08 - La construction et l'arrivée

La construction

- On nous tenait bien au courant par les réunions, ce qui nous plaisait bien.

On nous tenait bien au courant

- L’aménagement avait été préparé avec l’architecte. On a eu des réunions entre nous pour lui faire des suggestions, mais il n’a pas pu tout suivre. Entre 1953 et 1958 les prix avaient bougé et on a dû faire des fondations qui n’étaient pas prévues. Le projet de faire au sixième un couloir a été abandonné, pour ajouter des studios et des deux pièces.

- Le temps de la construction nous a paru très long. En faisant les fondations on a trouvé de l’eau et il a donc fallu construire l’immeuble sur pilotis.

- La construction n’a pas démarré tout de suite et après les travaux ont duré cinq ans je crois, cela a été long. Les gens s’impatientaient.

- Les gens ont passé cinq ans à attendre. C’est énorme et cela a beaucoup marqué. Ils ont dû en avoir de la patience et de la confiance. Maintenant, on est des générations qui ne savent plus construire des cathédrales. On veut voir la fin, avoir tout de suite le résultat. Mais peut-être qu’actuellement on attendrait encore plus longtemps avec la crise.

Je venais arroser les fondations pour cela pousse plus vite

- Après la naissance de ma dernière fille on a encore été cinq ans serrés le temps que la maison se construise. Je me souviens que chaque matin je passais devant l’immeuble que je regardais en me demandant s’il allait grandir !

- Nous habitions côte à côte dans le bâtiment où les otages ont été jugés. Le soir en rentrant je venais arroser les fondations pour que cela pousse plus vite !

- La promenade du dimanche c’était de venir voir où en était l’immeuble. Je me rappelle encore quand on a vu que le quatrième étage était construit, on a dit ça y est ! On se préparait, on remplissait des valises, on les mettait dans les placards, et puis le 11 avril 1958 nous avons emménagé.

- On l’a beaucoup attendu, c’était très long et un beau jour c’est quand même arrivé, mais le temps avait passé, ma fille avait six ans et mon fils trois ans.

- Quand on a visité l’immeuble en construction pour avoir une idée des appartements, c’est le Père Thouvenin qui nous a fait la visite. Dans le couloir du premier étage, il y avait du matériel, des tubes, des tas de gravats. Il courait devant nous et sautait partout, sa soutane volait..

- Le Père Thouvenin m’a dit : « Ca y est tu as tes clefs, tu es le premier, c’est le 1er avril et c’est une blague ! » Mais c’était vrai, j’avais un deux pièces au 47 bis.

On avait projeté de se marier au mois de juin 1958. Nous avons été les premiers mariés à la chapelle des Otages, puisque avant on y célébrait pas les mariages.

- Quand ma femme a dit à ses collègues de travail : « On se marie et on vient d’avoir un logement. », elles se demandaient comme c’était possible.

Les premières impressions

En 1958

- Au coin de la rue Haxo il y avait encore un troupeau d’oies. Quelle joie de venir là !

- A l’arrivée c’était une explosion de joie. Cela a été superbe quand, venant du patro on s’est tous retrouvés là.

- La première fois qu’on est venu visiter l’appartement c’était un dimanche, c’était merveilleux.

- En ouvrant ma fenêtre j’ai dit : « Je suis contente j’ai Paris à mes pieds. »

Tu as vu,

on a nos WC

- On a emménagé et nous avons trouvé cela merveilleux à côté de notre petit studio.

- Cela n’avait rien à voir avec notre ancien logement. Il y avait au moins une salle de bains et des toilettes.

- Ce qui m’a frappé en arrivant c’était l’espace et les fenêtres. Cela m’a paru immense !

- En arrivant dans l’appartement ce qui m’a frappé c’était qu’il y avait des toilettes et une douche.

- Beaucoup n’avaient pas les WC chez eux. Je me souviens que quand on se rencontrait on se disait : tu as vu, on a nos WC !

- Ici on avait un bac à laver.

- La première chose que j’ai vu en arrivant c’est qu’il y avait un robinet et un évier, pas besoin de sortir pour chercher de l’eau.

- Et les douches ! Avant on allait en fin de semaine aux douches municipales.

