Château de Villeconin

Cette rubrique a été réalisée pour une très grande partie par Jean Pierre Dagnot à travers ses recherches et les restitutions de ses travaux que nous pouvons trouver sur le site Chronique

Les propriétaires actuels peuvent être contactés sur le site château Villeconin ou sur facebook

L'histoire du château de Villeconin à travers ses propriétaires

Les sources pour rechercher les propriétaires successifs du château de Villeconin sont basées sur des actes, des dates et de la généalogie. L'histoire, les mœurs et le temps ont brouillés certains faits ou en ont favorisés d'autres. A chaque époque l'histoire a été réécrite. De l'ensemble de ses éléments le Château de Villeconin porte dans ces murs une histoire, des légendes et encore des mystères.

La date de création du château est située aux environs de 1372, il a été remanié à la Renaissance, puis à la Révolution.

Le château :

Cette grande ferme jadis, si curieusement fortifiée porte le nom de "château de Villeconin". L'abbé Massuchetti nous le dit faire partie de ce fief d'Ardenelle relevant de Saint-Maurise, taxé en 1370 à 24 livres pour la rençon du roi Jean, possédé en 1376 par Jean de Montagu, à l'époque de la révolution par Cézar Marie de Talarue, marquis de Chalmaséb et de Chamarande et entre temps par les d'Estouteville, les Cochefillet, les Mérault et probablement aussi par les Graville. Le petit hameau d'Ardenelle qui a donné son nom à cette seigneurie, est situé au midi de Villeconin, de l'autre côté de la rivière.

Au XIVème siècle, le fief se composait d'un hôtel ou place messière (c'est à dire d'un lieu fermé de murs avec juridiction) consistant en maison, grange, étable, cour, colombier. Les dîmes des héritages tenus en censives qui en dépendaient, etc...et toute la série des droits féodaux. Un plan terrier levé en 1753, et relevé par Mr. Molletz nous présente le manoir sous la forme d'un carré long, ouvrant vers l'Est, entièrement entouré de douves profondes, flanqué sur la façade du Nord-Est de deux tourelles d'angle. Entre les deux, une petite saillie à angles aigus, prolongée en arrière et perpendiculairement , par un long bâtiment rectangulaire, figure la place du pavillon couvrant la porte cavalière cintrée, accostée de l'ouverture réservés aux gens de pied.

Villeconin aux frères de Maintenon

En 1401, Jehan II de Montagu dans ses acquisitions à Villeconin rachète à Guiot de Saudreville escuyer, une part des héritages venant de sa tante Jehanne de Saudreville. Guiot de Saudreville demeurant à la Ferté Aleps, affirme qu'il possedoit son héritage à luy venu par la mort de Jehanne de Saudreville, tante dudit Guiot, confesse avoir délaissé à noble homme monseigneur Jehan de Montagu, chevalier, vidame de Laonnois, grand maistre dhostel du roy..., 20 sols de menus cens à Vaucelas, un fief mouvant dudit Guiot à cause de lhostel de Vaucelas, assis à Villeconin et que tient Yon de Maintenon entre autres choses, lhostel dudit lieu de Villeconin... Ceste vente faicte pour le prix et somme de 50 escus dor...

L'intérêt pour Jehan II de Montagu est d'être le suzerain de Villeconin.

L'année suivante, nous retrouvons les mêmes personnages, cette fois, Yon de Maintenon, dit le borgne de la Queue, chevalier, seigneur du Marais et du Val Saint Germain, maistre dhostel du roy, advoue au seigneur de Marcoussis, tenir une masure à Guisseraye...

Montagu procédera de même avec l'autre frère, Adam de Saudreville, pour le reste des biens en indivis: - lostel court jardin assis à Vaucelas paroisse d'Etrechy, - item le fief de Villeconin que tient de présent Jehan de Maintenon.

En 1405, un adveu est rendu par Yon de Maintenon dit le borgne à cause d'un fief assis à Fourchainville tenu en fief à une foy et hommage de Jehan de Montagu à cause de sa seigneurie de Saint-Yon. La semaine suivante toujours les mêmes, ledit Yon advoue ung hostel assis aux Maraiz avec plusieurs appartenances et deppendances eu autres pièces tant prés que aulnoyes, tenus en fief à une foy et hommage de Jehan de Montagu à cause de sa terre et seigneurie de Saint-Yon.

En 1406, un autre aveu rendu par Jehan de Maintenon, seigneur de Villeconin, chevalier et chambellan du roy, confesse et advoue tenir de noble homme Jehan de Montagu ... souverain maistre d'hostel du roy à cause de sa terre & seigneurie de Vaucelas, ce qui ensuit, les trois parts de mon hostel de Villeconin, avecques ... Le même jour, Yon de Maintenon rend aveu pour l'autre quart en indivis.

La même année, les personnages ci-dessus se rencontrent à nouveau, le seigneur de Villeconin pour déclarer des droitures à Launay relevant de Jeahn de Montagu seigneur de Saint-Yon.

En 1407, le seigneur du Marais rend aveu pour un hostel proche Janvry relevant de Gometz à Jehan de Montagu.

En 1410, un acte concerne les Célestins de Marcoussis et leurs biens futurs autour de Villeconin. Il s'agit d'une vente faite par Jehan de Mallegaille à Pierre Hemery du fief de Guerreville scis en la paroisse de Chalost saint Mars, ledit fief relevant du seigneur de Villeconin. Ajouté au dos du document: ce fief a été ensuite possédé par Jehan de Lagarde, qui l'a vendu au seigneur de Graville, qui nous l'a cédé.

En 1415, un nouvel acte concerne le même bien: nous, Jehan de Maintenon, conseiller et maistre dostel du roy, certifions à tous que Pierre Hemery, marchand bourgeois de Paris, nous a fait les foys et hommages pour 4 livres de menus cens tenus de nous à cause de nostre hostel de Villeconin, … achetés de Jehan Mallegaille. Un second acte daté du même jour rereprend le texte. Notons un autre titre pour Jehan de Maintenon seigneur de Briis.

