"Ombres immaculées..."

© photo Jean-Luc Didier

Ombres immaculées sept fois psalmodiées dans le lieu de l'obsolescence des dieux,

dans le lieu sans miroir,

sans prophétie,

dans le lieu sans nom,

nef sans église.

La psalmodie immémoriale, cathartique, muette pour le corps souillé,

s'y déploie.

Flamme sans feu,

elle embrase de clarté le lever du jour d'une éternité dissoute,

sans pierre où graver les peines patientes,

sans pierre où graver l'affliction du souvenir,

sans pierre où graver l'imprégnation de la douleur.

La psalmodie sans naissance, sans fin,

chante les corps absentés,

frissonnantes chrysalides de tulle.

La psalmodie les guide à la lisière de l'innomé,

loin de l'embrasement des chairs,

dans l'oubli de la miséricorde,

dans le corridor des passages,

à la lisière de l'efflorescence nacrée du sommeil.

Alors,

dans une extatique blancheur,

un vol de tulles comme libellules de neige,

sept ombres immaculées,

sept fois psalmodiées.

Jean-Luc Didier