- Quand on est arrivés ici, c’était la première fois que j’ai pris une douche chez moi. Je me souviens, notre mère soulevait pour nous mettre dans le bac. Avant on nous mettait dans un baquet. L’été on le sortait dehors pour jouer.

C’était bien la découverte du confort

- Et le chauffe eau ! L’eau chaude dans la maison ! La baignoire sabot ! Prendre un bain, une douche ! Avant, dans notre petite pièce on se lavait avec des épisodes, c’était quelque chose.

- C’était bien la découverte du confort. Quand ma mère s’est vue ouvrir le robinet de l’eau, avec le chauffe-eau et le gaz. Pour elle c’était extraordinaire. Avant, chez nous, il fallait allumer le feu et l’été on faisait la cuisine sur un petit réchaud à pétrole. Aujourd’hui les gens parlent du jardin, du silence, du calme.

- La petite regardait partout. Je lui ai dit : « Je vais te montrer ta chambre et celle de ton frère au fond de l’appartement. » et elle a dit « Mais c’est aussi à nous cela ? »

- Ma fille avait deux ans, elle courait et me cherchait partout dans l’appartement en appelant : « Maman, tu es où ? »

- Quand on a emménagé, cela a été vraiment la joie. Les filles me répétaient : « Maman on a notre chambre ! »

C’était vraiment dans l’éthique qui était la nôtre

- C’était la grande joie ! J’étais dans la cuisine mon mari dans le séjour et on se cherchait ! Nous avons éclaté de rire parce que évidemment dans un studio en ne risquait pas de se chercher. C’était merveilleux de se perdre dans l’appartement ! Ce sont des petits souvenirs qui ont beaucoup d’importance !

- Venir ici nous libérait d’un souci majeur et c’était vraiment dans l’éthique qui était la nôtre puisque nous avions appartenu tous les deux à des associations scoutes. Nous étions tout à fait préparés et heureux de nous retrouver dans un monde comme celui-là.

- Pour nous cela a été le paradis. On était les plus heureux. Que voulez-vous de plus ? Le Père Thouvenin est venu nous voir quelques jours après, je lui ai dit : c’est le paradis, il m’a répondu : « vous croyez que le paradis c’est comme cela ? »

Dans les années 1980

- Paris était dans la grisaille, on est entré dans cet appartement complètement recouvert de lambris marron avec moquette marron. Nous avions une sensation triste, il y avait encore la douche dans la cuisine. J’ai fait le tour et je suis tombée sur le cimetière et j’ai dit : jamais on achètera, je ne veux pas vivre ici ! Le monsieur de l’agence très sympathique nous a laissé les clefs nous proposant de revenir voir l’appartement. Le lendemain matin l’appartement était inondé de soleil, on est venus l’après-midi et j’ai dit « Il faut qu’on l’achète ! » On avait deux enfants et c’est le jardin qui nous a décidés, et puis la luminosité.

- J’avais vu d’autres appartements auparavant où il n’y avait pas de jardin, quand il faut emmener toujours les gosses au parc !

- Ce qui nous a séduits c’est l’impression d’espace, cela nous a tout de suite emballés. On a dit oui tout de suite.

Dans les années 1990

- J’ai été séduite par le calme. Une fois qu’on avait passé la grille on entendait plus la rue.

- Quand je suis arrivé ici j’ai eu un flash en voyant qu’on ne donnait pas sur la rue. J’ai un peu senti l’immeuble. L’aspect extérieur n’avait pas d’importance pour moi. Quand j’ai visité, plus j’avançais dans l’appartement, plus je me disais que nous allions habiter là : pas de vis-à-vis et du calme.

- Arriver en étage élevé et ouvrir ses fenêtres sur les arbres, c’était inespéré et merveilleux..

- Quand on m’a montré l’appartement, il y avait tellement de lumière tout de suite ça a flashé pour moi.

