André FLEMAL

André Albert Joseph FLEMAL voit le jour le mercredi 30 septembre 1925 à Couillet. Il est le fils d'Albert Jean-Baptiste Joseph FLEMAL, électricien, et de Paula Céline Marie MALACORT, ménagère. Il se marie le 31 juillet 1948 à Etterbeek avec Lily Marguerite Juliette Ghislaine GENICOT, couturière, fille de Georges François GENICOT et de Maria FOSSION. Il est décédé le lundi 5 octobre 2009 à Namur.

Je me souviens...

Je me souviens, de cette immense antenne dressée au fond du jardin et de ce minuscule poste à galènes autour duquel nous écoutions religieusement les tops horaires émis par la Tour Eiffel Papa était un passionné de T.S.F. Il tenta de commercialiser les premiers récepteurs radio de fabrication tchèque.

Je me souviens, en février 1934, de tout ce monde dans la maison venu écouter la retransmission des funérailles du Roi Albert Ier. C’était le premier « direct » à la radio. On pouvait entendre les cloches sonner, les chevaux marcher et le canon tirer.

Je me souviens, que Papa abandonna vite la vente des appareils de T.S.F. Ces récepteurs étaient onéreux pour une population qui sortait de crise et Papa a toujours refusé de se laisser entraîner dans les risques et la complexité de la vente à crédit telle qu’elle était pratiquée à l’époque. Plus tard, il garda la même attitude vis-à-vis d’autres secteurs comme la poêlerie et l’électroménager. Comme pour beaucoup de détaillants de l’époque, le slogan était : « Pour garder nos amis, nous ne faisons pas crédit ».

Je me souviens, que, tout en gardant la vente d’accessoires électriques, il ouvrit un commerce de quincaillerie. Ce fut un succès. La situation économique s’était améliorée dès la construction de l’Exposition Universelle de Bruxelles en 1935 et resta soutenue grâce, hélas, au réarmement et à la préparation du conflit 39-45.

Je me souviens des grands travaux. Papa n’arrêtait jamais et n’avait de cesse d’améliorer et le magasin, et le confort de la maison. Il le faisait souvent avec des matériaux de réemploi. Ce fut la vitrine, l’agrandissement du magasin, la modernisation de la cuisine et la véranda.

Je me souviens de cette véranda construite avec des panneaux vitrés récupérés d’une chapelle mortuaire située à l’entrée du vieux cimetière.

Je me souviens que cette véranda fut très utile pour la culture de chrysanthèmes. Papa était un amateur de chrysanthèmes, il participait à des expositions et vendait sa production A l’époque, c’était une gageure d’amener cette fleur à son plein épanouissement le jour de la Toussaint. Papa y arrivait en régulant la lumière et la chaleur, c'est-à-dire en déménageant ses potées à travers toute la maison.

(Hasard ou coïncidence… Fin juin 1969, Michel, petit-fils d’Albert, présente son mémoire de fin d’études à l’Ecole d’Horticulture de l’Etat à Vilvoorde. Dans la section « Floriculture », le sujet qu’il    développe est… la culture forcée du chrysanthème).

Je me souviens que pour l’ornementation des tombes et l’hommage aux défunts le chrysanthème et le dahlia étaient en concurrence. Le problème se réglait généralement par un coup de poker -météo. Si une petite gelée intempestive se glissait dans les dernières nuits d’octobre les dahlias étaient « cuits » et le prix de la fleur de chrysanthème pouvait commencer à flamber.

21 janvier 2005

recherches dans les registres à la cure de Couillet

Je me souviens que ces années 1935-1938 furent des années de répit et d’espoir entre deux séries d’années noires. C’étaient les premiers congés payés et les premières braderies. Charles Trenet chantait « Y a d’la joie » et on n’osait pas penser à ce qui nous attendait.

Je me souviens que Papa rêvait l’agrandissement du magasin. Je le revois devant sa planche à dessin dressant des plans que la guerre allait réduire à néant.

Je me souviens, qu’en septembre 1938 Papa fut rappelé lors de la mobilisation générale. Papa étant né en 1899 faisait partie de la classe 1919 et, à l’époque une mobilisation générale supposait la levée de 20 classes. Cette opération fut un ratage monumental. Papa passa six jours, en civil et complètement désœuvré dans une école de la rue Dourlet à Charleroi -Nord En 1939, ce fut plus sérieux, mais Papa n’était plus mobilisable.

Je me souviens des années de guerre. Non, de çà je ne veux plus me souvenir.

Je me souviens, de années qui suivirent la guerre et de la perplexité de Papa quant à la continuation de l’exploitation du magasin. Il fallait :

- moderniser le magasin qui avait été aménagé au fil des années, généralement avec les moyens du bord.

- regarnir les rayons avec des nouveaux articles souvent « made in U.S.A. »

- s’adapter aux nouvelles pratiques commerciales.

- avoir aussi beaucoup d’argent. Si Papa n’accordait pas de crédit, il refusait aussi d’emprunter. Le sort du magasin était donc scellé.

Je me souviens, que le magasin me procura une bien heureuse surprise. Par un beau dimanche matin de juin 1947, j’y ai retrouvé ma voisine. Elle avait habité au 239 et avait quitté Couillet en 1937. Mais çà, ce n’est pas une autre histoire, c’est la suite de notre histoire.

André FLEMAL