Notices nécrologiques - A

Notices nécrologiques des ALMANACHS MATOT-BRAINE

ABADIE (Colonel Pierre Gustave).

Commandant le 45e d’infanterie de ligne, officier de la Légion d’honneur, né à Montpellier le 11 octobre 1838, décédé à Laon le 12 septembre 1893, avait de beaux états de services.

Entré à Saint-Cyr en 1855, il en sortait sous-lieutenant au 96e de ligne en 1857, lieutenant le 7 mars 1861, capitaine le 10 août 1868, chef de bataillon le 12 novembre 1875, Lieutenant-colonel le 28 décembre 1881, et enfin colonel du 45e de ligne le 28 décembre 1889.

Abadie prit part à 1a guerre de 1870 et au siège de Paris. Il reçut trois blessures à Frœschwiller. Il prit part au siège de Strasbourg, et après la bataille de Sedan, il fut interné à Stettin jusqu’au 1er avril 1871 ; depuis il parcourut tous les grades depuis celui de capitaine, resta en Afrique comme chef de bataillon au 2e tirailleurs algériens jusqu’en 1887, et commanda en qualité de lieutenant-colonel les bataillons de forteresse de Belfort, lorsqu’il fut nommé colonel à Laon. Il était placé dans un bon rang sur le tableau d’avancement au grade de général de brigade.

M. le colonel Abadie laisse à sa veuve et à ses huit enfants la mémoire d’une vie passée au service de la patrie et entièrement préoccupée du devoir.

Charles Remy.

AMB 1894.

ABBÉ (Louis Jean Nicolas, baron).

Général de division, commandeur de la Légion d’honneur, chevalier de Saint-Louis, fils de Nicolas Abbé, vigneron, et de Jeanne Sergent, né le 28 août 1764, à Trépail (Marne), entra au service le 14 avril 1784, dans le régiment de Barrois (91e d’infanterie), et y fut nommé caporal le 15 juillet 1786, sergent le 1er février 1789 et sergent-major le 29 avril 1792. Il fit la campagne de 1792 à l’armée des Alpes, et obtint le grade d’adjudant-sous-officier le 19 septembre de cette année.

Envoyé à l’armée d’Italie, où il fit les guerres de 1793 à l’an VII inclusivement, il devint sous-lieutenant le 18 septembre 1793, et se distingua, le 13 frimaire an II, à l’affaire de Limone, où il fut blessé d’un coup de feu.

Adjoint à l’adjudant-général Jardin le 1er prairial an II, il prit une part honorable à l’enlèvement du poste de Limone le 24 messidor suivant.

Lieutenant le 14 germinal an IV, il se signala de nouveau au passage du Mincio le 20 thermidor, à la prise de Governolo le 7 fructidor, et le 26 du même mois au combat de Castellaro, où il fut blessé d’un coup de biscaïen.

Le 16 frimaire an VII, il surprit la ville de Novare, en Piémont ; il exécuta ce coup de main, qu’il avait lui-même proposé au général en chef Joubert, avec quelques grenadiers cachés dans deux voitures. Placé dans la première, il se fit ouvrir la porte comme envoyé extraordinaire auprès du roi par le général en chef. Arrivé en face du corps de garde, il se précipite sur le poste, à la tête de ses grenadiers, s’empare du faisceau d’armes et fait 25 prisonniers.

Le général Victor et l’adjudant-général Musnier, qui le suivaient de près avec leurs troupes, étant arrivés immédiatement, s’emparèrent de la ville et firent mettre bas les armes à la garnison forte de 1.200 hommes.

Le Directoire exécutif, par arrêté du 23 du même mois, nomma Abbé capitaine au 8e régiment de dragons, pour prendre rang au 1er vendémiaire an VI.

Envoyé à Paris, pour présenter au Gouvernement les drapeaux pris sur l’ennemi, il fut nommé chef d’escadron le 3 Pluviôse au VII, et reçut, comme témoignage de satisfaction de la part du Directoire, un sabre et des pistolets de la manufacture de Versailles.

Devenu aide-de-camp du général Leclerc le 12 fructidor de la même année, il suivit cet officier-général à l’armée du Rhin en l’an VIII, à celle d’observation du Midi en l’an IX, et à l’expédition de Saint-Domingue eu l’an X.

Chargé provisoirement des fonctions de chef de brigade par le général en chef commandant l’armée de Saint-Domingue, 1e 1er prairial an X, il revint en Europe après la mort de son général, fut confirmé dans son grade de chef de brigade le 3 germinal an XI, et alla prendre en cette qualité, le commandement de la 23e demi-brigade d’infanterie légère, qui se trouvait alors en Corse.

Membre de la Légion d’honneur le 19 frimaire an XII, il en fut nommé officier le 25 prairial suivant, et fit, avec la 2e division de l’armée d’Italie et à l’armée de Naples, les campagnes de l’an XIV à 1809.

Le 4 juillet 1806, à la tête de son régiment, il soutint et protégea, après la bataille de Sainte-Euphémie (Calabre), la retraite de l’armée, qui se fit par la vallée de l’Amato, sur Cantazaro. La bravoure qu’il déploya dans cette circonstance et les talents militaires dont il fit preuve, ne restèrent point sans récompense ; l’Empereur, sur le compte qui lui fut rendu des services distingués du colonel Abbé, le nomma général de brigade le 1er mars 1807, et le maintint à l’armée de Naples. Le 27 du même mois, le nouveau général battit complètement les Anglo-Siciliens à Milète, il concourut ensuite au siège et à la prise du fort Scylla, et fut créé commandeur de la Légion d’honneur et membre du collège électoral du département de la Marne le 23 octobre 1808.

Employé à l’armée d’Italie le 9 février 1809, il contribua le 16 avril suivant, à la bataille de Sacile, à tenir l’ennemi éloigné de Forcia et lui fit une assez grande quantité de prisonniers.

Commandant la division Grenier, à la bataille de la Piave, il attaqua et emporta le village de Cina-d’Olme, et se signala de nouveau le 27 mai au combat de Tarvis.

Les Autrichiens, en se retirant sur la rive gauche de la Marczal, avaient barricadé le pont de Karako, mais le 11 juin, la division commandée par le général Abbé emporta ce pont de vive force et culbuta les troupes chargées de sa défense.

Passé à l’armée d’Espagne le 5 janvier 1810, il fut employé, le 10 avril suivant, au 3e corps, sous les ordres du général en chef Suchet et coopéra, le 13 mai, à la prise de Lérida.

Le 8 juillet, à la tête de 1.800 hommes, il battit complètement et mis dans la plus épouvantable déroute, un corps de 3.000 Espagnols, commandé par O. Dormel.

Le 12 du même mois, il tourna la position de Tivisa, où l’ennemi s’était établi, l’en chassa, en lui tuant beaucoup de monde et s’empara du village, qu’il occupa avec 700 hommes.

Le 15, une division ennemie se présenta devant Tivisa, dans l’intention d’attaquer et de reprendre cette position, mais 400 hommes du 115e régiment de ligne marchèrent à sa rencontre et la forcèrent à battre en retraite. Les Espagnols furent menés battant jusqu’à deux lieues de Tivisa, et perdirent encore, dans cette poursuite, 200 hommes tués, 250 prisonniers et une grande quantité de munitions.

Le général Abbé remporta encore quelques avantages les jours suivants, à Tascite et à Forera. Les Espagnols étant venus occuper la position de Falset, ce qui inquiétait les opérations du siège de Tortose, le général Suchet fit marcher contre ces troupes, le 19 novembre, le général Abbé avec le 115e de ligne, et le général Habert avec le 5e léger et une partie du 116e. Le général Abbé fit son attaque par la grande route, tandis que 1e général Habert cherchait à déborder l’ennemi par la droite. Les Français se précipitèrent dans les retranchements ennemis, enlevèrent successivement trois camps et entrèrent au pas de charge dans Falset. Pendant ce temps, le général Abbé se porta avec les voltigeurs sur la route de Reuss, où il arriva avant l’ennemi, qui, surpris dans sa retraite, laissa le champ de bataille couvert d’un millier d’hommes tués ou blessés, et évacua tous ses camps ; 400 prisonniers, dont 14 officiers de différents grades, des vivres, des armes et des munitions considérables, tombèrent en notre pouvoir.

Au siège de Tortosc, où il commandait les troupes du front d’attaque sur la rive droite de l’Ebre, les Espagnols firent une sortie le 28 décembre. Le général Abbé, qui commandait la tranchée avec le colonel du 44e de ligne, Lafosse, marcha à eux par-dessus les ouvrages, les culbuta, en tua un grand nombre, fit quelques prisonniers et força le reste à rentrer précipitamment dans la place.

Créé baron de l’Empire, il contribua au succès du combat de Checa le 26 janvier 1811, battit l’ennemi à l’affaire de Bruch le 25 juin suivant, et se distingua le 28 du même mois, à l’assaut qui fut livré à Saragosse et qui fit tomber cette place en notre pouvoir. Le 24 juillet de la même année, il enleva de vive force le Mont-Serra et y fit un grand nombre de prisonniers. Élevé au grade de général de division le 31 du même mois, il fut appelé au commandement d’une division, en Navarre, sous les ordres du général comte Reille.

Le 22 août 1812, le général Abbé partit de Pampelune avec 2.000 hommes d’infanterie, 200 chevaux et 3 pièces de canon, atteignit Mina dans le Carrascal. Ce chef avait, avec lui, toutes ses bandes, consistant en 3 bataillons, 250 hommes de cavalerie et 2 pièces de canon. La supériorité du nombre et celle de sa position lui avaient inspiré la plus grande confiance, mais les bonnes dispositions du général Abbé et la valeur des troupes triomphèrent de tous les obstacles et rendirent cette action aussi glorieuse pour les Français, que meurtrière pour l’ennemi. Les insurgés perdirent dans cette affaire plus de 800 hommes, dont 200 tués.

Au mois d’octobre suivant, la général Abbé eut encore trois affaires très sérieuses avec Mina, et toujours à l’avantage des Français.

Le 16 décembre de la même année, le général Abbé, alors gouverneur de Pampelune sortit avec une partie de ses troupes et se dirigea sur Tafalla, pour y prendre un chargement de grains versés dans les magasins de cette place, par les communes environnantes, en acquittement de leurs contributions.

Le 17, prêt à partir de Tafalla, avec son convoi, il apprend qu’il trouvera toutes les bandes réunies pour lui fermer le passage sur Pampelune. Il dispose aussitôt ses troupes et règle sa marche. En arrivant à Carrascal, il rencontra, en effet, l’ennemi qui occupait en force le débouché du bois et les hauteurs du village de Tirapa. Les Espagnols furent chargés à la baïonnette et la position fut enlevée en un instant.

Le général rentra le soir même à Pampelune avec tout son convoi, après avoir fait éprouver à l’ennemi une perte de 100 hommes tués et d’un grand nombre de blessés.

