Les Hospitaliers

L'ordre des Hospitaliers

L'ordre des Hospitaliers est un ordre religieux catholique hospitalier et militaire qui a existé de l'époque des Croisades jusqu'au début du XIXe siècle.

Son origine remonterait à la fin du XIe siècle dans l'établissement des marchands amalfitains à Jérusalem et la création d'hôpitaux, d'abord à Jérusalem, puis en Terre sainte, d'où leur nom d'Hospitaliers. À la suite de donations, ils vont posséder des établissements, prieurés et commanderies dans toute l'Europe catholique. À l'instar des Templiers, il assume rapidement une fonction militaire pour défendre les pèlerins qu'il accueille sur les chemins de Jérusalem, puis pour combattre les Sarrasins aux côtés des Francs de Terre sainte. Après l'expulsion des Croisés de Terre sainte (1291), l'Ordre s'installe à Chypre avant de conquérir l'île de Rhodes (1310) et de devenir une puissance maritime pour continuer à être le rempart de la chrétienté contre les Sarrasins. À la suite de la disparition de l'ordre du Temple (1314), les Hospitaliers reçoivent les biens des Templiers, ce qui fait d'eux l'ordre le plus puissant de la chrétienté. Expulsé de Rhodes (1523) par la conquête turque, l'Ordre s'installe à Malte (1530), dont il est considéré comme le souverain

L'ordre Hospitalier de Saint-Jean-de-Jérusalem était structuré par langues. Chaque langue, avec les biens qui en dépendaient, était divisée en prieurés ; chaque prieuré en commanderies, et chaque commanderie en membres. Les plus anciens documents citent simplement la maison de l'Hôpital. Au XIVe siècle, elle devient l'Hôpital Ancien pour la différentier de la nouvelle maison qu'on venait d'établir au Temple. Elle s'appellera ensuite maison de Saint-Jean de Latran , puis au XVIIe siècle, le baillage de la Morée .

L'implantation des Hospitaliers à Villeconin

Nous possédons trois documents, des chartes des XIIe et XIIIe siècles, qui décrivent l'implantation des frères de l'Hôpital Saint-Jean de Jérusalem à Villeconin. Il faut bien préciser que, malgré des inscriptions relatives au Temple, les biens possédés à Chauffour-les-Étréchy et dans les environs ont été de tout temps la propriété des Hospitaliers.

Au cours du temps, le Grand-Prieuré de France, chef-lieu Paris, perdit une grande partie de ses membres. En 1633, il ne restait plus qu'aux environs de Paris, les maisons des Loges, Saclay, le Déluge et Chauffour. Située dans l'élection de Dourdan à deux lieux d'Etampes, la commanderie de Chauffour se composait au XVe siècle, d'une maison avec 120 arpents de terre avec la haute, moyenne et basse justice.

Selon Eugène Mannier, le commandeur de Chauffour-lès-Étréchy avait la collation de la cure et la dîme de tout le territoire de Chauffour, d'une partie de celui d'Étréchy, jusqu'à la mare de Bretigny, ainsi que des terres de la seigneurie de Vaucelas (2).

La dîme de Chauffour avait été vendue, en 1290, aux Hospitaliers de Paris par les religieux du couvent de Morigny, pour devoir se prendre, selon l'acte de cession, sur toutes les terres du couvent, entre Chauffour et Étréchy « inter Calidum Furnum et Attichiacum », et sur le territoire de Vaucelas « in territorio de Vauceloys ».

La maison de Chauffour fut détruite au commencement du XVIe siècle ; on ne la rebâtit pas, et on afferma les terres à divers particuliers. La maison de Chauffour qui, avec les droits seigneuriaux, rapportait en 1495, 90 livres , produisait en 1757, 600 livres , et en 1783, 1.100 livres .