Les Heuze seigneurs de Villeconin

La guerre de Cent Ans passée, nous retrouvons une nouvelle famille à la tête de la seigneurie de Villeconin . Les premières informations viennent de Normandie où Jehan II de la Heuze, seigneur de Bailleul, d'Escotigny, rend aveu du fief de Bailleul en 1459.

En 1464 le procureur de Jehan II de la Heuze chevalier seigneur dudit lieu de la Heuze, de Bailleul et sire de Villeconin… ayant pouvoir et puissance pour recevoir les foys et hommages ... confesse avoir reçu au nom dudit seigneur à cause de son hostel de Villecongnin, en foy et hommage, Jehan de Lagarde marchand bourgeois de Paris, ... Il s'agit toujours des quatre livres de menus cens venant de Jehan de Malegaille. Le dictionnaire de la noblesse a probablement oublié un fils, Jehan II de la Heuze, qui aurait hérité de son père, mort à Azincourt...

Un dictionnaire généalogique nous indique qu'en 1467, Jehan II de la Heuze donne quittance de 200 livres sur sa pension à luy accordée par le roi sur sa charge de capitaine de 34 lances et des gens de trait du ban et de l'arrière-ban. Il en donna deux autres en 1471 et 1476 (cabinet de Mr Clérambaut). Marié à Marie d'Estouteville, dame de Lammerville, fille de Robert d'Estouteville et de Marie de Sainte Beuve, il la laissera veuve en 1484 et mère d'Adrian.

En 1496, un document anodin d'une demi-page, concerne la seigneurie de Villeconin. Noble et puissant Adrian de la Heuze, écuyer, seigneur dudit lieu de la Heuze, Frières, Bailleul, Quevilly et Villeconyn et baron de Cotigny, en son nom fait et constitue son procureur, Jehan Thiboust le jeune, fils de Péronnet Thiboust,auquel il donne pouvoir de régir, garder et gouverner tout et chacun, les héritages terres et autres possessions et immeubles que ledit constituant a et peur avoir à causse de sadite seigneurie de Villeconin, de bailler à tiltre de ferme loyer d'argent , maison de grange à telle personne et pour tel prix que bon lui semblera, recevoir le prix desdites fermes, ensemble tout ce qui audit constituant est print à cause de cens, rentes, et autres droits seigneuriaux, audit constituant appartenant, à cause de sadite seigneurie de Villeconin, recevoir toutes foys & homages des fiefs terre et seigneurie relevant diceluy constituant, ..., ensemble tous reliefs, rachats quint deniers, ventes saisines et amendes, ..., de bailler à cens et rentes les masures, terres et autres héritages qui sont en ruyne et non valeur à iceluy constituant, aussi appartenant audit constituant, à cause de sa seigneurie de Villeconin, à telle personne et à tel prix que bon lui semblera, ... Ce document montre à l'évidence que Villeconin n'a pas été épargné par la guerre de Cent Ans, que pour reconstituer une seigneurie ayant quelque valeur, la solution classique de baux à rentes est retenue comme dans toute la région. Qu'également le seigneur de la Grange (amiral de Graville) fait la même démarche en 1492. Les documents qui viennent d'être évoqués montrent qu'il s'agit bien des Heuze, seigneurs en Normandie. Pourquoi Villeconin fait-il partie des biens de ce personnage ? La réponse vient probablement de l'apport fait par Marie d'Estouteville, mère d'Adrien, lors de son mariage avec Jehan II de la Heuze.

Adrien est encore vivant en 1503 lors de l'élaboration d'un registre des fiefs et arrière-fiefs du pays de Caux en Normandie. Marié à Anne de Pisseleu, ils n'auront pas d'enfants. Ce sera la fin des de la Heuze seigneurs de Villeconin.

Les de Labarre seigneurs de VilleconinLe dictionnaire de la noblesse note Jehan III de Labarre, écuyer seigneur de Rinville époux de Jehanne de Souplainville, fille du gouverneur de Montargis. De ce mariage vint Guillaume de Labarre écuyer seigneur de Rinville vivant en 1426. Il eut pour fils Jehan de Labarre seigneur de Rinville qui épousa Marie Desmazis . Cette dernière le fit devenir seigneur de Groslieu, Arbouville & Vaubenard. Mort le 8 mars 1489, il fut inhumé en l'église Saint-Germain de Dourdan. Son mariage fut passé devant Rolère tabellion d'Etampes le 18 novembre 1455. Marie Desmazis, née le 28 mars 1440, fille de Jehan Desmazis, écuyer, seigneur de Brières, Marchais, ..., capitaine & bailli des villes et château d'Etampes & de Dourdan, et de Jehanne de Brouillard, fille de Guillaume de Brouillard, chambellan du Roi, et de Marguerite d'Orgemont. De cette union sont issus:

- Jacques de Labarre seigneur d'Arbouville, mort le 11 juillet 1528, avoit épousé Jehanne du Bouchet. Ils eurent pour enfans:

1) François seigneur d'Arbouville qui épousa le 6 juillet 1532 à Estampes, Pernelle de Fleury

2) Louis de la branche de la Chaussée en nivernois,

3) Marguerite, femme le 2 septembre 1514 de Louis d'Estouville, chevalier, seigneur de Villeconin,

4) Anne, femme le 1er décembre 1515, de Jehan de Reviers, escuyer, seigneur de Souzy, Mauny et Villeconin près Dourdan, qui fit foi et hommage au Roi, à cause de sa grosse tour d'Estampes, en la chambre des comptes de Paris, le 5 janvier 1512, pour raison de la moyenne et basse justice de Souzy.

De cette généalogie succincte, on peut en déduire, qu'à un an d'écart, les beaux-frères d'Anne et Marguerite sont sans ambiguïté seigneurs de Villeconin.

De plus comme ils sont probablement seigneurs en partie, la logique voudrait que la branche de Labarre ait acquis ou hérité de la seigneurie de Villeconin ou bien qu'une union se soit faite avec la famille de la Heuze ? D'après une source Adrien de la Heuze serait décédé en 1504 sans postérité.

Les Estouteville seigneurs de VilleconinLes premières informations sont toujours extraites de documents généalogiques.