- J’ai eu le coup de cœur pour ce grand salon, cette double pièce hyper claire. En rentrant j’ai dit à M. : « J’ai trouvé, c’est un peu excentré, mais c’est grand et clair, ça a du charme, c’est hyper ringard de l’extérieur mais il y a quelque chose. »

Dans les années 2000

C’est quoi ce gros pavé

- Quand j’ai vu l’immeuble de la rue j’ai dit : « C’est quoi ce gros pavé ? » Puis, dès les premières visites les gens disaient « Bonjour ! » J’ai été étonnée mais j’ai trouvé cela plutôt sympa. J’ai trouvé l’immeuble très bien entretenu par rapport à d’autres que nous avions visités.

- Quand on est arrivé ici on a été très contents de l’appartement et surtout du jardin. Une de nos priorités c’était l’espace pour notre enfant.

- Mes parents habitent toujours une sorte de cité H.L.M. où j’ai vécu. J’avais envie de changer de ce principe. La vue de ce bâtiment m’a un peu refroidi, cette grande barre n’était pas un point positif, surtout qu’on a visité en hiver, mais l’appartement était très bien, le jardin pratique et cela nous a convaincus.

- La première chose qui nous a charmés c’était la surface, avec une impression de volume et le fait que ce soit très tranquille avec de la verdure autour, une vue dégagée, c’est assez magique pour Paris.

La disposition est agréable, il n’y a pas de vis-à-vis. Ici c’est calme on entend les oiseaux du matin au soir. J’aime bien la disposition, le fait qu’on puisse fermer la porte et avoir les chambres et la salle de bains de l’autre côté. Il y a beaucoup de rangements, le petit cagibi dans la cuisine, le local à vélos en bas pour la poussette et les jouets. Mon mari a aussi une place dans le local à motos pour son scooter.

- En août je suis venue avec une amie voir l’immeuble et l’ambiance. Le 20e me faisait un peu peur ! On s’est promenée dans le quartier et on a fait le tour de l’immeuble pour voir les gens.

- L’appartement m’a vraiment bien plu. C’était un palais à côté de mon logement précédent !

- En visitant le séjour j’ai dit à l’ancien propriétaire : « Mais c’est une salle de bal ! », (en comparaison avec mon ancien studio de 9 m²). Il s’est gentiment moqué de moi.

- Quand on a visité l’appartement on a remarqué que c’était très clair ; J’avais été habituée. L’appartement des années 90 dans lequel on habitait avant était très clair aussi avec des vis à vis lointains, il donnait sur un jardin particulier et on était réveillé par les oiseaux, un immeuble sur rue ce n’était pas possible. Ici l’espace est très agréable.

- Ce qui m’a plu c’est qu’on ne donne sur aucune rue, ce qui est assez rare à Paris, le jardin, le terrain de tennis et la convivialité. On voit qu’il y a encore de grandes salles, les réceptions, les journées du Patrimoine, le prêt de jouets, la bibliothèque interne - qu’on n’a toujours pas vue - tous ces aspects de collectivité.

- L’idée qu’on puisse moduler les appartements me plaît aussi.

L’emménagement et l’installation

En 1958

L’immeuble, ça a été la chance de notre vie

- L’immeuble, ça a été la chance de notre vie. Les jeunes ne peuvent pas se rendre compte.

- C’était le plus beau jour de ma vie, on l’a beaucoup attendu, plus que prévu. Cela m’a paru très long.

- Quand on a emménagé, j’ai présenté ma mère au Père Thouvenin en disant : « Bonjour mon Père, je vous présente ma mère ! »

- Le Père Thouvenin nous a conseillé d’aménager alors que les appartements étaient prêts mais que l’immeuble n’était pas tout à fait terminé, parce que les ouvriers disait-il en prenaient à leur aise et faisaient durer le plaisir, mais il fallait faire attention, l’escalier n’avait pas de rambarde.

- Il n’y avait pas d’ascenseur, il fallait monter à pied, sans rambarde, il fallait faire attention où l’on mettait les pieds.

- En arrivant le parc n’était pas fini, les ascenseurs ne marchaient pas encore.

- En bas il n’y avait pas de trottoirs, s’il faisait sec c’était de la terre, s’il pleuvait c’était de la boue !

- Nous sommes arrivés un des derniers, en juillet 58, et nous avons pu emménager sans traverser toutes les difficultés de pavage et d’encombrement que les autres ont pu connaître. Les premiers étaient arrivés en avril.

