant « démolir ». Le verbe abraser « démolir » est à peine vivant en moyen français et semble ne pas survivre après le 14ème siècle. Certains parlers provinciaux ont conservé les sens « écraser » « abimer, casser » « écraser, détruire ». Au 20ème siècle, on note la résurgence du verbe par formation sur abrasion, en médecine et en technologie.
L'adjectif abrasif, abrasive, qualifie ce qui use, ce qui polit. Une matière abrasive, un produit abrasif sont capables d'arracher par frottement de petites quantités de matière et servent à user, à nettoyer, à polir. Un abrasif est une matière qui use par frottement ou grattage, pour polir, amincir, sans usage de la lime.
Un abrasimètre est un appareil destiné à mesurer le degré d'abrasion.
Le nom (un) abrasin, un arbre, est d'origine japonaise.
Une abrasion est l'action d'user par frottement, grattement ou altération spontanée ; une usure mécanique de la roche en place par l'eau chargée de débris ; une ulcération superficielle de la peau ou des intestins ; une séparation par petits fragments de l'épithélium qui recouvre les membranes muqueuses ; l'action de gratter la surface des os cariés, de la cornée ulcérée, des dents cerclées de tartre ; l'action d'user par frottement à l'aide d'un abrasif. On peut voir des marques d'abrasion (sur une photographie). Ce nom est emprunté au latin abrasio « action d'enlever en rasant », un terme de médecine au sens « action d'enlever en frottant la surface de quelque chose » en latin médiéval, un emploi probablement issu du verbe abradere. Abrasion apparait en français au 17ème siècle dans un emploi général affaibli par rapport à l'étymon latin. Au 18ème siècle, en rapport avec l'évolution des techniques, le mot passe dans la langue médicale ; au 19ème siècle, il est employé dans le vocabulaire de la chirurgie et plus précisément de la chirurgie dentaire. Il retrouve ainsi le sens étymologique du latin chirurgical « action d'enlever en rasant » (les barbiers ayant longtemps pratiqué la chirurgie, au moins jusqu'à la création de cours spécialisés dans les universités). Au 20ème siècle, ce verbe a connu diverses spécialisations.
1. Un abraxas ou abrasax est un mot symbolisant les 365 émanations du Dieu Suprême pour la secte gnostique des basilidiens.
Un abraxas est une pierre taillée, souvent gravée de caractères magiques, que l'on portait comme amulette.
Ce nom est d'origine obscure, peut-être un cryptogramme d'origine hébraïque, voir : CNRTL.
2. Un abraxas est un genre d'insectes lépidoptères géométridés, dont l'espèce Abraxas grossulariata est appelée communément « zérène du groseillier » ou « phalène mouchetée » car sa chenille vit sur cette plante. L'origine de ce nom est obscure.
Une abréactrice, un abréacteur sont des thérapeutes qui provoquent l'abréaction chez leur patient, une libération d’affects accompagnant la survenue ou l’évocation d’un évènement traumatique. Ce nom (une) abréaction est formé du préfixe latin ab- exprimant l'éloignement, « hors de » et de réaction.
Le verbe abréagir signifie faire une abréaction et se libérer de quelque chose par une abréaction. Ce verbe est formé du préfixe latin ab- exprimant l'éloignement « hors de », et de réagir, un terme de psychologie, sur le modèle de la série abréaction, abréactif.
j'abréagis, tu abréagis, il abréagit, nous abréagissons, vous abréagissez, ils abréagissent ;
j'abréagissais ; j'abréagis ; j'abréagirai ; j'abréagirais ;
j'ai abréagi ; j'avais abréagi ; j'eus abréagi ; j'aurai abréagi ; j'aurais abréagi ;
que j'abréagisse, que tu abréagisses, qu'il abréagisse, que nous abréagissions, que vous abréagissiez, qu'ils abréagissent ;
que j'abréagisse, qu'il abréagît, que nous abréagissions ; que j'aie abréagi ; que j'eusse abréagi ;
abréagis, abréagissons, abréagissez ; aie abréagi, ayons abréagi, ayez abréagi ;
(en) abréagissant.