Au mois de mai 1815, il pénétra dans la vallée d’Araquil et y enleva une immense quantité de grains, qui furent dirigés, sur Pampelune. Le général Clausel, sous les ordres duquel il se trouvait, lui ayant ordonné de partir de Pampelune avec 4.000 hommes et de se porter directement sur Ysaba, au point le plus élevé du Roncal, afin de chasser devant lui les bataillons de Mina, en descendant les montagnes, il se mit aussitôt en route et rencontra, le 10 mai, à Roiz, un bataillon ennemi, qu’il mit en déroute.

Le 12, il arriva à Ysaba, où il ne trouva que des douaniers. Mina, convaincu par la marche du général Abbé, que l’entrée du Roncal était forcée, ne pensa plus qu’à tenter les chances d’un combat.

Dans la nuit du 12 au 13, il réunit ses troupes près d’Ysaba, sur la route de Roncal à Ochagavia.

Le 13, au point du jour, il fut reconnu par le général Abbé, qui, sans attendre davantage, le fit attaquer de front, le chassa successivement de trois positions différentes et le mit en déroute. Mina perdit 1.000 hommes dans ce combat.

Après des manœuvres diverses, de la part de nos troupes pour atteindre l’ennemi, de la part de celui-ci pour éviter nos troupes, le général Abbé rencontra le 26 mai, à Santa-Cruz, le bataillon du Cortazas et lui prit des équipages ; il fit sauter, au couvent d’Iruche, un moulin à poudre, appartenant aux bandes, détruisit des amas de salpêtre trouvés dans des bergeries et plusieurs dépôts de munitions cachés dans les montagnes.

Le 28, il découvrit dans les environs de Santa-Cruz et fit briser 1.000 baïonnettes, 600 lances, 12 à 1.500 canons de fusils et détruisit l’hôpital de Santa-Cruz. Il saisit également sur le même point, une grande quantité de gargousses, de cartouches, de bois de fusils, des balles, du plomb, du cuir et des souliers.

Tandis que la cavalerie poursuivait les bandes dispersées de Mina, vers l’Aragon, le général Abbé revint, le 29, à l’entrée du Roncal, chassant devant lui un bataillon d’Assura.

Rentré en France, à la suite de la journée de Vittoria, il commanda la 3e division de l’armée, aux ordres du duc de Dalmatie, et fit constamment face aux Anglais avec des succès divers.

Le 13 décembre, il prit la plus grande part à la bataille de Saint-Pierre d’Irube et fit des prodiges de valeur. Si, dans cette affaire, le général Abbé avait pu être soutenu, l’ennemi eût été contraint de battre en retraite et d’évacuer le territoire. Laissé dans Bayonne avec sa division, pour en compléter la défense, il commanda la sortie du 14 avril 1814, dans laquelle les Anglais eurent environ 3.000 hommes tués, blessés ou prisonniers ; au nombre de ces derniers, se trouvait le général commandant le blocus.

Ayant appris, le 27, l’abdication de l’Empereur et le retour des Bourbons en France, il envoya son adhésion au nouveau Gouvernement, sortit de Bayonne et se rendit à Toulouse, où il resta jusqu’au mois de juillet, époque à laquelle il partit pour Paris. Louis XVIII le nomma chevalier de Saint-Louis le 19 juillet 1814, et lui confia, le 15 janvier 1815, le commandement de la 12e subdivision de la 8e division militaire (Toulon), où il arriva le 15 février suivant.

Il se trouvait investi de ce commandement, lorsque l’Empereur opéra son débarquement sur la plage de Cannes, le 1er mars de la même année.

Nous croyons devoir entrer ici dans quelques détails peu connus sur les premiers moments de cette mémorable entreprise.

Le général Abbé n’en fut informé que le 2 mars, à 8 heures du soir, par une lettre du maréchal-de-camp, commandant l’arrondissement de Draguignan. Cette dépêche, qui ne donnait aucun détail, fut immédiatement communiquée au préfet maritime, au lieutenant-général commandant la place de Toulon et aux officiers supérieurs, sur la discrétion desquels on pouvait compter, et fut transmise, par estafette, au maréchal prince d’Essling, gouverneur de la 8e division militaire, qui se trouvait alors à Marseille.

Des mesures furent aussitôt prises pour connaître, d’une manière plus positive, jusqu’à quel point on pouvait croire à la nouvelle qui commençait à se répandre dans le public.

Le retour des émissaires confirma ce qu’avait écrit le maréchal-de-camp, dans son rapport, avec cette différence, toutefois, qu’on croyait alors que l’Empereur faisait partie du débarquement. Jusque-là, on n’avait pu seulement présumer que les hommes débarqués, et dont le nombre s’élevait, disait-on, à 80, étaient des soldats que le gouvernement de l’île d’Elbe renvoyait avec leur congé absolu. Ces nouveaux renseignements furent transmis au maréchal-gouverneur, des dispositions furent arrêtées pour que les compagnies d’élite des régiments de la garnison fussent prêtes à se mettre en route au premier ordre, et le général Abbé partit lui-même en poste pour se rapprocher du point du débarquement et reconnaître bien positivement quelles étaient les troupes qui le composait et quelles pouvaient être leurs intentions.

Le 3, à dix heures du matin, le général Abbé était au Puy, où il apprit avec plus de certitude ce qui s’était passé l’avant-veille et qu’elle était la route suivie par les troupes de débarquement.

Il se rendit, dans la même journée, à Draguignan, pour concerter avec le préfet et le maréchal-de-camp, commandant le département du Var, sur les mesures à prendre dans ces circonstances. Là, il sut que tous les moyens avaient été pris, mais que les troupes qui devaient s’opposer au passage de Napoléon, avaient été dirigées sur une communication, tandis qu’il avait pu passer par l’autre.

La marche de l’empereur avait été si rapide, qu’on annonçait qu’il avait pu aller coucher, ce jour même, à Saint-Vallier, ce qui était exagéré, car il n’arriva ce jour-là qu’à Barême et n’atteignit Saint-Vallier que dans la journée du 10. Mais, telle était alors l’incertitude et la confusion des idées, que les nouvelles les plus extraordinaires s’accréditaient sans aucun examen.

Le général Abbé rendit compte au ministre de la guerre et au prince d’Essling, de ce qu’il avait appris, et il écrivit en même temps au général Corsin, commandant à Antibes, pour lui demander un rapport sur ce qui s’était passé dans cette place et pour lui prescrire d’envoyer à Toulon, sous escorte, les officiers et soldats des troupes débarquées, qui s’étaient introduits dans Antibes, et que cet officier général avait fait arrêter.

Cet ordre fut exécuté, et les prisonniers furent enfermés au fort Lamalgue, où ils restèrent jusqu’au 10 avril suivant.

Le général Abbé revint, le 4, à Toulon, d’où une partie de la garnison avait été envoyée dans les Basses-Alpes, par la route de Beignoles.

Le 18 mars, le duc d’Angoulême arriva à Toulon et témoigna sa satisfaction au général Abbé, pour l’ordre et la discipline, qu’il avait su maintenir dans l’étendue de son commandement.

Cependant, l’esprit des habitants de plusieurs petites communes était bien moins favorable à la cause royale, que celui des habitants des villes.

On avait été obligé d’envoyer des troupes sur différents points, pour aider les autorités à maintenir ou à rétablir l’ordre. Antibes, qui s’était un instant montré dévoué à la cause des Bourbons, menaçait d’un changement.

Beaucoup d’officiers italiens, qui avaient servi sous les bannières de la France, y avaient établi leur domicile, ainsi qu’une grande quantité d’officiers corses qui y touchaient leur traitement de demi-solde. Leur influence sur la garnison n’était pas douteuse, et leur affection n’était rien moins qu’acquise au gouvernement de la Restauration qui les avait méconnus.

Le 4 avril, une nouvelle plainte, plus pressante que les précédentes, arriva au prince d’Essling, qui se trouvait alors à Toulon. Il donna l’ordre au général Abbé de se rendre, sur le champ, à Antibes. Celui-ci partit à franc étrier, accompagné d’un seul aide-de-camp.

Le 5, à neuf heures du matin, il était déjà à Cannes. À son grand étonnement et pendant qu’il changeait de chevaux à la poste, où on lui avait demandé un passeport qu’il n’avait pas, puisqu’il voyageait pour le service dans un département où il était employé, il se sent arrêter par la population et par la garde nationale en armes. Toute résistance était inutile, il se fit conduire chez le maire, qui ne voulut point s’en rapporter à ce qu’il disait, et le croyant un des officiers de la suite de l’Empereur, l’envoya à Grasse, auprès du sous-préfet, sous l’escorte de la garde nationale et de la gendarmerie. Arrivé dans cette ville, le sous-préfet ne voulut point ajouter foi à ce que lui dit le général Abbé, et sans l’intervention du général Corsin, qu’il avait fait prévenir par un exprès de tous les désagréments dont il était la victime, il eut peut-être été en butte aux mauvais traitements de la populace ameutée.

Le comte de Bouthillier, préfet du Var, informé de ce qui venait de se passer, fit punir le maire de Cannes et remplaça le sous-préfet de Grasse, pour n’avoir pas su faire respecter le caractère dont ils étaient revêtus en protégeant un officier général en mission dans l’étendue de son commandement.

Le général Abbé ne put arriver à Antibes que le 8 de grand matin ; il y fit arrêter plusieurs officiers en demi-solde, qui lui furent signalés, et se remit en route pour Toulon le même jour.

Arrivé à Fréjus, il trouva la population soulevée contre les autorités et le drapeau tricolore arboré. Il s’arrêta quelques instants dans cette ville et parvint à calmer les esprits, après quoi il poursuivit sa route.

Le 9, en entrant à Toulon, il apprit les changements survenus dans le gouvernement, et resta dans cette place jusqu’au 25 du même mois, époque à laquelle il reçut l’ordre de partir en poste pour Belfort, afin d’y prendre le commandement de la 18e division d’infanterie, sous les ordres du général Lecourbe, commandant en chef l’armée du Jura.

Le 26 juin, les Autrichiens commencèrent les hostilités, mais le lieutenant-général Abbé, quoique n’ayant avec lui qu’une division de 2.500 hommes, leur opposa une résistance opiniâtre et les repoussa sur tous les points. Cependant, reconnaissant bientôt l’impossibilité de se maintenir contre des forces, dont le nombre croissait toujours, il jugea prudent d’opérer sa retraite, mais il le fit avec tant d’habileté qu’il arriva sans perte à Tagsdorf, où il prit position.

Le lendemain 27, il continua son mouvement rétrograde, sans que les ennemis, rebutés par le combat de la veille, essayassent de le troubler ; mais, à peine avait-il atteint Darmemarie, où devait se placer l’avant-garde, que plus de 4.000 hommes vinrent fondre sur lui.