- Pour emménager, nous avons eu une prime des allocations familiales. Je crois même que notre déménagement a été gratuit.

- Ma sœur est venue s’installer dans l’immeuble quelques mois après nous.

Dans les années 1980 - 1990

- On a emménagé aux vacances de février avant le jour de la signature. Le soir on s’est installés là-haut avec notre fils, on s’est mis à jouer au Monopoly !

- On a emménagé et on s’est installés dans ce grand espace, avec un bureau chacun, de la place partout et on y a fait notre premier enfant deux ans plus tard.

- Nous avons déménagé en mars et notre fils est né dix jours après. Je me rappelle qu’il y avait les cartons partout, c’était très dur.

Dans les années 2000

- Nous n’avions signé que le compromis, mais les enfants de l’ancien copropriétaire nous ont fait confiance. Ils nous ont laissé les clefs pour faire des travaux de peinture et apporter nos affaires petit à petit car notre ancien studio était trop petit pour stocker tous les cartons à l’avance. On a mis nos familles et nos amis à contribution : il a fallu 17 voyages en voiture et trois en camionnette !

- Quand on a emménagé en été il y avait plein de fleurs et des feuilles aux arbres, la vue change complètement. Nous sommes là depuis un an et nous n’avons pas regretté notre choix.

J’ai bien compris l’intérêt de la gestion communau-taire de l’immeuble

- C’était le matin de la tempête de 99 et ici tout était dévasté : les résineux du jardin arrachés, les tôles du toit pendantes ou éparpillées jusque chez les sœurs ou rue Haxo. Je me suis mise à pleurer pensant qu’il y aurait des frais de travaux énormes que je ne pourrais pas payer. On nous a expliqué qu’il était prévu dans les comptes de refaire les toits. En fait nous avons fait une bonne affaire puisque les travaux ont été payés par l’assurance. J’ai bien compris là l’intérêt de la gestion communautaire de l’immeuble !

Les nouveaux ne font que des bêtises

- Avec les gardiens qui étaient là en 99, c’était assez épique. Je faisais les peintures et n’avais pas encore emménagé quand j’ai trouvé dans ma boîte aux lettres un morceau de carton de papier W.C. gris griffonné au marqueur rouge : « Jetez pas vos cartons dans les poubelles. » Vexée, je suis allée voir la gardienne qui ne m’a pas laissé parler et m’a dit : « C’est vous qui venez d’arriver, ça ne peut être que vous, les nouveaux ne font que des bêtises ! »

- Le jour de l’emménagement s’est bien passé. On avait pris contact avec les gardiens qui nous avaient expliqué les règles du jeu. Comme tout le monde on a un peu monopolisé l’ascenseur ce jour là, mais les gens étaient compréhensifs. On était très confus devant une personne très âgée, mais elle nous a dit qu’elle montait toujours à pied pour garder la forme.

Les aménagements et l’utilisation de l’espace

En 1958

- La cabine téléphonique était installée à côté de la loge. A l’époque c’était les gens bien qui avaient le téléphone.

- On a demandé le téléphone en arrivant et on l’a eu deux ans après.

Nous avions des murs de toutes les couleurs

- Quand on a eu le téléphone résidentiel à cinq personnes. Les gens disaient : c’est toujours occupé chez vous. Chacun avait son numéro, mais nous n’avions qu’une seule ligne.

- Le premier parking était au fond de la cour du patronage. Le parking en sous-sol a été fait après, ils nous ont vendu la place.

- Quand on est arrivé ici ma dernière fille avait cinq ans. L’appartement était encore trop juste puisque nous étions sept avec nos cinq enfants.

- La seule difficulté a été que nous avons manqué de place. A huit, c’était un peu serré, mais tellement bien par rapport à l’ancien logement.

- Quand les filles ont fait des études, on manquait de place. L’aînée était dans le dessin et la publicité, il a fallu lui acheter une table qui se repliait le long du mur.

- C’était la mode des couleurs différentes, mon mari a fait les peintures avec des amis dont l’un était dessinateur et nous avions des murs de toutes les couleurs.