L'adjectif abrégé, abrégée, signifie diminué(e), rapetissé(e) ; dense pour une forme d'expression écrite ou orale. L'expression en abrégé signifie en peu de mots. Un abrégé est une représentation en raccourci ; un ouvrage présentant en raccourci ce que l'on sait du monde, d'une religion, d'un domaine précis du savoir ou de la technique ; un mécanisme de l'orgue ; une partie de la mécanique utilisée dans les beffrois avec carillon. Ce nom issu du participe passé d'abréger, n'a gardé le sens « abréviation » que dans l'expression figée écrire en abrégé.
L'adjectif abrégeable indique ce qui peut être abrégé, réduit. On a lu abrégément, d'une manière abrégée.
Un abrègement ou abrégement est l'action d'abréger. En droit féodal, c'était l'action d'abréger un fief, de diminuer les services qui lui étaient attachés.
Le verbe abréger signifie rendre plus court, ou faire court, s'exprimer en peu de mots. Ce verbe vient du bas latin (surtout du latin chrétien) abbrĕviare. Il a été concurrencé par le doublet savant abrévier. Il n'apparaît au sens « rédiger un texte (de loi) à partir d'éléments divers et antérieurs, en les ordonnant, au besoin en les réduisant » qu'à l'époque médiévale. C'est une spécialisation de sens par le français juridique ; le latin médiéval abbreviare ne connait pas cet emploi, il a seulement connu le sens de « diminuer par affaiblissement ». Les acceptions « rendre bref, plus court, réduire la durée ou l'étendue » et « faire court, s'exprimer en peu de mots » sont stables depuis le 12ème siècle. Au Moyen Âge, abréger avait fini par signifier « écrire » « rédiger » : le Moyen Âge voyant dans la concision (brevitas) une qualité stylistique. D'où le passage de l'idée de bon « abréviateur » à celle de bon « rédacteur », et le passage du sens de « abréger » au sens de « rédiger ». Le latin breve avait donné l'ancien français brief « note de synthèse, petit document récapitulatif, lettre, chronique, registre à inscrire les droits, etc. », d'où les deux composés synonymes abriever (abrévier) et embriever « mettre par écrit, rédiger ». On note aussi en droit féodal, le sens « diminuer la valeur ou les services d'un fief ».
j'abrège, tu abrèges, il abrège, nous abrégeons, vous abrégez, ils abrègent ;
j'abrégeais ; j'abrégeai ; j'abrègerai ou abrégerai ; j'abrègerais ou abrégerais ;
j'ai abrégé ; j'avais abrégé ; j'eus abrégé ; j'aurai abrégé ; j'aurais abrégé ;
que j'abrège, que tu abrèges, qu'il abrège, que nous abrégions, que vous abrégiez, qu'ils abrègent ;
que j'abrégeasse, qu'il abrégeât, que nous abrégeassions ; que j'aie abrégé ; que j'eusse abrégé ;
abrège, abrégeons, abrégez ; aie abrégé, ayons abrégé, ayez abrégé ;
(en) abrégeant.
Le nom (un) épitomé ou épitome (un abrégé d'un livre, d'une histoire ; plus particulièrement un précis d'histoire) est emprunté au latin classique epitome, du grec ε ̓ π ι τ ο μ η ́ « abrégé ».
Un abreuvage est l'acte d'abreuver. Une halte d'abreuvage était une gare où s'arrêtait un train militaire pour permettre de désaltérer hommes et chevaux.
Un abreuvage est aussi un point d'eau où l'on abreuve les animaux. Un abreuvement est l'action d'abreuver ou de s'abreuver.
Le verbe abreuver signifie pourvoir abondamment en liquide des êtres vivants, le sol, certains matériaux, de manière à désaltérer ou imbiber jusqu'à saturation. S'abreuver à, s'abreuver de, c'est se désaltérer. Ce verbe vient du latin vulgaire abbĭbĕrare, dérivé de biber « boisson », de bibĕre « boire ». Le latin vulgaire rend souvent « abreuver » par potāre. Anciennes variantes : abeivre, aboivre, abovrer, abuvrer, abeuvrer, aboivrer, abevrer. La forme aboivrer a subi l'influence de l'ancien français boivre (voir : boire) ; abreuver est une forme métathétique de abevrer.
Une abreuveuse, un abreuveur sont une marchande, un marchand qui a l'habitude d'abreuver en payant largement à boire.
