Quitter Chaumont

Pourquoi partir ?

C'est très probablement à cause d'un petit champignon et de pommes de terre malades que nous avons découvert le « Pays de Charleroi ». 

Jusqu'au milieu du 19 ème siècle les déplacements de nos ancêtres se situaient principalement dans les villages du Brabant-Wallon proches de Chaumont-Gistoux. Les choses vont changer car la région entre dans une crise agricole. L'alimentation était basée sur le blé et le pain mais les rendements de ces cultures ne suffisaient plus à nourrir la population. Il faut alors recourir à des cultures de substitution, comme celle de la pomme de terre qui a un haut rendement par surface et qui permet d'assouvir la faim.

Vers 1847, une maladie fait rage dans les parcelles de pommes de terre. Elle se manifeste par des taches brunes suivies d'un flétrissement général, les pieds pourrissent sur place. Cette maladie cryptogamique, c'est le mildiou (Phytophtora infestans) et on ne connaît, à l'époque, qu'un seul remède : tout brûler et tout extraire des sols. Cette crise frappe les populations les plus fragiles et plus spécialement celles qui tirent leurs revenus de la terre. La famine s'installe. Cette crise agricole provoque également une crise industrielle. Les denrées alimentaires se font rares et les prix augmentent. Les faibles budgets des ménages sont consacrés à l'alimentation et plus du tout à l'achat de biens manufacturés. Pour survivre, il faut quitter la région et chercher du travail et de la nourriture sous d'autres cieux.

C'est dans ce contexte de crise agricole que sept à huit mille Brabançons et Namurois ont été saisis par le rêve américain entre 1852 et 1857. Fait rare, à partir du premier départ compact de quatre-vingts et une personnes originaires de Grez-Doiceau en mai 1853, ce fut une immigration organisée. Les armateurs d'Anvers menèrent une véritable campagne de recrutement. Surtout dirigée vers le Wisconsin, en particulier les environs de Green Bay, cette vague circonscrite dans le temps et l'espace fut l'origine de la seule colonie wallonne de quelque importance aux Etats-Unis.

Pierre Joseph IMBRECHTS qui s'était marié le 1er février 1866 à Dion-le-Mont avec Marie Antoinette FLEMAL, fille de Dieudonné Joseph FLEMAL, originaire de Chaumont, était recruteur pour l'armateur anversois SEREGIERS et chargé de convaincre les villageois d'émigrer vers le Wisconsin. Le livre d'Antoine DESMET, édité par le cercle Wavriensia en 1957, apporte un éclairage intéressant sur l'activité de ses rabatteurs.

Le 11 juin 1869, à 38 ans, Jean François FLEMAL, originaire de Longueville embarque sa famille pour le Wisconsin. C'est l'arrière-grand-père de Charles Ronald FLEMAL, professeur à l'Université du Michigan, avec qui nous échangeons encore du courrier.

D'autres familles choisissent de rejoindre les bassins industriels dans lesquels les mines, les carrières et les usines ont besoin d'une main-d'œuvre pléthorique issue du surpeuplement et de la misère des campagnes. Vers 1860, les familles MATERNE, DANDOIS, DELFOSSE et SIMONART s'installent à Couillet et trouvent du travail dans les fonderies.

En 1877, Marie Josèphe Adolphine SIMONART, l'épouse de Jean Baptiste Joseph FLEMAL, notre arrière arrière-grand-père se retrouve seule à Gistoux à la mort de son mari. De lui elle a eu sept enfants dont un est déjà mort. Le dernier a à peine six mois. Elle s'en va rejoindre son frère Gustave Joseph et sa belle-sœur Marie Joséphine MATERNE qui étaient déjà installés à Couillet depuis plusieurs années.

L'Institut Jules Destrée a publié une étude très intéressante sur les différentes phases de l'émigration wallonne. Le fichier peut être téléchargé ci-dessous.