Plusieurs fiefs relevaient de cette maison. La liste semble impressionnante il ne s'agit que des droitures ou de biens limités : cens, rentes, fiefs et arrière-fiefs (2). Brièvement, ce sont :

- le fief de Fontaine-Lirault comprenait un petit ermitage appelé l'Hermitage de Saint-Martin-de-la-Roche,

- le fief de Sermaise, comprenant l'église et le cimetière du lieu, avec les maisons longeant la rivière;

- le fief de la Ménagerie et de la prairie de Guisseray à Breuillet,

- le fief de la Croix-de-Fer à Lardy, qui consistait en plusieurs maisons et pièces de terre,

- le fief de Vausalmon à Villeconin appartenant en 1372 à Jean de Prelle, écuyer,

- la collation de la cure de Villeconin avec toutes les dîmes,

- la chapelle de Fourchainville « capella de Fulchevilla », dépendance de l'église de Villeconin donnée en 1215 avec des terres et des rentes.

Les chartes de fondation

Plusieurs vieux documents sont relatives à la donation de l'église de Villeconin aux frères de l'Hôpital Saint-Jean de Jérusalem dont les deux chartes signées par l'évêque sont contenues dans le cartulaire de l'église cathédrale Notre-Dame de Chartres (3).

La première charte, datée de 1185, est la donation à la maison de l'Hôpital de Saint-Jehan-de-Jérusalem, de l'église de Villeconin " ecclesiam de villa Conani " par Renaud évêque de Chartes. Eugène de Lépinois et Lucien Merlet, les éditeurs, donnèrent le titre « De contentione facta inter Capitulum Carnotense et Hospitalares super capellam ».

« Frater Anselmus , Dei gratia, prior Hospitalis in Gallia , omnibus ad quos littere iste pervenerint, in Domino salutem. Notum facimus universis quod cum controversia verteretur inter nos et ecclesiam Carnotensem super capella et cimiterio que nos, auctoritate sedis apostolice, in Carnotensi civitate habere nitebamur, quod eadem ecclesia, eadem fulta auctoritate, contradicebat, amicis intervenientibus, amicabiliter est sopita in hunc modum : quod nos et fratres nostri renunciavimus capelle et oratorio et cimiterio et altari in civitate Carnotensi et ejus suburbiis numquam de cetero postulandis, et quod domus quedam quam edificaveramus Carnoti , in figuram et formam capelle, decapitaretur et reduceretur in formam quadratam, et ad alios usus transferretur. Preterea nos firmiter promisimus, sub obtentu religionis et obedientie qua astricti sumus hospitali Jerosolimitano , quod numquam contra Carnotensem ecclesiam questionem attemptaremus super hoc innovare.Vir vero venerabilis domnus R[aginaldus] , Carnotensis electus , de assensu et voluntate Ugonis archidiaconi et totius Capituli, pro bono pacis, concessit nobis ecclesiam de Villa-Conani perpetuo, quiete et libere, possidendam, retenta in omnibus ecclesiastica justicia, ita quod nos in eadem ecclesia per capellanum proprium divina facimus officia celebrari. Nos vero synodalia persolvemus archidiacono et episcopo qui pro tempore erunt, et recipientes crisma et oleum sanctum ab ecclesia Carnotensi , eidem ecclesie et episcopo et archidiacono et eorum officialibus in jure parrochiali in omnibus respondebimus.Quod ut firmum habeatur tam scripto quam sigillo nostro fecimus communiri »

Nous en donnons une traduction sommaire : « Le frère Anselme prieur de l'Hôpital Saint-Jean de Jérusalem pour la Gaule, fait savoir qu'un contentieux s'est élevé entre l'église de Chartres et lui-même au sujet d'une chapelle et du cimetière situés dans le diocèse et ville de Chartres. Pour soutenir l'autorité, susceptible de contradiction, sur l'intervention de nombreux amis, un arrangement amical est trouvé de la manière suivante.