Le village fut pris et repris, et la colonne autrichienne eut été entièrement détruite, si des troupes fraîches ne fussent accourues à son secours.

Les deux armées restèrent en présence toute la journée du 28, sans qu’il y eut entre elles aucune espèce d’engagement. Cependant, l’ennemi avait mis ce temps à profit et nous avait débordé sur nos deux ailes, de façon que l’armée française fut obligée de se retirer sur Chavannes, où elle avait quelque cavalerie avec 4 pièces d’artillerie légère pour éclairer la route de Colmar.

Le 29, le général Abbé exécuta le mouvement de retraite avec ce sang-froid et cette valeur, qui avait fait sa réputation dans les précédentes guerres, et il repoussa constamment toutes les attaques des ennemis.

Parvenu à la position qu’il avait résolu de défendre, il dispose son artillerie en avant du village, entre les 6e et 52e régiments et met les Autrichiens dans le plus affreux désordre, chaque fois qu’ils essaient de l’attaquer. Rebutés par les pertes qu’ils éprouvent, ils cherchent alors à le tourner, ce qui leur devenait facile, attendu leur immense supériorité numérique, et ce qui força une seconde fois le général Abbé d’évacuer sa position et de se retirer sur Foussemagne, qu’il défendit avec une valeur héroïque, sans pouvoir néanmoins s’y maintenir.

Il se replia sur Fray, mais lentement et en combattant toujours. Chaque position, chaque défilé, furent disputés avec une extrême bravoure.

Le général Abbé prit part à tous les combats qui eurent encore lieu les jours suivants ; mais l’armée ayant été informée, le 10 juillet, de la rentrée des Bourbons en France, un armistice vint mettre un terme aux hostilités.

Licencié le 2 septembre 1815, le général Abbé fut admis à la retraite le 1er janvier 1816.

Rentré dans la vie privée, il fixa son domicile à Châlons-sur-Marne, où n’ayant d’autre fortune que sa modique pension de retraite, il trouva cependant encore le moyen de venir aux secours de toutes les infortunes.

Après la révolution de juillet 1830, il dut, à l’estime et à l’affection générale qu’il s’étaient conciliées, le commandement de la garde nationale de Châlons, mais il ne put le conserver, par suite d’infirmités graves qui lui étaient survenues.

Placé dans le cadre de réserve de l’état-major général, par ordonnance du 7 février 1831, il fut de nouveau admis à la retraite le 1er mai 1832, et mourut à Châlons-sur-Marne le 9 avril 1834.

Son nom est inscrit sur la partie ouest de l’arc-de-triomphe de l’Étoile.

Source : AMB 1882.

ABEL de LIBRAN (d’), voir LIBRAN.

ABELÉ de MULLER (François Joseph Charles Kilian).

Est né à Rottembourg sur le Necker (Wurtemberg) le 6 décembre 1811, négociant en vins, décédé à Ludes le 16 juillet 1876.

M. Abelé était un grand négociant qui a favorisé beaucoup dans notre contrée l’exportation des vins de Champagne.

Source : AMB 1877.

ADAM.

Né à Saint-Laurent le 11 septembre 1795, chanoine honoraire de Reims, curé-doyen du Chesne, décédé à Charleville le 21 novembre 1872.

Source : AMB 1873.

ADAM.

Commissaire de police du quartier Sainte-Avoye, à Paris, né à Châtillon-sur-Marne le 10 janvier 1853, décédé à Paris, au mois de janvier 1894.

Après avoir suivi à la préfecture de police, depuis 1883, la filière administrative, il avait été nommé commissaire de police le 7 août 1893.

Il laisse deux enfants en bas âge.

Charles Remy.

Source : AMB 1895.

ALLAIN (Mme Olympe).

Veuve de M. Lemaître, ancien trésorier-général de l’Aisne, née à Pontoise (Seine-et-Oise) le 21 mars 1819, décédée à Laon le 14 fevrier 1889 était une femme de cœur.

En 1870, elle avait pris l’initiative et la direction d’un comité de dames pour le soulagement des misères de la guerre.

On ne peut passer sous silence le zèle qu’elle apportait dans les œuvres de bienfaisance.

Fixée depuis 32 ans à Laon, où son mari avait occupé la trésorerie générale pendant 18 ans, Madame Lemaître avait fait de son salon un centre où affluait l’élite de la société laonnoise.

Charles Remy.

Source : AMB 1890.

ALLARD-GUÉRIN (Jean Marie).

Né à Reims le 20 décembre 1802, décédé le 23 octobre 1877.

M. Allard était un ancien fabricant de tissus qui, retiré des affaires, s’occupait beaucoup de livres et d’horticulture. Il collectionnait particulièrement les livres relatifs au pays rémois et à la Champagne ; aussi son cabinet renfermait-il beaucoup d’ouvrages rares, une infinité de plaquettes, quelques bons tableaux, des gravures, des cartes, des portraits et des médailles commémoratives.

Source : AMB 1878.

ALLART (Aimé).

Ancien graveur, conseiller municipal, fondateur de la Société des médaillés d’honneur, ancien président de la Compagnie des sauveteurs, vice-président de l’Ancienne, né a Ay le 2 décembre 1829, décédé en cette ville le 12 juillet 1888.

C’était un homme de dévouement et d’instruction, qui sut se faire apprécier à Reims par son zèle et son intelligence, où pour rendre service à ses concitoyens, il ne ménageait ni son temps ni sa peine. Aussi ses funérailles témoignèrent-elles de l’estime qu’il avait inspirée à tous ceux qui avaient eu avec lui des rapports publics ou privés. Plusieurs discours furent prononcés sur sa tombe : M. Maillet-Valser, adjoint, lui adressa les adieux du Conseil municipal ; M. Alfred de Tassigny, président des médaillés d’honneur, exposa la part qu’avait prise M. Allart dans cette association dont il fut l’un des fondateurs, et rappela que le gouvernement avait voulu récompenser ses services en lui décernant une médaille d’or.

M. Doyen, président de la société de gymnastique l’Ancienne, a ensuite énuméré, au nom de celle-ci, les nombreux services qu’il avait rendus à cette société et à la jeunesse rémoise.

Charles Remy.

Source : AMB 1889.

ALLART (Louis).

Né à Pontavert (Aisne), ancien capitaine des armées de la République et du premier Empire, chevalier de la Légion d’honneur, ancien percepteur de Villedommange, décédé à Jonchery-sur-Vesle le 30 mars 1870, à l’âge de 93 ans.

Source : AMB 1871.

AMASE-LÉON (Georges Édouard LAMAZE, Très Cher Frère).

Né à Saint-Michel-sur-Meurthe (Vosges), le 23 août 1838, ancien Visiteur du district de Reims, ancien directeur des Écoles libres de Reims, décédé dans cette ville, le 16 décembre 1895, dans sa 58e année d’âge et sa 40e de vie religieuse.

Source : AMB 1897.

AMSTEIN (Docteur Aimé).

Le 2 mai 1903, s’éteignait à Mézières, dans sa 92e année, l’une des personnalités les plus marquantes de cette ville, M. le docteur Aimé Amstein, chevalier de la Légion d’honneur et de l’Ordre du Medjidié, ancien médecin sanitaire, ancien conseiller municipal et administrateur de l’hospice.

Né à Mézières en 1811, il était issu d’une famille de médecins dont un ancêtre, originaire de Suisse, servait comme major dans la garde royale et se fixa dans notre pays à la suite d’un mariage. Cette profession resta héréditaire dans sa descendance, et tandis qu’un frère du Dr Aimé Amstein l’exerçait à Mézières, lui-même suivait en Orient la carrière de médecin sanitaire et rendit très simplement, mais fort bravement, les plus grands services au moment des épidémies, notamment à Damas en 1830 et en beaucoup d’autres circonstances critiques. Le Sultan rendit hommage au dévouement de ce médecin français.

Plus tard, en Algérie, il continua les mêmes services dans l’État-major du maréchal Bugeaud. Ancien élève de l’École des Chartes, le Dr Amstein joignait à son talent professionnel une parfaite connaissance des langues, qui le rendit partout, en Égypte comme parmi les Arabes, le fidèle interprète des intérêts de son pays.

Rentré en Fiance, il occupa encore à Pauillac le poste de médecin sanitaire, puis vint reprendre dans sa ville natale les traditions de sa famille et se rendre encore utile à ses compatriotes. D’un commerce aussi sûr que distingué, spirituel et actif jusque dans l’extrême vieillesse, il se montrait obligeant et bienveillant dans toutes ses relations. Sa maison était remplie d’objets d’art et il s’exerçait avec succès à la sculpture sur bois. La disparition de cette sympathique figure laissera un vide dans la vieille cité macérienne Son rôle et ses services ont été retracés sur sa tombe par M. Bruxelle, adjoint an maire de Mézières, en un langage qui a été ratifié par tous ses concitoyens.

H. J.

Source : AMB 1904.

AMSTEIN (Jules).

Docteur en médecine, né à Mézières le 3 février 1808, médecin en chef de l’hôpital de Mézières, chevalier de la Légion d’honneur, décédé à Mézières le 11 mai 1871.

Source : AMB 1872.

ANCEAUX (Jules).

Né à Beine (Marne) en 1832. Ancien élève du Lycée de Reims, où il avait fait de brillantes études, Jules Anceaux sortait de l’école de Saint-Cyr en 1852 et entrait comme sous-lieutenant au 75e de ligne. Il fit les campagnes de Crimée et d’Italie qui lui valurent le grade de capitaine et la croix de la Légion d’honneur. En 1870, lors de la guerre avec la Prusse, il fit en dernier lieu partie de la défense de Paris. Dans une sortie près d’Épinay, il resta sur le champ de bataille atteint d’une blessure mortelle ; transporté à Plessis-Bouchard, dans une ambulance allemande, il y mourut le 12 janvier 1871.

Source : AMB 1872.

ANCELET (Charles Louis Émile).

Professeur de dessin an lycée de Saint-Quentin, officier d’Académie, né à Saint-Quentin le 9 décembre 1824, décédé le 11 novembre 1889.

C’est en récompense de ses remarquables travaux de dessins de gravure en. Espagne que M. Ancelet avait obtenu la croix de chevalier de l’ordre de Charles III.

Charles Remy.

Source : AMB 1891.

ANCELET (Docteur).

Membre correspondant de l’Académie de médecine, né à Reims le 6 juillet 1828, décédé à Vailly le 5 janvier 1891, vint en 1856 se fixer dans cette petite ville, où il eut des débuts difficiles, que sa persévérance, son mérite et sa science parvinrent bientôt à changer en une grande estime et en une grande popularité, car il ne fallut pas longtemps pour découvrir en lui une nature d’élite, un esprit droit et indépendant.

En 1865, il entrait au Conseil municipal, et plus tard il fut nommé adjoint au maire. Il était l’objet dans son pays d’adoption de chaudes et cordiales sympathies.