En 1525 une déclaration au Roy par Georges de Cochefilet, seigneur de Vaucelas, Villeconin, Étrechy , pour les seigneuries de Vaucelas et Villeconin. Nous ne retiendrons pas cette information.

D'autres documents plus fiables le déclarent décédé en 1535 et ayant les qualités de seigneur de Vaucelas et Levainville.

Choisissons plutôt des actes concrets, en l'occurrence trois minutes de notaires parisiens qui traitent d'une rente de 17 lt! L'analyse d'un acte d'avril 1561 fait mention de deux constitutions de rente représentant cette somme:

- la première passée en 1548 se passe entre Jehan d'Estouteville et le collège de Sorbonne. Jehan obtient 6 livres de rente pour un principal de 60 lt sur des héritages qui furent à Jehan d'Estouteville en son vivant escuier seigneur de Villecongnyn, se faisant fort de Anne Pichot sa femme ...,

- la seconde passée en 1550 met les mêmes parties en présence, il s'agit de 11 lt pareillement de rente sur des héritages tant à Villecongnyn qu'à Lardy appartenant audit Jehan d'Estouteville tant de son conquest que du propre de Jehanne de Babin sa femme. Cette dernière ratifiera la constitution devant Kathelin notaire à Villecongnyn.

La suite se passe en 1561 et concerne les mêmes rentes, Jehan d'Estouteville est décédé.

Au mois d'avril, les compagnons et boursiers du collège de Sorbonne, fondé en l'université de Paris, s'assemblent pour traiter ce qui ensuit : nomment deux procureurs docteurs régents en icelle faculté, et donnent pouvoir pour décharger la veuve et héritiers de feu Jehan d'Estouville en son vivant escuier seigneur de Villecongnyn, ensemble les héritages de 17 livres de rente que ledit collège a droit de prendre aux quatre termes sur la terre et seigneurie de Villecongnyn, en raison de la constitution que ledit deffunt avoit faite audit collège le 8 may 1548 et le 8 mars 1549.

Le mois suivant, les représentants du collège reçoivent Charles Bernard, greffier et receveur de la terre et seigneurie de Lardy qui agit au nom de noble dame Jehanne de Carnazet, dame de Lardy. Lesquelles parties de leur bon gré, font les eschanges qui ensuyvent :

- le collège de Sorbonne cedde la rente de 17 lt sur le fief terre et seigneurie de Villecongnyn, consistant en chastel et maison seigneuriale, basse justice, mairerie, cens, rentes, prés, terres labourables, garenne ...

- 80 arpens de terres à Lardy …

qui lui appartenoient tant de son conquest que du propre de Jehanne de Babin sa femme... rappel des deux constitutions de 1548 & 1550. Jehanne de Babin rattifie devant Kathelin notaire de Villecongnin…

Il est aussi mentionné que Jehanne de Carnazet a acheté certaines terres à Jehanne de Babin dame de Villecongnyn, cette derniere remariée, séparée en biens… En contre eschange La dame de Lardy constitue une rente du même montant, adossé à la terre et seigneurie de Lardy. Deux ans, après un dernier acte est passé entre le collège de Sorbonne et la dame de Lardy, par lequel les premiers confessent avoir reçu par les mains de Jacques de Carqueville procureur fiscal de ladite dame, 139 livres correspondant au principal de huit livres de rentes restant des 17 livres constitués en 1561. Les compagnons de Sorbonne réclament de plus 10 livres 13 sols pour les arrérages courus sur le remboursement de la rente.

On voit donc un Jehan d'Estouteville seigneur de Villeconin marié deux fois, la première fois à Anne Pichot puis la seconde à Jehanne de Babin et qui décédera entre 1550 et 1561. Sa dernière épouse deviendra dame de Villeconin. La version par laquelle François 1er aurait eu un bâtard d'Anne de Pisseleu sa favorite à cette époque, ou bien de Marguerite de Labarre puisqu'on le rencontre aussi nommé comme bâtard d'Estouteville et qu'il aurait acheté le château de Villeconin semble fantaisiste. Ce Jehan est peut être l'enfant du couple Louis d'Estouteville-Marguerite de Labarre.

Dans son ouvrage sur les villages royaux, A. Menault lui mentionne Jehan III de Reviers gentilhomme de la chambre du roi, ajoutant la seigneurie de Villeconin à celle de Mauny. Or nous avons vu que ce Jehan de Reviers était déjà seigneur de Villeconin depuis 1514, année de son mariage avec Anne de Labarre. On voit également que François 1er aurait acheté Villeconin pour le donner à son batard et après son décès le donner à Jehan III de Reviers. Enfin on peut lire qu'un Jehan de Reviers vend en 1567 cette seigneurie à Jacques de Cochefilet . Pour notre part, nous nous en tiendrons aux faits concrets.

Retenons également dans les informations trouvées pour cette période, que, dans un inventaire de 1656, il a été vu un sac contenant le partage de Villeconin entre les Destoutteville et les Desvespes. Cette piste donne certainement la solution.

Villeconin aux Cochefillet

Faisons d'abord un peu de généalogie avec la famille de Cochefillet, notamment par deux actes trouvés en Eure-et-Loir dans les tiltres et papiers estans chez Monsieur de Vaucelas, en sa maison de Levainville, près Gallardon :

- le premier où l'on trouve "dame de Jehanne de Hangest, veufve de feu messire Georges de Cochefilet chevalier seigneur de Vaucelas et Levainville, tant en son nom que comme ayant la garde noble de Jacques de Cochefillet, écuyer, mineur dudit deffunt et delle, donne à l'église..."

- un contrat de mariage passé le 10 juin 1567 entre Jacques de Cochefilet, escuyer, seigneur Vaucelas et Levainville d'une part, et demoiselle Marie Arbaleste fille de noble homme Guy Arbaleste vicomte de Melun. Il n'est pas fait mention de Villeconin.

Quelques années passent la seigneurie de Villeconin dans la famille des Cochefilet, l'acte à trouver.