Que nos frères renoncent à la possession de la chapelle, l'oratoire, le cimetière et l'autel dans la cité de Chartres et que la maison que avait été édifiée pour servir de chapelle soit abandonnée et transformée pour d'autres usages. Nous affirmons que les religieux de l'Hôpital de Jérusalem n'ont aucune mauvaise intention contre l'Église de Chartres.

Il est vrai que, pour établir une bonne paix, le vénérable seigneur Réginald, évêque élu de Chartres, avec l'assentiment et l'adhésion de l'archidiacre Hugues et de tout le Chapitre, nous concède, à perpétuité, l'église de Villeconin, pour la posséder librement en toute quiétude en retenant toute la justice ecclésiastique et pour célébrer le service divin selon nos rites. Le synode sera placé sous l'autorité de l'archidiacre et de l'évêque de Chartres. Et pour affermir les présentes nos avons apposé le scel de notre communauté ».

Les éditeurs mentionnent que l'église de Villeconin, au doyenné de Rochefort, avait en dernier lieu pour collateur le commandeur de Saint-Jean-de-Latran à Paris. Le pouillé du diocèse de Chartres donne, en 1738, cinq bénéfices à la nomination de l'Ordre Souverain de Malthe : la cure d'Arville par le commandeur de Sours et d'Arville, les cures de Bonvilliers, de Champagne et de Saint-Victoer-sur-Avre par le commandeur de la Ville-Dieu en Drugezin et la cure de Villeconin (élection de Dourdan) par le commandeur de Saint-Jean-de-Latran à Paris. Ainsi, à Villeconin , le Commandeur avait la collation de la cure avec toutes les dîmes de la paroisse (4). Les frères hospitaliers tiendront la paroisse jusqu'à la Révolution française, sous le nom d'ordre de Malte.

Le même frère Anselme promet, par une autre charte, au Chapitre de Chartres, que, dans l'octave de la Pentecôte, il fournira des lettres de confirmation du Grand-Maître de l'Hôpital et du roi de France, et qu'avant la Chandeleur prochaine il fera approuver cette transaction par le Souverain-Pontife.

En effet, les cartulaires contiennent la confirmation de Roger des Moulins, Grand-Maître de l'Hôpital. Les archives d'Eure-et-Loir (C. XI, 11) renferment deux chirographes originaux de l'évêque Renaud de Mouçon et une bulle du pape Lucius III, datée de Vérone, le 10 des calendes de septembre, tous actes confirmatifs de l'abandon consenti par le prieur des Hospitaliers.

La deuxième charte, conservée aux A.N. (série S), est désignée par le chambrier hospitalier en langue latine par « Carta pro ecclesiam de Villeconan », puis « 1185 – latin – Villeconan – Chartres – Cure ».

Cette charte est la version latine de l'accord décrit ci-dessus écrite par Regnault, évêque de Chartres. Ainsi, cas rare, nous possédons l'ensemble des textes écrits par les deux parties : l'évêque de Chartres et le maistre de l'Hôpital. Le chambrier du XVe siècle écrivit « Accord entre Monsieur l'Evesque de Chartres et Monsieur le Maistre de Lhospital de Hierusalem par lequel la cure de Villeconan est donnée audict seigneur Maistre et frères hospitaliers ». La charte commence par la phrase classique « Reginaldus Dei gratia Cartotensis episcopus omnibus ad quos littere iste inspecturis, in Domino salute… ».

Le prélat mentionne qu'une controverse s'était élevée entre l'Église de Chartres et les frères hospitaliers installés à Chauffour à propos de la chapelle et du cimetière « super capella et cimeterio » qui étaient placés sous l'autorité de l' Église chartraine.

