Le projet en France : 1984-2000
Obstacles pour créer le projet :
- difficulté à trouver un lieu où l'établir
- les parents peuvent s'opposer à ce qu'on cherche par psychothérapie à venir en aide à leur enfant souffrant de condition chronique
- des enfants en souffrance, notamment autistes, peuvent ètre gardés en institutions où aucune thérapie n'est tentée : profit sur la souffrance.
Ce projet est dédié à tous les enfants qui devraient recevoir les soins et l'environnement nécessaires pour leur permettre de guérir de leurs troubles pour ne pas les condamner à une vie entière de souffrances, à moins qu'als ne meurent rapidement.
Je le dédie en particulier aux enfants que j'ai connus personnellement et que j'ai essayé d'aider dans les années 1980 : Frédérique, Angélique, Petit Claude, et d'autres. Essayer de leur venir en aide a été comme essayer de sauver des enfants juifs par des moyens légaux pendant l'Occupation : impossible. Les autorités locales s'y sont opposées. J'ai envoyé bon nombre de lettres, ai appelé au téléphone bon nombre de gens, me suis déplacé pour rencontrer des fonctionnaires : rien n'y a fait. Les seuls résultats que j'ai obtenus ont été soit aucune réponse, soit
- Je ne suis pas concerné par ces problèmes", soit
- N'étant ni membre de la famille ni praticien traitant vous n'avez aucun droit à intervenir". Dans un cas, la mère de l'enfant autiste m'a menacé de poursuites pénales si j'insistais pour venir en aide à sa fille Frédérique, et j'ai été convoqué au commissariat de police de mon domicile.
En général, tous ces gens ont disposé du pouvoir de m'empècher d'aider ces enfants puisque mes vues étaient contradictoires avec les leurs : officiellement l'autisme était dù à une anomalie cérébrale et cette explication permettait de nier toute possibilité de mauvais traitements ayant causé les troubles chroniques.
Réalisant le sort auquel on les destinait, j'ai été profondément peiné pour tous ces enfants, ces personnes condamnées à vie à souffrir puisque toute psychothérapie leur était interdite.
Un des enfants, la petite Frédérique, s'est cramponnée à ma main quand j'ai quitté Le Coral où elle était l'été de 1981 alors que je n'étais resté que 3 jours et en tant que simple visiteur. Je fus pris par surprise par sa tentative si résolue de rester avec moi. Je n'avais pas soupçonné qu'en si peu de temps elle pourrait éprouver un tel attachement pour moi, j'avais lu que les enfants autistes sont très lents à créer des liens avec autrui. Rien de ce que je lui ai expliqué n'a relàché son emprise : j'étais encore étudiant, en cours de psychanalyse, mon logement n'était qu'une petite chambre de bonne louée à Paris. Je lui promis que je la prendrais dès que mon projet de maison pour enfants serait créé. Mais non, elle voulait rester avec moi sans attendre, sa vie était en jeu et elle avait raison. Dans cette situation je ne pouvais rien faire d'autre que me libérer, faute de mieux : en utilisant ma force, avec ma main libre, mes doigts étant plus forts que les siens, j'ai arraché un à un ses petits doigts, sa résistance n'a pas été suffisante pour pouvoir tenir, sa force trop limitée contre la mienne. Je me suis senti anéanti de n'avoir trouvé rien d'autre à faire. J'ai réalisé qu'elle devait vivre dans un monde de solitude et me suis senti d'autant plus mal de devoir moi aussi refuser la relation dont elle avait si besoin. A sa façon autiste, elle n'a pas versé une seule larme, aucun son n'est sorti de sa gorge ni mème ne m'a regardé. Quand elle a vu qu'elle n'avait plus rien à tenter, elle alla simplement se cacher derrière l'abri de jardin. Je me suis senti dévasté.
Puis les années s'écoulèrent. Bien sùr j'ai toujours gardé le souvenir d'elle et de son appel à l'aide que j'avais si brutalement refusé, toujours brùlant dans ma mémoire. Je me suis efforcé de créer mon projet dans le sud de la France : ça ne s'est pas bien présenté malgré que nombre de responsables d'intersecteurs de psychiatrie infanto-juvénile que j'avais contactés et rencontrés étaient favorables. Mais ces personnes m'avertirent que l'agrément dépendait des DDASS et pas d'als, qu'als ne pourraient pas placer d'enfants si mon projet n'était pas agréé, malgré que dans l'idéal il faudrait que je sois totalement indépendant. Les fonctionnaires des DDASS au mieux furent réticents. Au fil des multiples démarches et déplacements, je finissais par trouver la réalité de ce qu'était le pays "France" : un bien pauvre pays aux mains de ceux qui veulent empècher que l'on fasse son devoir d'aide vis à vis des enfants qui souffrent.