Un abreuvoir est un point d'eau naturel ou aménagé, où les animaux vont boire ; un lieu ou une source où l'homme s'abreuve ; une fontaine à eau, un distributeur d’eau potable comportant un mécanisme qui commande un jet d’eau (voir le Dictionnaire historique du français québécois) ; ce qui rappelle la forme d'un abreuvoir en auge.
Un abrèvement ou embrèvement, embreuvement est l'assemblage d'une pièce de bois avec une autre, en faisant pénétrer l'extrémité de l'une, préalablement taillée en prisme triangulaire, dans l'autre. Le verbe embrever ou embréver signifie assembler deux pièces en faisant pénétrer une partie de l'une dans un évidement pratiqué dans l'autre.
Le nom (un) abrèvement est sans doute le croisement entre embrèvement, un terme de menuiserie (de même sens), dérivé d'embrever, du latin imbiberare « imbiber » au sens technique de « faire pénétrer une pièce de bois dans une autre » et abreuver, un terme de bâtiment, du latin adbiberare.
L'adjectif abréviateur, abréviatrice, indique ce qui abrège, réduit, simplifie.
Une abréviatrice, un abréviateur sont une autrice, un auteur de la version abrégée d'un ouvrage ; une, un secrétaire chargé(e) de la rédaction ou de la collation et de l'expédition de certaines bulles et lettres pontificales. Ce mot est emprunté au latin abbreviator « rédacteur de la version abrégée d'une œuvre », le sens « officier de la chancellerie pontificale chargé de rédiger les minutes des lettres pontificales » est emprunté au latin médiéval, d'où « notaire, secrétaire chargé de rédiger la minute d'un jugement », un terme de diplomatique qui n'a pas d'équivalent en latin médiéval.
L'adjectif abréviatif, abréviative, indique ce qui recourt à l'abréviation. L'adverbe abréviativement signifie sous forme abrégée, par abréviation.
Une abréviation est l'action d'abréger ; un procédé par lequel on obtient une représentation graphique tronquée, mais suffisamment claire, d'un signe plus long ; une représentation ou un signe obtenu par abréviation. Ce nom est emprunté au latin chrétien abbreviatio attesté au sens « version abrégée d'un écrit » depuis le 4ème siècle ; à remarquer que abbreviatio désigne depuis 1200 le procédé stylistique très en faveur au Moyen Âge consistant à rédiger la version abrégée d'un écrit (opposé à la dilatatio). Le sens « action d'abréger » est en latin médiéval un élargissement du sens initial.
Une abréviature est une réduction graphique d'un mot par emploi de signe(s) ou lettre(s) représentant le mot ou une partie du mot.
L'adjectif abrévié, abréviée, indiquait ce qui est écrit en signes abréviatifs. Le verbe abrévier signifiait abréger. Les mots abrégé et abréger se sont substitués à abrévié, abrévier.
abreyer : voir abrier (ci-dessous).
Un abri est un lieu couvert protégeant des hommes ou des animaux contre les intempéries ou quelque danger ; un dispositif, couvert ou non, servant à protéger ; un emplacement côtier naturel ou construit, servant à protéger les bateaux contre la tempête ; un moyen naturel aménagé ou un ouvrage enterré pour protéger les militaires en campagne contre la vue et le tir de l'ennemi ; une construction couverte ou non destinée à protéger le voyageur sur la voie publique, notamment aux arrêts de tramways ou d'autobus ; une protection, un refuge moral. On peut être à l'abri (de quelque chose). Ce nom vient du verbe abrier.
Le sans-abrisme est la situation des sans-abris, des SDF.
Un abribus [nom déposé] est une aubette, un abri pour les usagers attendant l'autobus. Ce nom est composé d'abri et de bus pour autobus.
L'abricot est un fruit qui était connu dès l'Antiquité en Europe et il est cultivé en Italie à partir du 1er siècle de notre ère. Selon Pline, il se vendait 30 sesterces pièce. Il était nommé præcoqua, ou præcoca au neutre pluriel collectif, le terme præcox (præcoquo) s'appliquait aux plantes et aux fruits précoces ou mûrs. On trouve aussi chez Pline armeniacum, fruit d'Arménie, armeniaca ou abricotier chez Columelle (et pruna armeniaca), l'Arménie était la provenance immédiate et le fait se retrouve en grec. Le fruit est originaire de Chine en fait, mais il va faire le tour de la Méditerranée par des chemins étranges. Il reste arménien dans les parlers lombards par aphérèse sans doute par mauvaise coupe ou par métathèse : mungnaga, ramognega. Le terme aurait été importé en Syrie par l'intermédiaire du grec praekokon avant de revenir en occident.
