Les Castors à la Villa

LES CASTORS à la VHdB :

Dès l’emménagement des premiers habitants, pour leur permettre de mieux s’apprécier, de partager ensemble leurs efforts dans une même fin et un même intérêt et aussi pour réaliser de substantielles économies, c’est à l’un des aspects du travail communautaire qu’il est fait appel : le système castor.

Ce système est alors mis en œuvre pour les travaux qui ne nécessitent pas de trop grandes compétences professionnelles, tels que tous les aménagements extérieurs. Dans cet esprit castor, la commission travaux et aménagements, créée en juillet 1958 et composée de gens du métier et de bonnes volontés, répartit les heures de labeur entre les habitants, en fonction de la taille de leur logement.

Aujourd’hui, les castors n’ont plus d’obligation mais il est fait régulièrement appel à leur bonne volonté pour de menus travaux d’entretien, de nettoyage des parties communes et de jardinage.

Or il se trouve qu’en échange de notre passage par la villa des Otages, nous sommes engagés, par un contrat, à nettoyer environ une fois par mois. Depuis 2002, nous avions quelque peu négligé notre engagement et nous vous proposons, en attendant une solution plus professionnelle, de l’honorer en "castor". Cette action, peu coûteuse en temps comme en énergie, participera à entretenir notre esprit communautaire ainsi que des échanges respectueux et courtois avec nos aimables voisins de la Villa des Otages. Toutes les bonnes volontés qui souhaitent participer au nettoyage des détritus abandonnés par leur propriétaires négligents villa des Otages peuvent se faire connaître auprès d’Anne-Lise Millan-Brun et d’Anne Bourgne.

UN PEU D’HISTOIRE : LE SYSTEME NOVATEUR DES « CASTOR » :

Après-Guerre, nombre de femmes et d’hommes, en majorité issus du Mouvement populaire des familles, décident de passer à l’action pour le logement coûte que coûte des sans logis. Durant l’Occupation, ils ont créé de nombreux services, tout en participant à l’action clandestine : l’envoi de colis aux prisonniers, l’aide aux réfractaires du Service du travail obligatoire, la création de coopératives et de groupements d’achats ont été leurs tâches prioritaires. Fortement implantés dans les milieux populaires, ils connaissent et vivent la pénurie de logements. Très rapidement, leur mouvement d’aide au logement fait tache d’huile à travers toute la France, très souvent même par des occupations illégales. Mais leurs défenseurs sont de poids, comme Monseigneur Chappoulie1 ou le ministre Claudius-Petit2. Cependant, les militants occupant de leur propre autorité, avec leur famille, un logement inoccupé sans autorisation, sont conscients que leur action, pour efficace qu’elle soit, ne permet de résoudre que des cas d’urgence. Aussi participent-ils à une nouvelle forme d’action déjà connue en Suède et montrent-ils que l’on peut faire plus avec rien, à condition d’être farouchement déterminés :

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Alors, des groupes d’individus moteurs en entraînent d’autres à s’investir. L’action s’insère, le plus souvent, dans le cadre structurel des coopératives H.L.M. Moyennant un faible apport financier initial, le système nécessite un apport très important sous forme de travail. Il rappelle la fébrile activité de constructeurs de ces petits mammifères que sont les castors, d’où la dénomination. Les ainsi dénommés « castors » consacrent, parfois plusieurs années durant, leur fin de semaine, ponts, congés légaux et deux ou trois heures après leur journée de travail à la construction de leur habitat. Ce système de répartition des travaux se fait selon les compétences des occupants. Il est le plus souvent utilisé en vue de lotissements de maisons individuelles, parfois d’immeubles.

Globalement, les castors surmontent les échecs et les difficultés. Ils sont porteurs d’innovation :

- d’abord en s’attachant à étudier les plans masses et en construisant des logements plus grands que la moyenne d’alors, tant en nombre de pièces qu’en surface ;

- en osant également des matériaux nouveaux

- et parfois en faisant appel à des technologies différentes ;

- ensuite, en aménageant et créant des services de proximité tels que laveries collectives où la même machine est à la disposition de plusieurs familles, ateliers de bricolage où l’on peut à la fois faire de la menuiserie, entretenir et réparer vélos et motocyclettes, le même outillage servant à plusieurs ;

- en organisant des services de prêts pour l’électroménager (aspirateur, fer électrique…) ;

- en créant des espaces collectifs de jeux et aussi des salles de réunion pouvant être utilisées pour des cérémonies (baptêmes, communions, mariages…).

1 Henri Chappoulie, docteur en droit canon, est directeur, de 1945 à 1950, du secrétariat de l’épiscopat français.

2 Ebéniste puis professeur de dessin, Eugène Petit (1907-1989) acquiert son surnom de Claudius dans la Résistance. Son action au ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme, de 1948 à 1953, se caractérise avant tout par un effort de décentralisation et de déconcentration ; il lance les premiers plans nationaux d'aménagement du territoire et s’intéresse surtout aux questions liées aux droits de l'homme et au logement social.

A partir des années 1960, il est simultanément président de l'Union centrale des arts décoratifs et du Centre national d'études et d'initiatives du logement. Président du comité d'expansion de la Loire (1959-1973), il recourt, dans sa propre ville de Firminy, à des urbanistes et des architectes novateurs, tels Le Corbusier. Mais surtout, il fonde et préside la Société nationale de construction de logements pour les travailleurs immigrés (SONACOTRA), de 1956 à 1977.