- On a hésité entre la pose de volets qui s’est faite en achat collectif et celle de doubles rideaux. Finalement on a opté pour les volets et nous en avons fait mettre dans toutes les pièces sauf à la cuisine. Cela nous a paru très cher, mais je crois qu’on a pu faire des versements échelonnés.

- Je voulais être à l’ouest, j’aime le soleil. Au début j’ai fait des doubles rideaux, après on nous a proposé d’installer des persiennes en bois à nos frais. Les nouvelles sont en plastique.

- Lors des commissions préparatoires pour la construction de l’immeuble, nous avions souhaité mettre du lino dans les appartements. Cela était plus moderne et hygiénique. Mais, à l’époque, le parquet était moins cher. Finalement, avec quelques autres, nous avons demandé, moyennant finance, à avoir chez nous un parquet en chêne au lieu de celui en pin.

Mes parents n’utilisaient pas la salle de bain, ils y stockaient du charbon

- Pour les placards il y avait les emplacements. On a commandé des placards dans le séjour et le couloir.

- On a dû poncer les parquets à la paille de fer. J’ai usé mon dos.

- Ce qui était bien c’était d’avoir le cabinet de toilettes séparé des toilettes. La douche était dans la cuisine avec un muret de séparation et un bac à douche surélevé sur lequel on pouvait s’asseoir. Dans le cabinet de toilette j’avais fait mettre un bidet, c’était très pratique, nous étions trois femmes, on avait ainsi deux lieux pour se laver.

- Je me souviens de Madame N. Elle avait toujours de bonnes idées. Elle avait l’habitude d’avoir sa fille près d’elle la nuit aussi pour la voir dormir elle avait percé un trou dans le mur entre les deux chambres, elle y avait mis un petit rideau.

- Mes parents n’utilisaient pas la salle d’eau. Ils y stockaient du charbon.

Dans les années 1980

- En arrivant, on a enlevé les lambris et aménagé la cuisine. Plus tard on a refait la salle de bains.

- Il y avait beaucoup de travaux à faire, ce qui nous intéressait. Mon mari y a passé tous ses week-ends pendant deux ans et demi.La première chose que nous avons faite c’est d’installer la cuisine, nous n’avions signé que le compromis ! On y a cassé la douche, on s’est fait engueuler à cause du marteau piqueur un samedi matin. Après on a refait la salle de bains, on a tout cassé, refait des cloisons. Nous sommes restés plusieurs mois sans douche en se lavant à la cuisine comme au début du siècle.

Dans les années 2000

- A notre arrivée, l’appartement était en mauvais état, il fallait tout repeindre, refaire les plafonds. Une vieille dame habitait ici. Il y avait au mur dans la chambre une tapisserie vert foncé très épaisse, on a eu du mal à l’enlever. On a cassé la cloison de la cuisine pour faire une grande pièce et une cuisine américaine. L’évier est vert et les carreaux marron mais on ne l’a pas encore refait. Dans le séjour il y avait de la moquette directement collée sur le parquet. Mon mari l’a enlevé, il a dû poncer et vitrifier. On a refait les tapisseries des murs et tout repeint en blanc. La salle de bains avec sa baignoire sabot verte sera à refaire aussi plus tard.

- L’appartement était en état d’origine, il y avait encore la cabine douche dans la cuisine. Je regrette d’avoir fait enlever le bac à douche/lavoir, mais je n’avais pas d’autre place pour mettre la machine à laver. Il y avait bien aussi une lessiveuse dans la cave mais bon ! J’ai soigneusement conservé tout le reste de la cuisine d’origine avec l’évier, son socle en béton, sa paillasse et son carrelage en petits carreaux de grés cassés. Le carrelage est très irrégulier et je me suis rendu compte qu’il avait été fait par deux personnes : une moitié est très régulière et l’autre est toute de travers avec des morceaux de tailles différentes et beaucoup de ciment entre.

Les premiers achats

En 1958

Un an avant d’emmé-nager j’ai commandé une gazinière… j’avais fait mes économies

- Un an avant d’emménager j’ai commandé une gazinière, puisque nous n’avions pas le gaz avant. J’avais fait mes économies. J’avais dit : « Je la réserve, mais vous ne pourrez pas la livrer avant un an ! » Après cela a été le frigidaire, c’était quelque chose de sensationnel.