Les Arabes d'Espagne réintroduisent l'abricot et ils emploient alors devant lui l'article arabe al, mais en outre ils changent le timbre de p qui n'existe pas en arabe. Le p est souvent remplacé par un b dans cette langue et plus rarement par un f. Le mot devient al-barqûq, et en espagnol albaricoque (1300), avec conservation de la forme ancienne), en portugais albricoque par syncope. L'italien albicocca témoigne de l'influence espagnole à la Renaissance. Toutes ces formes montrent une agglutination de l'article au contraire de bricocatu génois.
Il entre en français sous la forme aubercot (1512-1535) à partir du catalan abercot, albercot et il devient abricot en 1547. Le français montre encore une hésitation face à la liquide l devant consonne qui se vocalise dans aubercot. On doit donc supposer une simplification de la prononciation avec la métathèse d'abricot qui permet de conserver le timbre d'a, mais sans doute aussi du fait d'un intermédiaire portuaire portugais.
Le mot français donne ensuite l'anglais apricot (sans doute par croisement avec apple ou april, mais peut-être par une prononciation régionale française), l'allemand Aprikose, le néerlandais abricoos par affaiblissement. En savoir plus : Site de Dominique Didier.
Un gâteau abricoté contient des abricots. Une prune abricotée tient de l'abricot. On trouve aussi une pêche abricotée ou un abricot-pêche. Un abricoté est un bonbon fait d'un petit morceau d'abricot confit dans le sucre. Une abricotée est une espèce de prune qui a l'apparence et le gout de l'abricot.
Pour abricoter un gâteau, un entremets ou une partie de leur surface visible, on le recouvre d'une couche de marmelade d'abricots. Le verbe abricoter a aussi le sens de greffer un abricotier sur un autre arbre.
Un abricotier est l'arbre qui produit l'abricot.
Un abricotin est une sorte de prune qui ressemble à l'abricot. Une abricotine est un marbre du même genre que la brèche violette, de la couleur de l'abricot ; une liqueur d'abricot ; une eau-de-vie d'abricot. [Suisse].
Le verbe abreyer ou abrier signifiait abriter ; recouvrir, dissimuler ; empêcher le vent de passer jusqu'à une autre voile.
Le Dictionnaire historique du français québécois indique pour abrié ou abrillé : à couvert, protégé contre le vent, la pluie, les éléments ; recouvert de quelque chose qui protège, dissimule, etc. ; couvert, protégé par une couverture, un drap, etc. ; protégé, caché, mis à l’abri de critiques, du regard public, etc. : recouvert de, enrobé dans quelque chose qui en dissimule la vraie nature, qui en adoucit le caractère.
Le verbe abrier ou abriller signifiait mettre à couvert, abriter contre le vent, la pluie, les éléments ; couvrir, recouvrir ; protéger, défendre, excuser quelqu'un en le couvrant de son autorité, de son influence. S’abrier derrière quelqu'un, derrière quelque chose : se protéger, se défendre, s’excuser en se dissimulant. Abrier ou s'abriller quelque chose, c'est le dissimuler, l'étouffer, empêcher qu’on en prenne connaissance.
Le verbe abrier ou abreyer vient du bas latin apricare « chauffer, réchauffer par le soleil », en latin classique apricari « se chauffer au soleil », dérivé de l'adjectif apricus « exposé au soleil ». La notion de « chauffer au soleil » est liée à celle de « protection contre le vent, le froid, les intempéries »; par ailleurs l'emploi fréquent de apricus est en relation avec vinea, vindemia, uvae dont la culture est, en pays méditerranéens, souvent pratiquée en terrasse, à l'abri de murettes de pierre, et avec collis, pronus, révélant à la fois l'exposition au soleil et un relief constituant une protection d'où la notion de « protéger, abriter ». Bien que apricus ait été par fausse étymologie rapproché de apertus « ouvert », il n'y a pas incompatibilité entre apricus et la notion de « lieu couvert », d'où ensuite la notion de « couvrir, vêtir ». L'évolution sémantique est la même pour l'espagnol abrigar, glosé foveo. La forme abrier est soit d'origine méridionale ou des dialectes de l'ouest soit, plus probablement une interprétation du roman au stade abrigare de l'évolution phonétique, comme a-/brigare (à comparer avec l'ancien français desbrié « privé d'abri », l'anglais debrier).