Il tenait une place distinguée parmi ses confrères, et dès le début de sa carrière il fut proclamé lauréat de l’Académie de médecine et de la Société de chirurgie.

En 1884, il perdit sa mère qu’il affectionnait, alors il ressentit l’isolement, malgré les efforts de ses meilleurs amis pour former autour de lui un cercle de défense contre ce mal, qui finit par céder en partie à la vie active que lui imposait le devoir professionnel.

Mais il était profondément atteint ; il succomba enfin aux efforts de l’âge et de la maladie qui le minait lentement. Les pauvres le regretteront aussi ; car pour eux son désintéressement ne connaissait pas de bornes.

De nombreux discours furent prononcés sur sa tombe par le maire de Vailly et par plusieurs de ses confrères, témoignant de l’estime qu’il avait acquise tant comme particulier que comme médecin.

Le docteur Ancelet appartenait à une famille où l’on compte, à Reims, un lieutenant des habitants, Nicolas Ancelet, de 1623 à 1625.

Il était aussi un lettré, et à ses heures il faisait de la philosophie, et s’était épris d’un grand enthousiasme pour Mallebranche.

Il publia un assez grand nombre de travaux médicaux et quelques communications à la Société médicale de Reims.

Charles Remy.

Source : AMB 1892.

ANGLEMONT de TASSIGNY (Henri Alfred d’).

Était né à Pouru-Saint-Remy (Ardennes), le 6 juin 1832. C’est là qu’il mourut le 29 octobre 1899. Il avait donc soixante-sept ans.

M. de Tassigny avait été l’un des fondateurs de l’« Indépendant Rémois », en 1868 ; il siégea quelques années plus tard au Conseil municipal de Reims.

Capitaine de notre compagnie de Sapeurs-Pompiers, il fut aussi président de la Société des Médaillés d’honneur.

La croix de chevalier de la Légion d’honneur lui fut donnée en récompense de ses services dévoués.

Albert Baudon.

Source : AMB 1901.

ANOT de MAIZIÈRE (Jacques Cyrille).

Ancien professeur du Lycée de Versailles, inspecteur retraité de l’Académie de Paris, né le 27 avril 1792 à Saint-Germainmont (Ardennes), décédé le 5 janvier 1879 à l’âge de quatre-vingt-sept ans.

Neveu et élève de l’abbé Anot (Pierre-Nicolas), qui a laissé dans le diocèse de Reims une si haute réputation de science et de mérite, il fut successivement professeur de rhétorique au Collège royal de Reims, puis professeur de rhétorique et d’histoire au Lycée de Versailles, enfin inspecteur d’Académie pour le département de Seine-et-Oise.

Humaniste consommé, travailleur infatigable, poète et publiciste à ses heures, il a fait paraître plusieurs ouvrages d’un réel mérite, entre autres les suivants : Élégies Rémoises, Lettres à Icilius sur l’état actuel des choses, Le Code sacré, et une tragédie de Cromwell, qui n’a jamais été représentée.

Source : AMB 1880.

ANTOINE (Abbé Jean-Baptiste Urbain).

Doyen de Verzy, né à Chenay, le 4 mai 1850, décédé à Verzy, le 1er avril 1894, avait été ordonné prêtre en 1874.

Il fut d’abord envoyé à La Neuville-aux-Larris ; i1 y resta six ans, pendant lesquels par son caractère aimable il fit de tous ses paroissiens ses amis. Appelé, en 1880, à Montigny-sur-Vesle, il développa des œuvres déjà instituées par ses prédécesseurs et en fonda de nouvelles. La prédication où il excellait surtout par la communication de son cœur et par son accent de conviction, était mise au service de ses paroissiens et souvent aussi à celui de ses confrères qui l’appelaient dans les occasions solennelles. Ami du comte de Sachs, de La Ville-aux-Bois, il fut sont auxiliaire dévoué dans la fondation de l’hospice que celui-ci fonda à Jonchery-sur-Vesle.

En 1889, il fut nommé curé-doyen de Verzy où sa bienveillance et sa belle humeur lui avait bientôt concilié la sympathie de tous, et l’avenir paraissait lui sourira dans cette paroisse où Mgr Juillet, protonotaire apostolique, doyen du chapitre et enfant de Verzy, faisait revivre la mémoire de Saint-Basle en faisant élever une chapelle sur l’emplacement même du monastère qui lui était dédié, lorsque la maladie vint détruire toutes les belles espérances qu’il avait conçues pour l’efficacité de son ministère, et l’enleva en quelques mois à la fleur de l’âge ; il avait à peine 44 ans.

Charles Remy.

Source : AMB 1895.

ANTOINE (Lucien Dominique).

Capitaine de gendarmerie à Reims, décédé en notre ville le 12 décembre 1883, né à Saint-Dié (Vosges) le 4 août 1832. M. Antoine entra au service comme engagé volontaire en 1859, passa lieutenant le 30 octobre 1867 au 40e régiment de cuirassiers.

Successivement lieutenant de gendarmerie le 28 octobre 1868, il fut nommé capitaine alors qu’il était à Reims. Il avait été décoré pendant le siège de Paris.

Le capitaine Antoine a laissé, à Reims, le meilleur souvenir auprès de nos concitoyens qui avaient apprécié son bienveillant caractère.

Source : AMB 1885.

APPERT (Abbé Ambroise).

Chevalier de la Légion d’honneur, chanoine honoraire, curé-archiprêtre d’Épernay, né à Châlons-sur-Marne le 30 novembre 1799, décédé à Épernay le 20 juin 1887 à l’âge de 87 ans.

Issu d’une humble famille, il fit une partie de ses études littéraires sous la direction d’un prêtre de la paroisse Notre-Dame de Châlons ; l’évêché de Châlons était alors supprimé et dépendait du diocèse de Meaux. C’est dans cette ville qu’il étudia la théologie ; il y fut ordonné prêtre en 1825, et revint se mettre à la disposition du nouvel évêque de Châlons, dont le siège venait d’être rétabli.

Il fut d’abord nommé professeur au petit séminaire de sa ville natale ; quelque temps après, il était appelé comme vicaire à la cathédrale de Châlons ; il était en même temps curé de Coolus.

En 1834, il est appelé à la cure da Saint-Jean de Châlons, avec le titre de chanoine honoraire.

Dix ans après, il est placé à la tête de la paroisse d’Épernay, l’une des plus importantes du diocèse ; il en fut le curé-archiprêtre pendant 43 ans, où s’occupant exclusivement de son ministère, il sut se concilier les meilleures relations et de nombreuses sympathies.

Il fut nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1866.

Ch. Remy.

Source : AMB 1888.

APPERT (Alexandre Germain).

Nommé instituteur à Pierry en 1833, M. Appert a vu sa longue et laborieuse carrière universitaire récompensée par les palmes d’officier d’Académie.

Modèle des instituteurs et de l’homme de bien, il était naturel que la justice humaine lui décerna quelques-unes des récompenses qu’elle réserve à la vertu, aussi le conseil municipal de Pierry, par une disposition généreuse et libérale, a décidé à l’unanimité d’élever un monument pour honorer sa mémoire. Il est décédé le 27 décembre 1873 à l’âge de 61 ans.

Source : AMB 1875.

APPERT (général).

Ancien commandant de corps d’armée, grand croix de la Légion d’honneur, ancien ambassadeur de France en Russie, membre du Conseil général de la Marne, né à Saint-Remy-sur-Bussy (Marne) le 12 juin 1817, décédé à Passy (Seine) le 18 avril 1891.

Élève du collège de Châlons-sur-Marne, il entra l’École de Saint-Cyr en 1836, puis à l’École d’état-major en 1838. Un an après, il fut envoyé en Algérie où son oncle était intendant général ; il y conquit les grades de lieutenant en 1842 et de capitaine en 1843. Il était attaché à l’état-major du général Bugeaud, et gagna la croix de la Légion d’honneur aux côtés du général, à la bataille d’Isly. Dans les personnages d’un tableau qui rappelle cette bataille au musée de Versailles, le peintre a reproduit les traits du capitaine Appert. Il était aide de camp du maréchal Randon en 1853, quand il fut nommé chef de bataillon.

Le maréchal Pélissier, qui l’avait connu en Algérie, l’appela en Crimée et en en fit son aide de camp.

Lieutenant-colonel en 1857, il fut appelé en 1858 par le vainqueur de Malakoff qui venait d’être nommé ambassadeur à Londres, pour être son attaché militaire. C’est là qu’il fit son apprentissage dans la diplomatie.

À son retour à Paris, il était nommé chef d’état-major de la garde impériale, et le 12 mars 1862 il était fait colonel, et général de brigade le 14 juillet 1870. Il prit part au siège de Paris, comme chef d’état-major de la 2e armée et fut nommé grand officiel de la Légion d’honneur sur le champ de bataille de Champigny. Pendant la Commune et jusqu’en 1875, il commanda la subdivision de Seine-et-Oise, et fut chargé de la tâche difficile et délicate de diriger 1a justice militaire à Versailles.

Nommé général de division en 1875, il fut mis à la tête de la 10e division et fut promu en 1880, au commandement du 17e corps d’armée à Toulouse jusqu’au 12 juin 1882 époque où il passa dans le cadre de réserve.

Après de pareils états de service, la prodigieuse activité et les grandes qualités du général Appert ne pouvaient demeurer sans être utilisées. En 1882, il fut appelé à représenter la République française auprès de l’empereur de Russie. On sait comme fut fécond pour la France le séjour du général Appert auprès du Czar, qui le tenait en haute estime ; il avait semé en Russie les germes de l’alliance française dont nous recueillons en ce moment la moisson. Rappelé en 1886, il fut nommé grand croix de la Légion d’honneur.

Mais si le général Appert a rendu de si grands services à la France collective, le département de la Marne, et l’arrondissement de Sainte-Ménehould ont eu aussi une grande part de son affection et de son dévouement ; il aimait à y revenir, et là, le grand général, le grand diplomate, devenait un homme bon, affectueux. Ses relations avec ses compatriotes étaient empreintes de simplicité et d’une modestie n’excluant pas une finesse pleine de bonhomie, qui lui attirait tous les cœurs.

Il fut pendant plus de 30 ans et jusqu’à sa mort, membre du Conseil général de la Marne dont il fut longtemps le président.

Charles Remy.

Source : AMB 1892.

APPERT (Gustave Germain).

Le 18 mars dernier on apprenait, à Châlons-sur-Marne, la mort de M. Gustave Appert, décédé la veille, à Versailles, à l’âge de 71 ans.

Ancien élève à l’École normale supérieure, agrégé de l’Université, il fut titulaire, au Lycée de Versailles, de la chaire de physique. Il s’y montra brillant professeur. Ses qualités professionnelles comme sa science lui valurent la rosette de l’Instruction publique et la croix de la Légion d’honneur.