En 1607, André de Cochefilet se marie avec Elizabeth de Laubespine. Ce personnage va devenir hault et puissant seigneur, chevalier des ordres du roy conseiller en ses conseils, ambassadeur pour sa majesté en Espagne, seigneur de Vaucelas, Levainville, Garancières, Vauvineux, Villeconin, Montgaudry ... La liasse contenant cet acte n'est pas consultable vu son état.

À cette époque, le lieu ne semble pas être considéré comme une villégiature mais plutôt comme source de revenus.

En 1609 , notons un arrest de la cour de parlement entre André de Cochefilet et François du Rousset maintenant le seigneur de Vaucelas en la justice moyenne et basse sur les hommes et les bêtes demeurant audit Estrechy .

En 1628, André de Cochefilet, décède. Son inventaire après décès aurait pu nous apporter l'histoire de la seigneurie de Villeconin. Comme son mariage, la liasse contenant le document, vu son état est également inconsultable.

En 1639, sa veuve qui vit à Paris, s'offre une grande maison, rue des bons enfans, appelée lhostel de Méluzine. L'acquisition est réalisée par adjudication moyennant la somme de 32.000 lt.

En 1644, la dame de Vaucelas et ses deux enfants Guillaume et Charles procèdent à un partage , document non encore trouvé.

Notons quelques foy et hommage rendus au seigneur de Villeconin, pour montrer les fiefs en relevant:

- fief du petit buisson,

- fief de Malescot,

- partie de la seigneurie de Gravelle,

- fief de Margaille,

- fief du grand Maistre.

En 1656, La dame de Vaucelas décède. Son inventaire après décès révèle l'aristocratie de la famille. Hault et puissant seigneur Messire Guillaume de Cochefillet, chevalier comte de Vaucelas, seigneur de Levainville (Beauce), demeurant ordinairement en son chasteau de Levainville comme exécuteur du testament de sa mère dame Elizabeth de Laubépine, habile à se porter héritier ou légataire universel de la deffunte et en la présence de hault et puissant seigneur Messire Charles de Cochefillet, chevalier, seigneur de Vaucelas et Villeconin, Leschelles, demeurant ordinairement en son chasteau des Chaises, païs du Perche, aussy habile à se porter héritier de la deffunte... Suit l'inventaire, la dame est décédée en sa maison, rue des bons enfans, en présence de Jean Pillier son maistre dhostel, Claude Tameu, sa demoiselle servante, Madeleine Bourguignon, sa femme de chambre, Perrine Moreau servante de cuisine, Lubin du Feu cocher, Robert Portier, Gervais Toyes, et Sornin Bareau laquais...

Cette énumération montre le train de vie de la défunte et localise les résidences de ses enfants bien éloignées de Villeconin. Passons sur les biens matériels et regardons les tiltres et papiers. Les trente premières côtes sont décrites comme des sacs de toile renfermant notamment ce qui nous intéresse "l'historique des biens de la famille remontant jusqu'au partage de Villeconin entre les Destouteville et Devespes" . La description du contenu des sacs n'est pas fait, il ne s'agit que d'intitulés! Deux mois après a lieu le partage entre les frères Cochefillet. Guillaume de Cochefillet chevalier, comte de Vaucelas, et Charles de Cochefillet, seigneur de Vaucelas, disant qu'estant arrivé le décès de dame Elizabeth de l'Aubespine leur mère, ils ont fait inventaire après son décès et ont transigé sur l'hôtel parisien, rue des bons enfans. Il ne reste plus aujourd'hui qu'à partager les chatellenies.

Pour cette chronique nous ne retiendrons que Vaucelas, Villeconin, Vausalmon, au baillage d'Estampes, dont la défunte jouissait pour son douaire. L'hôtel parisien et lesdites terres et seigneuries sont échues à Guillaume. Sans avoir vu un seul chiffre il est évident que Vaucelas et Villeconin ne représentent qu'une petite partie du patrimoine de la famille. On peut penser qu'Elizabeth de Laubépine vivait à Paris et se rendait à Villeconin en villégiature.

Guillaume de Cochefillet cherche a agrandir son domaine, et l'année suivante, acquiert la terre et seigneurie de la Grange de Villeconin. Ce personnage sera le premier à détenir la seigneurie de la Grange et celle de Villeconin, comme certains l'ont affirmé pour des périodes plus anciennes en amalgamant les deux seigneuries.

En 1658, un bail mérite toute notre attention: Guillaume de Cochefillet, comte de Vaucelas, seigneur d'Estrechy, Villecongnin, la Grange, Souzy, Beaumont, la Norville ... et autres lieux de présent en son chasteau et lieu seigneurial de Villeconnin, confesse avoir baillé à tiltre de loyer et prix d'argent pour le temps et espace de 10 ans, à Claude Ruelle, sieur du Mesnil, garde du corps de Monseigneur frère unique du roy et Jeanne Salot sa femme demeurant à Estrechy, c'est à savoir:

- la recepte, fermes et mestairie du lieu seigneurial de Villeconin, assis dans la paroisse dudit Villeconin, Souzy et environs, avec toutes les maisons et foulleryes qui sont dans le village dudit Villeconin et Montflix, les terres, vignes, préz et pressoirs, bois, buissons, censives, rentes, lods et ventes, droit de rouage et généralement tout ce qui appartient audit seigneur de Vausselas audit Villeconin. à la réserve de ce qu'il a baillé à André Cocheteau,

- avec la maison de la ferme qui se consiste en deux chambres basses, garde robbe, grenier, escuryes, grange,estable, toit à porcs, poulailler, colombier, avec la cave de la cour scellier dessous le chasteau et autres aisances servant au fermier,

- jardin clos d'arbres fruitiers,

- fossés à poissons autour dudit chasteau,

- avec deux chambres dans le vieil chasteau seullement attendu que le seigneur s'est réservé deux desdites chambres qui sont dans ledit vieil chasteau, avec son grand corps dhostel, ses escuryes, remise de carosse, chambre de ses laquais, garde manger, charbonnier, et la petite maison de la grand cour avec un grenier au dessus de l'escurye des chevaux pour y mettre du foin...