Très vivant en ancien et moyen français et encore au 16ème siècle, le verbe abrier tend cependant dès cette époque à sortir de l'usage et est remplacé par la locution mettre à l'abri ; abri donne naissance au verbe moderne abriter. Cependant, si le mot est vieux au sens général, il prend dès le 18ème siècle des acceptions techniques toujours vivantes au 19ème sinon au 20ème siècle en horticulture et comme terme de marine.
Un abrifou ou abri-fou est un voile tenu au-dessus de la tête des mariés pendant la bénédiction nuptiale. Ce terme dialectal du Centre et de l'Ouest est composé d'abri et d'un second élément d'origine incertaine, voir : CNRTL.
Un abri-galant ou abri galant était une sorte de manteau d'homme. Il semble que ce nom composé d'abri et galant, s'applique à une mode masculine en vogue sous la Restauration.
abriller : voir abrier (ci-dessus).
Une abrine est le nom donné à un mélange extrait des graines de jequirity ; une toxalbumine de même origine douée de propriétés hémolytiques ; un composé chimique tiré de l'abrine brute. Ce nom est dérivé d'abre, abrus (une plante légumineuse) en latin scientifique, emprunté à l'arabe abrūz, afrūz, le mot par lequel les botanistes arabes de l'Andalousie ont désigné l'amarantus tricolor L. (emprunté au persan bustān afrūz proprement « conférant au jardin des couleurs ardentes ») et qui, en arabe plus tardif, fut appliqué à la plante légumineuse tropicale abrus precatorius L.
Un abri-sous-roche est en géologie et en préhistoire, la partie inférieure d'un escarpement, protégée par des roches surplombantes, moins profonde qu'une véritable caverne.
Une institution abritante, un lieu abritant constituent un abri agréable et intime à la manière du foyer familial. Des feuilles abritantes sont abaissées vers la terre, et semblent abriter les fleurs situées au-dessous d'elles.
L'adjectif abrité, abritée, signifie à l'abri, par opposition à inabrité, inabritée.
Un abritement se disait de l'action de s'abriter.
Le verbe abriter signifie mettre à l'abri, s'abriter, c'est se mettre à l'abri. Ce verbe dérivé d'abri, devenu courant à la fin du 18ème siècle, a remplacé tardivement abrier qui a conservé son usage en horticulture et en marine.
Un abrivent ou abri-vent est un dispositif qui abrite du vent ou des intempéries. Ce nom est formé d'abri et vent, plutôt que d'une forme du verbe abrier.
Les abrocomidés sont une famille de rongeurs vrais.
L'adjectif abrogatif, abrogative, ou abrogatoire qualifie ce qui a pour effet d'abroger ou ce qui abroge.
L'abrogation (d'une loi) est l'action de l'abroger. Ce nom est emprunté au latin abrogatio « action d'annuler un texte juridique antérieur ». L'abrogation a pour objet un texte de portée générale ; sous l'Ancien Régime, l'ordonnance royale avait par excellence une telle portée, puisqu'elle s'étendait à tout le territoire du royaume et à tous les sujets ; l'édit ne concernait qu'une partie du territoire et une catégorie de sujets. La révocation peut viser une seule personne (officier, fonctionnaire) ; quand elle vise un texte, ce texte est de portée restreinte : acte privé comme une donation, acte public comme un édit royal. Par nature l'abrogation vise l'avenir : la disposition légale ou réglementaire abrogée ne sera désormais plus appliquée ; la révocation fait en outre référence à ce qui avait été concédé ou accordé antérieurement : il y a rétractation ou reprise.
Une loi abrogeable, un règlement abrogeable peuvent être abrogés, par opposition à inabrogeable.