L'acte établissant la paix est signé par Regnault et Roger du Moulin, maître de l'Hôpital « Rogerio de Molendinis magistro Hospitalis » qui accepte au nom de tous les frères de l'Ordre. Pour la bonne entente entre les parties, le scribe précise « Ugonis archidiaconi et totius capituli pro bono pacis concesserunt fratribus Hospitalis ecclesiam de Villa Conani perpetuo quiete et libere possidendam » c'est-à-dire l'archidiacre Hugues et tout le Chapitre, pour une bonne paix, concèdent l'église de Villeconin aux frères de l'Hôpital qu'il posséderont perpétuellement en toute quiétude et liberté.

Toutefois, l'autel de Villeconin reste placé sous l'autorité du synode convoqué par l'évêque et l'archidiacre de Chartres « ipsi vero sinodalia possesoluent nobis er archidiacono qui pro tempore erit… ».

La charte de 1215, signée du monogramme du roi Philippe-Auguste, porte le titre « Ville conan, Farcheville – Chapelle de Farcheville, fondation de ladicte chapelle à la collation de Messieurs de Lhospital de Hierusalem ». Cette charte dictée sous la responsabilité de Guillaume bailli de la châtellenie d'Étampes, commence par la formule « In nomine sancte et indivise Trinitis, amen. Philippus Dei gratia Francorum rex… ».

Pour résumer cette charte, il est écrit qu'en signe d'aumône Denis d'Étampes « Denerius de Stampis » fonde une rente pour l'entretien du desservant de la chapelle de Farcheville dépendance de l'église de Villeconin « capelle de Furchenvilla fondavit tam de assensu ecclesie de Villa Conan » pour y dire la messe les dimanches et jours fériés, dont la nomination dudit et de la cure appartient aux frères de l'Hospital, la donation est faite contre une rente de quatre muids de blé d'hiver et un muid d'avoine mesure d'Étampes « quator modius hybernagii et unum modium avene cumularum ad mensurum Satampis » à prendre dans la grange de Farcheville appartenant maintenant à Guillaume d'Estampes.

Ledit Guillaume donne audit chappellain ung muid de vin de Fourchainville... Il est bien précisé que ladite chapelle appartient à la paroisse de Villeconin. Cette charte a été donnée au Palais à Paris, l'an de grâce 1215, la 37ème année du règne, signée par le chancelier Gui, le sénéchal étant absent.

La dernière charte, conservée aux A.N. est relative à l'acquisition des dîmes de Villeconin.

En octobre 1219, les chevaliers Hospitaliers continuent de s'implanter dans le sud Hurepoix; ce sont les frères de l'Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem de la commanderie de Chauffour qui achetèrent des droits dîmiers à Chauffour, Villeconin, Montachon, Vaucelas.

Voici la transcription du parchemin en langue latine : « Galterius Dei gratia Carnotensis ecclesie minister humilis universis presentes litteras inspecturis in Domino salutem. Novirint universis quod Ansellus miles de Villeconen et Mainerius de Valcelais in nostra presentia constituti recognonerunt quod fratribus hospitalis Jherosolimam de Chaufor vendiderant et concesserant in perpetuum obtinendam decimam de Villeconan et de Monte Tuchon et quicquid decime hebebant in terris et veneis prinetibus as Valcelais pro centus et octoginta libris parisiensem de quibus antecessores eoendem Ansellis et Mainerius centum et vigintis libris receptant quindo eandem decimam et quicquid viris habebant nemoratis fratribus obligarant et de sexaginta libris ipsis Ansello et Mainerio in present fatissecerant fratribus antedictis. Fidem quoquod in manu nostra Ansellus et Mainerius dederunt quod contra hec decetero usenirent Alexandes vero de Boccio miles de cujus feodo predicte decime movebant hoc laudant et concessit et se rectam garantitam latitum ( ?) fidem manu nostra prestira pro misit. In cujus rei memoram et confirmationem presentes litteras sigilli munumine decimus roborari. Actum anno gracie millesimo ducentesimo nonodecimo, mense octobro ».