Lesdits preneurs disant bien savoir congnoistre pour en jouir ... suivent les conditions d'entretien des terres, vignes, et les dix coupes de bois à régler... Le bail fait moyennant 1.600 livres de ferme... sera fait un inventaire des huis, portes, fenestres, serrures, clefs, meubles, titres. Oultre seront tenus lesdits preneurs de tenir les portes ouvertes dudit chasteau et pont levis quand le seigneur voudra venir ... passé devant Berchere notaire à Villeconin.

Ce bail est intéressant car il donne une description sommaire du château, de ses abords, et confirme que le seigneur ne vient qu'occasionnellement à Villeconin. Certains détails, remise de carrosse, chambre des laquais, charbonnier, pont-levis, confirment que ce lieu était devenu une demeure cossue, dans la première moitié du XVIIe siècle.

Villeconin aux Merault

En 1659, un changement important intervient dans la région, le scénario se déroule en deux phases, la première est une promesse d'échange entre Guillaume Cochefillet et Pierre Mérault, à charge par l'acheteur de faire un état des biens à échanger.

L'échange qui va suivre est intéressant à plus d'un titre, il mentionne un certain nombre de seigneuries dont celles de Villeconin et de la Grange sur Villeconin. Hault et puissant seigneur, messire Guillaume de Cochefillet, chevalier, comte de Vaucelas, seigneur dudit lieu, de Levainville, Villeconin, Destrechy et autres lieux, demeurant à Paris, paroisse Saint-Eustache, d'une part , messire Pierre Mérault, vicomte hérédital de Chasteaufort, seigneur de Bonnes, Mauchamps, Gif et Corbeville, maistre d'hostel ordinaire de la feue dame Reyne ayeulle du Roy, lesquelles parties font les eschanges qui ensuivent, le seigneur de Vaucelas cède:

- la terre et seigneurie de Vaucelas, consistant en chasteau et bassecour, composée de plusieurs bastimens dans lesquels est une chapelle, un clos d'arbres, ...,

- la mestairie de Chauffour et fief du colombier sis à Estrechy, une maison en forme de grange, ...,

- item les terres et seigneuries de Villeconin, Vausalmon consistant en en haute moyenne et basse justice, droits seigneuriaux, droits honorifiques en la paroisse de Villeconin, un chasteau à pont levis audit Villeconin entouré de fossés plain d'eaux vifves, composé de plusieurs bastimens, cour, ..., terre, aux terroirs de Villeconin, Souzy, Montflix,

- item le clos de Vausalmon, ...,

- item le fief d'Ardenelle, ...,

- item la terre et seigneurie de la Grange sur Villeconin, consistant ...

appartenant au seigneur de Vaucelas, scavoir les terres de Vaucelas, Villeconin & Vausalmon tant de son propre par le partage fait avec Charles de Cochefillet, et au moyen de l'acquisition de la terre et seigneurie de la Grange qu'il a fait à Nicolas Collin... En contre eschange le sieur Mérault cède 5.333 lt de rente montant en principal à la somme de 106.000 lt .... A été accordé que le seigneur de Vaucelas pourra pendant sa vie continuer de prendre la qualité de seigneur dudit Vaucelas.

Cet acte permet d'affirmer que le château est toujours debout et possède un pont-levis. Pierre Mérault, nouveau seigneur de Villeconin, considère ce lieu comme une source de revenus. Donc, propriétaire de Villeconin et des autres seigneuries ci-dessus, auxquelles il faut ajouter, Corbeville, Gif, il porte son choix sur Bonnes (Chamarande) pour en faire un lieu de villégiature. Après cette acquisition, Pierre Mérault met en adjudication tout ce qu'il vient d'acheter pour purger les éventuelles hypothèques attachées à ces biens.

Après cet achat, il se soumet à la règle classique des hommages, qui sera confirmé par un arrest de la chambre des comptes, déclarant qu'il était tenu de faire au roy pour la terre et seigneurie de Gif prez Chevreuse, circonstances et deppendances avec tiltre de vicomte hérédital, relevant du roy à cause de sa grosse tour de Chateaufort, ... de la terre et seigneurie de Bonnes prez Estampes ... relevant du roy à cause de sa grosse tour d'Estampes, ... la terre et seigneurie de Vausselas partie du bourg Destrechy & de la terre et seigneurie de Villeconin, mouvant du Duché d'Estampes...

Ce personnage organisé va en 1662, faire consigner par écrit l'étendue de ses acquisitions; à cet effet il conclut avec Pierre Garsault, sergent royal demeurant à Estrechy, un marché par lequel ledit Garsault s'engage et s'oblige de faire les cartes, plans et description de l'étendue des terres et seigneuries de Bonnes, Mauchamps, faire les papiers terriers desdites terres et seigneuries, ... moyennant 300 livres. Une annexe est faite pour parachever les papiers terriers des terres et seigneurie de Vaucelas, Villeconin, la Grange ... Notons également le paiement de 36 livres pour subvenir aux frais et dépenses des hommes qu'il emploiera pour lui aider à montrer l'étendue des terres.

Pierre Mérault décède en 1668, suivi quelques années plus tard par son épouse. Notons dans l'inventaire du premier président à Paris, trouvé trois carrosses dont deux vieux , deux chevaux de selle, cinq de carrosse, une mule, mention du château de Gif, également celui de Bonnes dont l'inventaire a été également fait. Le couple sans enfant voit ses biens partagés entre la famille collatérale de Pierre Mérault, et un neveu de l'épouse François Glué qui va hériter de Chamarande ... et Villeconin. Comme nous l'avons vu dans la chronique sur la Grange de Villeconin, en 1675 un partage a lieu des biens du couple entre les Mérault et François Glué. Ledit Glué se voit attribuer en autres les terres et seigneuries de Bonnes, Boinville, Vaucelas, Vilconin, la Grange et Mauchamp, avec une ferme à Boissy-le-Sec:- La terre et seigneurie de Villeconin située en la paroisse dudit Villeconin, concistant en château seigneurial, justice haûte moyenne et basse, cour, bassecour, bois de haute futaye au fief Dardenelle, autres fiefs et arrères fiefs, cens, rentes seigneuriales en denier, poules et chapons, droit de rouage, pressoir banal, droit des peshe et de chasse, droits honorifiques en la paroisse de Villeconin, terres labourables et prez, bois, taillis, vignes aunoyes, rentes foncières et de bail d'héritages, maisons scituées dans le bourg dudit Villeconin et à Montflix, comme ledit sieur Mérault en jouissait le jour de son décès, avec les augmentations qu'il y a fait faire, estimé à la charge des droits et devoirs seigneuriaux et féodaux ... estimé à la somme de 40.000 livres.