Le verbe abroger signifie rendre caduque, expressément ou tacitement, une disposition légale ou règlementaire prise par le pouvoir ou instituée par l'usage ; supprimer radicalement, à la manière d'un acte juridique d'abrogation. Ce verbe est emprunté au latin abrogare « ôter le crédit à quelqu'un ».
j'abroge, tu abroges, il abroge, nous abrogeons, vous abrogez, ils abrogent ;
j'abrogeais ; j'abrogeai ; j'abrogerai ; j'abrogerais ;
j'ai abrogé ; j'avais abrogé ; j'eus abrogé ; j'aurai abrogé ; j'aurais abrogé ;
que j'abroge, que tu abroges, qu'il abroge, que nous abrogions, que vous abrogiez, qu'ils abrogent ;
que j'abrogeasse, qu'il abrogeât, que nous abrogeassions ; que j'aie abrogé ; que j'eusse abrogé ;
abroge, abrogeons, abrogez ; aie abrogé, ayons abrogé, ayez abrogé ;
(en) abrogeant.
Une abrotone est un nom vulgaire des aurones, du genre armoise. Ce nom est emprunté au latin habrotonum ou abrotonum, un terme de botanique. Le nom (une) aurone (le nom vulgaire de plusieurs composées) est une forme populaire dérivée du latin (h)abrotanum.
Un abrotonite était un vin dans lequel les Grecs anciens faisaient infuser de l'abrotone pour l'aromatiser. Ce nom est emprunté au grec α ̓ ϐ ρ ο τ ο ν ι ́ τ η ς « vin aromatisé d'aurone ».
L'adjectif abrotonoïde qualifie ce qui ressemble à l'abrotone.
Un arbre ou un arbuste abrouti est mal venu, parce que ses jeunes pousses ont été broutées par les animaux.
Le verbe abroutir signifie, pour des animaux, brouter les jeunes pousses d'un arbre, d'un arbuste. Ce verbe est dérivé de brout « jeune pousse », du germain brust « bourgeon », d'où vient le verbe brouter.
j'abroutis, tu abroutis, il abroutit, nous abroutissons, vous abroutissez, ils abroutissent ;
j'abroutissais ; j'abroutis ; j'abroutirai ; j'abroutirais ;
j'ai abrouti ; j'avais abrouti ; j'eus abrouti ; j'aurai abrouti ; j'aurais abrouti ;
que j'abroutisse, que tu abroutisses, qu'il abroutisse, que nous abroutissions, que vous abroutissiez, qu'ils abroutissent ;
que j'abroutisse, qu'il abroutît, que nous abroutissions ; que j'aie abrouti ; que j'eusse abrouti ;
abroutis, abroutissons, abroutissez ; aie abrouti, ayons abrouti, ayez abrouti ;
(en) abroutissant.
Un abroutis est un taillis brouté par les bestiaux ou le gibier.
Un abroutissement est un broutement des feuilles d'arbres et arbustes par les animaux, ainsi que l'état d'un bois brouté par les animaux.
L'expression à brule-pourpoint (anciennement : à brûle-pourpoint) signifie de très près, à bout portant, ou à l'improviste, brusquement et sans préparation. Tirer sur quelqu’un à brule-pourpoint, c'est l'attaquer par de vifs propos. Dire une chose à brule-pourpoint, c'est la dire de très près, en face. Lors d’un duel au pistolet, le bout du canon était porté de très près sur l’adversaire, au point de pouvoir bruler le pourpoint, un vêtement masculin d’époque couvrant le torse jusque sous la ceinture. On dirait plutôt aujourd’hui tirer à bout portant.
L'adjectif abrupt, abrupte, qualifie ce qui est caractérisé par la brusque rupture, la discontinuité, l'apparence heurtée, ou par la (quasi) verticalité, par un accès difficile, par une manque de nuances, de transition progressive. Il qualifie aussi ce dont le caractère brut, haché, donne une impression de rudesse naturelle, d'élaboration insuffisante, d'abord ardu. Un abrupt ou une abrupte est une pente très raide. L'abrupt est le caractère de ce qui est abrupt. L'adjectif abrupt est emprunté au latin abruptus « escarpé, à pic », d'où le substantif. Cependant le substantif abruptum, abrupti est déjà attesté en latin classique au sens concret de « ravin, précipice ».
