P - Revue de presse

La truculente vie rémoise de 1873 à 1876

14/07/2005

L'Union du 11 juin 2005

Grâce à l’informatique et au numérique, le Rémois Jean-Yves Sureau, 20 ans après avoir publié quatre ouvrages sur les savoureuses chroniques d’Eugène Dupont dédicace la suite cet après-midi chez Guerlin.

La truculente vie rémoise

de 1873 à 1876

Il aime écrire sur sa ville. En humaniste, il veut aussi faire connaître au plus grand nombre les savoureuses chroniques rédigées de 1859 à 1908 sous l’intitulé « la Vie rémoise » par Eugène Dupont, fin observateur de ses contemporains.

Vingt ans après avoir déjà publié quatre ouvrages d’Eugène Dupont, Jean-Yves Sureau a replongé dans les carnets de cet « observateur des petites gens », rédigés d’une fine écriture serrée ou dactylographiés avec une Underwood. Et il publie un cinquième ouvrage de « la Vie rémoise » couvrant cette fois la période de 1873 à 1876.

Plume bavarde mais dent dure !

« J’ai repris les chroniques du Bon Conteur Rémois, j’ai aéré les textes, apporté des illustrations et parfois corrigé des erreurs. Par contre, je n’ai absolument pas gommé, ni modifié les textes d’Eugène Dupont. J’ai simplement pu les exhumer à nouveau grâce aux nouvelles technologies : informatique et numérique qui permettent d’éditer aux meilleurs coûts ». Admirateur d’Eugène Dupont, étonnant trieur de laine autodidacte qui décida un jour de raconter cinquante ans de vie rémoise de 1859 à 1908 "et qui se faisait même prêter les registres d’état civil", Jean-Yves Sureau s’efface au profit de l’auteur. Un auteur à la plume bavarde et à la dent dure.

Une mine d’infos

Commençant en 1873 par l’exécution à la guillotine de l’assassin Garrel, à Dieu-Lumière, sur l’emplacement du marché aux chevaux, l’ouvrage se termine par l’annonce de la troisième Exposition universelle de Paris en 1877.

Entre les deux, au fil de 220 pages, avec une étonnante précision, Dupont décrit la vie rémoise : la foire de la Couture avec ses montreurs de Lilliputiens et les dévoreurs de lapins, la vie du marché avec les prix du poulet ou du hareng, la vie culturelle du théâtre municipal au Casino avec ses célébrités comme Maria Legault appelée par Edmond Rostand pour interpréter le rôle de Roxane dans Cyrano, la découverte d’une source d’eau en 1874 qui sauva la ville de la typhoïde, l’ouragan qui en mars 1876 dévasta l’abside de la cathédrale, etc.

Vocabulaire très riche, roi de l’anecdote : l’histoire du pauvre Fréminet, fabricant de berlingots de guimauve à un sou, risée de 3000 Rémois lors de son mariage avec Zoé va vous émouvoir. Eugène Dupont ponctue pour chaque année ses chroniques avec des éléments qui passionneront les généalogistes. Naissances, mariages, décès, il brosse avec la même application autant de mini sagas de Rémois connus ou moins connus. S’il égratigne les bourgeois, il s’en explique dans son testament d’auteur : « à côté d’œuvres charitables accomplies largement et discrètement, la classe moyenne rémoise, voire élevée et puissamment riche, n’a que trop serré les cordons de sa bourse lorsqu’il aurait fallu simplement remplacer le mot charité par cet autre : solidarité. »

Alain Moyat

(L’Union du samedi 11 juin 2005.)