- item le fief terre et seigneurie de la Grange scituée en la paroisse dudit Villeconin concistant en bastimens, justice haute, moyenne, basse, cens, surcens, terres labourables, prés, bois, taillis, vignes, et rentes constituées sur plusieurs maisons terre et héritages scis audit Villeconin, sans rien excepté tel qu'en jouissait... prisé à la somme de 25.000 livres.

L'ensemble des seigneuries représente 604.000 livres regroupées en deux lots de 302.000 livres. Les parties font appel à un jeune garçon passant par la rue pour jeter au sort les lots tirés dans un chapeau... Comme nous l'avons dit le lot contenant les deux seigneuries assises à Villeconin est eschu à François Glué d'Espinville. Ce partage montre que Villeconin dans son ensemble ne représente que 10% des biens des défunts.

Le neveu d'Anne Glué ne peut honorer les droits et créances attachées à la succession de son oncle. Une mise en adjudication est faite par les créanciers, un adjudicataire fait une proposition qui sera retenue. Des affiches sont posées aux églises d'Eglys, de Bonnes, Mauchamp, Villeconin, Chalot-Saint-Mars, Boissy-le-Sec, Souzy, Sermaise-sous-Dourdan, Saint-Chéron, Avrainville, Lardy, Torfou, Boissy-Saint-Yon, La Briche, Saint-Sulpice de Favières, Chauffour, Estrechy, Dourdan, Estampes. Pour ce qui concerne cette chronique Villeconin fait partie de l'ensemble et passe dans les mains de Clair Gilbert d'Ornaison.

Villeconin à Clair Gilbert et Louis d'Ornaison

Pierre Mérault, ..., commandeur et chancellier de l'ordre de Notre-Dame du Mont Carmel et de Saint-Lazare de Jérusalem, ..., tous créanciers de François Glué, Seigneur d'Espinville, ..., suite à l'abandonnement et à la procuration donnée auxdits créanciers pour vendre les biens qui ensuivent, les terres et seigneuries de Bonnes, Grandboinville, Vaucelas, Villeconin, la Grange, Mauchamp, avec une ferme à Boissy-le-Sec, fief d'Ardenelles, Vausalmon, Estrechy en partie, fief du bois Desnotz, fief du Colombier, selon le partage fait en 1675 vont faire saisir les biens les mettre en adjudication ... Bref après neuf années, l'ensemble est estimé à 220.000 livres, une enchère portée à 236.000 livres, ils adjugent purement et simplement à Clair Gilbert d'Ornaison, comte de Chamarande, et Louis d'Ornaison aussi comte de Chamarande, c'est à savoir les terres et seigneuries de Bonne, ..., la vente faite moyennant 236.000 livres. Pour résumer l'acte, le paiement de l'adjudication est réalisé par le fils, de liquidités provenant de son mariage; le père aura la jouissance des biens sa vie durant.

À partir de cette époque, la seigneurie de Villeconin sera considérée comme une source de revenus et plus comme un lieu de villégiature comme il a pu l'être dans la première moitié du XVIIe siècle. Chamarande et les seigneuries sus-mentionnées vont d'abord être gérées par le père Clair Gilbert d'Ornaison puis par son fils Louis.

Villeconin aux Talaru

En 1736, Louis d'Ornaison se sent vieillir et rédige son testament faisant legs à son neveu Louis de Talaru de ses biens et notamment pour cette chronique, de la seigneurie de Villeconin. Il décède l'année suivante. Son héritier, Louis Talaru va donner Villeconin à son fils Cézard bien que nous n'en ayons pas la preuve. L'inventaire après décès de Louis d'Ornaison, presque illisible est intéressant au chapitre des revenus où l'on peut extraire que:

- le bail de Villeconin est noté pour 2.000 livres et un agneau,

- le bail de la Grange pour 700 livres et six chappons.

Notons un revenu global de 15.000 livres et des dépenses pour 12.000 livres; il est dû au jardinier du château de Chamarande 600 livres à comparer avec 700 livres pour la ferme de la Grange avec 160 arpents!

Au chapitre des impayés des particuliers, le fermier de Villeconin, Pierre Desforges doit 2150 livres, la veuve René Pinault fermière à la Grange, 1632 livres.

Louis Talaru, marquis de Chalmazel et comte de Chamarande décède en 1763 au château de Versailles. Son épouse, Marthe Françoise de Bonneval, ainsi que ses quatre enfants, demandent l'inventaire après décès du marquis. Un inventaire sera également fait dans l'appartement qu'ils ont au château de Fontainebleau. Notons dans ce document de plusieurs centaines de pages, les déclarations de titre nouveaux faits par des habitants de Villeconin à leur seigneur Louis de Talaru. Curieusement au chapitre des baux des fermes et terres, Villeconin et la Grange n'apparaissent pas ? Ont-ils déjà été donnés aux enfants ? Le fils aîné Césard, représenté par sa femme Justine de Sassanage, se voit attribuer, entre autres, les seigneuries de Villeconin et la Grange.

Examinons le terrier fait en 1753, à la demande de Cezard Marie, marquis de Talaru, dressé par François de Gorce notaire et commissaire à terrier tant sur les aveux rendus aux seigneur dominant des fiefs composant l'universalité de la terre dudit Villeconin:

Le seigneur a tous les droits de justice sur cette terre unie au comté de Chamarande,et tous les droits honorifiques en l'église dudit Villeconin. Plus ledit seigneur a droit de percevoir toutes les dixmes de grains, vins, et autres fruits décimaux qui se récoltent à Villeconin. Le seigneur possède :

- le bois de la garenne contenant 14 arpents,

- le bois Fourgon contenant 34 arpents,

- le bois de Valsamon contenant 94 arpents, ...