M. Gustave Appert était le frère de M. Émile Appert, décédé inspecteur d’Académie à Saint-Flour (Cantal). Il était né à Châlons, le 16 mars 1833.

Albert Baudon.

Source : AMB 1905;

APPERT (l’abbé Léopold Louis Marie).

Chanoine honoraire, né à Soudron, le 7 janvier 1837, décédait à Châlons le 6 juin 1905.

Ordonné prêtre, en 1863, il était nommé, la même année, vicaire de l’église Notre-Dame de Châlons. Curé de Clesles, en 1868, de Troissy, en 1872, il était nommé, en 1883, coadjuteur de M. l’abbé Lemaur, curé de Saint-Alpin, devenu aveugle. Pendant cinq années M. l’abbé Appert prodigua au vénérable vieillard les soins les plus touchants. En 1888, M. l’abbé Appert était nommé curé titulaire de l’église Saint-Alpin. C’est alors qu’il entreprit, avec la plus grande intelligence, la restauration de son église, au moyen de quelques dons et de ses ressources personnelles.

En dehors de ses occupations, M. l’abbé Appert se livrait à des travaux d’érudition. Membre titulaire résidant de la Société Académique des Sciences et Arts de la Marne, en 1884, il donnait une monographie de la Baronnie de Troissy, couronnée par la Société ; une étude sur la monographie du village de Bagneux ; une Notice sur l’abbé Garnier, émigré à la Révolution ; une page à la mémoire de Mme Anaïs Ségalas, et de nombreux rapports insérés dans les mémoires de la Société.

M. l’abbé Appert s’était intéressé, en 1892, à l’Exposition, si réussie, du Centenaire de Valmy, en y participant.

D’un commerce charmant, affectueux et sympathique, M. l’abbé Appert dut, en ces derniers temps, se démettre de ses fonctions par suite de son mauvais état de santé. Il a emporté avec lui, dans la tombe, les regrets de tous ceux qui l’ont connu et aimé.

Albert Baudon.

Source : AMB 1906.

ARATEUR (le T. C. Frère).

Né à Carré-les-Tombes, dans l’Arelin, diocèse de Sens, décédé au Pensionnat des Frères de Reims, le 16 octobre 1896, dans sa 77e année et dans la 59e depuis son entrée à l’Institut.

Fidélité pure et simple aux prescriptions régulières, égale docilité aux volontés des supérieurs, telle fut sa vertu favorite, celle qui a donné le bonheur à sa longue vie religieuse. Avec lui, le Pensionnat perdait le dernier témoin qui restât de ses modestes origines. En effet, l’établissement de la rue de Venise avait pris naissance, s’était développé et transformé sous ses yeux ; mais lui, l’ouvrier des premiers jours, était demeuré fidèlement attaché aux plus jeunes enfants, il leur avait donné joyeusement quarante années de sa vie, toute pleine de vertus. Enfin, lorsque, dans ces derniers temps, le vieux maître chrétien, épuisé, avait dû renoncer à l’enseignement, la prière fut désormais sa grande et, pour ainsi dire, son unique occupation. En même temps il faisait bonne figure à la douleur, ne se départant jamais de cette gaieté communicative qui gagnait au vieillard toutes les sympathies.

« Au sens purement humain, une telle existence ne compte pas, n’ayant point fait de bruit ni répandu d’éclat. Et cependant combien se sentent redevables à l’heureuse influence qu’il a exercée sur leur esprit et leur caractère ! Témoins ces nombreux anciens élèves, qui s’étaient joints aux élèves actuels du Pensionnat et à leurs maîtres, pour assister aux funérailles du pauvre Frère ».

Source : AMB 1898.

ARCHIAC (Étienne J. A. d’).

Homme de lettres, membre de la société géologique de France, né à Reims le 24 septembre 1802, décédé à Paris le 23 décembre 1868.

Source : AMB 1870.

ARGY (comte Charles d’).

Colonel de la légion d’Antibes, ancien colonel du 53e régiment d’infanterie de ligne, commandeur des ordres de la Légion d’honneur, de Pie IX et de François II, officier de l’ordre militaire de Savoie et chevalier de l’aigle rouge d’Autriche.

Le colonel d’Argy naquit en 1804 à Malmy-lès-Vendresse (Ardennes). Après avoir fait ses études au collège de Charleville, il s’engagea volontairement en 1823, fit la campagne d’Espagne comme sous-officier. Nommé sous-lieutenant à la première expédition d’Alger, il continua les campagnes d’Afrique, lieutenant-colonel au 5e de ligne à la guerre d’Italie, fondateur de l’École normale de gymnastique militaire, et auteur d’un traité sur cet art, enfin colonel du 53e de ligne jusqu’en 1865, époque où il entra dans l’armée papale ; décédé à Rome le 26 janvier 1870.

Source : AMB 1871.

ARLET (Oscar).

Né à Corbeny le 16 février 1840, mort à Hautvillers, le 25 avril 1897, inhumé à Épernay le 28 avril, chevalier du Mérite agricole. Simple jardinier chez M. Paul Chandon de Briailles, il sut, à force d’études et d’observations laborieuses, acquérir un sérieux renom d’horticulteur.

L’un des premiers fondateurs de la Société d’horticulture d’Épernay, il en fut un des soutiens les plus dévoués et y obtint ses plus beaux succès, succès sanctionnés par 30 médailles dans les expositions, dont 4 à Paris, par un prix d’honneur médaille d’or en 1879, par un diplôme d’honneur à Bar-le-Duc, en 1880, par une grande médaille d’or en 1881, offerte par la ville d’Épernay ; par un diplôme d’honneur, avec prime en argent, en 1884 et 1890.

Membre du jury dans diverses expositions importantes, il était de plus, secrétaire-général de la Société d’horticulture et de viticulture d’Épernay, membre de la Société nationale d’horticulture de France. À ses obsèques, les coins du drap étaient tenus par quatre chevaliers du Mérite agricole, MM. Sénicourt-Bernard, vice-président de la Société ; Riffaut, de Châlons ; Alphonse Tareste et Tartier, de Pierry.

M. Gaston Chandon de Briailles, qui conduisait le deuil, a prononcé sur sa tombe l’adieu suprême, « hommage des regrets profonds de ceux auxquels Arlet s’était entièrement consacré ».

Source : AMB 1898.

ARLOT (Charles Léon).

Né à Reims le 27 mai 1827, décédé à Asfeld (Ardennes), le 25 février 1900, à l’âge de soixante-douze ans, était l’un des fondateurs de l’Indépendant Rémois, dont il avait été l’administrateur-gérant du jour de la fondation en 1868 jusqu’au mois de juin 1874, époque où ce journal fut suspendu par le gouvernement de l’ordre moral.

Sous l’empire, M. Charles Arlot avait été en la même qualité traduit en cour d’assises à cause de l’opinion républicaine de l’Indépendant Rémois.

M. Charles Arlot, père de M. Ernest Arlot, l’aimable rédacteur de ce journal, avait été secrétaire du Conseil municipal de Reims, de 1875 à 1881 ; il avait ensuite exercé pendant plusieurs années les fonctions de secrétaire-receveur du Bureau de Bienfaisance.

Ce brave citoyen avait conservé à Reims de nombreuses sympathies.

Albert Baudon.

Source : AMB 1901.

ARNOULD (abbé).

Né à Saint-Remy-sur-Bussy le 20 août 1818, mort à Châlons le 5 novembre 1892.

Sorti de l’École normale, il abandonna la vie civile pour l’enseignement religieux. Ses études terminées au séminaire de Saint-Sulpice, il revint à Châlons et s’adonna aux devoirs de l’instruction publique jusqu’en 1876, où il accepta l’aumônerie de la Maison des pauvres.

Charles Remy.

AMB 1893.

ARNOULD (Jean-Baptiste Joseph Charles).

Le 30 mars 1904, le maire de Reims, M. Charles Arnould, succomba à une attaque d’hémiplégie qui l’avait frappé subitement à son retour d’Algérie.

Né a Reims le 24 février 1847, fils d’un avocat qui laissa la réputation d’un littérateur distingué, Charles Arnould fit ses études au Lycée de Reims (1854-1858), puis au Lycée d’Alger, enfin au Collège Sainte-Barbe à Paris, où d’illustres professeurs, tels qu’Eugène Despois et Émile Deschanel exercèrent sur l’esprit du jeune homme une influence qui devait décider des convictions de son existence entière.

Après avoir voyagé en Allemagne et en Angleterre, il entra chez son oncle, M. de Saint-Marceaux, négociant en vins de Campagne, d’abord comme caviste, puis comme employé ; il devint ensuite fondé de pouvoirs et, enfin, en 1881, directeur de cette importante maison. Il occupait, dans le commerce de notre ville, une grande situation ; il avait été secrétaire, puis vice-président du Syndicat des vins de Champagne.

Républicain convaincu, il se mêla, dès 1869, au mouvement politique d’opposition à l’Empire; il soutint Jules Simon qui se présentait contre Werlé, le candidat officiel ; puis, avec Gustave Isambert, il fut un des organisateurs du Comité rémois qui, en 1870, combattit le plébiscite impérial.

Pendant la guerre, il fit, avec le 75e régiment de ligne, la campagne de la Loire et gagna le grade de sergent.

À son retour à Reims, il s’occupa, de plus en plus activement de la vie publique de la cité ; il contribua à la propagation des idées démocratiques, à l’établissement des œuvres laïques et d’éducation, au progrès des théories sociales et philosophiques dans notre région – tant comme secrétaire du Comité démocratique, puis après 1877, président du Comité central des Comités républicains radicaux, et, plus tard, des Comités radicaux-socialistes, – que comme secrétaire du Comité rémois de la Ligue de l’Enseignement, délégué cantonal et comme fondateur, avec Claude Goïot, en 1879, de la Ligue de la Libre-Pensée qu’il présida de 1885 jusqu’à sa mort.

Charles Arnould contribua à la création des journaux républicains de Reims. Il entra au Conseil municipal, pour la première fois, au mois de mai 1888 ; il en sortit en 1892. Le 4 novembre 1894, le 4e canton l’envoya siéger au Conseil général en remplacement du docteur Jolicœur. Le 26 février 1900 le Gouvernement de la République le nomma chevalier de la Légion d’honneur. Le 6 mai de cette même année il fut, de nouveau, élu conseiller municipal et, quelques jours après, ses collègues l’élevaient aux fonctions de premier magistrat de la cité. Son œuvre comme maire, du 1900 à 1904, a été surtout tracée, et par les discours qui furent prononcés sur sa tombe et par le compte rendu des travaux et de la gestion de la Municipalité présenté par son successeur, M. le docteur Pozzi. Charles Arnould sut gérer avec économie les intérêts financiers municipaux qui lui étaient confiés ; il appliqua, avec une fidélité scrupuleuse, le programme qu’il s’était tracé et qui était conforme aux idées qu’il détenait toujours, en maintes circonstances : de ses deux grandes préoccupations : la laïcité des services publics de la ville et la suppression de l’octroi, il parvint à réaliser la première ; quant à l’autre, il soumit à ses collègues et au Parlement, un projet qui fut longuement étudié et discuté:

Les obsèques de M. Ch. Arnould eurent lieu, le dimanche 3 avril 1904 au milieu d’une foule recueillie et sympathique ; elles furent grandioses : depuis Ponsardin, mort le 25 octobre 1820, la population rémoise n’avait pas eu l’occasion de rendre les derniers hommages a un maire mort en fonctions.