L'adverbe abruptement signifie d'une manière abrupte ; avec raideur ; pour une partie du corps, avec un caractère fruste, disgracieux ; en rhétorique et dans le discours familier, avec un manque de ménagement dans le préambule ; avec un manque d'enchainement et d'ampleur dans le développement ; avec un manque de préparation dans la conclusion.
Une abruption est en médecine, une fracture transversale d'un os avec déchirure inégale et déplacement des fragments ; en rhétorique, c'est un procédé visant à animer le style en supprimant les transitions d'usage. Ce nom est emprunté au latin abruptio « rupture (d'un objet) ».
L'adjectif abruptipenné, abruptipennée, se dit d'une feuille composée pennée dont les folioles, en nombre pair, sont disposées latéralement le long d'un pétiole commun qui se termine brusquement sur deux folioles symétriques, sans se prolonger par une foliole impaire ou une vrille. Ce mot est composé d'abrupt et penné.
L'adjectif imparipenné, imparipennée indique qu'une feuille pennée se termine par une foliole impaire.
La locution ex abrupto signifie brusquement, sans préambule. Cette locution adverbiale moderne est composée du latin ex « de, hors de » et de abrupto, ablatif de la forme neutre de l'adjectif abruptus, voir : abrupt.
L'adjectif abruti, abrutie, qualifie celui, celle dont les qualités typiquement humaines (physiques, morales et surtout intellectuelles) ont été gravement diminuées, ou celle qui est jugée stupide, celui qui est jugé stupide. Une abrutie, un abruti sont des personnes considérées tout à fait stupides.
Le verbe abrutir signifie rendre une personne semblable à une (bête) brute ; diminuer les qualités physiques, intellectuelles ou morales de quelqu'un ; l'épuiser, le fatiguer physiquement ou intellectuellement. S'abrutir, c'est s'abaisser jusqu'à ressembler à une bête par le visage, par un amoindrissement important de son activité intellectuelle, de ses qualités morales ; diminuer par un effort excessif ou mécanique sa valeur humaine et notamment intellectuelle. Ce verbe est dérivé d'une brute. L'ancien verbe abestir est demeuré un terme patois.
j'abrutis, tu abrutis, il abrutit, nous abrutissons, vous abrutissez, ils abrutissent ;
j'abrutissais ; j'abrutis ; j'abrutirai ; j'abrutirais ;
j'ai abruti ; j'avais abruti ; j'eus abruti ; j'aurai abruti ; j'aurais abruti ;
que j'abrutisse, que tu abrutisses, qu'il abrutisse, que nous abrutissions, que vous abrutissiez, qu'ils abrutissent ;
que j'abrutisse, qu'il abrutît, que nous abrutissions ; que j'aie abruti ; que j'eusse abruti ;
abrutis, abrutissons, abrutissez ; aie abruti, ayons abruti, ayez abruti ;
(en) abrutissant.
je m'abrutis, tu t'abrutis, il s'abrutit, nous nous abrutissons, vous vous abrutissez, ils s'abrutissent ;
je m'abrutissais ; je m'abrutis ; je m'abrutirai ; je m'abrutirais ;
je me suis abruti(e) ; je m'étais abruti(e) ; je me fus abruti(e) ; je me serai abruti(e) ; je me serais abruti(e) ;
que je m'abrutisse, que tu t'abrutisses, qu'il s'abrutisse, que nous nous abrutissions, que vous vous abrutissiez, qu'ils s'abrutissent ;
que je m'abrutisse, qu'il s'abrutît, que nous nous abrutissions ; que je me sois abruti(e) ; que je me fusse abruti(e) ;
abrutis-toi, abrutissons-nous, abrutissez-vous ; sois abruti(e), soyons abruties, soyons abrutis, soyez abruti(e)(es)(s) ;
(en) s'abrutissant.
L'adjectif abrutissant, abrutissante, qualifie ce qui abrutit, ce qui cause de l'abrutissement.
Un abrutissement est l'action d'abrutir ainsi que l'état de celui qui est abruti.
L'adjectif abrutisseur, abrutisseuse, qualifie celui ou ce qui diminue les qualités intellectuelles. On a lu une abrutisseuse, un abrutisseur.
Un abrutissoir est un journal servant à abrutir les lecteurs.