Une traduction succincte de cet acte de vente donne : Gautier, par la grâce de Dieu, vénérable et humble ministre de l'église de Chartres à tous ceux que ces lettres verront, au nom du Seigneur salut. Nous faisons savoir qu'en ma présence Anseau, chevalier de Villeconin et Mainier de Valcelais confessent et reconnaissent avoir vendu et concédé à perpétuité, aux frères de l'Hôpital de Jérusalem, les dîmes de Villeconin et de Montuchon qui sont des dîmes perçues sur le terres et les vignes situées à Vaucelas moyennant la somme de cent quatre vingt livres parisis qui avait été payée aux parents d'Anseau et cent vingt livres reçues par Mainier dont les frères se souviennent bien et soixante livres pour Anseau et Mainer en notre présence. Alexandre de Boccio, chevalier dont les susdites dîmes sont dans sa mouvance, dans son fief, approuve et concède cette chose. Et pour affermir ces présentes lettres nous apposons notre scel. Donné en l'an de grâce 1219 au mois d'octobre.

Finalement, la cinquième charte donnée en juin 1281, est l'acte de fondation et dotation par Guillaume de Saudreville, chevalier, d'une chapelle audit Sandreville. La chapelle de Sandreville était située dans la paroisse de Villeconin, laquelle, dans le principe, appartenait au Chapitre de Chartres.

Celui-ci céda en 1185 l'église de ce lieu aux religieux Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem à la condition qu'ils renonceraient à conserver dans la banlieue de Chartres, l'église, oratoire et cimetière qu'ils y possédaient déjà ; mais il se réserva la collation à la cure qu'il n'abandonna qu'en 1738.

Le seigneur Guillaume de Sandreville donne sa dîme grosse et menue dudit lieu ; sur laquelle dîme l'hôpital de Chauffour prend une année sept setiers et pleine mine, moitié blé et moitié avoine, et l'autre année quinze septiers de pareil blé et avoine, et l'église de Villeconin deux sols parisis de rente : icelle dîme, ce que dessus acquitté, peut rapporter quatre muids de grain, moitié blé moitié avoine, par chacun an.

Item donne encore sa dîme grosse et menue du Val-Saint-Germain, qui peut valoir 4 livres parisis par chacun an ; item le quart de toutes dîmes grosses et menues, en deux ans une fois à prendre, proche la paroisse dudit Villeconin ; lequel quart de dîme ledit de Sandreville tient en fief de Jean d'Angervilliers, chevalier ; pour raison duquel quart le chapelain prendra deux muids de grain, moitié blé moitié avoine, en la grange dudit fondateur, jusqu'à ce que cette portion de dîme soit amortie ; et enfin le logement dudit chapelain. Le tout à la charge d'un service journellement et de trois anniversaires dans le cours de l'année, pour son père, sa mère, et lui fondateur et ses femmes.

Seigneurie de l'Hôpital de Chauffour

Département : Essonne, Arrondissement : Étampes, Canton : Étréchy, commune - Chauffour-lès-Étréchy – 91

La terre et seigneurie de Chauffour, située à deux lieues d'Étampes, se composait, au XVe siècle, d'une maison près de l'église du lieu, et de cent vingts arpents de terre, avec la haute, moyenne et basse justice, cens, rentes, fiefs et arrière-fiefs.

Le Commandeur avait la collation de la cure et la dîme de tout le territoire de Chauffour, d'une partie de celui d'Etrechy, jusqu'à la mare de Bretigny, ainsi que des terres de la seigneurie de Vaucelas.

Cette dime était d'un grand rapport et formait le principal revenu de la maison de Chauffour. Elle avait appartenu aux religieux du couvent de Morigny, qui l'avaient cédée en 1290 aux Hospitaliers de Paris, pour devoir se prendre, ainsi qu'il est dit dans Pacte de cession, sur toutes les terres du couvent, entre Chauffour et Etrechy, « inter Calidum furnum et Attichiacum », et sur le territoire de Vaucelas, et « in territorio de Vauceloys. »

Une noble dame, Mahaut de Neuviz, par des lettres du Garde-scel de la sénéchaussée de Poitou, du mois de juillet 1303, avait vendu aux frères de l'Hôpital de Paris tout ce qu elle possédait dans la châtellenie d'Etampes, en maisons, terres, prés, vignes, cens, fiefs et arrière-fiefs ; ce qui avait été recueilli en grande partie par la maison de Chauffour.