Le cortège, parti de la maison mortuaire à neuf heures et demie du matin, suivit la rue de Talleyrand, la rue de Vesle, la place du Palais-de-Justice, la rue Carnot, la place Royale, la rue Colbert, la place de l’Hôtel-de-Ville, la rue des Consuls, la place de la République, le boulevard Louis-Roederer, pour entrer dans la cour de la Gare où se trouvait le wagon qui devait, selon la volonté formelle du défunt, emporter son cercueil en Algérie. Sur le parcours, les candélabres voilés, répandaient, sous le noir du deuil, d’indécises clartés. La grande porte d’entrée de l’Hôtel de Ville était fermée et garnie d’un immense crêpe ; sur le perron était déposée la couronne offerte, par le personnel de la mairie. Les principales notabilités politiques et administratives du département et de la cité, de nombreuses délégations des corps constitués, des autorités judiciaires, financières, militaires, des écoles, des sociétés, associations, syndicats, comités, etc., suivaient le cercueil du Maire de Reims et formaient un imposant cortège.

À la gare, des discours furent prononcés par M. Lenoir, adjoint, au nom de la Ligue de la Libre-Pensée rémoise ; M. le docteur Pozzi, au nom de la Municipalité ; M. le docteur Knoeri, au nom du Comité central des Comités radicaux-socialistes ; M. le docteur Luling, au nom de la Commission administrative des Hospices ; M. Tixier, au nom du Comité radical-socialiste du 1er canton ; M. Gustave Hubbard, député des Basses-Alpes, au nom de la Libre-Pensée universelle ; M. le docteur Langlet, au nom des Comités radicaux ; M. Huard, préfet de la Marne ; M. Vallé, ministre de la Justice, au nom du Conseil général ; M. Mirman, député de Reims, au nom des amis de Charles Arnould. L’inhumation eut lieu le mercredi 6 avril 1904, en Algérie, au cimetière du village de Birkadem où le maire de Reims possédait d’importantes propriétés.

En mourant, il a légué 50.000 francs à la ville, tant pour les Hospices que pour le Bureau de Bienfaisance ; 50.000 francs aux ouvriers et employés de sa maison de commerce et 100.000 francs à la Ligue de la Libre-Pensée qu’il a, en outre, doté d’un immeuble.

Ch. Arnould laissera le souvenir d’un administrateur soucieux des intérêts de ses concitoyens, d’un homme affable et accueillant, d’un esprit éclairé et conciliant. Il fut toute sa vie un républicain sincère et ardent, un démocrate convaincu, un libre-penseur tolérant et respectueux du droit de conscience, un innovateur hardi.

Gustave Laurent.

Source : AMB 1905.

ARNOULD-BALTARD (Edmond).

Chevalier de la Légion d’honneur, membre correspondant de l’Académie de Reims, ancien membre du Comice agricole, issu d’une famille de Reims et très attaché au pays rémois, décédé dans son domaine du Vivier, près de Trigny (Marne), le 1er mars 1893, dans sa 73e année. Allié en premières noces à la famille Morizet, il devint en secondes noces le gendre de M. Baltard, le célèbre architecte de Paris. Il s’adonna toute sa vie à des études d’agronomie et d’économie sociale, ainsi qu’à de nombreuses œuvres de charité et de bienfaisance. Son actif dévouement dans le service des ambulances, lors du siège de Paris, lui mérita la croix de la Légion d’honneur. Il laisse à sa famille les traditions les plus enviables et ses enfants marchent sur les traces de leur père dans les carrières les plus honorables.

H. J.

AMB 1894.

ARNOULT.

(Zozime Arsène),

né à Poix, le 12 septembre 1844, curé de Sarcy, décédé le 13 novembre 1872.

Source : AMB 1873.

AUBAN-MOET-ROMONT (Camille Jacques Victor).

Né à Toulon, le 20 janvier 1832, décédé à Épernay, le 10 août 1896, dans sa 65e année.

Sa mère était une sœur de Mme Victor Moët. En 1858, M. Auban épousa sa cousine, Mlle Rachel Moët, et devint à dater de cette époque durant vingt-quatre ans, associé de la maison Moët et Chandon, dont il était resté commanditaire.

Sa biographie est courte : sa vie tout entière fut celle d’un homme de bien. Semant les bienfaits sur sa route, mais donnant avec discrétion, il n’a laissé de traces apparentes que les deux crèches « Rachel », placeés aux deux extrémités de la ville, et le magnifique Hospice-Hôpital, qu’il a princièrement dotés. C’était le grand bienfaiteur de la ville d’Épernay. Il considérait son immense fortune comme un dépôt remis entre ses mains par le grand dispensateur de toutes choses, pour le répartir en faveur de ceux qui manquent.

Aussi sa mort a-t-elle été pour Épernay un deuil public. La population tout entière suivait le cortège dans une attitude tristement recueillie. Les becs de gaz, allumés sur tout le parcours, étaient recouverts d’un crèpe. Dans la chapelle ardente et à l’église brûlaient d’énormes lampadaires. L’église était déjà remplie que le cortège sortait encore de l’hôtel.

Pendant le service religieux, célébré par M. l’archiprêtre, la maîtrise de Saint-Augustin a exécuté avec la maëstria qu’on lui connaît, plusieurs morceaux religieux d’un grand effet :

« Requiem », en contre-point.

« Kyrie », de Niedermeyer.

« Dies irae » en contre-point, avec soli de ténor, baryton et basse.

M. Auguez a chanté un solo du « Dies irae », et superbement rendu le « Miserere », de Steinman.

Le « Pie Jesu », par un ténor de la maîtrise.

« Sanctus », « Benedictus » et « De Profundis » par la maîtrise.

Mme Auguez a chanté admirablement « 1'Agnus Dei » de Stradella, et M. Franck, le célèbre violoncelliste, a vivement impressionné l’assistance par l’exécution d’un morceau émouvant de Haendel ; – M. Pons, l’organiste de Nice, tenait les grandes orgues. L’évêque de Châlons, Mgr Latty, a fait en chaire l’éloge du défunt en langage élevé et touchant à la fois.

Suivant son désir, M. Auban-Moët a été inhumé dans la crypte disposée à cet effet sous le maître-autel de l’Hôpital que la Ville doit a sa générosité. Le cercueil est donc déposé sous un catafalque dressé à l’entrée du chœur, en attendant qu’il soit descendu dans la crypte en présence seulement de la famille ; M. Fleuricourt, maire d’Épernary, qui mieux que personne savait que cette mort était pour la ville une perte irréparable, a loué avec une véritable éloquence « l’homme de bien, – l’homme véritablement bon et généreux –, au grand cœur qui, par des œuvres impérissables, s’est imposé – peut-être à son insu – à l’admiration et à la respectueuse et inaltérable gratitude de tous ses concitoyens ».

Source : AMB 1897.

AUBERT (abbé François Nicolas). Né le 17 juillet 1801 à Sévigny-la-Forêt (Ardennes), ancien doyen de Renwez, chanoine honoraire de l’église métropolitaine de Reims, curé doyen de Saint-Remi depuis le 11 janvier 1839, décédé à Reims le 10 janvier 1870.

M. Aubert était en chaire, à la messe paroissiale, prêchant la vraie dévotion et la charité, lorsqu’il fut surpris par une attaque d’apoplexie et enlevé en quelques minutes à l’affection de ses paroissiens, dont il fut pendant 30 ans le bienfaiteur et le père.

Source : AMB 1871.

AUBERT (Charles). Décédé le 21 novembre dernier, professeur honoraire de l’Université, officier de l’Instruction publique, avait appartenu au Lycée de Reims où, pendant trente ans, il fit la huitième et la septième.

M. Aubert avait précédemment exercé à Chaumont (1853), à Sens (1854), et à Paris, au lycée Charlemagne en 1860. Comme son collègue M. Trézaune qui l’avait précédé dans la tombe, il réunissait d’inestimables vertus et une grande bonté d’âme, que n’avaient pas altérée les tristesses de sa vie. Cette existence si loyale, il la consacra à élever les sentiments de ses jeunes élèves, comme il mit à leur profit ses connaissances et son dévouement sans bornes.

M. Paul Douce, secrétaire de l’Association amicale des anciens élèves du lycée de Reims, a rendu hommage aux qualités professionnelles de M. Aubert, à sa probité, à sa science et surtout à sa conscience du devoir qu’il eut à cœur de remplir jusqu’au terme de sa laborieuse carrière.

La mort, a dit l’orateur, l’a surpris parmi ses livres, au milieu de ses relations aimables avec des lettrés comme lui, fortifié et consolé d’avance par la lecture, la méditation, les nobles pensées de sa philosophie, par ce qui fut en un mot, la sérénité de ses derniers jours, et sa fin fut aussi calme que sa vie avait été utile.

M. Aubert était né à Chilly (Ardennes), le 15 août 1830. Albert Baudon.

Source : AMB 1902.

AUBERT (François Apollinaire).

Ancien négociant, ancien administrateur du Bureau de bienfaisance, administrateur de la Caisse d’épargne, décédé à Reims, le jeudi 21 janvier 1897, dans sa 81e année, inhumé lundi 25 du même mois, au cimetière du Nord.

Source : AMB 1898.

AUBERT (Jean Nicolas Félix).

Apiculteur, médaillé de Sainte-Hélène, né à Poix (Marne), en 1791, décédé à Poix le 3 octobre 1888 à l’âge de 97 ans.

Ce dernier débris de la grande armée a atteint les limites extrêmes de la vie humaine, dans des conditions relatives de santé remarquables, ayant conservé jusqu’à la fin ses facultés intellectuelles.

Enrôlé en 1810, il fit les campagnes d’Espagne, de Russie et d’Allemagne, il assistait en 1813 à la célèbre bataille de Leipsick. Il obtenait son congé en 1814, après la première abdication de Napoléon : rentré au pays natal, il épousa la nièce de l’abbé Blion, alors curé de Somme-Vesle et de Poix, depuis chanoine titulaire de la cathédrale de Châlons, avec lequel il commença l’étude et la pratique de l’apiculture, dont il devint le premier maître de l’arrondissement de Châlons.