Le fermier jouit :- du chateau et lieu seigneurial de Villeconin, étant actuellement pour ainsi dire en ruine, avec la bassecour dudit château consistant en plusieurs bâtiments servant à usage de fermier, écurie, vacherie, sellier, granges, cour, colombier à pied, avant cour plantée de noyers, jardins, terres labourables et prez, le tout contenant environ 4 arpents, que le seigneur tient en plein fief du seigneur de Saint Maurice comme faisant partie du fief d'Ardennes,

- item un corps de logis contenant le pressoir, ...

- suivent 20 pièces de terre représentant 45 arpents,

Ensuit le domaine de la Grange sur Villeconin:

- Ladite seigneurie consistant en maison seigneuriale, fermée de murs, batiments, ediffices, enclos, terre et patis, anciennement en garenne contenant 5 arpents,

- item 158 arpents en 17 pièces .

L'examen de ce terrier informe composé de deux documents nous précise une multitude de détails, les terres relèvent de chantiers listés en partie cy-dessous avec les suzerains dont ils sont mouvants:

1) les effondrés, la prairie, la Brière des fourches, le Paradis, la tuilerie, les marnières, Bois Fourgon, dans la seigneurie de Villeconin relevant du roy,

2) le fief de La Grange, Montflix relevant du seigneur de Marcoussis,

3) le fief du Buisson appartenant à Mr de Lamoignon, relevant de Vaucelas,

4) les longs prés, Montflix, la Mothe, mouvant du fief Dardenelles, relevant du seigneur de St Maurice.

Les deux registres ont une clef d'accès qui comporte 1500 rubriques. Les amateurs de généalogie peuvent ainsi retrouver les biens de leurs ancêtres à Villeconin.

Villeconin sous la Révolution

La Révolution sera fatale à Cézard de Talaru. Ce personnage, qualifié en 1763 des titres de maréchal des camps et armées du roy, inspecteur général d'infanterie, premier maître d'hostel de la Reine, va être considéré comme un "cy-devant"... On réquisitionne son hôtel particulier pour en faire une prison dont il sera le premier pensionnaire. Il sera guillotiné le 4 thermidor an II. Sa nièce Césarine de Talaru va devenir héritière de son oncle César en indivis avec la République !

Donc une semaine après l'exécution du serviteur de Marie-Antoinette, la famille Talaru est dans une position peu enviable:

- le frère de César, évêque de Coutances, n'ayant pas prononcé les serments des ecclésiastiques, a fui la France pour l'Angleterre.

- la belle-soeur de César, Henriette Becdelièvre, est passée par la case prison, rue de Sèvres,

- le futur propriétaire de Chamarande, Louis Justin Talaru, est, officiellement d'après sa mère, parti dès 1787 voyager pour achever son éducation.

Les biens de César de Talaru sont en principe dévolus à son frère Ange François considéré comme "déporté" .

En fin octobre 1794, le district d'Etampes va s'occuper des biens confisqués sur César Talaru, condamné. Nicolas Choner, cultivateur de la Briche et Antoine Ruzé maire de Villeconin, nommés commissaires experts, nous sommes transportés accompagnés des officiers municipaux, sur un bien appelé la ferme du château, habité, un corps de ferme en ruine dite les mazures de la Grange, et un bâtiment avec un pressoir... Après examen ils ont considéré que cet ensemble serait divisé en 59 lots… Le détail de la description des biens sera repris lors de l'adjudication. Il faudra quatre jours pour finaliser les lots.

En 1778, Louis François de Talaru a un différend avec son frère Cézard au sujet des fermes du Rousset, Vinthué, la petite et la grande ferme de Vaucelas paroisse d'Etrechy, la ferme de la Grange sur Villeconin, la ferme et le vieux château de Villeconin, la ferme de Torfou et celle de Montfort . Ces biens seroient vus et visités par experts... Ne retenons que ce qui concerne Villeconin de réunir les terres et prez de la ferme dudit Villeconin, dont le fermier fera sa demeure dans les bâtiments du vieux château et basse cour dudit Villeconin, et à cet effet de faire augmenter les granges de ladite ferme, par un nouvelle bâtisse, même de faire démolir quelques planchers du vieux château pour servir à serrer les récoltes des deux fermes réunies; et au moyen de cette réunion, démolir les bâtiments de ladite ferme de la Grange dont les matériaux seront employés à la ferme et vieux château de Villeconin, et le surplus aux bâtiments des autres fermes du Comté de Chamarande ... Après expertise par les représentants des deux parties: - on voit qu'examen fait d'une ferme appelée la Grange sur Villeconin, paroisse dudit Villeconin occupée par Louis Bréau et de tous les bâtiments qui la compose, ainsi que des terres et héritages en dépendant, ils ont remarqué que tous les bâtiments de ladite ferme ne valent rien, et sont en mauvais état de réparation et la pluspart étant dans ce cas d'être refait à neuf et en entier, lesquelles réparations les plus urgentes, après les avoir vus et examinés , il les ont estimés à la somme de 3.000 livres, - qu'examen fait de la ferme, basse cour et vieux château de Villeconin, occupé par ledit Louis Bréau, et de tous les bâtiments qui les composent ainsi que des terres et prés en dépendans, ils ont remarqué que tous les bâtiments qui compose ladite ferme, ainsi que ceux du vieux château sont en bon état de réparation, Et au surplus, examen fait desdites deux fermes et basse cour et du vieux château ainsi que leurs dépendances, sur les avantages et les inconvénients, ... ils ont estimé pour le suppliant de détruire et démolir tous les bâtimens qui composent la ferme de la Grange et de réunir toutes les terres à la ferme de la basse cour du château, pour ne composer à l'avenir qu'une seule ferme audit Villeconin, en faisant dans le vieux château démolir plusieurs planchers pour en former des granges qui serviront à serrer les récoltes des deux fermes... Apparemment ces visites n'ont servi à rien, les vestiges de la ferme de la Grange existent encore de nos jours. Louis François de Talaru décède en 1782.