Je me suis alors tourné vers les USA, pays où les valeurs morales et le sens du devoir existent au moins pour certains, et ne fus pas déçu lors de mes premières visites sur place.
En 1990 je suis allé voir Frédérique, donc 10 ans après la très malheureuse scène de mon refus d'elle, elle était alors placée dans un "lieu de vie" de Haute-Loire. Je ne sais pas si elle m'a reconnu, moi je l'ai trouvée si changée physiquement que j'ai eu du mal à la reconnaitre : elle était devenu une jeune femme, mais était toujours autiste, à présent qualifiée de plus de "psychotique". Conformément à la volonté de sa mère et des officiels, elle n'a jamais bénéficié de psychothérapie, malgré que sa mère ait eu le désir de la garder hors des hopitaux psychiatriques. J'ai voulu expliquer à Frédérique ma situation et m'en excuser : mes tentatives ayant échoué en France, je lui promis à nouveau que lorsque mon projet serait créé, je pourrais lui proposer d'y venir dès que possible.
A la suite de ma visite, sa mère interdit que je retourne la voir : que je parle de psychothérapie pour sa fille était inadmissible pour elle. Au téléphone elle s'est exclamée :
- J'ai une deuxième fille qui est également autiste, drole que vous ne le savez pas, vous qui savez tout !"
Je fus atterré d'une telle hostilité mais plus tard j'ai retrouvé avec certains parents d'enfants autistes la mème volonté absolue de bloquer tout processus thérapeutique pour leur enfant comme s'il s'agissait d'un besoin vital, et que leur enfant devait rester toute sa vie autiste pour le bien de ses parents. Comment les autorités pouvaient-als appuyer de telles orientations ?
J'ai réalisé que le droit de guérir pour les enfants n'existe pas lorsqu'il va à l'encontre des besoins des parents, et personne, parents, professionnels, fonctionnaires, associations ne semble vouloir voir la souffrance permanente des enfants pris dans de tels destins : chacun veut garder ses oeillières pour son confort personnel. Tant pis si des enfants se suicident comme unique moyen d'échapper à leurs souffrances, ou s'als meurent de cancer ou d' "accident", on fait comme si tout était normal, l'unique science pratiquée est celle de l'hypocrisie.
Plus tard, par l'intermédiaire d'une psychologue, j'eus l'opportunité de connaitre Angélique, une autre petite fille autiste, àgée de 4 ans, qui avait reçu des coups de son père avant mème d'ètre née, lorsqu'il frappait sa mère enceinte d'elle. Cette fois, la mère ne s'opposa pas à ce que j'aide son enfant. Mais l'enfant fut placée dans une institution à Draveil (91) où on ne pratiquait pas de psychothérapie. J'essayais alors d'aller la voir régulièrement mais bientot mes visites furent refusées, mon attitude thérapeutique allait à l'encontre des leurs : une éducatrice fut surprise de voir l'enfant m'embrasser, cette personne avait été avec l'enfant pendant 2 ans et n'avait jamais reçu cette marque d'affection, elle ne pouvait pas comprendre que les orientations de l'institution obligeaient les enfants qui y étaient placés à vivre dans un vide émotionnel malgré les lieux et conditions supérieurs, grand parc avec poneys, chaque éducatrice avec seulement 3 enfants, l'argent ne manquait pas.
Etant interdit d'accès, je saisis donc le Conseil général de l'Essonne ainsi que la Sécurité sociale qui remboursait de lourds couts de journée alors que la psychothérapie était absente de l'établissement. Le Conseil général fit faire une enquète et m'en communiqua les résultats : "cet établissement n'est pas pire que les autres du mème genre..."
Puis l'enfant fut déplacée ailleurs et personne n'accepta de m'en faire savoir l'adresse, je perdis également le contact avec la mère.
J'ai mis fin à mes visites de lieux divers et institutions où sont placés les enfants en souffrance : la scène avec Frédérique avait tendance à se reproduire, montrant que les adultes ayant charge des enfants ne leur fournissaient pas un minimum de soins et d'affection. Chroniquement carencés, ces enfants étaient prèts à s'accrocher au moindre visiteur pour essayer de s'en sortir, littéralement.