Ce domaine était trop éloigné de Paris, et le Commandeur, pour l'administrer, était obligé d'y faire résider un frère de l'Ordre. En 1410, il avait été accordé à bail viager à un donné de l'hôpital, à charge d'une redevance annuelle de dix-huit livres tournois.

La maison de Chauffour fut détruite au commencement du XVIe siècle ; on ne la rebâtit pas, et on afferma les terres à divers particuliers.

Plusieurs fiefs relevaient de l'Hôpital de Chauffour :

Le fief de Fontaine-Lirault, à Chauffour, comprenant un petit hermitage appelé l'Hermitage de Saint-Martin-de-la-Roche;

La terre et seigneurie de Saint-Evroult (commune de Saint-Cheron), qui appartenait en 1776 à messire Chrétien François de Lamoignon, chevalier, président au parlement de Paris;

Le fief de Sermaise, comprenant l'église et le cimetière du lieu, avec les maisons longeant la rivière;

Le fief de la Ménagerie et de la Prairie de Guisseray, à Breuillet ;

Le fief de la Croix-de-Fer à Lardy, qui consistait en plusieurs maisons et pièces de terre ;

Le fief de Vausalmon à Villeconin appartenant en 1372 à Jean de Prelle, écuyer.

A Villeconin, le Commandeur avait la collation de la cure avec toutes les dîmes de la paroisse. Renaud, évêque de Chartres, avait donné, par ses lettres de l'année 1185, à la maison de l'Hôpital Saint-Jean-de-Jérusalem l'église de Villeconin « ecclesiam de Villa Conani », sous la condition expresse, acceptée d'ailleurs par les frères de l'Hôpital, qu'ils renonceraient au projet de bâtir une église et d'avoir un cimetière dans la ville de Chartres, projet qu'ils avaient voulu plusieurs fois mettre à exécution malgré l'évêque et son chapitre.

La chapelle de Fourchainville, « capella de Fulchevilla (hameau de Villeconin) », dépendait de l'église de Villeconin. Fondée par Guillaume Menier, châtelain d'Etampes, elle avait été donnée, en 1215, avec des terres et des rentes, aux Hospitaliers pour la faire desservir par un religieux de leur ordre.

La terre et seigneurie de Bruyères-le-Chatel avait été possédée au XIIIe siècle par la maison de l'Hôpital, à Paris. Philippe-Auguste, pour racheter une rente de trente livres que le comte Robert, son oncle, avait constituée en faveur de cette maison sur ses revenus, à Poissy, « apud Pissiacum », avait donné, en 1204, aux frères de l'Hôpital, tout ce qu'il possédait à Bruyères-le-Châtel, « apud Brueri Castrum », en maisons, terres, justice et seigneurie, avec le droit de tenir au dit lieu un marché le mardi de chaque semaine (Bibliothèque du Louvre, cartulaire de Philippe-Auguste; fonds latin 9778, folio 121.). Mais en 1297, les Hospitaliers jugèrent à propos de céder cette terre à Thomas de Bruyères, moyennant une rente annuelle et perpétuelle de cinquante-six livres cinq sols. Cette rente ne cessa jamais d'être payée, et elle figure encore dans les comptes de la Commanderie de la fin du siècle dernier.

La maison de Chauffour qui, avec les droits seigneuriaux, rapportait, en 1495, 90 livres, produisait en 1757 600 livres, et en 1783 1100 livres

Sources :

http://www.corpusetampois.com/cls-12-rainauddechartres1185villeconin.html