Il obtint à ce titre plusieurs récompenses de la Société d’agriculture, commerce, sciences et arts de la Marne : il fit des élèves dans son pays, et 1e principal fut son propre fils, l’abbé Alexandre Aubert, curé de Juvigny, décédé chanoine honoraire de Châlons. Plusieurs de ses fils exercèrent avec succès le commerce à Reims, entre autres M. Aubert-Bernier, de la maison Aubert & Quéaux, dont le chef actuel a épousé la petite-fille de notre patriarche.

Charles Remy.

Source : AMB 1889.

AUBERT (Pierre Alexandre).

Né à Poix, le 16 février 1820, M. Aubert, ordonné prêtre le 10 juin 1843, puis vicaire à Sainte-Ménehould, avait pris possession, le 9 février 1845, de la cure de Notre-Dame de Juvigny, décédé à Juvigny le 9 juillet 1871.

Actif et capable, M. Aubert, dès son arrivée à Juvigny, se consacra simultanément à la culture des belles-lettres, des sciences historiques et des beaux-arts.

L’église de Juvigny, qui menaçait ruine, fut, par ses soins, entièrement reconstruite.

Pendant l’hiver rigoureux de l’année 1847, M. Aubert prit l’initiative d’une souscription en faveur des malheureux qui se trouvaient sans pain. Son appel fut entendu, et des offrandes généreuses permirent de continuer les distributions hebdomadaires de secours en nature aux indigents du pays.

Porté par son origine plébéienne et ses principes libéraux vers les doctrines républicaines, M. Aubert agréa volontiers la révolution du 24 février 1848, et accepta, le 19 mars suivant, la présidence du Comité électoral républicain de Juvigny.

Lors de la plantation de l’arbre de la liberté, il s’attacha à démontrer à ses auditeurs la marche ascensionnelle des éléments constitutifs du progrès et de la vraie liberté, basée sur les lois de la fraternité humaine et du respect des droits de tous. La bénédiction d’un drapeau tricolore vint lui fournir une nouvelle occasion de rappeler l’intérêt puissant qui s’attachait à la défense de la liberté et des espérances immortelles.

Sous l’Empire, M. Aubert consacra ses loisirs à des publications historiques. Il débuta par une Monographie de la commune de Juvigny, publiée en 1857. Collaborateur assidu du Journal de la Marne, de l’Annuaire, du Mémorial catholique et de notre Almanach, il a publié dans ces recueils politiques ou littéraires des travaux intéressants et variés ; nous citerons parmi ces derniers : Chaalon, ancien et nouveau, payen et chrétien, depuis son origine jusqu’en 1726, manuscrit inédit de P. Garnier ; et les Mémoires historiques sur la Champagne, ouvrage inédit de Beschefer ; des notices biographiques, etc.

Secrétaire du Comice agricole de l’arrondissement de Châlons, M. Aubert avait aussi dirigé ses recherches vers l’Apiculture, science héréditaire dans sa famille. Il était arrivé, par ses observations patientes et ingénieuses, à des résultats importants pour l’amélioration de cette branche de la production agricole, et il avait vu ses efforts plusieurs fois récompensés dans les expositions régionales et par la Société d’Apiculture de Paris.

Membre correspondant de l’Académie de Reims, de la Société pour la conservation des monuments historiques et de la Société de Sphragistique, M. Aubert prit une part active aux congrès archéologiques, tenus à Châlons en 1855 et à Reims en 1861. Membre de la Société d’agriculture, commerce, sciences et arts de la Marne, il a publié dans les Mémoires de cette société d’intéressants rapports sur les concours historiques.

En 1866, il créa la Semaine champenoise, journal du diocèse de Châlons.

Source : AMB 1872.

AUBERT.

Né à Suippes en 1832, décédé le 22 mai 1875, colonel du 2e hussards.

Ancien élève des collèges de Châlons et de Reims, il fut admis à l’école Saint-Cyr. Depuis son entrée dans la carrière militaire, il fit successivement toutes les campagnes de l’époque. Chacun de ses grades fut conquis sur le champ de bataille ; il se trouva tour à tour en Crimée, en Italie, en Algérie, au Mexique, où il passa cinq années et fut mis quatre fois à l’ordre du jour de l’armée pour de brillants faits d’armes, notamment pour avoir tué de sa main le chef d’état-major de Quesada.

Longtemps officier de chasseurs d’Afrique, il était, en 1866, à l’âge de 34 ans, nommé chef d’escadron. Il fit, comme lieutenant-colonel, la guerre néfaste de 1870. Après avoir combattu pour la défense de son pays, il se trouva en 1871 aux prises avec les insurgés. À la suite des hostilités, la présidence d’un des conseils de guerre de Versailles lui fut confiée, et il eut à juger les assassins des généraux Clément Thomas et Lecomte. Deux ans après, il était colonel du 2e hussards, et c’est à ce poste glorieux qu’il a succombé.

Source : AMB 1876.

AUBERT-ROCHE.

Né à Vitry-le-François le 26 novembre 1810, décédé le 22 décembre 1874.

Connu par le rôle qu’il a joué lors de la révolution de février, il fut un instant commissaire général dans les trois départements de la Marne, de l’Aube et de la Haute-Marne. Ensuite, il abandonna la politique pour s’adonner à la médecine, et depuis peu il était médecin principal de la compagnie de l’Isthme de Suez.

Source : AMB 1876.

AUBINEAU (Jules).

Propriétaire à Ciry-Salsogne, ancien fabricant de sucre, est décédé en sa demeure le dimanche 7 février 1897, dans sa 70e année. Fixé depuis longtemps dans le pays, il y comptait de nombreux amis, qui conservent précieusement son souvenir.

À l’issue du service, célébré en l’église de Ciry-Salsogne, le mercredi suivant, le corps a été transporté à Paris et inhumé dans le terrain familial, au cimetière du Père-Lachaise.

Source : AMB 1898.

AUBRION (Xavier).

Médecin-vétérinaire, docteur eu médecine, archéologue, membre correspondant de la Société d’agriculture, commerce, sciences et arts de la Marne, décédé à l’âge d’environ 45 ans au Gault-la-Forest, a donné l’exemple d’un homme laborieux qui a voulu s’élever par l’étude et par la science au-dessus de la position déjà fort honorable qu’il avait précédemment conquise.

Reçu médecin-vétérinaire à l’âge de 19 ou 20 ans à l’École d’Alfort, il revint au Gault exercer son art avec succès ; ceci ne lui suffit bientôt plus. Il voulut étudier la médecine pour guérir ses semblables, et tout en continuant à exercer sa première profession, il travailla à obtenir le titre de docteur, menant de front les deux branches de la médecine. Il se livra aussi à l’étude et à la pratique de l’archéologie, et il a écrit sur cette science, comme sur les questions médicales, plusieurs mémoires qui ont été conservés.

Mais la nature humaine ne peut être impunément surmenée : le travail le tua et il mourut d’une congestion le 18 mars 1884.

Source : AMB 1885.

AUBRIOT (Ferdinand).

Né à Fismes (Marne) le 25 décembre 1802, décédé à Rimogne (Ardennes) le 18 mars 1879.

Ancien receveur des hospices à Reims, de 1832 à 1852, il s’était fixé depuis cette époque à Rimogne, près de sa belle-mère, Mme de Noirefontaine. Ses connaissances le firent nommer maire de Rimogne et juge suppléant de la justice de paix de Rocroi. Il montra pendant l’invasion de 1870 un profond dévouement et un grand courage civil pour défendre auprès des autorités allemandes les intérêts de ses administrés.

C’était dans la vie privée un homme d’un commerce très agréable, d’un esprit vif et piquant, mais qui ne cherchait à blesser personne. Il a vécu en honnête homme, estimé de tous ceux qui l’ont connu.

Source : AMB 1880.

AUBRY.

Né à Vitry-le-François en 1811. Ancien lieutenant-colonel du 35e régiment d’infanterie de ligne, officier de la Légion d’honneur, M. Aubry est décédé à Vitry le 15 Juillet 1872, à l’âge de 61 ans.

Source : AMB 1873.

AUBRY (Alphonse).

Né à Poix (Ardennes) en 1829, fit ses études au pensionnat Liès à Charleville, entré à l’école spéciale militaire de Saint-Cyr en 1846, sorti en 1848 comme officier au 59e de ligne, fit partie de l’expédition de Rome où il est resté neuf ans en qualité de rapporteur près du conseil de guerre, fit la campagne d’Italie et fut nommé chef de bataillon en août 1870, blessé d’un coup de feu au talon lors de la retraite de Mézières, sous les ordres du général Vinoy, rentré dans Paris il prit une part active à la bataille de L’Hay le 3 septembre où il reçut trois coups de feu, fait prisonnier et rendu par échange, son état ne lui permettant pas d’être transporté en Allemagne, entré à l’hôpital du Val-de-Grâce où il est décédé le 15 novembre 1870 officier de la Légion d’honneur.

Source : AMB 1872.

AUBRYET (Xavier).

Né en 1827 à Pierry, près Épernay, homme de lettres, chevalier de la Légion d’honneur depuis 1865, décédé à Paris le 15 novembre 1880.

Aubryet avait fait la majeure partie de ses études au collège de Saint-Quentin, où ses parents étaient venus habiter ; puis il alla avec eux à Paris et acheva ses classes au Lycée Charlemagne. Il débuta dans l’administration des finances, qui n’eurent que peu d’attraits pour lui. Dès 1849, il s’occupa de littérature, collabora successivement au Corsaire, à l’Événement, à l’Illustration, à l’Artiste, à la Gazette des Beaux-Arts et surtout au Moniteur universel.

Cet homme de talent a publié divers ouvrages inspirés par un esprit très original, très délié et légèrement teinté de paradoxe.

On cite surtout comme ses meilleurs ouvrages : La Femme de vingt ans, Idées justes et Idées fausses, etc.

Source : AMB 1881.

AUDEBARD (Bertrand Marie Louis Amédée d’).

Comte de Férussac, né à Paris, le 9 juillet 1817, décédé à Pleurs, le 29 novembre 1897.

Revenu au berceau de l’illustre famille de Pleurs dont sa femme portait le nom (Mlle de Pleurs), M. le comte de Férussac, qui avait beaucoup voyagé, occupait ses derniers loisirs entre les soins à donner à son domaine et ceux qu’il aimait à prodiguer aux malheureux.

Source : AMB 1899.

AUDIERNE (Romain).

Né à Épernay le 31 décembre 1829, décédé dans cette ville, le 1er juillet 1898, ancien négociant en bouchons, justement aimé et estimé à Épernay et dans toute la Champagne, avait débuté dans les affaires comme voyageur d’une des plus honorables maisons de commerce de vins de Champagne. En 1861, il s’associa avec M. Barris père, fabricant de bouchons, et peu de temps après avec M. Barris fils. Grâce à l’activité et à l’intelligence des associés, la maison Audierne et Cie devint très rapidement une des plus importantes dans ce genre d’industrie.