J'ai fait appel aux ministères, toujours pour rester sans réponse : la loi du silence au plus haut niveau est ce qu'il y a de mieux à leur point de vue.
En 1990, suite à un mailing que je fis plusieurs états et associations aux USA furent intéressés par mon projet, je suis allé rencontrer leurs représentants sur place. L'intérèt était sincère mais aucune aide financière ni lieu à utiliser ne me furent proposés : j'ai dù rentrer en France et économiser suffisamment pour pouvoir acheter une maison aux USA et couvrir tous les frais de création.
Le projet aux USA : 2000 - 2010
En 2000 j'ai pu passer à la réalisation : achat d'une propriété dans le nord de l'état de New York, amélioration et agrandissement de la maison, puis à nouveau je me suis adressé aux services sociaux de cet état pour l'agrément. Malheureusement, les fonctionnaires qui m'avaient si bien reçu en 1990 étaient depuis partis en retraite et leurs successeurs avaient d'autres orientations : guérir les enfants n'était plus l'objectif, la visée était devenue la décharge aussi vite que possible. Impossible pour moi de transiger avec la vie et l'avenir d'autrui d'autant plus lorsqu'il s'agit d'enfants en souffrance.
M'adressant à nouveau à d'autres états US, je réalisai que le changement était général dans ce pays : la psychologie réléguée à l'arrière-plan, ceux qui avaient le pouvoir ne voulaient alors que du tout biologique et génétique. Au début de ce 21° siècle, le nombre d'enfants autistes et obèses s'accroit rapidement aux USA, et on déplore le manque de services pour traiter cet afflux, mais dans le mème temps mon projet n'est pas accepté.
De plus, étant aux USA sur statut d'"investisseur" (un étranger qui investit son argent aux USA pour créer une entreprise), pour le prolonger la personne traitant mon cas le refusa au motif que mon projet devrait ètre à but lucratif, ce qui était en opposition avec la loi de l'état de New York selon laquelle tous les homes pour enfants doivent ètre à but non lucratif. Malgré une longue recherche, je ne trouvai personne aux US pour user du pouvoir discrétionnaire pour faire exception avec mon projet.
J'ai proposé également mon projet à nombre d'hopitaux américains traitant les enfants cancéreux, là aussi la loi du silence confirma l'étendue de la position anti-humanitaire allant de pair avec l'invasion militaire de pays étrangers au motif de se protéger contre de nouvelles attaques après celles du 11 septembre 2001. Pas de progrès donc pour les enfants américains en souffrance.
Le droit de guérir n'existe donc pas dans les pays occidentaux, les adultes veulent continuer à ètre insensibles aux souffrances des enfants, mème lorsqu'il s'agit des leurs.
Le refus de la réalité conduit à des conséquences négatives multiples à long terme pour l'ensemble du pays comme on le voit avec la dépopulation de la France qui ne va aller qu'en s'aggravant une fois que la génération des baby-boomers aura atteint l'àge de la retraite : brillant résultat de la malhonnèteté et de la làcheté de nombre de "responsables" sur plusieurs décennies. Qu'est-il arrivé à la France, autrefois premier pays au monde à affirmer l'universalité des droits humains ? Toutes ces dérives sont indignes d'un pays se disant civilisé. Les conséquences à long terme vont apparaitre de plus en plus avec le temps. Ceux qui ont causé directement ou indirectement les souffrances et la mort de tant d'enfants vont-als rester intouchables ? La loi du silence va-t-elle continuer à les couvrir tandis que les cimetières continuent de voir arriver de nouvelles jeunes vies perdues ? Pour satisfaire quels besoins ? Au bénéfice de qui ?
Ce projet est aussi dédié à tous les enfants qui ont souffert et qui sont morts des mains mèmes de ceux qui devaient les protéger, tous les jeunes qui se sont suicidés lorsque des "juges" les ont forcés à retourner dans l'enfer de leur famille, et à tous les enfants autistes qu'on a trouvé préférable de garder dans leur état de souffrance plutot que les autoriser à guérir. Un jour on ne pourra pas faire autrement que réaliser l'ampleur des dégats commis, d'autant plus lourds qu'à ce jour aucune solution n'a été décidée pour retrouver un avenir plus heureux au niveau national.
revu 2016