Sous le manteau de chair, la vie
"François Rieux expose a Alter-Arrt des œuvres plus prenantes qu' inquiétantes, où chaque déchirure, chaque lésion des peaux, renvoie à une interrogation sur la vie, la souffrance qui creuse et lacère, réflexion portée par le talent d un artiste peut-être torturé mais incontournable.
D'abord l’œil en quête de vagabondage capte, à l'entrée de la galerie, les minces torses rouges de toreros qui semblent accueillir et avertir le visiteur : le taureau n est pas encore mis a mort pas plus que le matador n'agonise, mais tous deux saignent... Toutes les toiles de François Rieux crient ou hurlent, métaphores de la vie d'une profondeur telle, qu'elle étonne chez un jeune artiste. Peu importe que le médium utilisé soit l'huile ou l'acrylique, ce qui subjugue c'est l'énergie devinée sous le geste du pinceau, du couteau ou des doigts. La souffrance écorche l'homme mais l'artiste a l'habileté de ne pas aller trop loin vers des paysages de peaux plus flagellées ou marquées. Sous les rouges, les bruns, les gris, on ressent, pour peu que l'on cligne des yeux, le halètement des torses. L'homme est un Sisyphe dont les muscles émaciés se bandent, se contractent comme en un combat. C'est la vie qui hurle ici, vie ou tout reste incertain, en devenir. L'œuvre a une force visionnaire, elle se charge à travers les corps de dire les ravages du temps.
Ce ne sont pas ici seulement les yeux qui sont hallucinés, encore faudrait-il savoir s'ils ne sont pas que des trous dans des chiffons jetés sur les visages, pour que leur expression soit de peur, de supplique... Des yeux trous qui brulent, répondant aux flétrissures de la chair qui ne sont ici pas liées à l'âge, mais à la condition d'homme. L'artiste en capture la vérité la plus cruelle avec une intuition fulgurante. Regarder les œuvres de François Rieux c'est se regarder dans un miroir. On touche au destin de l'homme confronté à la maladie qu'est le vivre. L'artiste évoque avec justesse cette lèpre, la profondeur de sa réflexion reste envoutante et rare. Quoi de plus vrai que l'homme qui saigne?"
Jacques Ducret Macé - Novembre 2016
Ondine © François Rieux
Fantôme © François Rieux