D’un tempérament très actif, M. Audierne, en quittant le commerce, n’avait pas renoncé aux affaires. Il avait fondé et amélioré un important vignoble qui, grâce à ses soins intelligents, passe, à juste titre, pour un des mieux tenus de la Champagne.

Bien qu’il eût exprimé le désir qu’aucune lettre d’invitation ne fût envoyée, il y avait foule à ses funérailles; et l’église d’Épernay ne pouvait suffire à contenir le grand nombre des assistants.

Source : AMB 1899.

AUGÉ-COLIN (Désiré Hippolyte).

Décédé à Nice le 27 mars dernier, à l’âge de 80 ans, était un de ces hommes qui, en partant, emportent avec eux l’estime publique. Ancien négociant en vins de Champagne, il avait été maire d’Avize, et c’est à lui qu’est redevable cette localité du magnifique hôpital-hospice qu’il dota de ses deniers.

M. Augé-Colin était officier d’Académie et chevalier du Mérite agricole.

Albert Baudon.

Source : AMB 1901.

AUMIGNON (Alexandre Éloi).

Médecin-vétérinaire et officier de santé, membre titulaire et ancien président de la Société d’agriculture, commerce, sciences et arts du département de la Marne, né à Berzieux le 21 juin 1824, est décédé à Châlons le 3 avril 1889.

En 1844, il sortait de l’École d’Alfort avec le diplôme de vétérinaire ; il entra ensuite à l’École de Grignon et en sortit l’un des premiers avec le diplôme d’ingénieur agricole.

Il exerça d’abord à Pogny la médecine vétérinaire, mais un besoin de science plus étendue l’agitait ; et en 1854 après avoir surmonté bien des obstacles, il obtenait son brevet d’officier de santé. À cette époque sévissait à Pogny le fléau du choléra ; son dévouement au chevet des malades lui valut du ministre une médaille d’argent.

Son désintéressement lui fit toujours donner une large part de ses soins charitables aux déshérités de la fortune.

Il a laissé plusieurs ouvrages sur l’art de guérir, dont l’un des plus utiles est celui qui a pour titre : L’hygiène des enfants.

En 1887 et 1888, il était président bisannuel de la Société d’agriculture, commerce, sciences et arts de la Marne.

M. Redouin, son successeur à la présidence de cette Société, a fait en termes éloquents son éloge, qui se résume en ces deux mots: travailler, être utile.

Charles Remy.

Source : AMB 1890.

AUMIGNON (Dieudonné).

Officier du mérite agricole, vétérinaire honoraire, ancien médecin-vétérinaire du département, ancien vice-président du comice de Châlons, membre honoraire de la société d’agriculture, commerce, sciences et, arts de la Marne, du conseil d’hygiène, né à Berzieux (Marne), le 10 décembre 1808, décédé à Châlons-sur-Marne, le 27 janvier 1894.

Le lundi 29 janvier 1894, ont eu lieu en l’église Notre-Dame de Châlons, les obsèques de M. Dieudonné Aumignon, décédé subitement le 27 du même mois, à l’âge de 84 ans.

Né à Berzieux, arrondissement de Sainte-Ménehould, le 10 décembre 1808, d’une famille des plus honorables de ce petit village, M. Aumignon vint s’établir, en 1840, à Châlons, où, pendant près d’un demi-siècle, il ne cessa de se rendre utile dans les diverses fonctions qu’il occupa.

M. Aumignon était l’un des doyens de la Société d’Agriculture, Commerce, Sciences et Arts de la Marne. Membre titulaire de la Compagnie, il devint membre honoraire après vingt années, c’est-à-dire le 15 décembre 1886. À cette date, et sentant déjà ses forces décliner, il avait demandé l’honorariat sans se désintéresser, néanmoins, des travaux qu’il ne pouvait plus suivre comme autrefois.

II n’est personne qui ne se souvienne des communications intéressantes qu’il fit maintes fois à cette société, à laquelle il apportait le plus complet dévouement, et de ses rapports annuels sur le concours du prix Savey pour lequel il avait une véritable affection.

La sûreté de son commerce, la délicatesse de ses procédés, la rectitude de son jugement, enfin une obligeance à toute

épreuve, faisaient de M. Aumignon le meilleur des collègues, comme l’avait été son excellent frère, l’un de nos prédécesseurs.

Il y avait chez lui une telle modestie qu’elle doublait son mérite. Ennemi du bruit et du monde, il ne connaissait que l’amour du travail.

Que de veilles il a passées dans cette petite pièce où nous aimions à lui rendre visite !

C’est donc avec justice que la Société d’Agriculture, Commerce, Sciences et Arts de la Marne, par la voix de son Président, devait rendre un sincère hommage aux services rendus, à la loyauté du caractère et à l’élévation des sentiments de son ancien et regretté membre honoraire. Une humilité trop grande, suivant nous, s’est imposée et nous n’avons eu qu’à nous incliner respectueusement, comme l’ont fait ses enfants, devant une volonté qui n’a fait que grandir la manifestation de ses obsèques, et ne saurait nous rendre oublieux.

Mais ce que le Président n’a pu dire sur la tombe, celui qui fut honoré de l’amitié de M. Aumignon, peut, en toute liberté, lui consacrer ici quelques lignes de souvenir d’estime affectueuse.

Très assidu aux séances, et encore pendant ces derniers temps, il mettait au service de la Société tout son savoir et les fruits d’une expérience mûrement acquise, et cela sans bruit, sans ostentation.

La vie de notre collègue, toute de travail, de dignité et de simplicité, n’a pas été exempte de chagrins profonds, causés par la mort de sa digne femme et celle d’un jeune fils qui promettait les plus belles espérances.

D’autres que nous, auraient assurément dit ce que fût M. Aumignon partout ailleurs que dans notre Société, et les services qu’il a rendus, soit en Afrique, où il servit dans le corps vétérinaire militaire, presqu’au début de la conquête de l’Algérie, de 1831 à 1838, soit depuis dans sa profession civile, se consacrant avec passion aux choses du domaine de l’agriculture ou dans l’organisation du service des épizooties.

Cité à l’ordre du jour du 1er régiment de chasseurs d’Afrique (29 mai 1836) pour sa belle conduite pendant la première expédition de Constantine, il reçut les félicitations de sou colonel, le vicomte de Schonenbourg, et les plus belles propositions d’avancement, que sa santé, fortement ébranlée par six campagnes, jusqu’en 1838, ne lui permit pas d’attendre plus longtemps.

Lauréat de l’école d’Alfort, fondateur, premier Secrétaire et Président de la Société Vétérinaire de la Marne, ancien Vice-Président du Comice agricole de Châlons, Membre du Conseil départemental d’hygiène et de salubrité publique, de la Commission météorologique, des Concours hippiques, Vétérinaire du service des épizooties, honoré de plusieurs médailles d’or, nommé le cinquième dans la première promotion des Chevaliers du Mérite agricole, en 1883, M. Aumignon recevait quelques temps après, la rosette d’Officier, la plus haute dignité de cet ordre.

Simple dans ses goûts, foncièrement bon, M. Aumignon a travaillé presque jusqu’à la dernière heure, abandonnant la vie comme il avait toujours vécu, c’est-à-dire en honnête homme.

Il est de ceux qui n’auront quitté la terre qu’après avoir fait le bien, rien que le bien, et dont le religieux souvenir ne s’éteint pas.

C’est donc pour nous un honneur et un devoir que d’apporter notre tribut de regrets à la mémoire du vénérable collègue que la Société d’Agriculture, Commerce, Sciences et Arts de la Marne a perdu.

Charles Remy.

Source : AMB 1895.

AUMIGNON (Paul Émile).

Né à Châlons-sur-Marne le 27 septembre 1847, d’une famille des plus considérées, second fils de M. Aumignon, vétérinaire, mort en cette ville le 11 septembre 1898, était président de la Société Philharmonique de Châlons, directeur-adjoint de la Caisse d’Épargne, membre de la Société des « Alsaciens-Lorrains », des « Anciens combattants de 1870 », de « l’Alliance Française », de la Société de gymnastique, du « Souvenir Français », etc.

Il fit ses premières études classiques au collège de Châlons et les termina au Lycée de Bar-le-Duc. En 1870, il suivit, avec le grade de sergent aux Mobiles de la Marne, les phases du siège de Paris. Rentré dans la vie privée, il participa à toutes les œuvres philanthropiques de sa ville natale. Comme président de la Société Philharmonique, qu’il avait élevée au premier rang des Sociétés bienfaisantes de la ville, il fit verser, en 1896 et 1897, plus de 4.000 francs à la caisse du Bureau de Bienfaisance.

Toutes les notabilités de la ville, toutes les Sociétés dont il était membre ou président, tous ses amis suivaient avec recueillement ses funérailles.

Au cimetière, des discours ont été prononcés par M. Godart, membre de la Commission administrative de la Société Philharmonique, et par M. Pfender, au nom du Comité des Volontaires et Combattants de 1870.

Source : AMB 1899.

AUTIER (Flavie Augustine Victorine).

Honorée de la croix des chevaliers de Jérusalem, membre et lauréat de la société internationale des secours aux blessés, médaillée par le comité central belge pour son dévouement sur les champs de bataille dans les ambulances 1870-1871 ; décédée à Amiens le 30 juillet 1874, dans sa 33e année ; inhumée à Mouzon le 3 août.

Source : AMB 1875.

AUVERGNE (d’).

Général en retraite, grand officier de la Légion d’honneur, est mort à Dax le 13 février 1897. C’était le père de M. d’Auvergne, qui a été secrétaire-général de la préfecture des Ardennes, du 11 avril 1871 au 30 mai 1873.

Source : AMB 1898.

AVAUX (Jean-Baptiste).

Né à Rocquigny (Ardennes) le 12 juillet 1799, ancien curé d’Auménancourt-le-Grand, et depuis 1839 curé d’Herpy, où il est décédé le 26 décembre 1873.

Source : AMB 1875.

AYALA (Raphaël Edmond Louis-Gonzague de).

Négociant en vins de Champagne, membre de la Chambre de Commerce de Reims, né à Paris, le 18 août 1831, décédé en son château d’Ay, le 11 mars 1902.

M. de Ayala, fondateur de la maison Ayala et Cie, donna à celle-ci une grande extension et contribua à la placer parmi les premières de la Champagne.

Entré en 1855 dans la maison de M. Albrecht, il ne tarda pas à s’y faire remarquer par son intelligence et son activité aux affaires. Associé à M. le comte de Mareuil, il fonda une maison à Londres.

Membre de la Chambre de Commerce de Reims, M. de Ayala y resta vingt-trois années; il en était devenu le doyen d’âge après y avoir apporté son concours vigilant et sa sympathie la plus vive.

Dans ces derniers temps, M. de Ayala avait eu la douleur de perdre, coup sur coup, son frère, directeur de la maison de Londres, et sa digne épouse qui fut elle-même sa précieuse collaboratrice.

Albert Baudon.

Source : AMB 1903.