Le 11 novembre 1794, les administrateurs du directoire du district d'Etampes, accompagnés par l'agent national du canton de Bonne (Chamarande n'existe plus!), lequel a annoncé qu'il alloit être procédé à la réception des premières enchères selon l'affiche du 9 novembre : 1°) ferme de Villeconin : Un corps de ferme situé à Villeconin consistant en maison, cour, granges et greniers, environnés de fossés poissoniers à demi comblés, jardin et avant cour, dite la cour verte, le tout distribué ainsi qu'il suit : • à l'entrée de la ferme, une porte charretière et petite porte à côté, • dans la cour en entrant à gauche, un corps de logis consistant en une cuisine pavée en grès, éclairée d'une croisée exposée au couchant, évier à grands carreaux en mauvais état, au dessus deux fours et cheminée à l'antique, • A côté gauche en entrant dans le corps de logis, une grande chambre éclairée d'une croisée au couchant, un évier en pierre au dessous, cheminée à l'antique pavée en grès… surmonté de greniers • une petite laiterie chambre au dessus, • à gauche de la cuisine, deux toits à porc, un poulailler, une écurie de trois travées, autre écurie à côté,

• une vacherie de trois espaces,

à côté une grange de trois espaces,

• au fond de la cour une bergerie de trois espaces et une volière toute en ruine,

• au milieu de la cour, la carcasse d'un ancien château réduit en granges de six espaces,

• à côté de la carcasse, un cellier d'un espace surmonté de trois chambres servant de grenier à bled,

• à côté, une bergerie de quatre espaces contigu à une tourelle dans l'angle droit de la cour

• 150 arpents de terres.

Lesquels bâtiments couvert de tuilles… le tout contenant trois arpents ; plus un bâtiment de trois espaces à usage de pressoir… A l'issue de cette journée aucune enchère n'a été déposée. Le lendemain de Noel a lieu l'adjudication définitive, mise à prix 50.000 livres… au quatorzième feu, Etienne Lemaire remporte l'adjudication moyennant 110.000livres et déclare que c'était pour Louis Mathieu Petit de Breux et François Huet de Chauffour. 2°) Voyons maintenant le second lot dont les préliminaires sont identiques. L'emplacement d'un corps de ferme en ruine appelée Mazure de la Grange contient environ trois quartiers, tant en cour que ruine, et petit bâtiment dans l'angle à droite en entrant composé :

• d'une petite cuisine éclairé d'une croisée au levant, avec cheminée à l'antique et un four en mauvais état,

• à côté gauche de la cuisine, une petite chambre éclairée idem, les deux fenêtres garnies de contrevent à double battant,

• au dessus desdites pièces une grenier,

• dans l'intérieur de la cour au levant, une petite cave fermée d'une vieille porte, et au nord de ladite cour une grande cave sans porte,

• dans un angle au midi une tour découverte ceintrée par le bas sans porte servant de bucher

• dans un angle au nord une autre petite tour découverte ceintrée par le bas fermée d'une vielle porte servant d'étable,

• au couchant, à l'extérieur de la cour, un jardin clos de pierres sèches,

• item quatre arpens tant terre que friches…

Le lendemain de Noel, le second lot est mis aux enchères, au neuvième feu le citoyen Jean François Perré de Villeconin dernier enchérisseur pour 4050 livres.

En l'an VIII, à la fin de l'administration des communes par canton, le préfet nomme François Michel Rotrou comme maire et le citoyen François Huet ex agent de ladite commune, comme adjoint. Lesdits , à défaut de maison commune, se transportent dans le Temple décadaire (église) pour prêter le serment de fidélité à la constitution. Les mariages civils se font dans une église! En fin d'année, Jean Baptiste Daverdisse, ministre du culte catholique, se présente à Villeconin, le maire l'accueille officiellement pour exercer le culte catholique.

Un état de la population de l'an IX, mentionne l'arrivée de François Huet en l'an V, année de l'adjudication de la ferme du château.

Villeconin au XIXe siècle

La prestation dure deux ans car en pluviose an X, Nicolas Choner, maire de Souzy la Briche, que nous avions vu pour diviser les biens de Talaru en lots, demande à exercer les fonctions de ministre du culte catholique, incessamment ...

Toujours la même année, Jean Franços Perré qui était conseiller municipal décède. L'ancien avocat sera remplacé par Denis Gabriel Péchard.

L'analyse des matrices cadastrales montre:

- pour le château, parcelle A437, donne comme propriétaire la veuve François Huet qui passe en 1862 à la veuve Hubert Nicolas Gautier, née Huet Eulalie, à Villeconin sorti en 1868 ou 1878 La veuve décédée en novembre 1871.

Les masures sont reprises en 1878 par la veuve de Jules Renault, Marie geneviève Lacheny

- pour les ruines de la Grange deux masures, A879 et A882, forment l'ensemble des bâtiments.

D'après Massuchetti, les ruines sont acquises par Jean François Perré, homme de loi, puis Denis Peschard le 18 brumaire an 12. Le premier figurant sur le cadastre est Denis Gabriel Pechard décédé en 1833, lui succède son fils qui décèdera en 1887. Ce sont ensuite Louis Cornet puis Edouard Cornet enfin Désiré Cornet entré 1892 sorti 1899. Une étude complémentaire de cette période serait la bienvenue.

Justin de Talaru décède sans héritier en 1851. Son inventaire après décès doit être remarquable et a dû finir dans une vitrine du principal clerc de l'étude. On est contraint de se rabattre sur le partage de ses biens. Pour cette chronique, on a la confirmation que les anciennes seigneuries de Villeconin et la Grange sont absentes et ont été saisies à la Révolution.

En 1924 Un neveu de la famille Renaud vend le domaine.

En 1926 le manoir de Villeconin est inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques.

En 1932, Il est acheté par Henry de Jouvencel, qui réhabilite les bâtiments et les prairies le transforme en parc, et restaure le château à partir de 1933.

En 1973, Valentine de Jouvencel et son époux le comte Max de Longevialle ouvrent le château au public.

En 1990 il reçoit un prix du jury de l'association des Vieilles maisons françaises, celui de de la première ouverture au public.

Leur fils Roland de Longevialle est maintenant propriétaire du domaine que la famille continue à faire visiter