- En arrivant ici, j’avais 10 ans et je me suis acheté ma première brosse à dents. A l’époque on ne faisait pas brosser les dents aux enfants.

- On est allés aux Arts ménagers. Mon fils avait toujours faim. En douce je lui mettais un peu plus de farine dans son biberon, mais le médecin a dit : « Vous allez le constiper, il faut qu’il ait des jus. » On a acheté aux Arts ménagers le premier centrifugeur. Et je lui faisais des jus d’oignons, d’épinards, et des jus de tout. Je goûtais et trouvais cela horrible !

- On a acheté presque tout de suite la machine à laver, les machines étaient moins automatiques que maintenant.

- Je n’avais presque pas de meubles en arrivant.

- Nous avions très peu de meubles : une table de bridge et trois chaises. Il a fallu tout de suite acheter des lits pour les enfants.

- Nous avons tout de suite acheté leur lit à chacune des filles et une petite table pour faire leurs devoirs.

- Nos premiers meubles provenaient de la maison Gauthier-Delaye, ils étaient fabriqués en pin des Landes. Il n’y avait pas moins cher et c’était moderne. On avait un lit qui était un sommier avec un cosy fait sur mesure par un ami d’une cousine. C’était un fou du faubourg Saint-Antoine qui passait beaucoup de temps et ne se faisait pas payer.

- On a toujours notre table de cuisine en formica bleu et son tabouret.

- Je me souviens du premier meuble que j’ai eu en arrivant ici. C’est une table à repasser, je l’ai toujours, elle est bien stable.

- Nous avions peu de meubles, cette impression d’espace, ce volume nous avons voulu les garder. Les placards étaient les bien venus. Nous étions contents de ne pas avoir de meubles ce qui nous a permis d’aménager d’une manière plus rationnelle. Si on met une armoire dans une chambre, on ne peut plus rien mettre d’autre. On avait un lit et une table, le reste s’est fait peu à peu. L’achat de meubles n’a pas été notre préoccupation.

- Nous avons acheté un meuble de rangement Oscar pour le séjour, on y tenait beaucoup. Il est toujours là. Par choix nous n’avons pas acheté d’armoire pour ne pas encombrer, garder l’espace, la structure de l’appartement s’y prêtait.

- En arrivant on a commandé à un menuisier l’armoire et les placards. C’était un client de ma belle-mère.

- En arrivant on a acheté la salle à manger en teck c’était du beau bois. Fils et fille uniques on a été très gâtés. Je suis passée par cinq styles de meubles : on a eu notre période suédoise, après on a fait un coup un peu fumeux avec du style Henri II, avec tous les meubles de la belle-mère de mon père, c’était superbe mais je n’ai pas tenu longtemps parce qu’il fallait trop nettoyer ! Je les ai donnés à une amie qui a monté un café. Après on a fait le style très moderne avec des tubes sol-plafond et des cubes bibliothèque. Ensuite on a racheté des meubles en merisier c’était le quatrième style. Et maintenant c’est à nouveau moderne !

Dans les années 1960

- Je n’ai eu ma première machine à laver qu’en 67, ma fille avait 8 mois. Avant, on portait les draps à la blanchisserie, le reste on triait et on prenait la lessiveuse.

On était bien là, dans ces pièces vides

Dans les années 1990

- On est resté avec un vieux canapé, on a eu des années un carton avec un drap dessus pour servir de table de salon. Il y avait 72 cartons de bouquins et des bibliothèques. On était bien là, dans ces pièces vides.

Dans les années 2000

- Le premier objet acheté c’était un lit. Les gens n’avaient pas compris l’utilisation des niches pour faire des placards ou des étagères, ils ramenaient des armoires normandes ou de vieux buffets ou pire, des meubles de style qui prenaient toute la place.

- On n’a pas beaucoup acheté, juste la chambre d’enfant. Ici comme dans notre ancien appartement il y a beaucoup de placards, il n’est pas nécessaire d’avoir beaucoup d’armoires et de commodes.

- Les propriétaires précédents avaient laissé des meubles années 50 et des objets typiques comme une corbeille à linge en plastique jaune. Ils ne comprenaient pas pourquoi je voulais les garder.